Dr Jacques Berland : « Il faut conforter la visibilité nationale du syndicat »

342 – CardioNews – Parisien d’origine, Jacques Berland a adopté la Normandie depuis ses études de médecine effectuées à la faculté de Caen. Il a commencé à exercer à Rouen, d’abord comme hospitalier au CHU, et il y exerce toujours, puis à la clinique Saint-Hilaire, où il a créé le service de cardiologie en 1992. En passant de la Basse à la Haute-Normandie, il n’y a guère gagné pour ce qui est de la démocratie médicale : les deux régions sont également sinistrées de ce point de vue. « La Haute-Normandie est une des régions françaises parmi les plus sous-médicalisées. On y compte 6,9 cardiologues pour 10 000 habitants, libéraux et hospitaliers confondus. A tire indicatif, la moyenne nationale est de 9 pour 100 000 habitants, et le ratio parisien est de 12 pour 10 000 habitants… Une même insuffisance concerne aussi les équipements, particulièrement en cardiologie. Comme dans d’autres régions, on note de grandes disparités interrégionales : Rouen et Le Havre sont évidemment bien mieux loties que les villes plus petites ou le département de l’Eure dans son ensemble, par exemple. »

Outre la proximité de la région parisienne, il explique la pauvreté de la région essentiellement par une activité économique très insuffisante et donc peu attractive. Résultat, les jeunes médecins vont s’installer ailleurs. « La moitié des internes de cardiologie quitte la région », déplore Jacques Berland, qui coiffe deux casquettes, celle de président du syndicat régional des cardiologues et celle de président du collège régional de formation médicale continue de cardiologie. « Toutes les réunions de FMC sont ouvertes aux internes, de façon à leur faire connaître l’exercice libéral de la cardiologie. » Et tâcher de les sédentariser en Haute-Normandie, bien sûr. Sans grand succès, admet Jacques Berland. « Quelques jeunes cardiologues se sont bien installés, mais si nous avons réussi, jusqu’à présent, à limiter la chute démographie, c’est essentiellement grâce à des médecins étrangers, roumains et maghrébins pour la plupart, qui ont complété leur formation et se sont installés. A la clinique Saint-Hilaire, nous avons pu – et j’espère que nous pourrons encore – attirer quelques jeunes collègues. » De toute façon, Jacques Berland ne croit qu’à l’attraction des grands groupes hospitaliers privés. « Les jeunes veulent tous avoir une activité hospitalière ; l’exercice en cabinet libéral seul ne les attire plus du tout. Même dans les petites agglomérations, les médecins se regroupent en clinique. C’est l’avenir. »

Et c’est le combat du syndicat régional : maintenir l’activité hospitalière privée, face à l’hospitalisation publique, qui ne l’entend pas de cette oreille, et face à l’ARS. « Pour l’heure, nous n’avons pas trop de conflits, mais l’essentiel de notre action syndicale réside dans la représentation des libéraux dans toutes les réunions de toutes les instances, administratives et professionnelles. On sent nettement la pression qu’exercent les directions d’hôpitaux publics, et en particulier celles des CHU, pour attirer un maximum de patients. Et c’est logique, car depuis l’instauration de la T2A, la concurrence entre le secteur public et le secteur privé est rude. »

Dans ce contexte, Jacques Berland attend beaucoup du SNSMCV et de son nouveau président : « La vice-présidence de l’UMESPE de Jean-François Thébaut donnait au syndicat des cardiologues une visibilité nationale qu’il faut conserver, car les véritables instances décisionnaires sont les centrales pluricatégorielles. »(gallery)




Les risques professionnels augmentent la consommation de soins

342 – CardioNews – L’IRDES vient de publier une étude sur l’impact financier des risques professionnels (pénibilité physique présente et passée, risques psychosociaux), qui porte sur un échantillon d’actifs de 18 à 65 ans (dont 47 % de femmes) extrait des données de l’enquête santé de l’Insee menée en 2002-2003. Le recours à des soins médicaux (chez le généraliste ou le spécialiste) et les hospitalisations en établissements ou à domicile au cours des 12 derniers mois, ainsi que les arrêts de travail entre la première et la troisième visite de l’enquêteur ont été les indicateurs retenus. Pour les soins ambulatoires, il en ressort que 10,2 % des consultations annuelles seraient attribuables aux risques professionnels, lesquels induiraient plus d’un tiers (34 %) des arrêts de travail et 19,3 % des hospitalisations. L’étude a permis de constater que presque 22 % des travailleurs sont exposés simultanément à des risques physiques et à des risques psychosociaux. On estime que pour les individus soumis à un tel cumul, le nombre de consultations médicales est supérieur de 22,5 % à celui des travailleurs non exposés, le nombre des arrêts de travail deux fois plus élevé et le nombre d’hospitalisations d’un tiers plus élevé.

Ces résultats sont très supérieurs aux chiffres de l’Assurance Maladie selon lesquels les recours aux soins attribuables au travail ne constituent que de 4 à 5 % des consultations ambulatoires annuelles, 13 à 15 % des arrêts de travail et 2 à 3 % des hospitalisations. L’auteur de l’étude, Thierry Debrand, y voit « un effet important de la minoration de la prise en compte des conditions de travail dans les dépenses de l’Assurance Maladie », et souligne que « cette sous-estimation a donc pour conséquence un transfert des charges entre les ménages et les entreprises ».




Les députés réforment le cadre de la taxation des feuilles de soins papier

342 – CardioNews – Le feuilleton de la taxation des feuilles de soins papier continue. On se rappelle qu’à la suite de la loi HPST, le directeur de l’UNCAM, Frédéric van Roekeghem, avait fixé, le 10 mars 2010, à 50 centimes d’euro le montant de la taxe dont devraient s’acquitter les médecins qui télétransmettraient moins de 75 % de feuilles de soins électroniques. Or, le Conseil d’Etat a récemment prononcé l’annulation de cette taxe au motif que la loi n’autorisait pas l’UNCAM à fixer un seuil à partir duquel elle pourrait s’appliquer. Mais le principe d’une taxe n’est pas abandonné pour autant : le Gouvernement a volé au secours de l’UNCAM en faisant adopter, par les députés, un amendement à la loi Fourcade dans le but « d’adapter la base législative, afin de permettre le maintien d’un dispositif reposant sur des bases juridiques consolidées ». L’article stipule que « les professionnels de santé et centres de santé sont tenus d’assurer, pour les bénéficiaires de l’Assurance Maladie, la « transmission électronique » des feuilles de soins, et que le non-respect de cette obligation « donne lieu à des sanctions conventionnelles ». C’est donc aux partenaires conventionnels qu’il revient de fixer le mode de mise en œuvre de ces sanctions, et leurs modulations en fonction des conditions d’exercice notamment. Si aucune disposition conventionnelle n’est prise d’ici le 15 juillet prochain, c’est le directeur de l’UNCAM qui fixera les dispositions d’application des sanctions. Au vu de la façon dont démarrent les négociations conventionnelles, il y a des chances -ou des risques- que Frédéric van Roekeghem reprenne la main sur ce dossier…




Livre Blanc du diabète – Entretien Gérard Raymond : « Il faut passer de l’ETP à l’accompagnement de la personne »

342 – Le président de l’Association Française des Diabétiques juge le Livre Blanc assez novateur dans son positionnement de la diabétologie, mais estime qu’il est urgent maintenant de passer aux actes sur le terrain. 

 

Que pensez-vous du Livre Blanc du diabète ? Y avez-vous participé ?

Gérard Raymond : Nous n’avons pas participé à sa rédaction, mais nous avons beaucoup échangé avec les auteurs. Un chapitre est d’ailleurs consacré à l’AFD, à ce qu’elle est et ce qu’elle fait. Les idées que nous avons promues depuis quelques années sont présentes, et l’on retrouve dans les sept propositions émises ce qui est essentiel pour nous : le benchmarking, la notion de « patient expert ». Sur le fond, il s’agit d’une étude très claire et réaliste sur ce qu’est aujourd’hui le diabète et sa prise en charge, avec des difficultés d’ordre sanitaire, économique et sociales. Car le diabète est une maladie sociétale et, il importe de prendre en compte cette dimension. Quand les diabétologues parlent de coordination des soins et d’équipes pluridisciplinaires, nous ne pouvons qu’être d’accord, et nous réjouir de cette volonté de l’ensemble des acteurs de coopérer.

Cela étant dit, et c’est la limite du Livre Blanc : ce n’est qu’un livre ! Il faut absolument multiplier les expérimentations sur le terrain pour mettre en place de nouvelles stratégies et réorganiser les soins de proximité, en définissant le rôle de chaque acteur, non pas « autour » mais « avec » le patient. La personne atteinte de diabète doit être reconnue dans sa globalité, ce que font de plus en plus les professionnels de santé. Il y a quelque temps dans un colloque, j’ai entendu un chirurgien qui parlait de revascularisation dire « Ce qui m’intéresse, c’est le diabète de la personne ». Moi, ce qui m’intéresse, c’est la personne ! Mais il y a de l’humanisme dans ce Livre Blanc et les médecins descendent de leur tour d’ivoire. Sans en avoir l’air, ce Livre Blanc est assez novateur en ce qui concerne le positionnement de la diabétologie.

La proposition 6 préconise la promotion de l’éducation thérapeutique du patient, et insiste sur la nécessité d’améliorer la formation des professionnels de santé à l’ETP. Qu’en pensez-vous ?

G. R. : En matière d’ETP, qui a permis de faciliter l’autotraitement chez les diabétiques, le moment est venu de passer du militantisme au professionnalisme. Il faut franchir une étape ; ne pas en rester au diagnostic éducatif et aux objectifs partagés, mais allez plus loin dans l’écoute de la personne. A cet égard, il faut bien dire que « l’éducation thérapeutique » associe les deux plus mauvais mots qu’on pouvait trouver ! On doit maintenant passer de l’ETP « descendante » à un accompagnement de la personne, en tenant compte de ses besoins, de ses attentes, de son ressenti. Et réfléchir à comment on peut l’accompagner. Est-ce aux médecins de le faire ? Je pense qu’ils doivent déléguer et, que s’ils veulent tout faire, ils ne feront rien. Il ne sont eux aussi que des accompagnant dans la pathologie chronique, et il y a un temps pour la thérapeutique et, un temps pour l’accompagnement, le dialogue. A l’AFD, nous formons des personnes à l’écoute, à l’accueil et à l’animation de groupe. Et nous les formons aussi à faire abstraction de leur diabète !




Livre Blanc du diabète – Entretien Alain Coulomb : « La piste de pôles ambulatoires est à explorer »

342 – Pour le coauteur du Livre Blanc, les cardiologues libéraux ont un rôle prépondérant à jouer dans la coordination des soins autour du patient diabétique.

Quel est le devenir de ce Livre Blanc du diabète ?

Alain Coulomb : C’est un peu comme une bouteille à la mer, cela va dépendre de qui le ramasse ! Il semble retenir l’intérêt si l’on en juge par les nombreuses reprises dont il a fait l’objet dans les medias. Notre intention est maintenant de le décliner dans les régions à travers cinq ou six réunions. Les ARS devraient être intéressées. Une pathologie dont le coût est aujourd’hui de 14 milliards d’euros ne peut pas laisser indifférent… Lors d’une récente visite  dans un hôpital anglais, dans un service de diabétologie, un médecin m’a expliqué que 18 % des dépenses liées au diabète étaient hospitalières, et que l’objectif était de les réduire de moitié. Il a été très étonné quand je lui ai dit qu’en France, la part hospitalière du coût du traitement du diabète s’élève à 40 % ! Il est plus que temps de réagir.

Selon vous, quelle est la place des cardiologues libéraux dans la prise en charge des malades diabétiques ?

A. C. : La pathologie du diabète a effectivement une dimension cardiologique, les cardiologues ont donc un rôle éminent à jouer dans la prise en charge des diabétiques. Ce sont d’ailleurs des professionnels qui ont largement réfléchi à la question dans le Livre Blanc de la cardiologie qu’ils ont publié il y a trois ans. Les cardiologues ont deux faces dans leur exercice ; ils sont des techniciens de très haute technicité, mais ils sont aussi des médecins confrontés à une pathologie chronique. Il faut qu’ils apprennent à gérer ces deux aspects, ou que la profession se subdivise en deux métiers différents.

Le Livre Blanc du diabète fait pourtant la part belle à l’hospitalo-centrisme. Ne pourrait-on imaginer des pôles ambulatoires cardio-métaboliques ?

A. C. : Si nous semblons pêcher par hospitalocentrisme, c’est bien inconsciemment, car l’axe majeur du Livre Blanc est bien la prise en charge des patients diabétiques par la médecine de ville. Cela dit, plus de la moitié des diabétologues travaillent à l’hôpital. Quant à la suggestion de pôles cardio-métaboliques, c’est une piste peu explorée, mais je trouve excellente l’idée de pôles élargis.

Les ARS sont-elles vraiment le passage obligé de toute initiative, comme le suggère le Livre Blanc ?

A. C. : Les agences régionales de santé n’ont pas d’autres choix que de s’intéresser à tout ce qui peut permettre de sortir de l’hospitalocentrisme, précisément, et si elles ne le faisaient pas, on pourrait s’interroger sur leur utilité. Il est difficile de nier que la loi leur confère un rôle tout à fait prépondérant dans ce domaine.




Sophia

342 – Initié en 2008 dans dix départements pilotes, ce dispositif d’accompagnement des diabétiques via une plate-forme téléphonique a pour objectif d’accompagner les patients qui le souhaitent, en relais du médecin traitant, pour les aider à mieux vivre avec la maladie et en prévenir les complications. S’adressant aux patients diabétiques de type 1 et 2 âgés de plus de 18 ans et pris en ALD, il concerne aujourd’hui 19 départements et 440 000 patients. 

Selon le premier bilan dressé par la société Cemka-Eval, 103 000 patients ont aujourd’hui adhéré à Sophia. L’évaluation montre « un effet Sophia » positif dans le suivi des examens. Les adhérents réalisent plus fréquemment les examens recommandés dans le suivi du diabète. Ainsi sont-ils plus nombreux à effectuer l’examen ophtalmologique annuel recommandé (4 points d’écart entre les patients Sophia et les autres). De même, on observe un baisse du taux d’hémoglobine glyquée un peu plus importante chez les adhérents de Sophia.

Une croissante de dépenses hospitalières plus faible

En revanche, les premières données concernant les hospitalisations, et sur une seule année, révèlent que les patients Sophia recourent autant que les autres à l’hôpital ? Toutefois, on remarque une croissance de leurs dépenses hospitalières plus faible, avec une diminution allant de –30 euros à –130 euros, selon la méthode d’ajustement retenue. Pour les auteurs du Livre Blanc du diabète, cette imprécision quant aux hospitalisations évitées est le point noire de l’expérience : « L’expérience Sophia, mise en place par l’Assurance Maladie, peut être considérée comme une initiative de télémédecine, estiment les auteurs du Livre Blanc. Elle a déjà remporté un certain succès et sa généralisation ne peut que profiter aux personnes diabétiques. Il semblerait toutefois intéressant que l’on envisage de calculer le taux réel d’hospitalisations évitées grâce à ce programme pour en établir un rapport financier et en déterminer la véritable efficience ».

Une généralisation sur l’ensemble du pays

Pour autant, l’Assurance Maladie considère que ces premiers résultats sont suffisamment encourageants pour poursuivre le programme Sophia et même l’élargir à d’autres pathologies. Le service, qui fait partie du plan ministériel d’amélioration de la qualité de vie des malades chroniques, sera généralisé à l’ensemble du pays d’ici à 2013 et étendu à des pathologies cardiovasculaires et respiratoires.

 




Livre Blanc : Le diabète sort de l’ombre

342 – Le premier Livre Blanc du diabète vient d’être publié sous l’égide de la Société francophone de diabétologie (SFD). Il analyse dans tous ses aspects, et toute son ampleur, cette pathologie, qui concerne largement les cardiologues libéraux, puisque 37 % des diabétiques de type 2 les consultent. Sept propositions concrètes sont faites par les auteurs pour endiguer l’inquiétante progression de cette « épidémie silencieuse ».

Pourquoi un Livre Blanc du diabète ? les chiffres du diabète sont la meilleure réponse à la question. En moins de dix ans, la prévalence du diabète traité en France est passée de 2,6 à 4,4 %, et le nombre de personnes atteintes de 1,6 million à 2,9 millions. Dans le même temps, son coût a doublé et s’élève aujourd’hui à quelques 14 milliards d’euros, tous régimes d’Assurance Maladie confondus. C’est 10 % des dépenses de santé, dont 40 % sont imputables aux hospitalisations. Les personnes diabétiques ont en moyenne 65 ans, 55 % d’entre elles ont plus de 65 ans, et un quart a plus de 75 ans. La très grande majorité est en ALD, au titre du diabète ou d’une autre pathologie. Dans 92 % des cas, il s’agit d’un diabète de type 2, mais la prévalence du diabète de type 1 augmente de 3 à 4 % par an. Plus des deux tiers de diabète sont diagnostiqués à l’occasion d’un dépistage (bilan, prise de sang, grossesse), 18 % sur la base de symptômes évocateurs et 15 % à l’occasion d’une complication, c’est-à-dire trop tardivement.

Parmi les complications du diabète, les pathologies cardiovasculaires sont fréquentes. Les résultats des études ENTRED (Echantillon National Témoin REprésentatif des personnes Diabétiques) qui ont porté sur les périodes 2001-2003 puis 2007-2010, le risque vasculaire des patients diabétiques, bien qu’en diminution, reste élevé. En 2007, 59 % des diabétiques de type 2 ont un risque très élevé, 26 % un risque élevé et 14 % un risque modéré. Quant à la fréquence des complications du diabète, elle augmente légèrement. Un antécédent d’angor ou d’infarctus est rapporté par 16,7 % des personnes diabétiques de type 2, chiffre stable depuis 2001. En revanche, depuis cette date, la fréquence des revascularisations coronariennes a augmenté de 5 points et concerne 13,9 % des patients, ce qui porte au total la fréquence des complications coronariennes (en incluant les revascularisations) à 20,8 % (+ 3 points). Si le suivi des diabétiques est majoritairement assuré par les médecins généralistes, l’étude Entred montre que le recours aux cardiologues libéraux a nettement progressé entre 2001 et 2007, puisque 37 % des malades les consultent (+ 5 points).

A ces quelques chiffres piochés parmi tant d’autres dans le Livre Blanc, et qui suffisent à expliquer l’enjeu que représente une prise en charge plus efficiente de cette maladie chronique, s’ajoute une certitude : le nombre de personnes diabétiques de type 2 va continuer d’augmenter, notamment en raison du nombre important de patients en surpoids et obèses. Le défi à relever est donc multiple : améliorer le dépistage quantitativement et qualitativement (on estime que 50 000 personnes ignorent qu’elles sont diabétiques), organiser et coordonner l’intervention des différents professionnels de santé pour augmenter l’efficience de la prise en charge des patients et réduire les coûts, notamment en évitant les hospitalisations inutiles. L’enjeu est de taille, puisque, hormis la spécificité de certains soins, la plupart des propositions émises dans le Livre Blanc du diabète sont largement extrapolables à d’autres maladies chroniques.

 

Les 7 propositions du Livre Blanc

1 Inventer pour réduire l’impact du diabète. Sur les trois millions de diabétiques, seuls 500 000 nécessitent vraiment le recours au plateau technique hospitalier. Pour les 2,5 millions de patients pour lesquels le passage par l’hôpital ne s’impose pas, il est primordial d’inventer une nouvelle offre de soins. C’est à quoi doivent œuvrer les ARS en s’appuyant sur l’expérience de professionnels de santé de terrain, pour réduire les inégalités d’accès aux soins, mieux dépister et prendre en charge les diabétiques et développer l’ETP.

2 Médiatiser le diabète pour mieux le prévenir. Parce qu’elle est silencieuse et indolore, la pathologie diabétique n’effraye pas et l’on en parle peu. Beaucoup de diabétiques ignorent qu’ils le sont. Il importe donc d’initier des campagnes nationales de prévention et de dépistage, et informer sur les complications du diabète et la mortalité associée, en particulier sur les maladies cardiovasculaires qu’il peut induire. L’information doit se faire à travers les campagnes liées à l’alimentation, auprès des professionnels de l’agroalimentaire, et en direction de cibles prioritaires en fonction des facteurs de risque.

3 Centrer l’organisation sur le malade et non sur la maladie. Projet de vie, milieu socioculturel, capacité à être autonome, besoins, la prise en compte de tous ces éléments est essentielle pour optimiser la prise en charge des personnes diabétique.

4 Améliorer la qualité de vie des malades. Cela passe notamment par le recours à la télémédecine, formidable outil pour prévenir l’hospitalisation.

5 Orchestrer les synergies et mises en réseau des professionnels. La multiplicité des compétences dans le domaine du diabète nécessite une réelle organisation entre les structures hospitalières et ambulatoire, les 74 réseaux qui existent actuellement en France, et les services sociaux. Pour cela, le Livre Blanc préconise que le diabétologue (hospitalier ou libéral) soit au centre du dispositif de soin et oriente le patient, en partenariat avec le généraliste et/ou un réseau de soins le patient, vers le praticien, le réseau ou le service le mieux adapté. A lui aussi de définir des indicateurs de structures, de processus et de résultats pur optimiser le parcours de soins et éviter les hospitalisations.

6 Mieux former les professionnels de santé à l’ETP. Après sa reconnaissance la loi HPST, il reste à former les professionnels de santé à l’ETP et à concevoir un mode de rémunération adapté, qui pourrait être un forfait. Les pouvoirs publics pourraient instaurer un « label qualité » pour les structures impliquées dans l’ETP.

7 Innover vers une démarche translationnelle et transversale commune à la majorité des maladies chroniques et explorer de nouvelles voies. Résultant de l’observation des patients, la recherche translationnelle est une recherche fondamentale qui impose de favoriser la proximité avec les patients afin d’assurer l’application rapide des connaissance au bénéfice du malade, en termes de diagnostic comme de traitement. Le Livre Blanc suggère qu’après l’ETP, les diabétologues fassent des sciences cognitives leur nouveau cheval de bataille. Leur pratique permettrait de sensibiliser la population aux risques encourus par certains comportements et de sélectionner les campagnes de santé publique les plus efficaces.

 

Le diabète en France

Publié sous l’égide de la Société Francophone du Diabète (SFD), le premier Livre Blanc du diabète, diffusé à 5 000 exemplaires, vient d’être présenté à la presse. Dans cet ouvrage qui s’appuie également sur les contributions de nombreux experts, les auteurs Alain Coulomb (consultant), le Pr Serge Halimi (CHU de Grenoble), et Igor Chaskilevitch (administrateur) tirent la sonnette d’alarme sur la croissance galopante du diabète, l’épidémie silencieuse du XXIe siècle. Cette maladie chronique, invalidante et coûteuse, est associée à de lourdes complications. Longtemps préservée, la France, en moins de dix ans, a vu le nombre de diabétiques passer de 1,6 à 2,9 millions de personnes, « un chiffre qui dépasse les prévisions les plus pessimistes », a souligné le président de la SFD, le Pr Bringer, lors de la présentation de l’ouvrage. Les diabétiques qui s’ignorent seraient de l’ordre de 600 000. Son coût a doublé en moins de dix ans et approche les 14 milliards d’euros en 2009, soit 10 % des dépenses de santé. L’hôpital coûtait, en 2007, 4,7 milliards d’euros par an pour le seul diabète, soit beaucoup plus que chez nos voisins. L’explosion du nombre de patients est liée principalement à l’épidémie parallèle d’obésité, doublée d’une tendance croissante à la sédentarité. « Il y a une concordance des courbes de progression de l’obésité et du diabète depuis 12 ans », souligne le Pr Bringer.
Adressé aux pouvoirs publics et aux parlementaires, le Livre Blanc contient sept propositions pour tenter « d’infléchir la progression de cette épidémie, d’en atténuer les formes sévères et de favoriser des alternatives à l’hospitalisation ». Il s’agit d’inventer une nouvelle offre de soins pour réduire l’impact du diabète avec le concours des ARS, médiatiser le diabète pour mieux le prévenir, centrer l’organisation sur le malade et non pas sur la maladie, améliorer la qualité de vie des malades notamment par la télémédecine, orchestrer les synergies et mises en réseau des professionnels pour assurer une meilleure prise en charge des patients, mieux former les professionnels de santé à l’éducation thérapeutique (ETP), innover vers une recherche translationnelle et transversale commune à la majorité des maladies chroniques et explorer de nouvelles voies.

« Le Livre Blanc du diabète. Sept propositions pour faire face à l’épidémie silencieuse du XXIe siècle », 230 pages
www.senioractu.com/Sept-propositions-pour-faire-face-au-diabete-l-epidemie-silencieuse-du-21eme-siecle_a13566.html



La mort annoncée de la cardiologie libérale ambulatoire

342 – A l’heure des négociations conventionnelles, nous devons regarder l’avenir de la cardiologie libérale ambulatoire. La demande d’échocardiographie liée au benfluorex est un exemple probant de l’importance de cette cardiologie de proximité, de premier recours, dans le tissu médical. Toutefois, ne nous leurrons pas, 67 % des cardiologues ont plus de 55 ans. Le risque est de voir apparaître, dans un avenir très proche, une chute démographique d’une ampleur sans précédent, une véritable catastrophe sanitaire. Moins de 5 % des jeunes diplômés se sont installés ces deux dernières années en cardiologie libérale, en fait, le plus souvent pour pratiquer la cardiologie interventionnelle. Pour preuve, nos collègues prenant leur retraite dans les villes moyennes ne trouvent personne à qui céder leur patientèle, même gratuitement. Les grandes villes voient affluer des patients venant de 50 à 80 km, frappant à plusieurs portes avant de trouver un cardiologue acceptant de les prendre en charge. A l’heure où les 35 h sont devenues un dogme, comment demander aux médecins de travailler le double !

Ne croyez pas que les solutions proposées, tels la télémédecine, le regroupement pluridisciplinaire vont résoudre tous les problèmes. La télémédecine ne remplacera jamais la relation humaine. Comment interpréter un ECG à distance sans voir le patient, l’interroger, l’examiner ? A l’heure où l’on voit disparaître notre spécialité aussi bien à l’hôpital qu’en cabinet libéral, dans les villes de moins de 50 000 habitants, expliquez-moi comment un regroupement pourra résoudre un problème cardiovasculaire aigu… sans cardiologue ?

Il faut comprendre nos jeunes générations. Pourquoi prendraient-elles le risque de s’installer en libéral ! Les honoraires de la consultation, des actes non sanglants sont identiques depuis 2005. Le coût de la pratique n’a pas été réévalué depuis l’installation de la CCAM. L’échocardiographie transthoracique a été augmentée de 0,50 €, l’épreuve d’effort est à la même valeur depuis plus de 15 ans alors que les contraintes se sont multipliées. Le holter et les échographies vasculaires ont toujours la même tarification ! La revalorisation des actes semble remise aux calendes grecques, le forfait devient le « nec plus ultra ». On parle d’un CAPI « conventionnel », susceptible d’être une source de rémunération supplémentaire. Pourquoi pas ! Si les indicateurs sont uniquement des indicateurs de qualité.

Pour redonner l’envie à nos jeunes collègues de s’installer en cardiologie ambulatoire, il faut leur montrer l’attrait de notre pratique en autorisant les stages dans nos cabinets de ville. Pourquoi ne pas créer une structure, une sorte d’office « du tourisme de la santé » montrant tous les avantages à vivre en dehors des grandes agglomérations (activités scolaires, culturelles, qualité de vie, etc.) ? Il faut leur donner une vision sereine de l’avenir par une revalorisation régulière des actes et du coût de la pratique, grâce, par exemple, à un indice de référence qui serait révisé annuellement. Une vision utopique ? Probablement, mais, si rien n’est fait, nous allons disparaître.




Les préalables du SNSMCV à la signature d’une nouvelle convention

342 – CardioNews – Les négociations conventionnelles réunissent depuis le 7 avril les syndicats représentatifs (CSMF, SML et FMF pour les médecins spécialistes et généralistes, MG France et le BLOC – ce dernier pour les chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes -). Une réunion sera consacrée à la revalorisation des spécialités cliniques. Depuis plus de 6 ans, la consultation de cardiologie et nos actes techniques n’ont pas été revalorisés ; et même certaines spécialités ont subi une décote inacceptable. Le coût de la pratique doit être remis à niveau. La consultation de cardiologie, notre acte quotidien ne peut stagner plus longtemps. Il y va de la survie de la cardiologie ambulatoire de proximité. L’ouverture d’un secteur optionnel (en maintenant le secteur 2 tout en le proposant au secteur 1) ne peut être limitative, il doit concerner toutes les spécialités. Ne pas rémunérer les astreintes réglementaires est inadmissible. Les cardiologues libéraux assurant une mission de service publique, veulent être traités comme leurs collègues hospitaliers. Si ces conditions ne sont pas remplies, je doute que l’égalité de l’accès à des soins de qualité soit respectée. Enfin, concernant la retraite, depuis 1972 l’ASV représente 39 % de la valeur financière globale de notre retraite, elle est une contrepartie du conventionnement. L’Assurance Maladie finance 2/3 des cotisations. Le régime sera en cessation de paiement en 2014. Sa pérennité ou sa réforme est un impératif à toute signature.