L’An II du parcours de soins

371 – Après la mise en place en 2004 du dispositif du médecin traitant qui a instauré un certain type parcours de soins, la Stratégie Nationale de Santé (SNS) portée par le Gouvernement fait de la médecine de proximité une priorité afin d’éviter les complications et les hospitalisations inutiles. Pour ce faire, la SNS met en avant les parcours de soins, dont la définition reste assez floue, tout comme la place que les spécialistes y occuperont.

American doctor talking to senior couple in surgeryParcours de soins : depuis qu’en septembre dernier la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a dévoilé la Stratégie Nationale de Santé (SNS) qui a vocation à inspirer largement la future loi réformant notre système de santé, ce vocable est omniprésent. Mais que recouvre-t-il exactement ? Jusque là, on connaissait le parcours de soins coordonné, tel qu’il a été instauré par la la loi du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie. Il consiste à confier à un médecin traitant les différentes interventions des professionnels de santé pour un même assuré, dans un objectif de rationalisation des soins. Son respect conditionne la prise en charge normale des dépenses de santé. A défaut, les patients s’exposent à des majorations financières. A défaut d’avoir apporté la coordination optimale au système de santé, on sait le succès de ce parcours, puisqu’aujourd’hui, la quasi-totalité des assurés ont choisi de déclarer un médecin traitant – leur médecin généraliste dans 99 % des cas.

Alors, à quoi pense la ministre de la Santé quand elle parle de parcours de soins ? « L’essentiel est de mieux prendre en charge en ville pour éviter les complications et hospitalisations inutiles. L’organisation des soins doit être simplifiée, décloisonnée, recentrée autour du médecin traitant, articulant les interventions des professionnels, services et établissements d’un territoire autour de parcours dans lesquels la personne est un acteur de sa santé et de sa prise en charge intégrant les logiques d’éducation thérapeutique, de dépistage, de promotion de la santé, de modification des modes de vie. La Stratégie Nationale de Santé doit porter et accompagner ces profonds changements au travers d’un projet global encourageant le parcours de la personne (patient, personnes âgée, personne handicapée), la coopération entre professionnels, la al coordination ville-hôpital et la démocratie sanitaire dans le cadre des territoires. » Voilà ce que dit la SNS. C’est beaucoup, c’est ambitieux et dans ces principes, on ne peut qu’y souscrire. Mais c’est aussi très flou quant à la définition exacte de ce que seront ces parcours de soins, ainsi que l’observe l’économiste de la santé, Claude Le Pen (voir entretien de Claude Le Pen).

Le médecin généraliste, le pivot central

La seule chose qui soit très claire, c’est que dans cette organisation le médecin traitant, autrement dit le médecin généraliste, est le pivot central. Ce qui n’a pas échappé aux spécialistes libéraux, en particulier aux cardiologues de ville, qui s’en inquiètent. Dans ces parcours de soins, quelle place occuperont-ils ? Avant que de futurs textes ne fixent les choses, ils affirment qu’ils entendent occuper rien que leur place, mais toute leur place, comme l’explique le nouveau président des spécialistes confédérés, Patrick Gasser, et le secrétaire général du SNSMCV, Frédéric Fossati. C’est d’autant plus important que viennent de s’ouvrir les négociations sur les coopérations interprofessionnelles et la rémunération du travail en équipe, que Marisol Touraine souhaite voir aboutir à la fin juillet. « Lors de la première réunion, à laquelle tous les syndicats ont participé, il a été décidé de s’occuper d’abord du fond au cours de trois réunions qui s’étaleront jusqu’à la fin mai, avant de s’occuper de la forme entre la fin juin et le 15 juillet », explique Jean-François Rey, le président de l’Union Nationale des Professions de Santé (UNPS). Selon lui, « la rémunération de ce nouvel acte, qui est plutôt une succession de missions – outil informatique, prise en charge de pathologies lourdes, chroniques ou de polypathologies et coordination médicale et médico-sociale, prévention ETP – devra avoir le même niveau quel que soit le professionnel de santé concerné ». A priori, nul n’est exclu…

Catherine Sanfourche




50 Milliards…

371 – 50 milliards d’économies, 21 pour la Sécurité Sociale dont 10 pour l’Assurance Maladie; derrière les chiffres annoncés, la réalité relativise l’importance de l’ambition affichée. Les dépenses totales de santé représentaient en 2011 en France 11,6 % du PIB,  niveau le plus élevé de l’Union Européenne, et même avec un ONDAM ramené à 1,75 % d’augmentation annuelle, cette part de PIB continuera à progresser à moins d’un taux de croissance au-dessus de… 1,75 %, ce qui n’est pas espéré dans un avenir proche. Les mesures proposées ne sont que de nouveaux « coups de rabot » qui, par le passé, n’ont amené que de très médiocres résultats. Nous n’en sommes pas encore à l’ébauche des réformes structurelles et d’une remise à plat d’un système coûteux, de plus en plus inégalitaire pour la population, peu rémunérateur pour le corps médical par rapport à nos confrères anglais ou allemands et  dont les  indicateurs  de qualité de santé publique ne sont pas meilleurs que ceux de nos voisins !

Les bases de réformes structurelles, s’appuyant sur l’expérience des pays qui ont pris le problème à bras le corps, Canada, Suède, Allemagne…, sont connues : définition d’un « panier de soins » totalement couvert pour tous, décentralisation des caisses d’Assurance Maladie gérant des budgets régionaux avec une large autonomie de pilotage et de contractualisation de l’offre de soins, dans un objectif d’efficience maîtrisée. Le chantier sur le parcours de soins et la coordination autour du patient en perte d’autonomie ou atteint de pathologies chroniques s’inscrit dans cette logique d’efficience : le meilleur soin au moindre coût par une prise en charge coordonnée limitant les actes non pertinents et les hospitalisations.

Notre pays a autant de lits d’hospitalisation complète que l’Allemagne avec près de 20 millions d’habitants de moins. C’est là le principal gisement d’économie, sous réserve que les pouvoirs publics ferment les hôpitaux vidés par le succès du nouveau parcours de soins…

Pour affronter ces transformations inévitables et peu favorables à l’activité médicale libérale, le regroupement des cardiologues dans chaque territoire de santé est un préalable incontournable pour espérer pouvoir contractualiser  positivement avec les financeurs et les établissements de santé et garder une place dans un système de santé refondé. Seule l’union de raison des professionnels libéraux leur donnera le poids et les moyens suffisants pour répondre aux appels d’offre et résister aux pressions. L’avenir n’appartient à personne, les facultés d’imagination, d’innovation et d’adaptation que nous serons capable de développer, nous permettront, ou pas, de nous y inscrire. « Ne pas prévoir c’est déjà gémir »*.

Eric Perchicot

* Léonard de Vinci




Claude Le Pen : « Une réponse floue à un vrai problème »

371 – Pour l’économiste de la santé, avant de parler d’efficience du parcours de soins, il faudrait déjà donner une définition précise de ce que recouvre ce terme.

lepenLa Stratégie Nationale de Santé met en avant les parcours de soins. Que pensez-vous de ce mode d’organisation ?

Claude Le Pen : C’est une manière mal définie d’aborder le vrai problème du manque de coordination de notre système de santé, un mot magique sensé régler tous les problèmes. J’avoue être assez sceptique. Car enfin, qu’entend-on exactement par « parcours de soins » ? S’agit-il d’une filière de soins avec le médecin traitant en « gate keeper » à la façon anglaise ? Faut-il l’entendre comme un continuum ville/hôpital ou un protocole au sens que lui donne la HAS ? Ou encore, s’agit-il d’une logistique de communication organisée par le médecin traitant avec un dossier médical partagé ? A l’heure actuelle, on ne sait pas ce que le ministère entend exactement par « parcours de soins ». Ce qui est sûr, c’est qu’on ne part pas de rien et que sur le terrain, des professionnels de santé ont l’habitude de travailler ensemble. Il s’agirait donc de passer de relations informelles à une organisation structurée avec l’arrière-pensée d’un gain à tirer d’une formalisation du parcours de soins.

Vous ne semblez pas convaincu. Pour l’économiste de la santé que vous êtes, le parcours de soins ne peut-il pas être, en effet, source d’efficience pour notre système de santé ?

C. L P. : Je n’en suis pas convaincu et d’ailleurs, rien ne permet de l’affirmer. Sur le plan financier d’abord, formaliser le parcours de soins signifie passer d’un travail de coordination effectué actuellement gratuitement par les professionnels de santé à un financement de ce travail et donc dépenser plus. Nous n’avons aucune preuve manifeste qu’on ferait des économies avec les parcours de soins. Ensuite, sur le plan de la qualité, on suppose qu’elle serait supérieure dans un parcours coordonné. Mais si gain qualitatif il y a, il reste à démontrer où se trouve le déficit qualitatif dans l’organisation informelle actuelle. Quelles preuves indiscutables a-t-on que les patients chroniques sont mal traités aujourd’hui ? Aucune.

Il existe déjà pourtant des expérimentations qui peuvent apporter des enseignements ?

C. L P. : Il s’agit d’expériences issues du terrain, plus ou moins reproductibles plutôt que de solutions pérennes, modélisables, reproductibles. Quant aux expériences passées, elles n’ont pas été réellement évaluées. Cette absence d’évaluation des expériences passées, leur aspect très local et l’absence de définition précise de ce qu’on entend vraiment par parcours de soins me laissent extrêmement dubitatif. Et je crains qu’on ne reproduise avec les parcours de soins ce qui s’est passé dans les années 90 avec les réseaux de soins : faute d’une réelle évaluation, on n’en a tiré aucune leçon, on n’a pu ni les généraliser ni les stopper et on les laisse mourir. Notre système de soins manque peut-être de coordination, mais la politique de santé aussi !

Catherine Sanfourche




Frédéric Fossati (SNSMCV) : « La médecine de proximité n’est pas l’apanage des généralistes »

371 – Quel est votre sentiment au regard des parcours de soins, point fort de la Stratégie Nationale de Santé ?

fossatiFrédéric Fossati : A l’heure on l’on parle beaucoup de simplification administrative, j’avoue de pas voir très bien l’utilité d’encadrer et de réglementer des réseaux informels qui existent de fait sur le terrain. Après tout, la réforme du médecin traitant a déjà formalisé un parcours de soins que les patients respectent dans leur immense majorité. Dans notre région, nous, cardiologues libéraux, recevons très, très peu de patients venant nous consulter en accès direct.

Vous êtes donc plutôt inquiet quant à la future loi de santé publique qui sera inspirée de la SNS ?

F. F. : Il est clair que la Stratégie Nationale de Santé est en faveur d’un super médecin généraliste référent et donne l’impression que les spécialistes sont oubliés. Pourtant, la médecine de proximité n’est pas l’apanage des médecins généralistes. Il faut affirmer la place du médecin spécialiste de proximité qui a tout son rôle à jouer quand le généraliste n’a plus la possibilité d’assurer seul le suivi optimal de son patient. La balle est bien sûr dans le camp du ministère, mais il ne faut pas que le spécialiste de proximité soit écarté. Le SNSMCV doit mener ce combat, et l’on peut compter sur Eric Perchicot pour influer en ce sens et que les cardiologues ne soient pas oubliés, en particulier dans les parcours spécifiques de cardiologies type PRADO (Programme de Retour Anticipé au Domicile). Le cardiologue doit y être un maillon essentiel et non une variable d’ajustement. A nous de montrer que nous sommes présents et capables de prendre en charge les patients dans cette situation.

Catherine Sanfourche




Les parcours de soins selon la HAS

371 – Afin de faciliter la prise en charge des personnes atteintes de maladie chronique, la HAS a élaboré en 2012 de nouveaux guides et outils destinés aux équipes soignantes et aux malades. « Au lieu de réactualiser les guides ALD, le nouveau Collège de la HAS a décidé de faire des guides parcours de soins par pathologie », explique Jean-François Thébaut, membre du collège de la HAS et président de la Commission amélioration des pratiques professionnelles et de la sécurité des patients. A la différence des guides ALD, les guides parcours de soins sont destinés à l’ensemble des professionnels prenant en charge les malades. Ils abordent la globalité du parcours et non plus seulement les critères ALD. Réalisés avec l’aide de professionnels et d’associations, ils précisent, à toutes les étapes, le rôle de chaque intervenant, le rythme des consultations et les actions à entreprendre. « Dans ces guides, nous faisons toujours très attention à situer chaque professionnels à sa bonne place », commente Jean-François Thébaut.

A ce jour, la HAS a publié des guides concernant l’AVC, la BPCO, les cancers broncho-pulmonaires et le mésothéliome pleural malin, l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, le lymphome de Hodgkin, la maladie de Parkinson, la maladie rénale chronique et les soins palliatifs. « Toutes les pathologies ont vocation à faire l’objet d’un guide parcours de soins. La psychiatrie est en cours de rédaction, ainsi que la rééducation, l’insuffisance coronarienne. »

Catherine Sanfourche




Les modificateurs dans la CCAM

robotQu’est-ce qu’un modificateur ?

La définition est donnée à l’article I-9 des dispositions générales de la CCAM. « Un modificateur est une information associée

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Pôles hospitaliers : une organisation acceptée mais perfectible

371 – Sollicitées pour dresser un bilan des pôles hospitaliers, les conférences de présidents de CME et celles de directeurs d’établissements émettent des propositions pour perfectionner cette organisation qui fait aujourd’hui « consensus » dans la communauté hospitalière.

hopital300px
La place des services doit être « réaffirmée », © Phovoir

Il y a presque un an, la ministre de la Santé avait demandé aux cinq conférences de présidents de CME de CHU, CH et CHS et de directeurs hospitaliers (CHU et CH) d’établir un bilan du fonctionnement des pôles. Elles ont récemment remis leur rapport à Marisol Touraine. Mis en place progressivement, les pôles existent aujourd’hui dans l’ensemble des hôpitaux dont le budget dépasse les 15 à 20 millions d’euros. Loin de remettre en cause le principe des pôles, les conférences ont pu constater qu’il faisait « consensus » et estiment donc qu’il doit être « clairement réaffirmé ». Toutefois, cette organisation doit être « adaptée » en fonction de la taille et de la spécificité des établissements. Ainsi, le rapport suggère que des dérogations soient possibles pour les établissements dont le budget est inférieur à 30 millions d’euros et pour ceux qui sont spécialisés ou qui ont une faible activité en MCO. La taille des pôles se situe entre 100 et 300 agents dans la plupart des établissements, mais elle dépasse des 500 agents dans les très gros établissements, notamment les CHU.

Des auditions et enquêtes menées par les conférences émerge une certitude : « les établissements de santé ne souhaitent pas que cette organisation soit encadrée par un texte national et ne souhaitent pas de réglementation nouvelle ». Cependant, parmi les dix-neuf propositions émises pour améliorer le fonctionnement des pôles, elles recommandent que figurent dans le règlement intérieur de chaque établissement « les règles principales d’organisation des pôles ». Ce document de référence, qui pourrait être actualisé régulièrement, aurait pour avantage de « favoriser la transparence et la communication interne » sur l’organisation en pôles et de « maintenir une cohérence entre les pôles au sein de l’établissement ».

Une incitation à élaborer une charte d’organisation

Les établissements pourraient ainsi être incités à élaborer « une charte d’organisation des pôles » qui préciserait, par exemple, « les motivations du découpage en pôles retenus », la liste des pôles, « les modes d’élaboration des projets et des contrats de pôle », « les modalités de la délégation de gestion », les instances des pôles ou encore les modalités du dialogue au sein de chaque pôle. Bref, il s’agit en quelque sorte de rendre perceptible la logique qui a prévalu à la formation des pôles pour assurer l’adhésion de tous les acteurs à cette organisation.

Au sein de ces pôles, la place des services doit être « réaffirmée », estiment les conférences, parce que « les services, unités ou départements demeurent le niveau opératoire de proximité pour les patients, les familles, les soignants et les médecins qui y exercent ». Elles suggèrent que les responsables de service soient nommés par le chef d’établissement sur proposition du président de la CME et du chef de pôle concerné. De même, et sans remettre en cause les responsabilités légales assumées par les chefs d’établissement, les conférences préconisent que les présidents de CME soient associés, en amont, à la nomination des chefs de pôle en donnant leur « visa », tout comme ils devraient l’être à la décision de fin des fonctions d’un chef de pôle en cours de mandat. Ce « visa » des présidents de CME témoignerait « de la solidarité de la gouvernance dans une décision de nature institutionnelle », et qui rétablirait un équilibre entre le pouvoir administratif et le pouvoir médical mis à mal par la loi HPST de 2009. Dans ce même objectif et pour « favoriser la cohérence institutionnelle », les auteurs du rapport recommandent la tenue de réunions régulières des chefs de pôles présidées par le directeur général de l’établissement et le président de la CME.

Enfin, les conférences préconisent l’actualisation du contenu des programmes de formation à destination des chefs de pôle en y introduisant des thématiques relatives à l’organisation du système de santé et de l’hôpital public, et suggèrent que les praticiens y participant puissent valider ainsi leur obligation annuelle de DPC. Elles recommandent également de développer la formation pour les chefs d’unité, de service ou de département, leur permettant ainsi d’ « appréhender leur rôle, les moyens et les délégations dont ils disposent pour agir ».

Catherine Sanfourche




Plan d’économies : la santé va trinquer !

371 – Priorité affirmée par le chef  de l’Etat du pacte de solidarité, la santé va pourtant devoir réaliser à elle seule 20 % des 50 milliards d’économies recherchées sur la dépenses publique au cours des trois années à venir.

Intravenous drip for dollar
Une réforme loin d’être réellement mise en œuvre et des effets économiques qui ne se feront pas sentir à court terme. © Fotolia

Depuis l’annonce d’un plan de 50 milliards d’économies dans la dépense publique sur trois ans, tout le monde s’interrogeait : comment diable le Gouvernement allait-il s’y prendre ? Depuis le discours de politique générale du nouveau Premier Ministre, Manuel Valls, on en a une petite idée, qui s’est précisée depuis au sortir d’un Conseil des ministres. On sait maintenant que la Sécurité Sociale en général – et l’Assurance Maladie en particulier – paieront un lourd écot ! Au total, 21 milliards d’économies sont attendus de la Sécurité Sociale, avec le gel des pensions du régime de retraite de base mais aussi des retraites complémentaires. 

Une vive inquiétude chez les médecins

Mais à elle seule, l’Assurance Maladie devrait participer à hauteur de 10 milliards d’euros à la diète générale, ce qui représente 20 % de l’effort global demandé. Inutile de dire que cette annonce provoque la plus vive inquiétude chez les médecins et leurs organisations représentatives. Manuel Valls a assuré que les économies sur les dépenses d’Assurance Maladie seront réalisées « sans réduire la prise en charge des soins, ni leur qualité » et Marisol Touraine d’affirmer qu’il n’est pas question de procéder à des déremboursements ou d’instaurer de nouvelles franchises, « une ligne rouge à ne pas franchir », les médecins craignent le retour d’une maîtrise plus comptable que médicalisée. Outre un ONDAM 2015 qui ne devrait pas dépasser les 2 %, à quelles autres contraintes doivent-ils s’attendre – et les patients aussi- pour parvenir à réaliser, par rapport à l’évolution naturelle des dépenses, une économie annuelle supplémentaire de 3 millions sur l’Assurance Maladie ? Manuel Valls a esquissé des quelques pistes. D’abord « amplifier les réformes structurelles déjà engagées et notamment mieux organiser les parcours de soins ». Certes, mais la réforme est loin d’être réellement mise en œuvre et il n’est pas sûr que les effets économiques se fassent sentir à si court terme. La chirurgie ambulatoire est une autre piste indiquée par le Premier Ministre, qui « montre qu’on peut réaliser des économies tout en améliorant la qualité de la prise en charge ». Sans doute, mais là encore, pour combler son retard dans ce domaine par rapport à d’autres pays européens, la France va devoir avancer à marche forcée et effectuer une vraie restructuration, c’est-à-dire supprimer des lits, faute de quoi l’efficience recherchée ne sera pas au rendez-vous. Or, on sait les oppositions que rencontre toute tentative de restructuration de l’offre hospitalière et que cela ne se fait pas d’iun claquement de doigt !

Une industrie encore mise à contribution

Enfin, le Gouvernement souhaite « optimiser » les dépenses dans le domaine du médicament. « Cela passe par une consommation raisonnée en adéquation avec l’innovation thérapeutique ». En clair, l’industrie pharmaceutique qui est déjà le principal contributeur chaque année aux économies de dépenses de santé, à hauteur d’environ un milliard d’euros, sera encore mise à contribution. Au total, cela risque de faire beaucoup de mécontents dans les rangs de la santé…

Catherine Sanfourche

 




Médicament : les solutions de l’administration pour réduire la consommation

371 – Le Commissariat Général à la Stratégie et à la prospective (CGSP), ex-Commissariat au Plan qui dépend du Premier Ministre, a diffusé courant mars un document d’analyse sur lemédicament en deux volets. Le premier s’intéresse aux moyens d’en réduire la consommation en France et le second à la fixation de leurs prix. 

Pills falling
© Dreaming Andy

Les auteurs partent du constat d’un « niveau de consommation globalement élevé » de médicaments en France et l’expliquent par plusieurs facteurs : les représentations collectives qui lient la prescription à la consultation médicale, l’ampleur de l’offre avec 2 800 substances actives disponibles et la pratique de l’automédication. Face à ces constats, le CGSP estime qu’il faut « repenser l’ensemble du circuit du médicament » et émettent un certain nombre de recommandations. Pour « un mode de prescription plus sobre et plus efficient » des médecins, il suggère d’abord de les inciter « à développer davantage la réflexion sur leurs pratiques de prescription » en développant pour cela les groupes de pairs auxquels seraient intégrer les pharmaciens. Ensuite, le CGSP préconise, après un travail d’évaluation et de sélection, l’élaboration d’une « liste courte » de médicaments « les plus efficaces ». Par ailleurs, les ordonnances pourraient servir à prescrire « des modes de prise en charge non médicamenteuses », d’autres thérapies ou des conseils d’hygiène de vie et dans cet objectif, la HAS pourrait rédiger des fiches de « conseils de bonne hygiène de vie ou relatifs à la démarche à suivre en cas de maux bénins » à remettre au patients, le CGSP considérant visiblement que les médecins ne sont pas aptes à concevoir et délivrer eux-mêmes ce genre de conseils ou d’orientation vers d’autres modes de prise en charge. Ils apprécieront… Tout comme les pharmaciens dont la mission de conseil, selon le CGSP, devrait être « considérablement » renforcée et qui devraient être repositionnés plus clairement comme des professionnels de santé, ce qui suppose « de faire évoluer considérablement leur mode de rémunération, en prolongeant les projets actuels sur la mise en place d’une rémunération spécifique par forfait de l’éducation thérapeutique du patient ». 

Le deuxième volet du document concerne la fixation du prix des médicaments, « particulièrement complexe » selon le CGSP qui parle de « l’opacité du système dans son ensemble ». Les marges de manœuvre du CEPS dans ses négociations avec les laboratoires sont qualifiées de « relativement ténues », notamment du fait de « fortes asymétries d’information, à l’avantage des industries pharmaceutiques ». A propos de l’introduction de la notion d’efficience dans la fixation des prix, le document note que ses effets sont encore « incertains ». En amont des négociations avec le CEPS, « des différences peuvent apparaître entre les avis de la CT à propos du SMR et de son amélioration estimée à partir d’arguments médicaux, et les avis d’efficience qui intègrent des arguments économiques ». En outre, le fait que ces arguments d’efficience soient produits par les industriels « laisse planer un doute sur les études incorporant de nombreuses hypothèses de valorisation » aux yeux du CGSP, qui préconise d’ « enrichir les sources d’information pour l’évaluation », d’ « associer l’usager au travail d’évaluation » et d’ « harmoniser des méthodes d’évaluation au niveau européen », « sans remettre en cause le principe de subsidiarité », le CGSP plaide pour « une mutualisation accrue des données de négociation sur le prix réunies dans chaque pays qui serait de nature à augmenter la transparence du marché européen et à améliorer la position des régulateurs qui pourraient, par exemple, se fonder sur de bornes inférieures et supérieures indicatives de prix à l’échelle européenne ».

Catherine Sanfourche




Médicament : Interview – Philippe Lamoureux (Leem)

« Les défauts de méthodologie disqualifient ce document »

Pour le directeur général du Leem (Les entreprises du médicament), les propositions du CGSP reposent sur de nombreuses erreurs, approximations et inexactitudes, ce qui en limite fortement la portée.

lamoureux
Philippe Lamoureux : « Le CGSP n’a pas fait l’effort d’un vrai travail d’investigation poussée ».

Philippe Lamoureux : Notre première réaction a été celle de l’étonnement ? Nous avons trouvé surprenant que le CGSP, sensé être une institution sérieuse, n’ait ressenti à aucun moment le besoin de consulter le Leem. Cela aurait sans doute évité de trouver dans ces documents de très nombreuses approximations, erreurs et inexactitudes. Ainsi, la proposition d’une « liste courte » de médicaments les plus efficaces qui serait mise à la disposition des médecins est une solution à un problème qui n’existe pas et qui part du constat erroné d’une pléthore de médicaments. L’idée selon laquelle il y a plus d’AMM en France qu’ailleurs est inexacte et illustre la confusion habituelle entre l’AMM et ce qui se passe en aval de l’AMM. C’est le fait qu’il y ait en France plus de génériques pour un produit qui donne l’impression de foisonnement. Il en va de même concernant le niveau de consommation élevé voire surabondant de médicament : selon les chiffres de l’OCDE, la France se situe au 8e rang. A cette place, peut-on vraiment parler de surconsommation ? Les études montrent qu’en termes de taux de croissance annuel de consommation, la consommation française est la plus faible en unités standardisées. Les médecins français prescrivent plus que dans d’autres pays ? Certes, mais à cela il y a trois raisons : les médecins généralistes font peu de prévention en France, la consultation est nécessaire pour le renouvellement des médicaments des malades chroniques et, enfin, la prescription est obligatoire pour accéder au remboursement. Quant à l’automédication pointée du doigt par le CGSP, il faut rappeler à ce propos que le marché français est deux fois moins important qu’en Allemagne où, que je sache, elle ne pose pas plus de difficulté qu’en France pour la santé de la population.

Le CGSP pointe l’opacité qui entourerait la fixation des prix des médicaments en France. Quel est votre commentaire ?

Ph. L. : Je me contenterai de rappeler que les prix des médicaments sont conventionnels, que les négociations se font dans le cadre de règles contenu dans un accord-cadre, que les prix sont fixés selon ces règles et que le Comité Economique des Produits de Santé (CEPS) rend compte de son travail chaque année. Encore une fois, le CGSP n’a pas fait l’effort d’un vrai travail d’investigation poussée. Contrairement aux travaux de l’IGAS ou de la Cour des comptes qui comportent une procédure contradictoire, il n’y a eu là ni consultation, ni vérification, ni contradiction recherchées. Je ne parlerais pas de partialité ou d’incompétence, mais les problèmes de méthodologie disqualifient ces documents. Nous étions plutôt habitués à ce genre de divagation de la part du Pr Even et autres « experts » autoproclamés du médicament.

 Catherine Sanfourche




Le système Corevalve® de Medtronic démontre sa durabilité à long terme

371 – Le 31 mars, Medtronic annonçait les résultats ultimes du suivi de l’étude Pivot CoreValve® CE à 4 ans, qui démontrent une excellente durabilité à long terme chez des patients souffrant de sténose aortique sévère qui ont été traités par le système CoreValve auto-expansif. Les résultats ont été présentés en avant-première lors du 63e Congrès annuel de l’American College of Cardiology.

Les résultats de l’étude ont montré la durabilité à long terme, l’excellente performance clinique du système CoreValve et l’absence de dysfonction structurelle valvulaire à 4 ans. L’étude a également mis en évidence des améliorations significatives de la qualité de vie à 1 an, qui ont été maintenues jusqu’à 4 ans, 74 % des patients présentant une amélioration d’au moins une classe fonctionnelle NYHA (New York Heart Association) à 4 ans par rapport à l’évaluation initiale. De plus, les taux de régurgitation et d’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) sont restés faibles, avec 83 % de patients indemnes d’AVC à 4 ans de suivi.

Représentant la première évaluation prospective rigoureuse du système CoreValve et l’une des premières études rapportant des données à long terme, échographiques, indépendantes, validées par un laboratoire central pour la durabilité d’une valve transcathéter, l’étude Pivot CoreValve CE a recruté 126 patients dans 9 centres à travers l’Europe et le Canada. L’étude a été conçue en vue de l’obtention du marquage CE (Conformité Européenne) pour le système CoreValve dans le traitement de patients considérés comme trop sévères ou fragiles pour subir un remplacement des valves aortiques par chirurgie conventionnelle à cœur ouvert.

Le système CoreValve a été conçu spécifiquement pour surmonter les problèmes d’un large éventail de patients TAVI. Le dispositif est doté d’un cathéter 18Fr pour toutes les tailles de valves, ce qui minimise le traumatisme lors de l’implantation et permet aux médecins de traiter les patients ayant des vaisseaux de faible calibre ou calcifiés. Sa structure en nitinol est conçue pour prévenir les fuites indésirables et optimiser le flux sanguin. De plus, le système CoreValve est disponible dans la plus vaste gamme possible de tailles, afin de pouvoir implanter des patients dans des dimensions plus petites, plus grandes ou intermédiaires.

Le système CoreValve a été agréé par la FDA (Food and Durg Administration) américaine en janvier 2014 pour les patients considérés comme à risque extrême pour la chirurgie.

Yves Carat




NOUVEAU : cholesteroletdietetique.fr

371 – Le premier site dédié à la prise en charge diététique des patients hypercholestérolémiques réservé aux praticiens. Cholesteroletdietetique.fr, c’est : 

– Un site exclusif réservé aux praticiens

www.cholesteroletdietetique.fr est le premier site réservé aux praticiens et dédié à la prise en charge diététique du patient présentant une hypercholestérolémie.
Son objectif : faciliter une prescription diététique personnalisée et optimiser la prise en charge.
L’inscription sur cholesteroletdietetique.fr est gratuite pour tous les praticiens. Le site est conçu de manière à ce que chacun se l’approprie facilement et trouve une aide efficace au quotidien.

– Un site de bonnes pratiques hygiéno-diététiques pour une prise en charge de première intention

De manière générale, toutes les recommandations établies pour diminuer la cholestérolémie et réduire le risque de développer une maladie cardiovasculaire mettent au premier plan les mesures diététiques, l’activité physique et l’arrêt du tabac. La prescription hygiéno-diététique constitue le traitement de première intention de nombreux patients dyslipidémiques, et particulièrement ceux à faible risque cardiovasculaire.
Cholesteroletdietetique.fr rappelle et détaille les mesures hygiéno-diététiques à mettre en œuvre pour réduire le risque cardiovasculaire et améliorer le bilan lipidique de ces patients.

– Un site spécialement conçu pour s’intégrer dans l’activité de consultation
Il est conçu pour être utilisé aisément par le praticien pendant une consultation habituelle. Le site propose notamment des outils simples et efficaces pour identifier et développer les motivations du patient (la motivation est une clé essentielle de la prise en charge), réaliser une enquête alimentaire rapide (pour détecter quels sont les éléments qui améliorent ou aggravent son taux de cholestérol), établir une prise en charge diététique personnalisée et adapter les conseils au profil du patient (habitudes alimentaires, pathologies associées).

www.cholesteroletdietetique.fr

 Yves Carat




Edwards Lifesciences annonce la première implantation humaine d’une valve mitrale par voie transcatheter

371 – Le 6 mars, la firme annonçait la réussite des trois premières implantations de ses valves mitrales cardiaques transcathéters Fortis sur l’homme, effectuées en février et en mars par l’équipe de chirurgie cardiaque du St Thomas Hospital à Londres.

La valve mitrale transcathéter Fortis contient le tissu péricardique bovin traité le plus évolué de la gamme proposée par Edwards. Elle dispose également d’un système d’ancrage anatomique unique et d’une structure auto-expansible recouverte de tissu conçue* pour minimiser le risque de fuite paravalvulaire. Ces implantations ont été effectuées par voie transapicale grâce à une petite incision intercostale qui permet l’accès chirurgical direct à la structure de valve mitrale.

Yves Carat




Le prasugrel plus efficace que le clopidogrel à haute dose en cas de contrôle insuffisant des plaquettes

371 – Le remplacement du clopidogrel par le prasugrel (Efient, Lilly-Daiichi Sankyo) est plus efficace que l’augmentation de la dose de clopidogrel en cas de contrôle insuffisant de l’agrégation plaquettaire par ce dernier, selon une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC) le 14 avril 2014.

Daniel Aradi du Centre de cardiologie de Balatonfüred (Hongrie) et ses collègues ont étudié 741 patients consécutifs ayant eu une intervention coronaire percutanée. La fonction plaquettaire a été mesurée entre 12 et 36 heures après l’intervention. Les patients qui présentaient encore une agrégation plaquettaire élevée malgré la bithérapie aspirine-clopidogrel, soit ont augmenté la dose de celui-ci, soit sont passés au prasugrel.

Comparés aux patients qui ne présentaient pas d’agrégation plaquettaire élevée et donc n’ont pas eu à changer de traitement, les patients passés au clopidogrel à haute dose ont eu un risque de décès, infarctus, thrombose de stent ou AVC à un an doublé. En revanche, les patients passés au prasugrel n’avaient pas de risque augmenté.

De même, le risque de saignement était deux fois plus fréquent avec le clopidogrel à haute dose par rapport au clopidogrel à dose normale, alors qu’il n’y avait pas d’augmentation, et même une tendance à la baisse, du risque hémorragique avec le prasugrel.

Yves Carat




Insuffisance cardiaque : des hospitalisations réduites avec les défibrillateurs dotés d’une fonction de resynchronisation

371 – Les défibrillateurs implantables avec une fonction de resynchronisation cardiaque sont associés à moins d’hospitalisations et des hospitalisations de plus courte durée que les défibrillateurs implantables sans fonction de resynchronisation, montre une analyse publiée le 14 avril 2014 dans Circulation.

L’essai randomisé RAFT avait montré que les patients recevant un défibrillateur implantable avec fonction de resynchronisation avaient une meilleure survie et étaient moins susceptibles d’être hospitalisés pour insuffisance cardiaque que ceux recevant un simple défibrillateur implantable.

A 18 mois, le nombre de patients hospitalisés pour une cause quelconque était similaire dans les deux groupes, mais le nombre de patients hospitalisés pour une insuffisance cardiaque était significativement plus faible dans le groupe resynchronisation (11,3 % contre 15,6 %). Le nombre de patients hospitalisés pour des complications liées au dispositif était similaire dans les deux groupes.

En analysant cette fois le nombre total d’hospitalisations – un patient pouvant être hospitalisé plusieurs fois –, l’analyse révèle que le nombre d’hospitalisations de toute cause (1 448 contre 1 553), le nombre d’hospitalisations pour des causes cardiovasculaires (667 contre 790) et le nombre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (385 contre 505) étaient significativement inférieurs avec la fonction de resynchronisation cardiaque.

En revanche, le nombre d’hospitalisations liées à des complications du dispositif était plus élevé pour les appareils avec fonction de resynchronisation (246 contre 159).

La durée d’hospitalisation de toute cause était néanmoins significativement plus faible dans le groupe avec resynchronisation (8,83 jours contre 9,59 jours).

Ce dernier bénéfice était observé chez les patients de classe NYHA II comme chez ceux de classe NYHA III.

Yves Carat




Le PRAC déconseille le recours au double blocage du système rénine-angiotensine

371 – L’Agence Européenne du Médicament (EMA) a annoncé le 11 avril dans un communiqué que son Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) déconseillait la pratique de traitement de certaines pathologies cardiovasculaires par un double blocage du système rénine-angiotensine, en raison de ses effets secondaires.

Trois classes de médicaments sont concernées : les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA) et les inhibiteurs de la rénine comme l’aliskiren.

Le PRAC a préconisé de ne plus combiner deux médicaments appartenant à ces classes. Les patients souffrant de néphropathie diabétique ne devraient notamment plus recevoir d’IEC avec un ARA.

Lorsqu’un double blocage s’avère toutefois nécessaire, il devrait être effectué sous la supervision d’un spécialiste avec surveillance de la fonction rénale, de la tension artérielle et de l’équilibre de la teneur en fluide et en sel.

La combinaison de l’aliskiren avec un IEC ou un ARA est « strictement contre-indiquée chez les patients souffrant d’insuffisance rénale ou de diabète », ajoute le PRAC.

Le comité a adopté sur l’aliskiren le même point de vue que l’EMA en février 2012. L’Agence avait également préconisé d’inscrire un avertissement dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) pour prévenir que l’association aliskiren + IEC ou ARA était déconseillée chez tous les autres patients car des effets secondaires ne pouvaient être exclus.

Le PRAC a souhaité aller plus loin car plusieurs études ont montré qu’un double blocage ARB + ARA était associé à un risque accru d’hypotension, d’hyperkaliémie et d’insuffisance rénale chez les patients diabétiques ou souffrant de troubles circulatoires ou cardiaques préexistants.

Par ailleurs, le rapport bénéfices/risques du double blocage ne s’est montré réellement favorable que chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ne pouvant recevoir d’autres traitements.

Les conclusions du PRAC vont être transmises au Comité des Médicaments à Usage Humain (CMUH), dont la prochaine réunion est prévue au cours de la semaine du mardi 22 avril.

Yves Carat




Patrick Gasser (UMESPE) : « Pas de parcours de soins sans les spécialistes libéraux »

371 – Pour le nouveau président des L’union des Médecins Spécialistes de la CSMF les parcours de soins sont voués à l’échec s’ils se font sans les spécialistes de proximité.  

Gasser« Donner une vraie place aux spécialistes libéraux dans la Stratégie Nationale de Santé ». Dès votre arrivée à la présidence de l’UMESPE, vous avez affirmé cela comme une des priorités d’action du syndicat. Pouvez-vous préciser un peu ?

Patrick Gasser : Aujourd’hui, on ne parle que du médecin généraliste dans la prise en charge du patient, alors même qu’on dit vouloir la meilleure qualité possible pour cette prise en charge des patients chroniques ou des personnes âgées ou des patients polypathologiques. Un médecin généraliste ne travaille pourtant pas seul mais avec ses correspondants spécialistes. Nous avons cette chance en France d’avoir encore des spécialistes de proximité qui évitent de nombreuses hospitalisations et qui, avec les généralistes, constituent un véritable maillage du territoire. Si les efforts du  Gouvernement continuent de porter essentiellement sur le premier recours et le médecin traitant, en ignorant les spécialistes de ville, nous allons à l’échec pour ce qui est des parcours de soins. C’est un enjeu majeur.

Est-ce à dire que vous revendiquez la place de coordinateur dans le parcours de soins ?

P. G. : Le parcours de soins nécessite que de liens très forts existent entre spécialiste et généraliste, mais celui qui coordonne tout, c’est le médecin traitant, c’est le généraliste. Nous revendiquons un rôle d’expert et d’échanges avec le médecin traitant pour décider de la meilleure prise en charge possible d’un patient, mais nous ne revendiquons absolument pas le rôle de coordinateur dans le parcours de santé.

Vous allez donc être particulièrement attentif à ce que cette place soit respectée au cours des négociations sur la coopération interprofessionnelle et la rémunération du travail en équipe ?

P. G. : Bien évidemment. A un moment ou à un autre, il faudra que les spécialistes s’invitent un peu ! A l’UMESPE/CSMF, la coordination entre les spécialistes et les généralistes est forte. Je travaille depuis longtemps avec le président de l’UNOF, Luc Duquesnel, et nous portons depuis quatre ou cinq ans ce discours de coordination entre le premier et de deuxième recours. La CSMF porte ce discours et le portera lors de ces négociations.

Catherine Sanfourche




Côtes du jura : Fleur de Marne-la-Bardette 2008

371 – Ouiller ou ne pas ouiller ? Telle est le dilemme shakespearien soulevé par la talentueuse nouvelle vague des vignerons jurassiens.

vinjura150pxPendant longtemps, les vins blancs secs du Jura étaient appréciés par un nombre restreint d’amateurs pour leurs originalité et typicité : élevés sous voile selon la méthode traditionnelle, où l’évaporation dans les fûts n’est pas compensée par rajout de vin (ouillage), afin d’éviter la persistance d’une bulle d’air provoquant la piqûre acétique, c’est-à-dire le vinaigre.

Or, dans le Jura, le vin, en particulier le cépage savagnin, se protège par la constitution d’une pellicule levurienne, le voile, qui permet une oxydation lente et progressive accentuant les arômes. L’expression majeure de cette vinification hétérodoxe est représentée par le vin jaune, où le savagnin, maturant plus de 6 ans en fût, acquiert ses saveurs inimitables de noix, de curry et de morille.

Et puis vint Jean-François Ganevat, vigneron à forte personnalité, militant pour l’abandon du voile, privilégiant les beaux chardonnays du sud du vignoble, prônant une vinification classique à la bourguignonne avec ouillage, une culture biologique, puis biodynamique, un élevage parcellaire…

D’abord sceptique

Comme nombre d’amateurs, j’étais sceptique (Le Cardiologue n° 309) avant de découvrir ses fabuleux vins, ainsi que, grâce à un ami cardio-œnologue dôlois, ceux plus accessibles et moins onéreux de son proche voisin de Rotalier, Alain Labet, qui utilise strictement les mêmes méthodes.

Alain Labet travaille maintenant avec son fils Julien qui gère la vinification et crée ses propres appellations sur un domaine né en 1974, actuellement de 13 hectares, avec une forte dominante de blancs de chardonnay. Les plus belles cuvées, regroupées sous le nom de Fleur de Marne, proviennent de vignes de plus de 60 ans issues d’anciennes sélections massales à l’époque où les clones n’existaient pas.

Cultivées sur des marnes, terres sédimentaires du Lias avec un socle calcaire du Bathonien, les meilleures vignes poussent en pente douce, exposées ouest à une altitude de 250 mètres. L’agriculture, strictement bio sur certaines parcelles, n’utilise quasi aucun produit chimique, ni engrais. Le travail est manuel : griffage pour désherber, labourage, taille Guyot classique courte, traitements biologiques.

Les vendanges manuelles en caissettes s’étendent sur 1 mois, avec un tri sévère sur pied et au chai. Le raisin non éraflé est pressé pneumatiquement, le jus débourbé au bout de 12 heures, puis remis en suspension pour une fermentation spontanée à partir des levures présentes naturellement dans la vigne, différentes d’une parcelle à l’autre qui donnent ainsi au vin sa personnalité et ses typicités aromatiques. Cela explique, chez les Labet, le dogme des cuvées parcellaires issues d’une seule vigne portant le nom du lieu-dit, où il est né.

Le vin est élevé sur lie en barriques, sans soutirage pendant 12 à 24 mois. Elles sont complétées chaque semaine, pour prévenir l’oxydation et interdire le voile. Le bois neuf est exclu. La mise en bouteille s’effectue, sans collage, ni filtration.

Habillée d’une robe or pâle limpide aux reflets verts, cette Fleur de Marne Bardette 2008 exprime une matière séveuse juvénile et une personnalité charnue épicée. Le nez est charmé par la délicatesse des fleurs de chèvrefeuille, d’aubépine, de camomille associée à la fraîcheur d’agrumes mûrs. La bouche, envahie par des arômes d’épices, poivre blanc, cumin et de fruits, pamplemousse et abricots confits en une richesse un peu échevelée, regorge de saveurs minérales tempérées par un plaisant gras et une fine acidité typiques du sol de marnes sur socle calcaire. La finale tendue et longue confirme la noblesse de ce chardonnay jurassien. Ce vin évoque d’innombrables fleurs délicates qui se balancent sous le doux soleil de l’automne, leurs pétales aux couleurs tendres tremblant et s’abandonnant sous le murmure de la brise.

Un grand vin de gastronomie

A l’évidence, ce chardonnay du Jura la Bardette, doté d’une minéralité tranchante qui titille les papilles, est un grand vin de gastronomie. Il dédaignera les classiques fromagers jurassiens, raclettes, fondues et autres tartiflettes, mais se complaira avec des plats plus élaborés : pavé de saumon sauce fumée au lard, lieu jaune moutarde à l’ancienne, barbue ou plus prosaïquement cabillaud au jus de carottes selon Piège, salade ou tartare de Saint-Jacques aux truffes, filets de perche à la hollandaise. Les poissons de rivière et de lac, les écrevisses lui feront la fête. Il accompagnera plaisamment de belles viandes blanches, telles une escalope de veau comtoise, une volaille crémée et truffée. Il s’accordera plus avec des fromages locaux doux : mont d’or, morbier qu’avec les vieux comtés ou beauforts qui, eux, se roulent de plaisir avec le savagnin.

A Alain Labet, la conclusion : à travers mes vins, je laisse s’exprimer la personnalité d’un cépage, d’un lieu, d’un sol, d’un terroir. Le vigneron n’est que l’interprète de cette partition écrite par la nature.

Jean Helen

Domaine Labet 39190 Rotalier

 




Les sujets d’actualité en 2014

370 – En ce (encore) début d’année, Le Cardiologue en revue quelques sujetsqui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique cette année.

Quant au nouveau président du SNSMCV, Eric Perchicot, il explique quelles seront les priorités du syndicat en 2014.

La transparence s’applique

Accessibilité : trois ans de sursis maximum pour les médecins

La télécardiologie enfin rémunérée ?

Mesure de la FFR : au programme de la HAS

Avenant 8

Entretien Eric Perchicot : « Inscrire le cardiologue dans le parcours de soins est une priorité »

 




Assemblée générale 2014 : Compte rendu

370 – L’assemblée générale du SNSMCV s’est tenu à Paris les 31 janvier et 1er février 2014. Le Docteur Ziccarelli ouvre la séance, ce samedi 1er février, en remerciant les cardiologues présents à cette assemblée générale. Il présente le bilan de ses trois années de présidence et annonce qu’il ne se représentera pas à sa succession.

Les Docteurs Olive et Villaceque sont nommés secrétaires de séance.

Etaient présents les Drs Ziccarelli et Perchicot, les Drs Abichacra, Assouline et Sarzotti (Alpes-Maritimes), Arnold, Carrière, Lang, Reinbold et Zaehringer (Alsace), Ducoudré, Fel, Grimard, Ohayon, Parrens et Pradeau (Aquitaine), Binon, El Ahmadi et Pailloncy (Auvergne), Fouchères (Bourgogne), Carette et Thomas (Champagne-Ardenne), Abensour, Assyag, Guedj-Meynier, Hoffman, Khaznadar, Lanouar, Lazarus, Marcadet, Morice, Ouazana, Poulain, Rabenou, Thébaut et Walch (Ile-de-France), Ter Schiphorst et Villaceque (Languedoc-Roussillon), Richard (Loire), Breton, Chevrier et Neimann, Olier (Lorraine), Abou Badra, Assoun, Courtault, Florès et Pouchelon (Midi-Pyrénées), Fossati, Guillot et Perrard (Nord), Berland (Haute-Normandie), Maheu, Marette et Paulet (Ouest), Caillard, Cebron, Du Peloux, Fraboulet, Lefebvre et Sharareh (Pays-de-la-Loire), Durandet et Haldenwang (Poitou-Charentes), Aviérinos, Billoré, Bouchlaghem, Cheneau, Guenoun, Joly, Jullien, Malaterre, Olive et Raphaël (Provence), Maudière et Toban (Région Centre), Galland et Malquarti (Rhône) et Chodez (Haute-Savoie).

Etaient excusés les Drs Roos (Alsace), Serri (Lorraine) et Tafanelli (Provence).

Rapport moral du Président

Rapport financier

OGP2C

Elections au Conseil d’Administration

La Parole aux Régions

Actualités politiques et syndicales

Cardiologue Presse

Litiges et contentieux

UFCV : bilan des actions 2013

Nouveau Conseil d’Administration du SNSMCV

 

 




Assemblée générale 2014 : Rapport moral du Président

370 – Il me revient aujourd’hui de vous lire mon rapport moral, ce sera le dernier car je ne souhaite pas me représenter. Lors de cette Assemblée Générale vous allez désigner le nouveau Conseil d’Administration qui élira demain son Bureau et son Président.

Je vais tout d’abord vous présenter le bilan de ces trois années de présidence que j’ai eu l’honneur de faire avec vous. Nous avons été confrontés, outre à l’affaire Médiator, à la mise en place d’une nouvelle convention, à de nouveaux modes de rémunération, à la refonte du DPC dont l’un des points majeurs a été la création de l’ODP de cardiologie : l’ODP2C et enfin, après une longue phase d’accouchement, du site moncardio.org. Tout cela ne s’est pas fait sans quelques difficultés. Enfin, en lien avec la SFC nous avons publié dans Le Cardiologue un numéro spécial : « Réflexion sur le métier de cardiologue et ses conditions d’exercice ».

Prévoir l’avenir n’est pas simple, nous devons faire face à une conjoncture économique pour le moins préoccupante, à une évolution des comportements de notre société et à une vision de l’exercice de la médecine différente de celle que j’ai pu connaître. Notre spécialité est devenue au fil des ans de plus en plus technique, les moyens de communication de plus en plus performants. Les jeunes générations sont moins attachées à un pur exercice libéral privilégiant une activité mixte et groupée. Le nouveau Conseil d’Administration devra, bien sûr, en tenir compte.

Je veux remercier le Conseil d’Administration pour son soutien. J’ai toujours fait en sorte d’être à l’écoute des problèmes que vous pouviez rencontrer dans vos régions. Certains d’entre vous m’ont accueilli lors de leurs Assemblées Générales. Ces réunions au sein de vos syndicats ont toujours été pour moi riches d’enseignement. Je tiens à vous remercier pour vos accueils chaleureux.

J’ai une pensée toute particulière pour notre secrétaire général, Eric Perchicot, qui, au cours de ces trois années, m’a été d’une aide considérable. Il n’a pas ménagé son temps faisant de multiples allers-retours entre Cavaillon et Paris pour être présent aux multiples réunions auxquelles nous avons dû assister pour défendre la cardiologie. Il a accompli un travail considérable. Il est aujourd’hui grâce à sa vision politique très au fait de tous les sujets concernant notre spécialité. Merci Eric.
Je souhaite également remercier Vincent Guillot, dont nous pouvons tous constater au fil des numéros de notre revue « Le Cardiologue » son excellente connaissance de la nomenclature. Arnaud Lazarus, le représentant attitré de la rythmologie avec Jean Pierre Cebron, essaye, depuis le début de mon mandat, avec acharnement de faire reconnaître le forfait de télésuivi des défibrillateurs implantables. Une issue favorable est à mon avis proche. Marie-Claude Morice et Jacques Berland sont nos interlocuteurs quand il s’agit de cardiologie interventionnelle coronaire. Jean-Pierre Binon, le seul Président cardiologue d’une URML, et Elisabeth Pouchelon ont une vision politique qui doit retenir notre attention. Christian Aviérinos, le Directeur Général du journal « Le Cardiologue » a été aussi pour moi d’un grand secours. La trésorerie du Syndicat est de nouveau à l’équilibre grâce à notre trésorier, Patrick Arnold. L’UFCV renouvelle au fil des ans un bilan financier positif grâce à Flavie, Pascale et à Patrick Assyag. Un grand merci à vous tous pour vos implications respectives.

Je tiens personnellement à vous remercier pour la bonne ambiance et le respect mutuel qui ont régné pendant ces trois ans au sein de notre Conseil d’Administration.

Les syndicats régionaux sont les relais fondamentaux des décisions prises au niveau national. Ils doivent aussi nous faire remonter les difficultés rencontrées par nos collègues du terrain. Même si nous exerçons tous notre activité de cardiologue libéral, les difficultés rencontrées d’une région à une autre sont différentes. Trop souvent le Syndicat national est averti trop tardivement, notamment des actions délétères des ARS.

L’affaire « benfluorex »

Lors de la prise de ma présidence, un cyclone s’est véritablement abattu sur le monde de la cardiologie, l’affaire « benfluorex ». Je vous rappelle que la gravité des atteintes valvulaires n’était même pas signalée dans le Vidal 2009 ou dans le compte rendu de la Commission de Transparence de la HAS. Il fallait trouver un bouc émissaire, ce furent les cardiologues, alors qu’ils n’étaient pas les prescripteurs. Après avoir obtenu, non sans difficulté, d’être membres du Comité de suivi du médiator, Eric et moi-même sommes allés défendre la spécialité à l’Assemblée Nationale. On nous a reproché de ne pas avoir informé suffisamment tôt la profession, preuves à l’appui nous avons démontré le contraire. La réponse efficace et avec beaucoup de professionnalisme de la cardiologie libérale de proximité face au surcroît d’échocardiographies nous a permis de montrer qu’en termes de santé publique, la cardiologie libérale était incontournable.

Les rapports avec l’industrie pharmaceutiques depuis se sont considérablement modifiés. La suspicion est de rigueur. Le décret d’application sur le « Sunshine act » » à la française publié en 2013 a défini les rapports des uns et des autres, avec l’obligation de déclaration par les industriels de tous les avantages accordés aux médecins, sur un site unique en voie de concrétisation au ministère. L’encadrement de la publicité des dispositifs médicaux a été renforcé. 25 % des frais des congrès (hébergements et transports) sont inclus dans le calcul de la taxe à laquelle sont soumis les laboratoires. L’arrêté du 5 juillet 2012 précise le contenu de la déclaration des conflits d’intérêts.

La convention médicale

L’autre grand chapitre de l’année 2011 a été la signature d’une nouvelle convention médicale pour 5 ans par la CSMF, le SML, MG France et un rallié tardif la FMF. Un franc succès pour son Directeur Frédéric Van Roekeghem qui a obtenu l’assentiment de plus de 70 % des médecins  En l’absence de toute revalorisation notamment du coût de la pratique, le Conseil d’Administration du Syndicat majoritairement n’a pas souhaité donner son accord et s’est abstenu comme les gastro-entérologues et les radiologues.

Cette convention a fait l’objet de plusieurs avenants nous intéressant directement.

L’avenant n° 2 précise les sanctions, en cas de non-respect de manière systématique, de l’obligation de télétransmission, c’est-à-dire la suspension de la participation des caisses aux avantages sociaux pendant 3 mois pour les secteurs 1 ou un montant équivalent à la participation pour les secteurs 2.

L’avenant n°4 porte sur la revalorisation de l’ETT de 0,83 ct soit 96,49 Ä, publié le 30 mars 2012 avec une mise en application au 1er octobre 2012. Parallèlement, malgré nos multiples protestations la suppression de l’association d’un ECG à l’ETT a été effective le 7 juillet 2012. Nous venons d’obtenir une maigre consolation, cette association est de nouveau possible depuis le 27 décembre 2013 pour les seuls bilans de chimiothérapie. Nous essayons de l’étendre aux bilans des insuffisances cardiaques. Sur le libellé de la CCAM, il s’agissait d’une mesure transitoire révocable à tout moment sur simple demande de l’Assurance Maladie.

L’avenant n° 7 officialise la rémunération sur objectifs de santé publique, financée hors ONDAM. C’est l’innovation majeure de cette nouvelle convention que l’on doit considérer comme un complément d’honoraires. La cardiologie a été la première spécialité à l’expérimenter et à la mettre en place en 2012. Le plus difficile a été de trouver des indicateurs en particulier d’efficience qui satisfassent à la fois la CNAMTS et la spécialité. Malgré quelques imperfections devons-nous considérer qu’il s’agit d’un échec ? Je ne le crois pas, bien sûr des améliorations sont nécessaires notamment celle de mieux prendre en compte l’organisation du cabinet. Nous rencontrons régulièrement la CNAMTS et faisons remonter à chaque fois toutes vos remarques et mécontentements. Moins de 10 % des cardiologues ont refusé d’y participer. La rémunération par cardiologue a été pour 2012 en moyenne au-delà de 1 500 Ä avec des écarts allant de moins de 200 Ä à plus de 4 000 Ä. L’avenant n° 8 concerne l’encadrement du secteur 2 suite aux dépassements excessifs pratiqués par certains spécialistes, notamment hospitaliers, et que ne peut soutenir le Syndicat. Seulement 20 % des cardiologues sont en secteur 2 et leur dépassement moyen est proche de 20 %. Le Syndicat a combattu et refusé d’avaliser cet avenant qui signe à terme la mort du secteur 2. Nous l’avons fait savoir aux signataires la CSMF et le SML. Nous ne pouvions non plus accepter cette nouvelle attaque tarifaire de la cardiologie interventionnelle et des cardiologues pratiquant l’échographie vasculaire. La baisse des forfaits d’imagerie est de 12 % et des actes de 7,5 %, répartie sur 3 ans depuis le 1er juillet 2013. L’option de coordination de la convention est supprimée et a été remplacée par le contrat d’accès aux soins. Il nécessite, pour ceux pouvant en bénéficier, une analyse approfondie. Il n’est peut-être pas sans intérêt financier pour les deux secteurs, du fait d’une prise en charge d’une partie des cotisations sociales sur les honoraires pratiqués en honoraires opposables. Par contre le reste à charge des patients des médecins en secteur 2 suivra l’augmentation éventuelle des actes, le montant de leurs remboursements restera fixé à celui existant lors de la signature de l’avenant. Pour les secteurs 1 c’est un camouflet, le seul gain est le versement trimestriel par votre CPAM de 5 Ä par consultation pour les plus de 85 ans depuis le 1er juillet 2013 et des plus de 80 ans à partir du 1er juillet 2014.

La signature de cet avenant reste pour moi une erreur car approuvant une baisse des honoraires. A contrario si cette baisse n’avait pas figuré dans l’avenant elle l’aurait été dans la prochaine loi de Sécurité Sociale.

Je vous rappelle la possibilité de réaliser un CS de synthèse après le C2 de consultant, suite à la demande d’un bilan complémentaire ou lorsque les actes techniques sont réalisés par un autre praticien. Vous pouvez également désormais faire un C2 de consultation tous les 4 mois au lieu de tous les 6 mois en dehors du cadre du suivi habituel.

Les conflits avec les ARS

Un phénomène récurrent lié pour beaucoup à la personnalité du Directeur d’ARS. Le tout public étant le credo habituel. Systématiquement le but est de privilégier l’hôpital public au détriment de l’établissement privé voisin.

En 2012 le Directeur de l’ARS de Lorraine, Jean-François Benevise, voulait transférer le service de chirurgie cardiaque de la clinique Claude Bernard de Metz à l’hôpital. Le nouveau directeur arrivé en 2013 a prolongé lui, sans difficulté, l’autorisation de la chirurgie cardiaque pour 5 ans

En 2013 nouveaux feuilletons : le Directeur de l’ARS de la région Auvergne, François Dumuis, veut fermer l’USIC de la clinique St François de Montluçon pour la transférer à l’hôpital. Le pôle cardiologique de la clinique Belledonne à Grenoble est menacé de disparaître pour se fondre dans un site unique au sein du CHU de Grenoble. Ainsi, en a décidé l’ARS Rhône-Alpes.

Le comportement des SAMU

Le comportement du SAMU reste une préoccupation importante du Syndicat. De plus en plus fréquemment, la prise en charge des syndromes coronariens aigus est détournée par les SAMU au profit des établissements publics à l’origine parfois des pertes de chance pour le patient. Depuis plusieurs années cette attitude inadmissible se renouvelle régulièrement. En 2011 nous étions intervenus après du ministère. A la demande de Xavier Selleret, nous avons transmis les statistiques sur les deux dernières années de la prise en charge des SCA par les établissements privés. Nous attendons toujours une réponse.

En décembre 2011, nous avions envoyé à chaque directeur d’ARS un courrier leur demandant une évaluation statistique des adressages par le SAMU des SCA entre les hôpitaux publics et les établissements privés. Nous n’avons reçu aucune réponse exploitable. Certaines ARS nous ont même répondu qu’elles n’avaient pas les moyens techniques pour nous fournir de telles données ! En 2013 ce problème reste d’actualité.

Nos relations avec la CNAMTS

Comme je vous l’ai sans doute déjà dit, nos contacts nous permettent d’éviter certaines erreurs faites par la CNAMTS parfois liées à la méconnaissance du terrain. Nous les avons aussi régulièrement rencontrés au sujet de la rémunération sur objectifs de santé publics dont les indicateurs sont restés en l’état en 2013.

Les deux sujets de discussion actuels portent sur la possibilité d’associer une ETT à une échographie abdominale de dépistage et sur l’acte de forfait du télésuivi des défibrillateurs qui devrait enfin voir le jour en 2014. La création d’un acte de FFR n’est plus d’actualité malgré les nombreuses interventions à tous les niveaux de Martine Gilard via le CNPC, la HAS attend pour se prononcer les résultats du PHRC en cours !

L’Assurance Maladie a débuté en 2013 une expérimentation sur l’éducation thérapeutique ambulatoire des patients insuffisants cardiaques récemment hospitalisés, dit programme « Prado ». Un conseiller de l’Assurance Maladie informe les patients et leur prend un rendez-vous avec leur médecin généraliste et leur cardiologue pour une prise en charge rapide à la sortie de l’hôpital. Des infirmières libérales assurent l’éducation thérapeutique. Le Syndicat a été, au départ, « oublié », puis a été intégré à la réflexion.

Les lois de financement de la Sécurité Sociale 

Depuis 2012 les médecins de ville respectent l’ONDAM, réalisant même des économies substantielles. Malgré la dégradation du contexte économique, le déficit du régime général pour 2012 se réduit ainsi de 4,1 Mds d’euros par rapport à 2011. Normalement en 2013 les économies réalisées par rapport au budget prévu serait de l’ordre de 650 millions d’euros grâce encore aux soins de ville.

Toutefois l’ONDAM 2014 me paraît plus difficile à tenir. La progression de l’ONDAM ne devra pas être au-delà de 2,4 % pour les soins de ville. Pour la première fois l’effort demandé aux établissements est plus important (ONDAM à 2,3 %).

Depuis 2012, la loi de La convergence des tarifs hospitaliers entre public et privé est supprimée. La spécificité des missions propres du service public de l’hôpital est reconnue.

Toutes les lignes de gardes et astreintes sont désormais financées, depuis le 1er janvier 2012, par le Fonds d’Intervention Régional. L’arrêté du 16 janvier 2012 définit les montants et les conditions de versement de l’indemnité forfaitaire aux médecins libéraux participant à la mission de permanence des soins en établissements de santé. Seul le paiement des astreintes reste problématique dans certaines régions.

Le Développement Professionnel Continu 

Au cours de ces trois années nous avons vu se constituer le DPC. Tous les articles et décrets sont désormais parus. Dans l’arrêté sur les critères à respecter pour être un ODPC validant, il est stipulé que l’organisme peut recevoir des fonds de l’industrie à la condition qu’il délivre des programmes dont le contenu est indépendant. Les premiers organismes de spécialités ont pu être validés par la CSI, et notamment l’ODP de cardiologie : l’ODP2C qui réunit toutes les instances de la cardiologie. Les membres fondateurs en sont le Syndicat et la SFC. Un représentant du CH et du CNCF sont membres de droit du Conseil d’administration et désignés par leur Président respectif. Après quelques atermoiements, l’OGP2C, dont le président est Patrick Assyag, est fonctionnel. L’UFCV continuera comme auparavant à proposer des programmes de DPC déclinables en régions.

Les autres interventions du SNSMCV

Vers un plan cœur

La Fédération Française de Cardiologie et Alliance du Cœur ont sollicité tous les acteurs intervenants de près ou de loin dans le domaine de la prévention cardiovasculaire pour élaborer un « plan cœur » pour le moment dénommé « vers un plan cœur ». Des états généraux ont eu lieu au cours de l’année 2012 et 2013 avec régulièrement des réunions du Comité stratégique dont le Syndicat est membre participant ainsi à toutes les démarches décisionnelles.

Le Syndicat vient de signer de nouveau une charte avec Alliance du Cœur le 14 janvier dernier, en fait une réactualisation de la charte signé en 2009 avec la FNAMOC. Une journée nationale dite « la journée du cœur » aura lieu le 14 février.

Une réflexion sur le métier de cardiologue et ses conditions d’exercice a fait l’objet d’un numéro spécial en juin 2012 du journal Le Cardiologue. C’est un document réalisé en commun avec la SFC. Les différents chapitres concernent l’évolution démographique, la place du cardiologue clinicien au sein des surspécialités et les nouveaux protocoles de coopération entre les professionnels de santé.

Stage de sensibilisation

Une semaine de sensibilisation à la cardiologie libérale fait désormais partie du cursus du DES. Ces journées ont lieu lors de la 3e année d’internat, lors du 5e ou 6e semestre. Les Présidents de régions en contact avec le représentant du CNU ont la mission de recruter des confrères pour les organiser au mieux. Il faut, je pense, militer pour que cette semaine de sensibilisation devienne un stage comme le font les futurs médecins généralistes.

L’année 2014 et les suivantes. 

Comme je vous le disais prévoir l’avenir n’est pas une chose facile. Quelques points peuvent toutefois être abordés. Le parcours de soins doit être notre première préoccupation. Ce sujet est bien connu des cardiologues qui le pratiquent pour la très grande majorité quotidiennement.

L’avenant n° 8 prévoit de revaloriser les actes. A nous de contraindre les grandes centrales à ouvrir les discussions. Il faut continuer à se battre pour la création du forfait de télésuivi des défibrillateurs et d’un acte de dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale. Il faudra aussi veiller à ce que les cardiologues soient les acteurs incontournables du programme Prado insuffisance cardiaque. Il faut engager la profession dans la création de structures pluridisciplinaires. L’UFCV doit rester l’organisme principal de réalisation du DPC. 

Je vous souhaite de réussir tous vos objectifs professionnels et personnels. Bon vent et bonne route au futur Conseil d’Administration et au Syndicat. Un grand merci pour votre implication et votre soutien au cours de ces trois années. 

Le rapport moral est adopté à l’unanimité.




Quo usque tandem…*

370 – Les faits et les chiffres sont têtus : malgré des promesses maintes fois réitérées, en 2013 encore, les dépenses de l’État ont continué à augmenter, certes moins que les années précédentes, mais la baisse annoncée n’a pas eu lieu. La diminution du déficit ne s’explique que par une augmentation des recettes due à l’accroissement des prélèvements fiscaux. En 2013 toujours, l’ONDAM de ville a été sous-exécuté d’un milliard d’euros ; l’économie est en réalité de 1,7 milliard d’euros car le résultat ne tient pas compte d’une économie de 700 millions d’euros déjà effectuée l’année précédente. Et pourtant, nos gouvernants, incapables de donner l’exemple, évoquent toujours la lutte contre les abus et fraudes dans le monde libéral alors que les chiffres montrent que les regards devraient se porter sur le système hospitalier public qui a dépassé son ONDAM de 700 millions d’euros en 2013, en grande partie en raison d’un système de financement par la T2A inflationniste et d’une structuration datant du début des années 60, inadaptée au vieillissement de la population. La mise en place de la pertinence des parcours de soins et des actes ainsi qu’une convergence tarifaire équitable auraient le mérite de s’attaquer au vrai problème sans dévaloriser aucun acteur du système de santé.

Malgré ces évidences, notre ministre s’obstine à promouvoir la mesure phare de sa stratégie nationale de santé : le tiers-payant généralisé, évidemment inflationniste et générateur de dépenses. L’exemple qu’elle nous donne de la Suède, où cette mesure n’aurait pas modifié la consommation de soins, ignore complètement les aspects sociologiques. Penser que le civisme et le sens de l’intérêt général scandinave et de nos concitoyens sont les mêmes est une insulte au bon sens. Que notre chère ministre et ses condisciples commencent par appliquer les règles déontologiques de leurs alter ego scandinaves, l’exemple venant toujours d’en haut nous pourrons alors en reparler.

Jusqu’à quand, fort de son impunité et aveuglé par son dogmatisme, le personnel politique pourra-t-il se moquer de la société civile ? Quo usque tandem…

Eric Perchicot

* Cicéron, extrait de la Première Catilinaire.




Assemblée générale 2014 : Rapport financier

370 – Le Docteur Arnold, trésorier, présente les comptes vérifiés et approuvés par l’expert-comptable, Monsieur Didier Basson. Quitus est donné au trésorier à l’unanimité.

Le nombre de cotisations (1 569) par rapport à l’an dernier a diminué de 5,6 %. Il est demandé aux Présidents de régions d’insister auprès de nos jeunes confrères pour leur montrer le rôle joué par le Syndicaten termes de défense de la profession et de rappeler que les décisions des centrales syndicales ne sont pas systématiquement celles du Syndicat.

Le montant des cotisations, pour la part nationale, des cotisations pour l’année 2014 est inchangé de : 155 euros pour la cotisation à taux plein, 75 euros pour la 1re année d’installation, 90 euros pour la 2e année et 55 euros pour les retraités.

Le montant de l’abonnement d’un an au journal Le Cardiologue a été voté lors de l’assemblée générale de 2013 avec effet au 1er janvier 2014 à 80 euros pour les syndiqués et 160 euros pour les non-syndiqués. L’abonnement est gratuit pour les première et deuxième années d’installation ainsi que pour les retraités.

Le Docteur Aviérinos rappelle l’importance de l’abonnement au journal Le Cardiologue : le nombre d’abonnements payants permet une diffusion gratuite plus importante et ainsi une audience plus importante et rappelle la bonne place au CESSIM une nouvelle fois pour cette année 2013. 

Les montants des cotisations sont acceptés à l’unanimité.




Assemblée générale 2014 : OGP2C

370 – Le Docteur Ziccarelli remercie le Professeur Juillière, nouveau président de la SFC, de sa présence lors de cette assemblée générale. Le Professeur Juillière se félicite des bons résultats de la SFC qui a bien su développer ses registres et la FMC avec ses congrès, en particulier les dernières Journées Européennes de janvier 2014 malgré la baisse de la prise en charge des laboratoires et rappelle les intérêts communs avec le Syndicat : Prado, CNP et ODP2C.

Le Docteur Ziccarelli rappelle l’importance des liens avec la SFC et la difficulté de créer un organisme commun de DPC dont le Docteur Patrick Assyag en a été nommé le 1er président. Certaines règles ne semblent pas avoir été respectées lors des Journées Européennes. Le Professeur Juillière remercie le Syndicat qui a su montrer comment bien faire ces sessions de DPC et reconnaît que l’organisation des sessions des Journées Européennes sera à revoir d’autant que Madame Weber (OGDPC) en a fait elle-même la remarque.

Le Docteur Courtault souhaite profiter de la présence du Professeur Juillière pour lui faire part d’un problème qui s’avère crucial dans certaines régions : les cardiologues qui sortent des CHU ont des formations d’interventionnels et peu de cardiologie clinique ; est-il prévu de créer un quota de la cardiologie clinique ?

Le Professeur Juillière dit être assez optimiste dans la formation de la cardiologie qui va être revue dans le cadre des DES, y compris la médecine vasculaire (sans autre spécialité « vasculaire ») qui passera obligatoirement par la cardiologie. A la fin de la formation de cardiologue, il y aura la possibilité d’avoir des surspécialités en rythmologie, en cardiologie interventionnelle, pourquoi pas une filière « imageur » avec vraisemblablement des quotas, mais rien n’est acté à ce jour.

Pour le Docteur Ziccarelli il s’agit là d’une excellente nouvelle car il n’y a aucune raison de scinder la cardiologie de la médecine vasculaire et il tient à remercier tout particulièrement le Professeur Jean-Claude Daubert qui a soutenu ce projet.




Assemblée générale 2014 : Elections au Conseil d’Administration

370 – Quarante candidats se présentaient pour les 40 postes à pouvoir et les nouveaux élus sont les suivants :

Drs Abichacra (Alpes-Maritimes), Arnold (Alsace), Assouline (Alpes-Maritimes), Assyag (Région Parisienne), Ayrivié (Languedoc-Roussillon), Binon (Auvergne), Bouchlaghem (Provence), Breton (Lorraine), Caillard (Pays-de-la-Loire), Carrière (Alsace), Cebron (Pays-de-la-Loire), Chevrier (Lorraine), Courtault (Midi-Pyrénées), Florès (Midi-Pyrénées), Fossati (Nord), Fouchères (Bourgogne), Guedj-Meynier (Région Parisienne), Guenoun (Provence), Guillot (Nord), Hoffman (Région Parisienne), Joly (Provence), Lang (Alsace), Lazarus (Région Parisienne), Macadet (Région Parisienne), Marette (Ouest), Maudière (Région Centre), Morice (Région Parisienne), Ohayon (Aquitaine), Olier (Lorraine), Perchicot (Provence), Perrard (Nord), Pouchelon (Midi-Pyrénées), Pradeau (Aquitaine), Raphaël (Provence), Richard (Loire), Ter Schiphorst (Languedoc-Roussillon), Thomas (Champagne-Ardenne), Toban (Région Centre), Villaceque (Languedoc-Roussillon) et Walch (Région Parisienne). Le Président de la SFC est membre invité du CA et le Dr Berland (Haute-Normandie) le sera également.




Questions posées par des cardiologues

370 – Nous recevons régulièrement au Syndicat des questions à propos de notre vie professionnelle. Périodiquement, nous publions celles

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Assemblée générale 2014 : La Parole aux Régions

370 – Tout d’abord le Docteur Jean-Louis Neimann (Lorraine), membre sortant du CA, souhaite remercier tous les cardiologues qui s’investissent dans la vie du Syndicat et qui lui ont permis d’exercer pendant plus de 15 ans un rôle important pour la cardiologie interventionnelle et annonce sa retraite complète. Le Docteur Joël Ohayon souhaite le remercier pour sa rubrique dans le journal et espère qu’il va la poursuivre. La réponse est positive.

Un tour de table permet à chaque région d’exprimer les problèmes rencontrés localement. A l’issue de ce tour de table il en ressort quelques points principaux :

– des problèmes de démographie qui ne sont pas les mêmes selon les régions avec des disparités croissantes : départs sans remplacements pour des régions, départs avec remplacements pour d’autres, cumul retraites-activité, recul de départ en retraite enfin pour ne pas laisser les patients !

– les jeunes cardiologues continuent en grande majorité à favoriser l’hôpital public à la fin de leurs études ;

– l’arrivée de véritables « mercenaires » de la médecine qui s’installent pour deux ou trois ans, si la cardiologie n’est pas encore touchée ce n’est pas le cas de la chirurgie et il faut être très vigilant ;

– des problèmes pour l’organisation de la semaine de sensibilisation des internes dans les cabinets médicaux, mais il est rappelé que cette semaine de sensibilisation est obligatoire, l’idéal serait d’avoir un stage obligatoire d’au moins six mois ;

– la difficulté pour certains centres privés d’obtenir des internes ;

– la création de structures hospitalières « mobiles » dans certaines régions avec rabattage vers les CHU ;

– de même création de consultations décentralisées une journée par semaine dans des zones dites « sous-médicalisées », mais il n’y a pas de suivi des patients et que deviendront ces cabinets secondaires si la démographie redevient normale ;

– toujours les mêmes problèmes avec le SAMU qui continue à diriger les patients vers l’hôpital malgré leurs demandes (à signaler un problème qui va se régler au niveau de l’Ordre entre hospitalisation publique et hospitalisation privée à la suite de la plainte d’un cardiologue libéral à l’encontre d’un cardiologue hospitalier) ;

– quelques problèmes ponctuels avec les ARS ;

– les problèmes de paiement des astreintes en particulier pour la Région Parisienne, l’Aquitaine, l’Alsace, les Alpes Maritimes, la Haute Normandie, le Poitou-Charentes, le Languedoc-Roussillon et les Pays de la Loire. Il est rappelé qu’il y a des textes qu’il faut faire appliquer et que dans certaines régions ce sont les URPS qui ont appuyé les demandes des cardiologues auprès des ARS ;

– à noter également quelques problèmes avec la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique, dus vraisemblablement à des erreurs de compréhension.

Le Docteur Christian Breton (Lorraine) tient à faire part de quelques réflexions. Bien entendu, partie prenante depuis de nombreuses années des décisions du Syndicat, il pense toutefois que ce dernier doit se remettre en cause et fasse une véritable révolution en s’interrogeant sur des points pratiques, quotidiens, utiles à la base dont il ne faut absolument pas se couper tout en continuant à défendre nos intérêts auprès des tutelles : comment améliorer la rentabilité du cabinet puisque nos honoraires ne seront pas revalorisées ? Réflexion sur la délégation de tâches ? Optimisation des cabinets et réduction des charges ? Se faire connaître auprès des jeunes : le rôle du Syndicat pourrait être celui de donner un mode d’emploi d’un maillage intrarégional, apporter des projets cardiologiques « clés en mains » auprès des ARS, réfléchir à la fin d’activité, prévoir un pool de remplaçants par région, s’interroger sur l’avenir de la cardiologie libérale. Le rôle du Syndicat est aussi d’aider les cardiologues à revaloriser, à révolutionner l’entreprise médicale.

Le Docteur Ziccarelli se dit conscient des efforts de communication que devra faire la prochaine équipe. Le Docteur Perchicot demande de faire très attention aux délégations de tâches qui pourraient se retourner contre nous si la démographie médicale augmentait.




Assemblée générale 2014 : Actualités politiques et syndicales

370 – Le Docteur Ziccarelli rappelle la loi de financement de la Sécurité Sociale 2014 qui introduit la notion de 2 ONDAM : l’un pour la ville et l’autre pour l’hôpital. En 2013 les soins de ville ont fait une économie de 1 milliard d’euros, sans aucune retombée pour les libéraux. Le FIR est maintenant à la disposition des ARS qui peuvent donc l’attribuer comme bon leur semble. Il rappelle également les nouveaux modes de financement pour optimiser le parcours de soins et le renforcement de la prescription de génériques.

Le FFR est en sommeil pour l’instant malgré toutes les démarches faites tant par les libéraux que les hospitaliers. Une fois encore la jungle des organisations ne permet pas d’avancer. Il faut attendre le PHRC qui gèle toutes les négociations alors que, idéalement, les PHRC devraient être discutés au sein des conseils nationaux professionnels avant d’être mis en place. De même le parcours de soins devrait aussi être mieux organisé.

Le Docteur Lazarus indique que l’expérience de télémédecine, expérience nationale avec l’Assurance Maladie est actuellement également bloquée car le financement des industriels est arrivé à son terme et il a fallu renégocier. Toutefois un accord devrait être pris dans les mois qui viennent car un rapport récent est très positif vis-à-vis de cette expérience qui a généré des économies. La cardiologie demande un forfait annuel de 250 Ä/par patient. Les associations de patients se sont également mobilisées.

Si le Syndicat a pu obtenir une petite ouverture pour l’association ETT + ECG/2 pour les malades sous chimiothérapie, la possibilité d’associer une écho + une écho abdominale/2 pourrait également voir le jour dans quelques temps. Pour l’instant cette cotation est à l’arbitrage et pourrait faire l’objet d’une cotation dérogatoire dans un premier temps. Le Docteur Perchicot demande qu’on lui fasse connaître les refus concernant les ETT + ECG/2 appliqués dans les règles bien entendu.

Pour la rémunération sur objectifs de santé publique, il est rappelé de ne pas oublier d’aller se connecter sur le téléservice de l’Assurance Maladie, la déclaration pour les 2 indicateurs déclaratifs devant être faite avant le 28 février 2014. Il faut essayer de faire adapter son logiciel-métier pour éviter de compter.
La ROPS n’est pas sanctionnable et aucun grief ne vous sera adressé si vous oubliez une année. Il faut être conscient qu’il est pratiquement acquis que dans l’avenir il y aura des indicateurs dans la plupart des domaines.

Pour le contrat d’accès aux soins des anciens secteur 1 titrés, il est précisé que le taux de dépassement moyen possible est le dépassement moyen constaté pour la spécialité au niveau régional calculé pour l’année 2012. En même temps que ce taux votre caisse primaire vous donnera la proportion d’actes à tarifs opposable à respecter. Il est plus valable de dépasser rarement mais de façon élevée et à bon escient. Il est rappelé aussi que le Syndicat a bien précisé dans ses circulaires que c’était aux médecins secteur 1 titrés de contacter directement les caisses. Le Docteur Ziccarelli rappelle qu’il s’agit bien d’un choix personnel et qu’aucune conseil n’avait été donnée par le Syndicat qui était contre l’avenant n° 8 qui annonce la mort du secteur 2. Les secteurs 1 qui choisissent d’adhérer au CAS restent au régime général de la Sécurité Sociale.

Enfin l’application du tiers-payant systématique donne lieu à une vive discussion. Il est demandé aux centrales de bien veiller à refuser fermement une application généralisée et obligatoire ; MG France semble d’ailleurs revenir sur ses premières déclarations. Il y a risque de surconsommation médicale et surtout déresponsabilisation totale du patient et il faut le faire savoir d’autant que les médecins, conscients des difficultés de certains patients et des réalités économiques et sociales, se sont spontanément organisés pour s’adapter à ces contraintes dans l’intérêt de leurs patients.

Le Syndicat des jeunes biologistes a fait un communiqué de presse assez violent et très maladroit (nouveau scandale Médiator !) concernant les NACO, les choses se sont calmées rapidement et le Docteur Ziccarelli a pu expliquer à une journaliste de France Info les conditions d’utilisation de ces nouveaux anticoagulants oraux.




Assemblée générale 2014 : UFCV – bilan des actions 2013

370 – Le Docteur Pouchelon et le Docteur Assyag présentent le bilan des réunions de l’UFCV (1 284 participants et 113 séminaires, la file active des cardiologues formés en 2012 était de 214 cardiologues libéraux, elle est de 626 cardiologues libéraux en 2013) au cours de l’année 2013 ainsi que celui du protocole « Mon Cœur et Moi » (programme d’observance du syndrome coronarien aigu avec AstraZeneca) et les résultats du programme METIS qui a inclus 591 patients depuis 2010 (plate-forme téléphonique de suivi thérapeutique). Les thèmes validés des dossiers FAF sont également portés à la connaissance des présents. Dix controverses ont été retenues pour le programme de formation dédié à l’anticoagulation secondaire à la FA afin de mieux appréhender l’arrivée des nouveaux anticoagulants et les dernières recommandations européennes de prise en charge du patient.

Toutes ces données seront développées lors de l’assemblée générale annuelle de l’UFCV.

La séance est levée à 18 h 00.

Le Docteur Ziccarelli remercie une fois encore les présents de leur attention et de leur assiduité.




Assemblée générale 2014 : Nouveau Conseil d’Administration du SNSMCV

370 – Au cours de l’Assemblée Générale du 1er février 2014 un nouveau Conseil d’Administration
a été élu pour trois ans. En voici la nouvelle composition :

Bureau

Président

Docteur Eric Perchicot

Vice-Présidents

Docteur Vincent Guillot, Docteur Elisabeth Pouchelon

Secrétaire Général

Docteur Frédéric Fossati

Secrétaire Général Adjoint

Docteur Jean-Pierre Binon

Trésorier

Docteur Patrick Arnold

Trésorier Adjoint

Docteur Arnaud Lazarus

Délégué Général du DPC

Docteur Patrick Assyag

Délégués aux centrales

Docteur Alain Courtault – FMF

Docteur Pierre-Antoine Ayrivié – SML

Docteur Eric Perchicot – UMESPE

Rédacteur en chef du journal Le Cardiologue 

Docteur Christian Aviérinos

Autres membres du conseil d’administration

Docteur Marwan Abichacra

Docteur Serge Assouline

Docteur Khaled Bouchlaghem

Docteur Christian Breton

Docteur Jean-Baptiste Caillard

Docteur Thierry Carrière

Docteur Jean-Pierre Cebron

Docteur Jacques Chevrier

Docteur Yves-Michel Florès

Docteur Gaston Fouchères

Docteur Dominique Guedj-Meynier

Docteur Maxime Guenoun

Docteur Olivier Hoffman

Docteur Patrick Joly

Docteur Philippe Lang

Docteur Dany-Michel Marcadet

Docteur Pierre Marette

Docteur Arnaud Maudière

Docteur Marie-Claude Morice

Docteur Joël Ohayon

Docteur Pierre Olier

Docteur Grégory Perrard

Docteur Vincent Pradeau

Docteur Mikhaël Raphaël

Docteur René Richard

Docteur Christian Ter Schiphorst

Docteur Marc Thomas

Docteur Pascal Toban

Docteur Marc Villaceque

Docteur Jean-Michel Walch

Invités

Docteur Jacques Berland

Le président de la SFC




Tiers-payant généralisé : Le (grand) chantier est ouvert

370 – Hubert Garrigue-Guyonnaud a été nommé directeur de projet et un comité d’orientation a été installé par Marisol Touraine pour imaginer le dispositif simple et efficace qui doit permettre la généralisation du tiers-payant à la fin 2017. Outre les difficultés techniques, le directeur devra convaincre du bien-fondé de ce projet des médecins libéraux pour le moins réticents.

Point fort de la Stratégie Nationale de Santé, on ne peut pas dire que la généralisation du tiers-payant annoncée par Marisol Touraine comme devant être effectif à la fin 2017 a enthousiasmé les médecins. La CSMF a redit récemment son opposition à « la généralisation d’une usine à gaz qui se fera aux dépens des médecins car elle est techniquement impraticable ». A ce dispositif complexe et coûteux pour les payeurs (les centres de santé mutualistes l’ont chiffré à 3,50 euros par actes), la Confédération préfère de beaucoup sa « solution monétique à débit différé santé généralisé à tous les établissements bancaires » et invite le Gouvernement à soutenir ce projet. « Non au consumérisme médical », tranche le Syndicat des Médecins Libéraux (SML) qui « s’oppose à la généralisation du tiers-payant et réclame de toute urgence un choc de revalorisation ». Même opposition de principe à la Fédération des Médecins de France (FMF), dont le président, Jean-Paul Hamon, estime que le tiers-payant doit dépendre du souhait de chaque professionnel et reposer sur un guichet unique, « c’est-à-dire la CNAMTS, comme pour la CMU ». Et même MG France, favorable sur le fond à la généralisation du tiers-payant, souligne que les médecins généralistes n’ont ni le temps, ni le personnel, ni le moyens pur vérifier les droits des patients et avertit les pouvoirs publics qu’il s’opposera « à tout dispositif qui ne serait pas simple, complet et garanti ».

Une réforme pour 110 000 médecins, et près de 500 organismes d’Assurance Maladie

C’est assez dire que la tâche de Hubert Garrigue-Guyonnaud, inspecteur des Affaires sociales, nommé par Marisol Touraine directeur du projet pour la généralisation du tiers-payant, sera difficile. Des travaux qu’il va mener avec les acteurs concernés doivent « émerger dans les mois qui viennent les options stratégiques et techniques qui permettront de mettre en place un système simple et sécurisé, tant pour les médecins que pour les patients ».

Plus facile à dire qu’à concrétiser ! Un rapport de l’IGAS de juillet dernier sur le sujet, qui a été dévoilé au lendemain de la nomination de Hubert Garrigue-Guyonnaud, indique en effet que la réforme concernera environ 110  000 médecins et près de 500 organismes d’Assurance Maladie, pour un volume de 500 millions d’actes annuels.

L’IGAS préconise de généraliser le tiers-payant « à hauteur du montant couvert par les complémentaires », en autorisant l’Assurance Maladie à prélever directement sur le compte bancaire de l’assuré la participation forfaitaire de 1 euro sur les consultations (800 millions par an).

Mais le futur dispositif devra éviter trois risques :

– un risque de trésorerie pour les médecins du fait de délais excessifs de remboursement ;

– un risque de perte financière en cas d’absence de droits ouverts du patient ;

– un risque de surcharge administrative liée au recoupement entre factures émises et paiements reçus.

L’IGAS suggère donc d’aller vers un « contrôle des droits en ligne  de l’assuré » par le médecin et d’opter pour un éclatement par le praticien des flux de données entre Assurance Maladie obligatoire et complémentaires. Mais pour que ce routage soit acceptable par les médecins, il faudrait que les complémentaires se rassemblent ou externalisent la gestion du tiers-payant vers l’un des quatre principaux opérateurs nationaux, dans « un environnement technique stabilisé » voire simplifié. De son côté, l’Assurance Maladie devrait regrouper ses « usines de liquidation ». On le voit, le chantier est vaste…

Marisol Touraine a installé récemment un comité d’orientation sur le tiers-payant qui a pour mission « d’accompagner les choix stratégiques et techniques qui seront faits dans les prochain mois » et de « construire la feuille de route opérationnelle, dans un calendrier exigeant, en accord avec les principaux acteurs du dossiers ». Les premières décisions sont attendues dès ce printemps, puisque à la fin de l’année la généralisation du tiers-payant doit être mise en place pour les bénéficiaires de l’Aide Complémentaire Santé (ACS), soit 4,7 millions de personnes potentiellement éligibles.




Assemblée générale 2014 : Litiges et contentieux

370 – Le Docteur Guillot, avec son brio habituel, rapporte les litiges de l’année 2013 avec les caisses, les cliniques, les ARS et des demandes d’information. 




Assemblée générale 2014 : Cardiologue Presse

370 – Le Docteur Aviérinos rappelle que le contexte actuel économique et juridique n’est pas favorable à la presse médicale.

L’audience du journal Le Cardiologue (mesurée par le CESSIM) est toujours excellente et même en tête en 2013 des mensuels cardiologiques. 

Malgré l’augmentation tarifaire, il n’a pas été constaté de baisse du nombre d’abonnés par contre il est toujours regrettable que tous les cardiologues ne s’abonnent pas systématiquement au journal qui est le journal du Syndicat et qui a un grand besoin du soutien de tous en cette période de difficultés économiques pour la presse médicale. Il est en effet à noter une diminution régulière des recettes publicitaires et de l’engagement des sponsors habituels tant pour les numéros spéciaux que pour les quotidiens internationaux, parfois même en dernière minute comme pour l’ACC 2014 par exemple.

En revanche, la fréquentation du site cardionews est une véritable satisfaction cette année encore qui voit le nombre de visiteurs uniques multiplié en moyenne par deux depuis les 6 derniers mois.

Le site spécifique du journal lecardiologue.fr a d’ailleurs été refait entièrement, et certains numéros ne seront publiés que sur internet.

Quant au site grand public moncardio.org, sur lequel le Syndicat travaille depuis des années, il va enfin voir le jour dans les semaines qui viennent.

En conclusion, la situation est certes critique en raison de la diminution de l’investissement de nos partenaires et cause entre autres la disparition de deux revues en 2013; mais la qualité de la revue, le développement en cours de nouveaux supports (internet, tablettes…) et la fidélité de nos abonnés nous permettent de garder un espoir légitime.




Tiers-payant généralisé : François Hollande ne se trompe-t-il pas de cible ?

senior woman with the medicine bottles
« Réduire la multiplication des prescriptions, des actes médicaux redondants, des médicaments qui connaissent un record de consommation », selon François Hollande. © Alexander Raths

Pour financer son Pacte de responsabilité, le Gouvernement cherche 50 milliards d’euros d’économies à réaliser sur les dépenses publiques. Et pour cela, il a tout particulièrement dans son viseur les dépenses de santé dont on peut encore limiter la croissance.

 Lors de ses vœux à la presse, le Chef de l’Etat a indiqué vouloir lutter contre « les excès et les abus », qui ne concernent pas seulement, selon lui, les fraudes. «  Ce qu’il faut, c’est réduire la multiplication des prescriptions, des actes médicaux redondants, des médicaments qui en France connaissent un record de consommation », a déclaré François Hollande.

Une stigmatisation de la médecine de ville

Ce qu’il faut donc, c’est promouvoir « l’usage des génériques qui est moins fort que partout ailleurs » et mettre fin à « cette pression sur l’hôpital, faute de véritable parcours de soins ». Les médecins libéraux n’ont pas franchement apprécié ce discours dans lequel ils ont compris qu’une fois de plus, c’est à la médecine de ville qu’on allait demander des efforts. « En d’autres termes, il faut laisser les hôpitaux tranquilles tant que les soins de ville ne sont pas organisés », ironise la CSMF. La Confédération fait pourtant observer que « les déficits ne sont pas le fait des soins de ville, qui sont d’ailleurs à l’origine de sous-exécutions des dépenses depuis trois ans pour plus de 2 milliards d’euros » tandis que l’hôpital est régulièrement renfloué, et que « les déficits et l’inorganisation chronique des hôpitaux publics ne sont pas le fait de soins de ville et encore moins des médecins libéraux ». Pour la CSMF, le Président de la République « fait une erreur stratégique en faisant le choix de l’hôpital à la veille de la mise en œuvre de sa future réforme de l’organisation du système de soins dans le cadre de la Stratégie National de Santé ». Elle veillera à ce que les libéraux ne servent pas de « variable d’ajustement des besoins d’hôpitaux publics insatiables » dans cette future réforme.




Tiers-payant généralisé : la simplification administrative en rade

An overworked office worker
© Auremar

370 –  l’heure où s’ouvre le chantier de la généralisation du tiers-payant dont devra sortir un dispositif efficace et simple d’utilisation, les syndicats médicaux constatent la quasi-nullité du bilan de l’instance de simplification administrative en 2013. Un constat d’ailleurs un rien irrité après l’annulation par la Direction de la Sécurité Sociale, la veille pour le lendemain, d’une réunion de cette instance prévue pourtant de longue date. 

Une réunion qui, au demeurant, n’avait aucun ordre du jour défini… Ce qui témoigne d’un certain « flottement » entourant le pilotage de cette instance, selon Gilles Urbejtel, trésorier de MG France, qui estime qu’elle n’a pas apporté aux médecins le soulagement attendu concernant les tracasseries administratives qu’ils subissent. Le président de la FMF, Jean-Paul Hamon, parle de « réunionite » pour qualifier une instance où « rien n’avance vraiment » et « où l’on a l’impression de perdre notre temps, comme s’il fallait refaire le monde à chaque fois », s’exaspère Roger Rua, le patron du SML. Quant à Gérald Galliot (CSMF), il constate un avancement des travaux quasiment inexistant sur des dossiers comme celui de certificats de « non-contre-indication » demandés aux médecins pour la pratique de diverses activités.

Pourtant, Jean-Paul Hamon estime qu’il serait « facile » d’avancer sur certaines problématiques comme celle de la suppression de l’ordonnancier bi-zone pour les malades en ALD ou de l’extension du tiers-payant. Tiens, tiens… Ce sujet d’actualité était justement à l’ordre du jour de la dernière réunion de l’instance de simplification. « Dont il n’est rien sorti, comme l’on pouvait s’y attendre ! commente Jean-Paul Hamon. Pourquoi le Gouvernement s’embarque-t-il dans une généralisation du tiers-payant complexe et coûteuse à réaliser quand il existe des solutions bien plus simples ? Il pourrait opter, par exemple, pour un système de carte bleue santé proposé par certaines banques : le médecin est payé immédiatement et le patient débité après remboursement. »




e-Santé ou m-Santé ?

e-Santé ou eHealth

Le terme d’e-Santé désigne tous les aspects numériques touchant de près ou de loin la santé. Cela correspond à du contenu numérique lié à la santé, appelé également la santé électronique ou télésanté.

Cela concerne des domaines comme la télémédecine, la prévention, le maintien à domicile, le suivi d’une maladie chronique à distance (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque …), les dossiers médicaux électroniques ainsi que les applications et la domotique, en passant même par la création de textiles intelligents.

La e-santé apparaît de plus en plus comme la solution à mettre en place pour palier aux difficultés de notre système de soins qui est confronté aujourd’hui à plusieurs défis majeurs :

– vieillissement de la population,

– gestion de la dépendance,

– accès universel à une prise en charge de qualité,

– accroissement significatif des dépenses,

– explosion des maladies chroniques,

– évolution de la démographie médicale qui menace l’accès égalitaire aux soins.

 

m-Santé ou mHealth

Il s’agit de tous les services touchant de près ou de loin à la santé disponibles en permanence via un appareil mobile connecté à un réseau (smartphones ou tablettes).
En d’autres termes, on peut dire également que la m-Santé est l’e-Santé accessible avec un téléphone mobile ou un tablette.

La Fondation des Nations-Unies a organisé la définition de la m-Santé avec les six catégories d’applications dans le domaine de la santé mobile :

– éducation et sensibilisation,

– téléassistance,

– diagnostic et traitement de soutien,

– communication et formation pour les professionnels de santé,

– maladie et le suivi d’une épidémie,

– surveillance et la collecte de données à distance.

Pascal Wolff




La transparence s’applique

370 – Le Cardiologue passe en revue quelques sujets qui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique en 2014…

On ne reviendra pas sur les « affaires » de santé publique qui ont abouti à ce que s’impose en France la nécessité de permettre au public de savoir quelles relations entretenait tel ou tel acteur du champ de la santé avec les industriel du secteur. L’essentiel est qu’après bien des rebondissements et démêlés, le SunShine à la française a finalement fait l’objet de tous les textes voulus pour pouvoir s’appliquer.

Les médecins sont concernés en premier chef par le dispositif de transparence. Mais il concerne également les associations de professionnels de santé, les étudiants et leurs associations, les associations d’usagers, les établissements de santé, les fondations et sociétés savantes, les entreprises de presse, les éditeurs de logiciels, les personnes morales assurant ou participant à la formation initiale et les syndicats en tant que défenseurs des intérêts catégoriels d’une profession. Seules échappent au dispositif les associations de professionnels dont l’objet social est la recherche en santé ou la formation médicale.

Dès qu’une entreprise est liée par convention à un praticien ou lui octroie des avantages en nature ou en espèces supérieurs à 10 euros, elle doit le publier sur un site internet public unique. Ces « avantages » comprennent les prestations d’hospitalité (transport, hébergement, repas, etc.) et les prestations d’ « études » pour les activités de recherche ou d’évaluation scientifique. Toutes les prestations rémunérées pour le compte d’une entreprise (orateur, consultant, expert) sont également concernées.

Cependant, s’il s’agit d’un avantage avec contrepartie, pour lequel une convention a été signée, l’obligation de publication ne porte que sur l’existence d’une convention, pas sur le montant de la prestation. Mais si l’avantage est sans contrepartie, le montant TTC doit être déclaré. Ce qui fait que la transparence n’est pas tout à fait la même pour tout le monde !

A noter que le Sunshine à la française n’a pas aboli la « loi anti-cadeaux, qui interdit aux professionnels médicaux (comme aux étudiants) de recevoir des « cadeaux » en espèces ou en nature de la part des entreprises, de façon directe ou indirecte.




Accessibilité : trois ans de sursis maximum pour les médecins

370 – Le Cardiologue passe en revue quelques sujets qui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique en 2014…

La loi de février 2005 pour l’égalité des droits des personnes handicapées prévoit que tous les établissements recevant du public doivent être accessibles « aux personnes handicapées quel que soit le type de handicap, notamment physique, sensoriel, cognitif, mental ou psychique ». Les cabinets médicaux sont donc eux aussi, soumis à cette obligation, qui devait être effective le 1er janvier 2015. Déjà, depuis le 1er janvier 2007 tout nouveau cabinet médical doit répondre aux exigences de la loi en matière d’accessibilité. Mais le problème concerne surtout la mise aux normes des cabinets anciens. A un an de la date fatidique, force est de constater que nombreux sont les Espaces Recevant du Public (ERP), dont les cabinets médicaux, qui ne sont pas aux normes d’accessibilité et ne seront de toute évidence toujours pas « dans les clous » le 1er janvier prochain. Devant ce constat, un comité interministériel, sous l’égide de Matignon, a été mis en place et a prévu des aménagements possibles pour les professionnels qui n’auraient pu se mettre en conformité au 31 décembre de cette année. Après concertation menée par Marie-Arlette Carlotti, la ministre chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’Exclusion, des Agendas d’Accessibilité Programmée (Ad’AP) ont été mis en place. Ainsi, les professionnels de santé libéraux dont le cabinet n’est pas conforme devront obligatoirement sous peine de pénalités – signaler auprès des collectivités avant la fin de cette année leur volonté de réaliser les travaux nécessaires. Il devront ensuite remplir un dossier d’Ad’AP au plus tard douze mois après la publication de l’ordonnance prévue pour l’été. Une commission ad hoc examinera alors les caractéristiques et la situation du cabinet, déterminera si un délai supplémentaire est nécessaire et évaluera la durée de l’Ad’AP.

Pour les ERP de moins de 300 personnes, et donc pour les cabinets médicaux, ce délai supplémentaire ne pourra excéder trois ans.

Rappelons qu’il existe trois motifs de dérogation à l’obligation d’accessibilité des locaux aux personnes handicapées. Le premier nécessite de démontrer l’impossibilité technique de procéder aux aménagements nécessaires. Le second concerne les cas où un patrimoine architectural doit être conservé. Le troisième peut être invoqué en cas de disproportion manifeste entre les améliorations apportées et leurs conséquences. Pour pouvoir bénéficier d’une dérogation, il faut s’adresser à la Direction de l’Equipement et s’informer auprès de la Commission Consultative Départementale de Sécurité et d’Accessibilité (CCDSA).




La télécardiologie enfin rémunérée ?

370 – Le Cardiologue passe en revue quelques sujets qui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique en 2014…

La sécurité et l’efficacité de la télésurveillance des porteurs de stimulateur cardiaque et de défibrillateur ont été démontrées et les économies qu’elle génère aussi (voir Le Cardiologue n° 368-369). Reste que depuis la parution du décret sur la télémédecine d’octobre 2010 prévoyant la rémunération des actes de télémédecine, les cardiologues qui assurent cette télésurveillance le font toujours… gratuitement ! Pourtant, deux demandes de création d’actes (« télésurveillance d’un stimulateur » et « télésurveillance d’un défibrillateur ») ont été déposées à la HAS en 2011. Et l’année suivante, le Conseil National Professionnel de Cardiologie (CNPC) et l’Ordre des médecins ont proposé un forfait global annuel pour ces deux actes à deux niveaux : plus élevé la première année pour tenir des charges liées à la mise en place du DM, inférieur ensuite. Les deux instances ont proposé des forfaits de 360 euros et 320 euros pour la surveillance d’un stimulateur, et de 380 euros et 250 euros pour celle d’un défibrillateur.

L’étude ECOST « indique clairement qu’une prise en charge par l’Assurance Maladie sur la base des propositions du CNPC et du CNOM est tout à fait rationnelle et n’engendre pas de coût supplémentaire ». Les propositions de forfaits avaient été faites en effet sur la base du coût annuel de la surveillance conventionnelle pour l’Assurance Maladie qui se situait alors entre 200 et 400 euros pour les porteurs de stimulateurs et entre 212 et 424 euros pour les porteurs de défibrillateur. « Ces propositions ont été faites sur la base d’un acte en face à face à 61,04 euros, commente le Dr Arnaud Lazarus. Or, cet acte évolue vers son tarif-cible qui sera bientôt d’environ 70 euros, soit 10 euros d’écart par rapport à ce que nous avions calculé. Les forfaits proposés sont donc sous-estimés. »

Même revus à la hausse, le différentiel avec le coût annuel d’un traitement conventionnel resterait raisonnable et les cardiologues ont bon espoir d’aboutir à un accord prochainement pour la rémunération de ces deux actes de télécardiologie. Une réunion imminente avec l’Assurance Maladie permettra de savoir s’ils ont raison d’espérer…




Mesure de la FFR : au programme de la HAS

370 – Le Cardiologue passe en revue quelques sujets qui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique en 2014…

Prévue pour 2013, l’évaluation de l’acte de mesure du Flux Coronaire Résiduel (FFR) par la Haute Autorité de Santé devrait être effective cette année. En tout cas, elle figure au « Programme de travail 2014 » consultable sur le site de la haute instance. Elle devrait débuter ce premier trimestre et s’achever au 1er trimestre 2015.

Pour mémoire, cette technique consiste à mesurer une différence de pression entre l’amont et l’aval d’une lésion coronaire afin de juger l’importance de l’ischémie. Face à une lésion observée à la coronarographie mais dont l’impact clinique n’est pas certain, la FFR permet de décider de la nécessité ou non de revasculariser. Une FFR mesurée inférieure à 0,80 témoigne du retentissement fonctionnel d’une sténose.

Pratiquée et remboursée dans nombre de pays – notamment en Allemangne, en Angleterre, en Belgique – la mesure de la FFR est très peu pratiquée en France où elle n’est pas prise en charge. Pourtant, une étude qui fait référence (l’étude FAME) en a montré les bénéfices : l’utilisation de la FFR a permis de réduire de façon très significative le nombre de stents actifs implantés – avec en conséquence un bénéfice économique.

Selon Martine Gilard, professeur de cardiologie au CHU de Brest et ex-présidente du Groupe Athérome et cardiologie interventionnelle (GACI) de la Société Française de Cardiologie (SFC), « la mesure de la FFR permettrait de faire diminuer la pose de stents d’environ 25 %. L’économie de ces stents, des antiagrégants qui les accompagnent et des remboursements est évaluée entre 400 000 et un million d’euros ». Elle tenait ces propos dans Le Cardiologue n° 357 en décembre 2012 et se disait alors « optimiste » quant à la reconnaissance et la valorisation de cet acte…




Entretien Eric Perchicot : « Inscrire le cardiologue dans le parcours de soins est une priorité »

370 – Le nouveau président du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vaisseaux (SNSMV), Eric Perchicot, détaille pour Le Cardiologue quelles sont les priorités pour l’action syndicale qu’il entend mettre en avant au cours de cette année.

Vous venez de succéder à Christian Ziccarelli à la présidence du SNSMCV. Quelles vont être vos priorités pour l’année 2014 ?

Eric Perchicot. Tout d’abord, je tiens à dire que je vais travailler dans la continuité de mon prédécesseur qui a fait un excellent travail durant son mandat. Une priorité me semble incontournable pour le Syndicat cette année : inscrire le cardiologue dans la continuité des soins. Dans le parcours de soins tel qu’il apparaît pour l’instant dans la Stratégie Nationale de Santé, notre place est assez flou. Alors qu’il doit se concrétiser dans une loi de santé publique, il me paraît primordial de convaincre les pouvoirs publics et les autres médecins d’inscrire le cardiologue pleinement dans le parcours de soins. S’il l’est de fait sur le terrain, dans notre pratique quotidienne, où nous ne rencontrons pas de problème avec nos autres confrères, encore faut-il qu’il soit inscrit dans le parcours de soins si celui-ci doit être formalisé. Un cardiologue qui a fait dix à douze ans d’études est dans de nombreux cas le plus à même de faire le bon choix pour le patient, toute la force du médecin étant de dépister le problème derrière une apparente « normalité ». Dire autre chose est faux. A cet égard, je rappellerai que nous sommes opposés aux transferts de compétences, terme qui ne veut rien dire, mais pas à une réflexion sur des délégations de tâches protocolisées. Oui au parcours d soins, mais dans lequel le cardiologue doit avoir une place clairement définie.

Ma deuxième priorité concerne la politique tarifaire. Le Syndicat s’est opposé à l’avenant 8 et à l’encadrement des compléments d’honoraires. Et j’insiste sur ce terme parce que la sémantique est importante : il s’agit bien de compléments d’honoraires et non de dépassements. L’aggravation de ces compléments d’honoraires est due à la non, ou trop faible, revalorisation des actes depuis plus de 10 ans dont résulte une valorisation du tarif des actes d’un niveau indigent par rapport aux autres pays européens. Il va falloir sortir de la problématique de la poule et de l’oeuf. Nous voulons bien accepter un encadrement des compléments d’honoraires mais à condition d’une remise à niveau significative des tarifs de base. Une grande partie de nos honoraires est liée aux actes techniques. Or, le point de travail fixé à 0,44 euro au démarrage de la CCAM technique n’a jamais été réévalué, contrairement à ce qui était prévu lors de sa création. Il faut donc revenir à ce qui était prévu et procéder à une actualisation de la CCAM technique.

Parmi les chose prévues mais jamais concrétisées, les cardiologues attendent toujours l’inscription des actes de télésurveillance à la nomenclature qui leur permettrait d’être rémunérés pour cet acte. Où en est-on ?

E. P. Nous attendons un arbitrage. Il est juste de dire que nos interlocuteurs à l’Assurance Maladie sont à l’écoute et conscient que nos propositions sont raisonnables. Nous devrions aboutir sur cette question cette année.

Le DPC fera-t-il également partie de vos priorités ?

E. P. Il s’agit d’une obligation légale, inutile de s’y opposer, en rappelant que le DPC ne remplacera jamais l’ensemble de la formation continue. Mais c’est un peu le parcours du combattant et nous souhaiterions une simplification de la mise en oeuvre dans le respect des modalités édictées par la Haute Autorité de Santé, et auxquelles nous sommes très attachés : dans un premier temps évaluation des pratiques du médecin, actualisation des connaissances sur le thème choisi et dans un troisième temps, évaluation de l’impact sur les pratiques dans les semaines qui suivent la formation.

Après les généralistes, les cardiologues ont été les premiers spécialistes à adopté le disposition de la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique, la ROSP. Quel en est le premier bilan et des évolutions sont-elles envisagées ?

E. P. Nous ne sommes qu’au début et certains indicateurs ne sont pas parfaits. Les cardiologues s’impatientent, mais nous travaillons avec l’Assurance Maladie pour les améliorer. La médecine de ville ne disposant pas de l’équivalent du PMSI à l’hôpital, l’Assurance Maladie ne sait pas ce que recouvrent les prescriptions et la tâche pas n’est pas aisée pour élaborer des indicateurs. Mais je suis persuadé qu’il s’agit d’un système d’avenir mais qui doit être grandement amélioré. A terme, avec des indicateurs beaucoup plus nombreux et plus pertinents, la ROSP pourrait devenir une méthode de DPC intégrée harmonieusement à la pratique médicale, un brin d’optimisme ne fait jamais de mal…




Avenant 8

370 – Le Cardiologue passe en revue quelques sujets qui ont changé, changeront ou changeront peut-être la pratique en 2014…

Instauré par l’avenant 8, le Contrat d’Accès aux Soins (CAS) est ouvert aux médecins du secteur 2 et les médecins titulaires d’un DP, aux médecins qui s’installent pour la première fois et dont les titres leur permet d’opter pour le secteur 2 (chefs de clinique) et aux médecins du secteur 1 installés avant le 1er janvier 2013 et dont les titres leurs permettent d’accéder au secteur 2.

Un médecin adhérant aux CAS s’engage à ne pas augmenter ses tarifs durant les trois années du contrat, à respecter son taux de dépassement moyen de l’année précédente recalculé (pour les secteurs 2), à réaliser une part de son activité à tarif opposable égale ou supérieure à celle pratiquée avant son adhésion et à respecter un taux de dépassement moyen recalculé au maximum égal à 100 % du tarif opposable de la Sécurité Sociale.

En contrepartie, il bénéficie des revalorisations applicables aux médecins exerçant en secteur 1 et de la prise en charge des cotisations sociales sur les honoraires correspondant à l’activité réalisée aux tarifs opposables. Au cours des trois ans du contrat, le médecin peut le résilier chaque année à la date anniversaire de sa signature. Plus de 11 000 médecins ont a ce jour opté pour le CAS.

Signé par l’Assurance Maladie, les syndicats médicaux et les complémentaires, le CAS prévoit un remboursement privilégié des compléments d’honoraires pour ses signataires, ce qui n’est toujours pas une réalité. La CSMF s’exaspère quelque peu des atermoiements des complémentaires et demande que les contrats responsables prévoit le remboursement intégral des compléments d’honoraires maîtrisés dans le cadre du CAS.

Depuis le 1er mars, et pour faire suite à l’avenant n° 8 à la convention, l’évolution vers les valeurs cibles se poursuit avec la revalorisation des actes cardiologiques suivants :

Tableau fenetresur

En outre, la Majoration pour Personne Agée (MPA) de 5 euros applicable depuis juillet dernier pour les consultations de patients âgés de plus de 85 ans s’appliquera également aux consultations des plus de 80 ans à compter du 1er juillet prochain.

D’autres revalorisations tarifaires sont cependant attendues par les médecins libéraux, en particulier par les cardiologues qui n’ont pas vu d’évolution de leur point de travail depuis sa création, ainsi que l’explique Eric Perchicot.




La T2A, un turbo pour l’activité hospitalière

Three Surgeons Operating On A Patient
Entre 2005 et 2008, le nombre moyen de séjours aurait augmenté de 2,5 par établissement et par type de séjour. © Monkey Business

370 – Entre 2005 et 2008, la tarification à l’activité a permis aux hôpitaux publics d’augmenter leur activité en chirurgie, selon une étude de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques. Particulièrement à ceux qui étaient fortement concurrencés localement par les cliniques privées.

 La DREES consacre une de ses récents numéros de la série Etudes et résultats à l’impact de la T2A sur l’activité des hôpitaux publics. Introduite en 2004, cette tarification à l’activité assoit les budgets des hôpitaux directement sur leur activité, un tarif étant associé à chaque Groupe Homogène de Malades (GMH). La réforme s’est faite progressivement : 10 % de T2A en 2004, 25 % en 2005, 35 % en 2006, 50 % en 2007 et 100 % en 2008. Entre 2009 et 2011, la convergence tarifaire intersectorielle a consisté à rapprocher les prix appliqués aux différents hôpitaux jusqu’à obtention d’un tarif unique pour chaque GHM. Quant au budget des cliniques à but lucratif, il était depuis longtemps lié à l’activité, puisqu’elles facturaient leurs prestation directement à l’Assurance Maladie et étaient remboursées sur la base de tarifs négociés avec les ex ARH et donc variables géographiquement. Depuis 2005 cependant, toutes les cliniques sont remboursées sur la base d’un même prix pour chaque GHM. 

Une hausse de 9,3 % dans les établissements publics

L’étude de la DREES porte sur la période 2005-2008 et sur la chirurgie, qui représente 37 % des séjours, dont la répartition en termes de capacité est restée stable sur cette période et pour laquelle une évaluation peut être menée de façon rigoureuse. « Un des objectifs de la réforme était d’augmenter l’efficience des établissements de santé. Elle a pu également conduire les hôpitaux à augmenter leur activité », commente la DREES. Et c’est bien ce qui s’est passé. Selon les données du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information), entre 2005 et 2008, le nombre moyen de séjours aurait augmenté de 2,5 par établissement et par type de séjour, soit une hausse de 9,3 % dans les établissements publics ou privés à but non lucratif par rapport aux cliniques privées. Cette déformation de la répartition de l’activité entre public et privé pouvant dépendre des poids relatifs initiaux des deux secteurs localement, les auteurs de l’étude ont donc approfondi l’analyse en différenciant les établissements « selon leur degré d’exposition à la concurrence du secteur privé ». Pour constater que ce sont les hôpitaux publics qui étaient le plus concurrencés par le secteur privé qui ont davantage augmenté leur activité que les hôpitaux isolés. Alors que l’augmentation de l’activité n’est que de 3,8 % dans le quart des établissements publics les moins soumis à la concurrence du privé, elle atteint 10,3 % dans le quart des hôpitaux soumis à la concurrence la plus intense des cliniques.

« L’introduction de la T2A aurait ainsi permis une amélioration de l’attractivité des établissements publics, au moins en ce qui concerne la chirurgie », conclut l’étude de la DREES. Il est d’autant plus regrettable pour les cliniques que la convergence tarifaire ait été reportée et finalement abandonnée par le Gouvernement.




Sacré monde « médiconnecté »

370 – Les applications médicales pour smartphones et autres tablettes sont aujourd’hui légions dans les circuits de distribution. Ces apps sont avant tout destinées au grand public, bien plus facile à convaincre que les professionnels de santé pour lesquelles des développements sont synonymes de coûts et de… professionnalisme.

L‘aventure de l’AppStore a commencé en juillet 2008 avec 500 applications et 10 millions de téléchargements le jour de son lancement. Cinq ans plus tard, Apple annoncait 900 000 apps pour plus de 50 milliards de téléchargements. Dans cette avalanche de chiffres vertigineux, la catégorie santé/médecine/bien-être (car on mélange tout dans les stores) propose un grand nombre d’applications gratuites (environ 45 %) et payantes (prix moyen de 7,57 euros) avec une palme pour iStutter – une application destinée à aider les bègues à surmonter leur handicap – pour la modique somme de 799,99 euros. Et la tendance n’est pas prête de s’arrêter car, selon le rapport Research2guidance (1), le pic des 500 millions d’utilisateurs devraient être atteint en 2015.

On ne compte plus les nouveautés concernant la rubrique santé/médecine/bien-être, mais quantité ne rime pas forcément avec qualité et ce mélange fourre-tout fait la joie des sociétés de développement, et le sérieux de ces applications mobiles santé sur les différents store laissent souvent à désirer, car mal catégorisées, non évaluées et rares sont celles qui peuvent apporter une aide incontestable à l’utilisateur. On peut en vrac trouver un lecteur de bandelettes urinaires, un guide d’infectiologie, une application d’examen de la peau, un « évaluateur » de psoriasis, un lecteur de glycémie, un oxymètre de pouls, un dépisteur de mélanomes et, le cinq étoiles : une application qui oriente vos rêves en laissant le smartphone dans votre lit pour vous aider à bien dormir (sic).

Mais face à ces développements de l’e- et de la m-santé (2), certains sites internet proposent des « dossiers Médecine » et d’autres des plates-formes d’évaluation. Mais, plus important pour les professionnels de santé, ce sont les initiatives de la FDA, de la NHS ou de Vidal en collaboration avec les CNOM que certaines applications sont en train de devenir de véritables dispositifs médicaux . Cette prise en main par de hautes instances médicales montrent l’importance que les applications auront demain dans notre vie. Elles deviendront incontournables dans le suivi thérapeutique, le maintien à domicile, le monitoring/coaching, la télémédecine, dans une perspective de meilleure efficacité des traitements et des soins, et de réduction des coûts de santé. Surtout si l’on estime que les professionnels de santé prescriront et conseilleront des applications mobiles à leurs patients en plus de leurs traitements d’ici quelques années (3).

Quant à Apple, elle développerait pour sa prochaine mise à jour une app dédiée à la santé sur iOs 8 appelée Healthbook. Cette application pourrait être connectée à un bracelet ou à la future iWatch. Nous en saurons plus en juin lors des traditionelles annonces de San Francisco.

Pascal Wolff

(1) Mobile Health Market Report 2013-2017 – research2guidance.com
(2) lemondedelaesante.wordpress.com
(3) http://buzz-esante.com



Les changements de pratiques font croître l’activité

370 – Il n’y a pas que la T2A qui dynamise l’activité hospitalière. Selon un rapport de l’IGAS commandé par Marisol Touraine, la croissance de l’activité hospitalière s’explique aussi par « des changements de pratiques médicales » dus, soit au progrès médical, soit aux évolutions de prise en charge (chirurgie ambulatoire, hospitalisation à domicile, amélioration de l’articulation ville-hôpital, organisation des soins de ville, structures d’aval…). Ces changements expliqueraient un quart de la progression des dépenses en huit ans.




La Madone de Tarquinia de Filippo Lippi (1406-1469) et la parenté du génie

370 – La Galerie Nationale d’Art Ancien du palais Barberini à Rome permet d’admirer une Vierge à l’Enfant de Fra Filippo Lippi (v.1406-1469) qui meurt à Spolète, petite ville d’Ombrie au nord de Rome, le 8 octobre 1469 entouré de son fils âgé de 12 ans, Filippino Lippi (1457-1504), sans avoir eu le temps de terminer les peintures de l’abside de la cathédrale. Dix huit ans après sa mort, Filippino s’arrêta à Spolète pour mettre en place un monument sur la tombe de son père à la demande de Laurent le Magnifique (1449-1492) soulignant les liens étroits qui les unissaient aux Médicis, à la fois mécènes et protecteurs. 

Un orphelin de talent

Lippi_z13
Filippo Lippi : autoportrait (détail). Dans Scènes de la vie de la Vierge, fresques de la cathédrale de Spolète.

Filippo di Tommaso Lippi serait né à Florence vers 1406 ; orphelin très tôt, c’est à l’âge de huit ans qu’il est confié au couvent de Santa Maria del Carmine (du Carmel) où il va peindre ses premières oeuvres. En 1421, il prononce ses vœux avec son ami Fra Diamante (v.1400-v.1485) qui sera son alter ego et assistant jusqu’à la fin de sa vie. C’est dans la chapelle Brancacci, située dans l’église Santa Maria del Carmine, que Filippo va être influencé par les derniers raffinements gothiques de Masolino (1383-1440) et les innovations de Masaccio (1401-1428).

En 1428, Filippo est nommé sous-prieur des Carmélites de Sienne où il pu s’imprégner des peintures de l’école siennoise. En 1432, il quitte le couvent sans quitter l’habit et en 1437, il peint sa première œuvre importante, le Retable Barbadori (Louvre) qui est l’un des premiers exemples de « Sainte Conversation » regroupant la Vierge, l’Enfant et les saints sur un seul panneau.

La Madone de Tarquinia

La Madone de Tarquinia
Filippo Lippi : La Madone de Tarquinia (1437).
Tempera sur bois, 151 x 66 cm.

Cette Vierge à l’Enfant est la première œuvre datée (1437) de l’artiste, dans un cartouche à la base du trône, et se situe à un tournant dans son évolution artistique, probablement sous l’influence de peintres flamands tels que Jan Van Eyck (1395-1441) qui, dès le début du XVe siècle, montrèrent des figures célestes dans un cadre domestique. Filippo Lippi a pu découvrir ces peintres lors d’un séjour à Padoue en 1434, dans l’entourage de Cosme de Médicis dit l’Ancien (1389-1464) temporairement exilé.

La Madone de Tarquinia (ou Corneto Tarquinia), découverte au XIXe siècle dans la petite ville de Corneto située dans la région du Latium, en Italie centrale, devenue Tarquinia en référence à son passé étrusque (Tarquin l’Ancien ayant été le premier roi d’origine étrusque de la Rome antique), y fut apportée par son commanditaire, Giovanni Vitelleschi, archevêque de Florence, pour son palais construit dans les années 1430 ; on y voit l’Enfant Jésus se précipiter sur sa mère dans un bel élan de tendresse, mais il est presque grotesque, erculeo Bambino, avec une grosse tête joufflue, un torse puissant et de larges membres, sur le modèle du putto « enfant potelé et nu » partout présent, le plus souvent avec deux ailes, dans l’art hellénistique et romain.

Fra_filippo_lippi_portrait_funeraire
Filippo Lippi : buste en habit de Carme dans la cathédrale de Spolète.
par Benedetto da Maiano (1442-1497).

Ceci est à rapprocher du petit Jésus potelé et impatient, dans l’Adoration des Mages sculpté par Nicola Pisano (1220-1278) sur la chaire du baptistère de Pise avec l’une des Vertus terrestres sous l’aspect d’un Hercule nu (1260), emprunté aux vestiges antiques. Assise sur un trône jaspé en éventail dans un style byzantin, la Madone, à la tristesse retenue, a des mains massives  et une tête presque ronde et aplatie, dans un style typique de Filippo Lippi ; les plis de sa robe sont à la fois souples et larges.

La scène se situe dans le cadre privé d’une chambre ouverte sur une cour que l’on entrevoit à travers un portail semi-ouvert à l’arrière avec des volets garnis de ferrures et un paysage visible par la fenêtre ouverte sur la gauche, de tradition nordique mais aussi siennoise situant les scènes de la vie de la Vierge au sein d’une pièce communiquant avec d’autres espaces.

En outre, le peintre impose un effet d’optique sous forme d’une impression de relief « écrasé » ou stiacciato inspiré de Donatello (1386-1466) avec une lumière rasante sur le tissu et les bijoux au sein d’une pénombre nuancée. Le naturalisme flamand est retrouvé dans le réalisme du livre de prières d’où pendent des signets, avant l’influence des couleurs claires et lumineuses de Fra Angelico (v.1400-1455) et avant que l’artiste prenne ses distances avec l’influence de Masaccio. Il en résulte une grande tendresse et une sensualité inhabituelle d’autant que c’est la première fois, dans la peinture italienne, que les saints personnages n’ont pas d’auréole et sont représentés dans une ambiance intime; ils sont résolument humains.

Une vie tumultueuse

En 1438 Filippo Lippi passe au service des Médicis ; en 1452, il commence les fresques de l’église Santo Stefano à Prato parmi lesquelles la Danse de Salomé lors du Festin d’Hérode est l’expression la plus vivante qu’il ait composée. Cette même année, Filippo d’un caractère impulsif, fut compromis dans une histoire de faux en écritures, mis en prison et condamné à l’estrapade.

En 1456, il est chapelain du couvent des religieuses de Santa Margherita à Prato où il va séduire une jeune religieuse qui lui sert de modèle, Lucrezia Buti née en 1435, dont il aura un fils, Filippino en 1457. Cette liaison scandaleuse fut divulguée par le tamburazione, fente par laquelle on glissait les dénonciations anonymes.

C’est Cosme de Médicis qui va lui sauver la vie en demandant sa grâce au pape Pie II Piccolomini (1405-1464) qui accepta de relever Filippo et Lucrezia de leurs vœux ; Cosme de Médicis excusait les fautes de l’homme par le génie du peintre et « ce moine en rupture de vœux qui émancipa la peinture religieuse » avait voulu rester moine malgré ses aventures et c’est sous l’habit blanc de sa congrégation que, après son époque « pratese » (1452-1466), il arrive à Spolète pour y peindre les fresques à la glorification de la Vierge de l’abside de la cathédrale. Filippo Lippi s’y représentera en compagnie de son jeune fils adolescent. Ces fresques, restées inachevées à sa mort, seront terminées par son fils et Fra Diamante.

L’inné et l’acquis du talent : les deux Lippi

Filippo Lippi était considéré de son vivant comme l’un des plus grands artistes florentins et fut le premier à se représenter parmi les personnages de ses peintures. A la fois maître habile et tyrannique, fabuleux coloriste sachant donner une remarquable vivacité à ses œuvres, Fra Filippo Lippi eut souvent des relations compliquées avec ses élèves parmi lesquels le plus prestigieux fut Sandro Botticelli (1445-1510) chez lequel Filippino Lippi fit son apprentissage avant d’être considéré à son tour et de son vivant, comme un peintre florentin éminent. Les œuvres de Filippino sont moins sereines que celles de son père, reflétant les années de répression artistique du prédicateur Savonarole (1452-1498).

A la mort de Filippino Lippi à l’âge de quarante six ans, « d’une très mauvaise fièvre et d’une angine », les ateliers d’artistes demeurèrent fermés lors des funérailles, ce qui n’était réservé qu’aux personnalités princières. « Le père était né vers 1406, le fils mourut en 1504. A travers leurs œuvres, on peut suivre la marche du grand siècle de la peinture florentine, de son aurore à son crépuscule » (Mengin).

Louis-François Garnier

Bibliographie

[1] Baxandall M. L’œil du Quattrocento. Gallimard 2013.
[2] Deimling B. La peinture des débuts de la Renaissance à Florence et en Italie centrale. in Renaissance italienne. Editions de La Martinière 1995.
[3] Le printemps de la Renaissance. La sculpture et les arts à Florence 1400-1460 Louvres éditions 2013. 
[4] Mengin U. Les deux Lippi. Librairie Plon 1932.
[5] Molinié A.S. Filippo Lippi, la peinture pour vocation. A Propos 2009.
[6] Panofsky E. La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’Occident. Flammarion 2008.
[7] Paolucci A. Filippo Lippi. Art Dossier Giunti Editore 200.
[8] Toman R. et al. L’Art de la Renaissance italienne. Ullmann 2013.
[9] Vasari G. Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes. Commentaires d’André Chastel. Acte Sud 2005.
[10] Filippo et Filippino Lippi. La Renaissance à Prato. Silvana Editoriale 2009 et de façon romancée.
[11] S. Chauveau. La passion Lippi. Folio 2006.

Remerciements au Dr Philippe Rouesnel pour ses conseils érudits et au conservateur du musée Barberini pour sa bienveillante disponibilité.




Equilibre financier des hôpitaux en 2013 ?

370 – Face aux pronostics plutôt alarmistes de la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui estime que le déficit des hôpitaux pourrait se monter à 400 millions d’euros pour 2013, Marisol Touraine et Bernard Cazeneuve se sont refusé à confirmer toute dégradation du résultat global des établissements publics. C’était à la fin janvier. Un mois plus tard, la ministre de la Santé persiste : « Nous devrions être à l’équilibre pour l’année 2013 ». Tout en notant qu’il existe des situations « assez différentes » entre les hôpitaux, la ministre souligne que « depuis deux ans, la situation financière globale des hôpitaux s’est considérablement améliorée ». 




Faugères : Domaine Saint-Antonin Magnoux 2010

Magnoux370 – Gros rouleurs de mécanique, potions « high-tech » généreuses à haut indice d’éthanol, tels étaient les reproches habituellement adressés aux vins rouges du Languedoc… Mais de jeunes viticulteurs talentueux, ainsi que nous l’avons déjà signalé (Le Cardiologue 312 et 334), ont totalement modifié ces jugements, en confectionnant des vins modernes privilégiant la finesse, l’élégance et la fraîcheur au détriment de la puissance brute, du punch et du degré alcoolique grâce à la prédominance des cépages rhodaniens, syrah, grenache sur les méditerranéens, carignan, cinsault.

Le domaine Saint-Antonin illustre parfaitement cette évolution signant, pour Parker, l’un des meilleurs vins du Sud de la France. Frédéric Albaret, après plusieurs années d’expériences viticoles à Châteauneuf et en Languedoc, prend la décision de créer « ex nihilo » son domaine en 1994 d’une superficie initiale de 14 ha, montée actuellement à 26 ha, dans l’aire d’appellation Faugères sur le terroir schisteux typique de la région qui apporte gourmandise et suavité aux vins. Après avoir, des années durant, cassé le schiste de ses propres mains, ce vigneron passionné voit sortir de terre, en 2000, un tout nouveau chai et une cave de stockage incrustés dans la colline. Les vignes, plantées en plateau, sont bien exposées, mais cependant relativement protégées de l’ensoleillement intense.

Frédéric Albaret procède à une viticulture entièrement naturelle certifiée bio depuis 2012, éliminant tout intrant chimique, gardant son sol bien vivant. La taille est en gobelet, sauf pour les syrahs en cordon de Royat. Les terres non désherbées sont labourées, un ébourgeonnage strict limite les rendements à 25 hl/ha, évite les vendanges au vert et aère les souches. Un léger effeuillage pendant l’été peut s’y associer.

Les vendanges manuelles en cagettes font l’objet d’un double tri sur table. Les raisins, sauf les mourvèdres, s’ils ont souffert de la chaleur, sont totalement éraflés, pressurés pneumatiquement et macèrent dans des cuves de 80 hl. La fermentation par levurage naturel s’étend sur 1 mois avec une extraction douce, sans sulfitage, grâce à un léger remontage journalier, pour humidifier le chapeau, sans pigeage, ni bâtonnage. L’élevage dure un an en foudres et demi-muids, puis une année supplémentaire en cuve avec un sulfitage minimal : légère filtration avant la mise en bouteilles, sans collage. L’assemblage varie selon les millésimes, pour le Magnoux 2010 : 70 % de syrah, 20 % de mourvèdre, 10 % de grenache.

Une invitation pour flâner au milieu de la garrigue

Parée d’une robe sombre rubis profond, aux reflets et disques pourpres limpides, aux larmes abondantes, cette cuvée Magnoux 2010 donne d’emblée l’impression de flâner dans la garrigue, puis de pénétrer doucement dans un jardin d’épices. Une profusion de fruits noirs, cassis, confiture de mûre, d’herbes de Provence, thym, origan, d’épices, cannelle, poivre noir, réglisse envahissent le nez. En bouche, ressortent, dans une richesse profonde et moëlleuse, des saveurs de viande rôtie, de noyaux de fruits, d’iode, de poussière minérale procurant une sensation douce-amère intense, mais avec beaucoup de fraîcheur qui masque parfaitement le 14,5 degré d’alcool. Les tanins, malgré la forte charpente, sont d’une grande finesse et le boisé fondu presqu’imperceptible. Sa longue finale tapisse le palais avec raffinement.

Ce vin, par ses arômes de garrigue et de fruits noirs, convient parfaitement à un jambon de montagne ou un ballota espagnol accompagné d’une salade de tomates à l’huile d’olive. Grâce à ses notes sudistes, il épousera avec délice toutes les recettes traditionnelles du midi : lapin au thym, carré d’agneau au romarin et artichauts, caille à la tapenade, daube provençale. Servi frais, il accompagnera grillades, pièce de bœuf, poulet rôti, viandes blanches. Doté d’un très bon potentiel de garde, il pourra attendre 5 ou 6 ans, pour fêter un gibier à poil ou un faisan au raisin. Gardez un fond de verre pour un dessert au chocolat.

Il faut impérativement carafer ce vin, dont le moindre attrait n’est pas le remarquable rapport qualité/prix.

Laissons conclure Frédéric Albaret : « le premier talent du vigneron est de produire du vin qui se boit. Le plus important, en définitive, ce n’est pas l’appellation, mais la personnalité du vin et du vigneron qui est derrière ».

J. Helen

Faugères : Domaine  Saint-Antonin Magnoux 2010

Frédéric Albaret – 34480 Cabrerolles




Ils ont perdu la raison

370 – Il y a longtemps qu’on ne présente plus Jean de Kervasdoué : cet ingénieur agronome, économiste de la santé, ingénieur des ponts et des forêts, avait été nommé directeur des hôpitaux sous François Mitterrand et introduit à l’hôpital le PMSI, lui-même à l’origine de la tarification à l’activité.

generisches buch 1

Auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie politique et la santé, il exprime une vision volontiers critique de notre système de santé auquel il reproche, entre autres, son excès de centralisation et le manque d’autonomie de ses hôpitaux. Dans les prêcheurs de l’apocalypse, il dénonçait déjà les manipulations dont certains acteurs de l’écologie faisaient leur fonds de commerce et jouaient sur la peur du public pour bloquer certaines innovations.

L’erreur du principe de précaution

Avec ce livre « Ils ont perdu la raison », l’auteur va plus loin : homme de gauche, comme il se plait à le répéter, il reproche à sa famille politique (ce sont eux les « ils » du titre) d’avoir cessé de croire au progrès ; et s’il se laisse parfois emporter par la force de sa conviction, il faut reconnaître que sa lutte contre la pensée unique est solidement argumentée.

Très critique vis-à-vis du principe de précaution dont l’inscription dans la constitution lui paraît une grave erreur, il passe en revue, pour les combattre, les faux dangers qui servent à affoler les populations et surtout à refuser le progrès.

Citant des ONG, « aussi non gouvernementales que non scientifiques qui manipulent l’opinion avec l’appui de la presse » et des politiques qui légifèrent en se substituant aux experts, tels Mme Duflot qui affirme sans rire que les moteurs Diésel sont responsables de plus de 40 000 morts par an, soit plus que le tabac, l’auteur montre bien qu’il est au bord de l’exaspération.

Oui, affirme-t-il, les risques de la pollution atmosphérique ou de la pollution de l’eau sont nettement surestimés dans notre pays.

Non, à ses yeux, les OGM ne sont pas des poisons, ne serait-ce que parce qu’il en existe autant de variétés que de plantes sauvages qui ne sont pas toutes vénéneuses, et surtout parce que près d’un milliard d’êtres humains en consomme sans nuisance patente.

Oui, les pesticides peuvent être dangereux mais, conçus pour tuer des « pestes » qui ravagent les cultures et produisent des toxines autrement plus maléfiques, leur bilan, s’ils sont utilisés prudemment, est globalement positif.

Jean de Kervasdoué condamne également les idées reçues sur l’énergie nucléaire, non polluante et bénéfique, avant de terminer sur la santé, son domaine de prédilection. Rappelant que les connaissances doublent tous les trois ans et que plus de 700 000 articles sont publiés chaque année dans des revues à comité de lecture, il n’hésite pas à accuser les lenteurs de l’accès aux innovations aussi bien que la liberté de prescription, qu’il estime obsolète et dangereuse.

Bref, conclut-il, les politiques ont perdu la raison car ils ne croient plus à la force du raisonnement scientifique et de l’expérience, mais cherchent à plaire à l’opinion publique au lieu de rechercher l’intérêt général.

Un livre décapant, qui se lit volontiers d’une seule traite.

Yves Carat




Cœur et rhumatologie

Pathologie cardiovasculaire, polyarthrite rhumatoïde et autres rhumatismes inflammatoires
Tolérance cardiovasculaire des traitements de fond de la polyarthrite rhumatoïde
Aspirine et anti-inflammatoires non stéroïdiens : « les frères ennemis »

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter