Dépassements d’honoraires : gare aux sirènes mutualistes !

343 – CardioNews – Amorcée par une Sécurité Sociale et un Gouvernement uniquement préoccupés de contenir les dépenses de l’Assurance Maladie à court terme, la bombe à retardement du secteur 2 explose aujourd’hui. En trente ans, la notion de « tact et mesure », seule contrainte retenue pour réguler les dépassements d’honoraires, a suivi une évolution inversement proportionnelle à celle des tarifs des actes médicaux pas ou peu revalorisés. Selon une étude de la CNAMTS, le niveau moyen des dépassements d’honoraires pratiqués par les médecins du secteur 2 a doublé en vingt ans, passant de 25 % du tarif opposable en 1990 à 54 % en 2010. Ces dépassements qui pesaient 900 millions d’euros en 1990 ont représenté 2,5 milliards d’euros l’année dernière. Et après une décroissance au début des années 90, la part des spécialistes en secteur 2 est repartie à la hausse, atteignant aujourd’hui 41 % des effectifs. Et la tendance se confirme, puisqu’à l’heure actuelle, six installations sur dix (58 %) se font en secteur 2.

Le directeur de l’UNCAM, Frédéric van Roekeghem, se dit déterminé à enrayer « la dérive » des dépassements d’honoraires et voit dans le secteur optionnel la dernière chance de régler le problème. Les médecins libéraux aussi. Pourtant, l’accord sur le secteur optionnel ne sera pas facile à trouver, l’Assurance Maladie souhaitant appliquer strictement le protocole signé en octobre 2009, quand les médecins entendent l’assouplir et l’étendre à l’ensemble des praticiens. Un consensus serait pourtant le bienvenu, car de son côté, la Mutualité, entend bien préserver les intérêts de ses adhérents – et les siens ! – en leur assurant de meilleurs remboursements pour des soins délivrés au sein de réseaux constitués d’établissements et de professionnels de santé avec lesquels elle aura passé convention. La loi Fourcade, adoptée en première lecture par les députés les y autorise désormais, selon une charte commune aux mutuelles, assurances et organismes de prévoyance, et sous la surveillance de l’autorité de concurrence. Dans le contexte économique actuel, les sirènes des réseaux de soins mutualistes pourraient attirer nombre d’usagers et… de médecins.




RCP : une réforme satisfaisante, mais il faudra payer…

343 – CardioNews – La proposition de loi Fourcade modifiant la loi HPST adoptée en première lecture par les députés en mai dernier contient, en son article 24, la réforme de la responsabilité civile professionnelle (RCP), attendue depuis des années par les médecins. Elle reprend pour l’essentiel les propositions faites par Gilles Johanet à la suite de la mission qu’il s’était vu confiée par Roselyne Bachelot sur le sujet.

Ainsi, l’article 24 instaure la création d’un dispositif public de mutualisation assurantiel des risques encourus par les professionnels de santé libéraux pour les risques « dont la nature justifie le groupement des capacités de couverture, sans possibilité d’action récursoire contre le professionnel de santé concerné ». Désormais donc, les assureurs devront couvrir les sinistres jusqu’à hauteur de 8 millions d’euros (au lieu de 3 millions jusqu’à présent), après quoi, c’est ce dispositif de couverture public qui prendra le relais. Par dispositif public, entendez qu’il sera abondé par…le public, en l’occurrence, les médecins eux-mêmes, qui devront donc s’acquitter d’une surprime…

Venu en personne défendre ce dispositif devant les députés, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand, a indiqué que son montant devrait se situer dans une fourchette allant de 10 à 25 euros supplémentaires. Le texte prévoit l’application de ce dispositif de mutualisation assurantiel « au plus tard le 1er janvier 2013 », mais en réponse à l’inquiétude de certaines organisations syndicales quant à cette date -post-présidentielle et bien lointaine ! – Xavier Bertrand a déclaré vouloir « aller le plus vite possible » évoquant le début de l’année prochaine pour l’entrée en vigueur de cette réforme.




Joël Ohayon : « Faire reconnaître la place des cardiologues dans le SROS ambulatoire »

343 – CardioNews – Installé à Bordeaux depuis 1985, où il exerce en cabinet de groupe et en clinique, Joël Ohayon, 61 ans, est le président du syndicat des cardiologues de la région Aquitaine depuis 1992. Parler des problèmes démographiques de cette région revient à décrire une situation aujourd’hui généralisée en France. « Alors qu’à Bordeaux, à Pau et dans l’agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz, il y a trop de cardiologues, explique Joël Ohayon, dans les petites villes de la région, les départs en retraite ne sont pas comblés et les nouvelles installations quasiment inexistantes. » En Aquitaine comme dans d’autres régions, l’attractivité du CHU de Bordeaux se fait sentir. A laquelle les libéraux résistent bien dans la capitale bordelaise : « Dans la communauté urbaine de Bordeaux, on compte trois centres privés de cardiologie interventionnelle et un centre de rythmologie. Les libéraux sont très compétitifs face au CHU, même si l’on peut déplorer parfois un accès prioritaire des urgences vers le CHU, les cliniques n’ayant pas toujours joué le jeu de l’urgence. Mais ce n’est pas une situation spécifique à l’Aquitaine. »

En tant que responsable syndical, ses priorités sont le conseil que peut apporter le syndicat aux cardiologues dans leurs relations avec les tutelles, leur défense lorsque ces relations tournent à l’aigre et leur représentativité auprès de toutes les instances, mais en particulier auprès de l’ARS et de l’Ordre. « Il importe que les cardiologues libéraux ne soient pas oubliés ». Surtout quand se négocie le SROS de cardiologie interventionnelle ! « Le SROS ne soulève pas de gros problème et nous sommes plus ou moins d’accord avec, commente Joël Ohayon. A ceci près que l’ARS a donné des autorisations à des hôpitaux périphériques qui ne rempliront pas leurs quotas et qu’elle a privilégié le public en ce qui concerne la rythmologie. » Pour autant, beaucoup de cliniques privées pratiquent la cardiologie interventionnelle en Aquitaine, à une regrettable exception : celle de Bayonne. « Faute d’un accord entre trois cliniques et l’hôpital, l’ARH d’alors a décidé de supprimer l’autorisation aux cliniques et de créer un GCS à l’hôpital, raconte Joël Ohayon. Une seule clinique continue de la pratiquer en attendant l’ouverture du centre de cardiologie interventionnelle hospitalier en cours de construction. »

Dans la réflexion générale qui s’amorce pour l’élaboration du SROS ambulatoire, Joël Ohayon entend bien « faire reconnaître la place des cardiologues libéraux parmi les réseaux et l’ensemble des spécialités ». Il espère y être entendu aussi bien qu’il l’a été au sujet de la télécardiologie. « Le GIE TéléSanté Aquitaine a accueilli très favorablement nos projets de télécardiologie, que nous avons réussi à faire passer dans les conférences de territoires. Il est vrai qu’ils rejoignent les objectifs du plan de prévention des accidents cardiovasculaires mis sur pied par l’ARH en son temps. Nous verrons ce qu’il en adviendra, mais les tutelles ne sont pas réfractaires, au contraire, et nous nous en réjouissons car la télémédecine est un des grands enjeux du Syndicat. » Avec celui de la FMC dans laquelle le syndicat régional, troisième organisme de formation continue de cardiologie avec l’amicale de Bordeaux et celle de Bayonne, s’implique activement avec l’UFCV. « La formation a toujours été très fédératrice pour le syndicat », se félicite Joël Ohayon. Du national, « qui nous soutient toujours en cas de conflit », il attend « qu’il nous conseille et nous épaule pour nos discussions avec les instances régionales, en particulier avec l’ARS ».




Déclaration d’intérêts, lien d’intérêts, conflit d’intérêts ?

343 – L’abrogation par le Conseil d’État d’une recommandation de la HAS a, pour le moins, interpellé le monde médical. La HAS n’a pas pu prouver l’absence de lien d’intérêts entre les experts, qui ont travaillé à son élaboration, et l’industrie pharmaceutique. La difficulté réside de cette notion même de conflit d’intérêts et de la complexité à qualifier les liens d’intérêts. Quel avantage en nature doit-on considérer comme un conflit d’intérêts ? La distribution d’un bloc, d’un stylo, l’invitation à un repas, à un congrès…? Ã partir de quelle rémunération peut-on parler de lien d’intérêts ? Quand cesse un conflit d’intérêts ? Au-delà de 3 ans ? C’est ce que laissent penser les déclarations d’intérêts sollicitées par la HAS. Toutefois un expert, ou un dirigeant d’une grande institution, est-il « en odeur de sainteté » à partir du moment où il cesse tout lien avec l’industrie ? Beaucoup de questions, peu de réponses.

L’IGAS dans son récent rapport évoque les obstacles et les limites à une telle déclaration. Les auteurs soulignent que l’indépendance de l’expertise, « condition essentielle de sa qualité, de son impartialité et de sa légitimité, n’est pas totalement garantie, malgré un encadrement important ».

à l’AFSSAPS, comment ne pas être surpris de la présence, lors des débats en commission, d’un expert ayant un conflit d’intérêts majeur (90 % en 2007) ! Selon le bilan 2009, encore 30 % d’entre eux restaient présents en séance. Reste à avoir un regard objectif sur l’indépendance d’un expert. « Un “sunshine act” à la française imposerait aux laboratoires de déclarer les sommes versées aux professionnels de santé ». Le Gouvernement s’est déjà engagé à appliquer cette proposition. Il reste à convaincre nos meilleurs experts français, ils ne bénéficieraient d’aucune revalorisation financière, mais d’une reconnaissance professionnelle !

Attention à ne déclencher une chasse « aux sorcières », dont la conséquence serait une réduction drastique du nombre d’experts compétents. On peut s’étonner que seuls les médecins soient concernés par une telle obligation. Ã croire qu’ils sont dépourvus de tout sens critique.

Toutefois, un expert qui déclare un conflit d’intérêts avec l’industrie ne signifie pas, heureusement, dépendance, telle est la constatation que nous avons faite à l’UFCV. Près de 100 % des participants jugent leurs interventions totalement indépendantes.




L’option cumul emploi retraite

343 – Favorisé pour maintenir en activité des médecins qui deviennent rares, la poursuite d’une activité libérale après la retraite risque d’attirer de plus en plus de professionnels à l’heure où la réforme de l’ASV envisagée entraînera une diminution de leur revenu.

Pari les mesures destinées à endiguer la crise démographique médicale, diverses dispositions ont été prises ces dernières années pour favoriser le maintien d’une activité chez les praticiens à la retraite, cumul autorisé par la loi Fillon du 21 août 2003 pour les médecins ressortissants de la CARMF, mais à condition que le revenu tiré de cette activité soit inférieur au plafond de la Sécurité Sociale, sous peine de suspension de la retraite. Les années suivant cette loi n’ont pas vu les médecins se précipiter massivement sur le cumul. Mais il est vrai que peu d’années auparavant, beaucoup avaient interrompu leur activité avant l’âge de la retraite, encouragés à le faire par l’avantageux dispositif du MICA imaginé par des décisionnaires – à bien courte vue ! – pour réduire la progression des dépenses d’Assurance Maladie en poussant vers la sortie les praticiens à l’acmé de leur activité et de leurs prescriptions… Les temps ont changé, les médecins se sont faits rares, et l’on a donc cherché à leur faire jouer les prolongations. La LFSS de 2009 a accéléré le processus en supprimant le plafond de ressources autorisées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, qui ont vu grimper en flèche à partir de cette année 2009 le nombre des médecins cumulant retraite et activité. 

Il y a fort à parier que cette tendance va s’accentuer : avec la réforme annoncée de l’ASV annonçant une baisse de 4 % de la retraite globale des médecins, sans doute un nombre croissant d’entre eux souhaiteront-ils cumuler retraite et activité afin de s’assurer un niveau satisfaisant de revenu pour leurs vieux jours.

Les conditions du cumul

Sous réserve d’avoir liquidé l’ensemble de leurs pensions personnelles auprès de tous les régimes de retraite obligatoires, de base et complémentaires, les médecins qui le souhaitent peuvent cumuler sans limitation leur retraite et le revenu d’une activité professionnelle libérale ou salariée s’ils ont le nombre de trimestres nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein ou, à défaut, à partir de l’âge de la retraite à taux plein.. Les médecins qui ne remplissent pas ces conditions peuvent néanmoins exercer une activité, mais avec une limitation du revenu qu’elle procure, limitation qui ne concerne pas les revenus tirés de la participation à la PDS. Si cette limitation n’est pas respectée, le versement de la pension de retraite est suspendu à hauteur du dépassement. Attention : cette limitation s’applique également aux revenus salariés.

Le médecin désirant maintenir ou reprendre une activité après sa retraite doit faire à la CARMF une demande de retraite en signalant le maintien d’une activité. Dans les trente jours suivant la reprise d’activité, il doit retourner la déclaration d’activité afin que la CARMF procède à sa réaffiliation aux régimes de base, complémentaires, ASV et ADR. Car la poursuite d’une activité s’accompagne de celle des cotisations – sans acquisition de points – au Régime de Base (RB), au régime complémentaire (RCV), à l’ASV, et au régime de l’allocation de remplacement de revenu (ARD) (non, le calcul se fait à partir de l’estimation de la nouvelle activité). Cependant, la dernière LFSS autorise les médecins en cumul emploi-retraite dont l’activité est réduite de payer une cotisation ASV proportionnelle au revenu. Cette mesure s’ajoute à la possibilité de demander une exonération totale de la cotisation ASV quand le revenu est inférieur à 11 500 euros.

Outre la CARMF, le médecin optant pur le cumul doit également informer de son choix son Conseil départemental de l’Ordre, comme il doit aussi effectuer toutes les démarches nécessaires auprès des organismes concernés (URSSAF, caisses d’Assurance Maladie, etc.). Il doit également souscrire une assurance en RCP. S’il s’agit d’une poursuite de l’activité après retraite, il aura tout intérêt à la conserver, sans rupture, la souscription d’un nouveau contrat lors d’une reprise d’activité s’accompagnant d’une augmentation substantielle, les assureurs présumant d’un risque accru lié à l’âge…

Le cumul emploi retraite est-il intéressant ? Difficile d’entrer dans tous les cas de figure qui peuvent se présenter. Le tableau ci-contre établi par la CARMF à partir d’un exemple permet de comparer les différentes options et leur résultat financier. Il confirme en tout cas ce que Yves Decalf, le président de l’ASSUMED, nous déclarait en janvier dernier (Le Cardiologue n° 338) : « Le plus avantageux est de prendre sa retraite à soixante-cinq ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein dans les trois régimes et de poursuivre son activité médicale libérale ». Quelqu’un a résumé cela assez bien : travailler plus pour gagner plus ! Reste que dans les conditions de plus en plus pénibles faites aux médecins dans leur exercice, certains peuvent avoir plutôt envie de gagner moins pour vivre mieux…

 

Qui sont les « cumulards » ?

Depuis 2005, année où seuls 222 médecins cumulaient leur retraite avec une activité libérale, le nombre des « cumulards » n’a cessé d’augmenter pour atteindre 1 814 en 2009, et 4 457 au 1er janvier de cette année. Majoritairement des hommes (83 %), âgés de 65 ans et plus, ils ne sont que 7,3 % à exercer le cumul avant 65 ans. Les trois quarts d’entre eux cumulent retraite et activité libérale sans limitation de revenus. Les médecins généralistes sont les plus nombreux, et de loin, à cumuler (1 755), suivis par les psychiatres (578). A noter que c’est dans ces deux spécialités que les femmes sont les plus nombreuses, respectivement 179 et 185. En troisième position arrivent les cardiologues libéraux, qui sont 244 à cumuler (dont seulement 10 femmes), suivis des chirurgiens (226). 

Sans vraiment s’en étonner, on constate que ce sont surtout les régions des grandes métropoles qui compte le plus de médecins ayant opté pour le cumul, la région parisienne en regroupant les deux tiers (1 562), nettement en tête devant PACA (546), et Rhône-Alpes (340).




C’est le tocsin pour la retraite

343 – Troisième pilier de la retraite des médecins et le plus rentable, l’ASV est au bord du gouffre. Son maintien, souhaité par une majorité de médecins, nécessite une réforme en cours d’élaboration et qui s’apparente au traitement de choc, puisque de toute évidence, les libéraux verront leur cotisation augmenter notablement et leur retraite diminuer. Le cumul emploi-retraite, de plus en plus pratiqué, risque de s’imposer, non plus comme un choix, mais comme une nécessité.

Les médecins n’ont pas manifesté dans la rue au moment de la réforme de la retraite, mais cela ne signifie pas, loin s’en fait, que tout va pour le mieux concernant la retraite du corps médical ! Cette retraite comporte trois parties. Le régime de base, commun à toutes les professions libérales et géré par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales (CNAVPL), pèse 23 % du total des cotisations payées par le médecin, mais ne représente que 19 % de la retraite moyenne, soit 496 euros mensuels. Cette année, cette cotisation a été fixée à 8,6 % du revenu dans le cadre d’un plafond de 29 427 euros, puis à 1,6 % du revenu au-delà dans la limite d’un plafond égal à cinq fois le plafond de la Sécurité Sociale. Au 1er avril 2011, le point du régime de base valait 0,5432 euro. D’un rendement faible, ce régime est quelque peu « plombé » par le mécanisme de compensation financière qui s’exerce au nom de la solidarité avec les régimes déficitaires des agriculteurs des artisans et des commerçants, et, depuis peu, l’arrivée massive de nouveaux affiliés que sont les autoentrepreneurs, qui payent de faibles cotisations. Pour ce régime, le départ à la retraite à taux plein est possible dès 60 ans pour les assurés nés avant 1949 et totalisant 40 années de cotisation. Cette durée de cotisation va augmenter progressivement, portée à 41 ans en 2012. Ce régime n’échappe pas à ce qui mine l’ensemble du système de retraite par répartition français : si l’on comptait trois cotisants pour un retraité en 2004, ce ratio sera de 1 pour 1 à l’horizon 2036.

Le régime complémentaire, géré par la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (CARMF), représente 54 % des cotisations globales des médecins et leur assure 42 % de leur retraite, soit 1 005 euros mensuels cette année. La cotisation au régime complémentaire est de 9,2 % du revenu, plafonné à 113 000 euros. Elle donne droit à dix points maximum, dont la valeur, fixée par la CARMF et validée par arrêt ministériel, est de 75 euros en 2011, ce qui donne au régime complémentaire un rendement supérieur à celui du régime de base. Pour bénéficier de la retraite à taux plein dans ce régime, il faut cesser son activité à 65 ans ; si on le fait entre 60 et 65 ans, on perd 5 % par année manquante pour attendre l’âge requis. Les réserves de ce régime sont, elles aussi, menacées à moyen terme, et le taux de cotisation ne pourra pas rester indéfiniment le même.

L’ASV, une rentabilité jugée catastrophique 

Enfin, troisième pilier de la retraite des médecins, l’Allocation Supplémentaire Vieillesse, la fameuse ASV, qui fait tant parler d’elle et depuis si longtemps déjà. Rien d’étonnant à cela : même si le nombre de points servis annuellement a régulièrement baissé au fil des années et si la valeur du point est gelée à 15,55 euros depuis 1999, le rendement de l’ASV est encore aujourd’hui le meilleur (10,60 %). Mais c’est précisément cette rentabilité qui l’a fragilisée au point d’être dans une situation catastrophique aujourd’hui : si rien n’est fait, les réserves seront à sec l’année prochaine, et le régime sera en cessation de paiement en 2013. Selon Gérard Maudrux, le président de la CARMF, c’est un excès de rentabilité qui a miné l’ASV, dont les pouvoirs publics se sont servis pour inciter les médecins – jugés trop nombreux à l’époque ! – à cesser leur activité. Il estime que le rendement de l’ASV était de 25 % supérieur à ce qu’il aurait dû être. Aujourd’hui, avec la démographie médicale déclinante et la raréfaction des actifs pour l’abonder, l’ASV est au bord du gouffre. Les syndicats médicaux, pour une fois tous d’accord, ne s’y sont pas trompés qui ont exigé une réunion quadripartite rassemblant le Gouvernement, l’Assurance Maladie, la CARMF et les syndicats avant que les négociations conventionnelles ne s’engagent, pour régler de façon durable le sort de l’ASV. Seules la CARMF et la FMF étaient favorables à sa fermeture et au paiement des points acquis. « Mon premier argument est qu’une réforme de l’ASV pour assurer l’équilibre du dispositif va imposer des conditions telles qu’il n’y aura plus guère d’avantages sociaux pour les médecins, explique Gérard Maudrux. D’autre part, je suis persuadé que l’Assurance Maladie ne continuera pas de payer éternellement les deux tiers des cotisations des médecins du secteur 1 comme elle le fait actuellement. En l’absence de garantie sur les deux tiers, il faudra diviser la recette par trois. Cela arrivera inévitablement. Je suis donc partisan que l’on ferme l’ASV et que l’on paye les points acquis. »

Payer plus pour gagner moins

Mais ni les autres syndicats, ni le Gouvernement ne l’entendent de cette oreille. Ce dernier parce que la liquidation de l’ASV nécessiterait 30 milliards d’euros à payer, la CSMF, le SML et MG France, parce que la fermeture de l’ASV remettrait en question 39 % de la retraite des médecins (pour une cotisation qui représente 28 % du total des cotisations retraite), et dissuaderait définitivement les jeunes médecins de s’installer en secteur 1. « Le Gouvernement et les syndicats médicaux veulent le maintien du système, il faut donc trouver une solution », s’incline Gérard Maudrux. Après la première réunion du 21 avril dernier, deux autres réunions, le 19 mai et le 1er juin dernier, ont vu se dessiner les contours d’une réforme de l’ASV, qui, dans ses grandes lignes, convient à tous les syndicats. Certes, il n’y a pas de miracle, ce sera douloureux pour les médecins, et, comme le dit le président de la CSMF, Michel Chassang, « il s’agit de choisir parmi les solutions les moins pires ! ». Ainsi, on s’achemine vers un doublement de la cotisation le plus vite possible, dès 2013 sans doute. Cette augmentation pourrait se faire en une seule fois, ou progressivement, sur trois ans, comme le souhaite l’Assurance Maladie, pour qui cette hausse signifie 250 millions d’euros supplémentaires à sortir chaque année… La question n’est pas encore tranchée.

Pour un médecin de secteur 1, dont la cotisation ASV est actuellement de 1 360 euros, cette augmentation signifierait 110 euros de plus à payer par mois. C’est douloureux, mais encore envisageable. En revanche, pour les médecins de secteur 2, qui payent aujourd’hui 4 140 euros, le doublement de la cotisation est impossible. « La question du secteur 2 n’est pas tranchée, précise Michel Chassang. On envisage la possibilité d’un dispositif pour les faibles revenus en secteur 2, qui introduirait une part de proportionnalité au revenu dans le calcul de la cotisation. Il se pourrait aussi que l’augmentation de la cotisation soit moindre, avec, en parallèle, une diminution des points. » De fait, aux dernières nouvelles, les praticiens de secteur 2 verraient leur cotisation ASV majorée des deux tiers, tandis que la valeur du point serait diminuée d’un tiers. Du côté des prestations, justement, trois mesures sont envisagées. Pour les retraités, on s’achemine vers une diminution de 10 % du point sur trois ans plutôt que vers un gel durant six ou sept ans, comme envisagé initialement. Pour les médecins en activité, la valeur du point serait diminuée de 10 %, passant ainsi de 15,50 euros actuellement à 14 euros. Un médecin de secteur 1 verrait ainsi sa retraite globale (retraite de base, complémentaire et ASV) amputée de 4 %.

Dans les grandes lignes, tous les syndicats sont d’accord sur ces mesures, qui restent à affiner, en particulier concernant le secteur 2. Quant à l’allongement de l’âge du départ à la retraite de 65 à 67 ans, il fait encore débat. Pour Gérard Maudrux, elle est nécessaire et, « combinée à l’augmentation de la cotisation et à la baisse des points, cela est jouable sur le long terme ».

Pour entrer en vigueur au début de l’année 2013, cette réforme de la dernière chance de l’ASV nécessitera quelques décrets, notamment pour fixer la valeur du point et son inscription dans la convention en cours de négociation, en particulier pour ce qui concerne la participation de l’Assurance Maladie au financement de l’ASV des praticiens du secteur 1. Un acquis que les syndicats médicaux n’entendent pas voir remis en question. « C’est un principe sur lequel nous ne transigerons pas », affirme Michel Chassang. De fait, un désengagement de l’Assurance Maladie signifierait ipso facto la mort du secteur 1.

 

 




Les maisons du cœur et des vaisseaux, l’avenir de la cardiologie libérale

343 – CardioNews – Comment en douter ? L’heure n’est plus à l’exercice individuel, mais en groupe pluridisciplinaire, avec une activité mixte associant une part de paiement à l’acte, de forfaits (dans un avenir très proche) et de salariat.

Depuis des années le SNSMCV vous encourage à créer de telles structures, une structure idéale, permettant une prise en charge d’un patient de la prévention à la réadaptation. Aujourd’hui la loi en facilite la création, avec la possibilité de réunir en un même lieu médecins de spécialités différentes (cardiologues, diabétologues, pneumologues…), infirmières (prévention, éducation thérapeutique, réadaptation…), diététicienne, kinésithérapeute, psychologue, demain des technicien(ne)s en rythmologie, en échographie, libérant ainsi du temps médical.

Les nouvelles sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA) autorisent le regroupement avec un pharmacien. Ces maisons du cœur et des vaisseaux seront les interlocutrices privilégiées de l’ARS et devront offrir aux jeunes cardiologues la possibilité d’accès au plateau technique d’un établissement privé ou publique avec la possibilité de participer à la PDS.