Avenant 8 : les « pigeons » feront-ils le printemps ?

357 – Sans surprise, les troupes de MG France, de la CSMF et du SML ont entériné la signature par leur président respectif de l’avenant 8. Encore que le oui du SML ressemble beaucoup un « oui, mais ».

« Ce texte existe, on ne va pas le renégocier, mais peut-être faut-il s’atteler à un avenant 9 », a déclaré son nouveau président, Roger Rua. La renégociation n’est d’ailleurs pas de saison : l’avenant 8 est paru au Journal Officiel du 7 décembre et est donc ipso facto entré en application.

Ce qui n’entame en rien la détermination des opposants à l’avenant 8.

Du côté du front du refus, Le Bloc et la FMF. Le premier n’a jamais adhéré en quoi que ce soit à l’avenant. Du côté de la FMF, comme toujours, les choses ont été un peu plus hésitantes : après avoir signé le relevé de conclusion en octobre dernier, elle est revenu sur sa décision 24 heures après et a définitivement et massivement (79,3 %) dit « niet » à l’avenant 8 lors de son assemblée générale à Lyon le 1er décembre dernier. « Il y a trop de choses inacceptables dans ce texte, commente son président, Jean-Paul Hamon, à commencer par une juste revalorisation des tarifs opposables correspondant au coût de la pratique ». Ces deux syndicats représentatifs, qui ont participé aux négociations, ont trouvé un renfort de taille via Facebook. Tout comme les coordinations « sauvages » de médecins lors de la grande grève des gardes de 2000-2001, les « médecins pigeons » sont venus, en une nuée grossissante de jour en jour sur le web malmener quelque peu les syndicats médicaux signataires et affi rmer leur opposition farouche à l’avenant 8. Devant le nombre grandissant de « pigeons », ils ont décidé de s’organiser et se sont regroupés au sein de l’Union Française des Médecins Libéraux (UFML), présidée par un généraliste de Haute-Garonne, le Dr Jérôme Marty, ancien cadre de la CSMF dont il a claqué la porte après la signature de la dernière convention instaurant le paiement à la performance, « la plus grande erreur faite par les syndicats médicaux », selon lui.

Malgré les milliers de professionnels de santé libéraux mobilisés le 12 novembre contre l’avenant 8, la messe est dite aujourd’hui. Quant à la proposition de loi Le Roux relative aux réseaux de soins mutualistes, les amendements apportés par le Gouvernement n’ont pas rassuré les professionnels de santé libéraux. A l’appel de la FMF, du Bloc et de l’UFML, ils étaient encore quelques milliers dans les rues de Paris le 2 décembre dernier pour crier leur colère. « Nous ne désarmerons pas, affirme Jean-Paul Hamon, et Marisol Touraine va être confrontée à une opposition constante. Il ne faut pas lui f…tre la paix ! Elle a pensé qu’elle pourrait laisser pourrir la situation en ne discutant qu’avec les internes à propos des déserts médicaux. Avec les médecins, la concertation c’est zéro ! Les amendements au texte sur les réseaux mutualistes ne trompent personne : on sait que la prochaine étape de ces réseaux concernera les médecins. »

« La mobilisation continue et l’urgence concerne trois points : retrait de l’avenant 8, pas de réseaux de soins mutualistes et revalorisation du secteur 1 », confirme Jérôme Marty, sur la même longueur d’onde que le patron de la FMF. A propos, jusqu’à quel point pourrait aller cette similitude de longueur d’onde ? L’UFML pourrait-elle, comme le prétendent certaines rumeurs, rallier la maison fédérale ? « Ca m’arrangerait bien ! s’amuse Jean-Paul Hamon. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là, même si plusieurs dizaines de membres de l’UFML, dont Jérôme Marty, ont rejoints les rangs de la FMF. » « Ce n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat, commente Jérôme Marty. Mais il est certain que la position intelligente consisterait à réunir l’UFML, la FMF et Le Bloc pour constituer un grand syndicat. » Pour l’heure, l’UFML se contente de son rôle de « groupe de pression » et se réjouit d’enregistrer un nombre croissant d’adhésions – plus de 1 200 en date du 6 décembre dernier. « Et ça va continuer », affirme son président. ■

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