Crise de l’hôpital : près de 4 900 lits d’hospitalisation ont été fermés en 2023, selon la Drees

(franceinfo:) Les soignants critiquent régulièrement ces fermetures de lits, qui saturent les services, mettent les équipes sous pression et accentuent les tensions dans les services d’urgences… [Lire la suite]




Augmenter les budgets de la recherche et non pas les diminuer !

(Medscape – Serge Cannasse) Un communiqué de l’Académie nationale de médecine met en garde contre une possible diminution du financement de la recherche dans le cadre de mesures destinées à combler le déficit public, qui s’élève à 5,6 % du PIB (produit intérieur brut)… [Lire la suite]




Drépanocytose : le dépistage généralisé à tous les nouveau-nés à partir du 1er novembre 2024

(Medscape – Stéphanie Lavaud) A partir du 1er novembre 2024, le dépistage de la drépanocytose sera généralisé à tous les nouveau-nés dans le cadre du programme national de dépistage néonatal et non plus réalisé de manière ciblée en métropole, selon l’origine géographique des parents (et de façon systématique en outre-mer)… [Lire la suite]




Un featuring Soignants du public x Salariés de Sanofi pour une mobilisation commune à Paris

(What’sup doc?) Quatre syndicats du secteur de la santé et du médico-social ont appelé à se mobiliser hier pour augmenter les financements de l’hôpital public. À Paris, ils ont été rejoints par des salariés de Sanofi qui protestent contre le projet de cession de la filiale commercialisant le Doliprane… [Lire la suite]




Réseaux sociaux : le pouvoir insoupçonné des influenceurs sur notre santé

(The Conversation) Les réseaux sociaux constituent un territoire marketing et commercial essentiel pour toutes les entreprises. Un état de fait qui place les influenceurs au centre du jeu, y compris dans le secteur de la santé, pourtant considéré comme « non marchand » en France. Comme dans d’autres domaines, ces personnalités suivies, voire adulées sur les plates-formes en ligne, sont pourtant en mesure d’influencer la perception des consommateurs envers les acteurs de la santé… [Lire la suite]




L’IA efficace pour détecter et diagnostiquer l’hypertension pulmonaire

(TICpharma – Luu Ly Do Quang) Des chercheurs chinois ont développé une intelligence artificielle (IA) en utilisant un modèle d’apprentissage automatique pour détecter une hypertension pulmonaire avec plus de précision que l’échocardiographie transthoracique actuellement utilisée, selon des résultats présentés début octobre au congrès CHEST 2024 de l’American College of Chest Physicians (ACCP), à Boston… [Lire la suite]




PLFSS 2025 : Premiers débats à l’Assemblée et premiers rejets, ça promet…

(Whats’up Doc?) Après l’examen inabouti du budget de l’État, les députés ont entamé hier dans l’hémicycle celui du budget de la Sécu en rejetant d’emblée ses premiers articles, mettant sous pression un gouvernement peu pressé d’utiliser l’arme du 49.3… [Lire la suite]




Journée mondiale de l’AVC : « On peut faire baisser le risque de 80% grâce à une bonne hygiène de vie », assure la professeure Sonia Alamowitch

(franceinfo:) « Tout le monde est concerné », insiste la cheffe du service des urgences cérébro-vasculaires à la Pitié-Salpêtrière, à l’occasion de la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral… [Lire la suite]




Blocs opératoires : l’AP-HP adopte une charte éthique contre les violences verbales, physiques et sexuelles

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) L’AP-HP a adopté la première charte éthique au sein des blocs opératoires, pour encourager les comportements bienveillants, et proscrire toute violence verbale, physique ou sexuelle… [Lire la suite]




La cohérence cardiaque peut-elle améliorer la santé?

(Medscape – Pr Dominique Baudon) Les techniques de cohérence cardiaque s’appuient sur des exercices respiratoires afin de synchroniser les rythmes cardiaque et respiratoire, dans l’espoir d’améliorer la santé physique et mentale. Sur quelles preuves scientifiques cela repose-t-il ?… [Lire la suite]




Hypercholestérolémie familiale : le sexe modifie-t-il le risque de maladie CV ?

(Medscape – Carlos Sierra, PhD) L’hypercholestérolémie familiale est une maladie héréditaire qui se manifeste dès la naissance et qui entraîne une augmentation des concentrations plasmatiques de cholestérol, principalement du cholestérol transporté par les lipoprotéines de basse densité (c-LDL)… [Lire la suite]




Ozempic, Wegovy : quels risques d’usage détourné avec ces médicaments pour le diabète et l’obésité ?

(The Conversation – Jean-Daniel Lalau) Après l’antidiabétique Ozempic, la même molécule (le sémaglutide) est désormais commercialisée à plus forte dose, cette fois pour l’obésité, sous le nom Wegovy. Cette molécule est la plus puissante de la classe des analogues du GLP-1 qui régulent l’appétit et induisent une perte de poids. Pour éviter les usages détournés pour maigrir hors de tout contrôle médical, les modalités de prescription sont restreintes… [Lire la suite]




L’EMA veut mieux exploiter l’IA dans l’évaluation et la surveillance des médicaments

(TICpharma) – L’Agence européenne du médicament (EMA) et le réseau des directeurs d’agences nationales du médicament (Heads of Medicines Agencies -HMA) ont placé l’exploitation des données, du digital et de l’intelligence artificielle parmi les priorités de leur stratégie commune 2025-2028, apprend-on dans un communiqué de l’EMA diffusé le 9 octobre… [Lire la suite]




Une application pour améliorer la santé mentale grâce à l’alimentation

(Medscape – Anne-Gaëlle Moulun) La Fondation FondaMental vient de lancer une application destinée à aider les personnes atteintes de dépression et à contribuer à la prévention des troubles dépressifs en améliorant leur alimentation… [Lire la suite]




Plaidoyer pour autoriser l’aide à mourir et en finir avec les euthanasies clandestines

(Medscape – Christophe Gattuso) A l’occasion d’un débat lors des dernières journées nationales de la médecine générale (JNMG 2024), le Dr Sylvain Bouquet, médecin généraliste et coordinateur du groupe Fin de vie au Collège de la médecine générale, a réclamé une évolution de la loi pour autoriser, dans un cadre strict, l’aide à mourir et en finir avec les euthanasies clandestines… [Lire la suite]




Huit anciens ministres de la Santé contre la suppression de l’aide médicale d’État

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) De nouveau, l’aide médicale d’État (AME) est contestée. Cette aide est réservée aux étrangers en situation irrégulière, présents en France depuis au moins trois mois, et ne dépassant pas un certain niveau de revenus… [Lire la suite]




L’intelligence artificielle : un symposium commun CNCF et SNC



Retour à la newsletter

Lors du congrès annuel du CNCF qui s’est tenu à Antibes du 17 au 19 octobre 2024, la session commune avec le SNC a eu pour objet l’intelligence artificielle (IA). Grâce aux présentations de Thierry Garban, Benoit Lequeux et Vincent Pradeau, elle a permis de faire le point sur les apports et enjeux de l’arrivée de l’IA dans la pratique cardiologique. Nous avons retenu trois éléments majeurs parmi l’ensemble des données présentées.

Données médicales = données sensibles

Les trois orateurs ont été d’accord et ont insisté sur un défi majeur de l’utilisation des outils numériques dans le domaine de la santé : il ne faut pas partager des données sensibles – c’est-à-dire des données médicales personnelles –, que ce soit pour alimenter une IA ou pour utiliser une IA dès lors que l’on ne connait pas la politique de gestion des données des acteurs de la chaine (opérateur, Cloud, développeur du système, plateformes…). 

Ainsi, il ne faut pas partager des informations confidentielles (comme des numéros de Sécurité sociale, des adresses, ou des informations financières) dans les interactions avec l’IA et il faut utiliser des plateformes conformes aux réglementations comme le RGPD par exemple. Pour mémoire, actuellement, ChatGPT n’est pas certifié pour un usage conforme aux normes de protection des données dans le cadre de la santé.

L’IA : un outil aux applications protéiformes appelé à grandir

Il est certain que l’IA aide et va aider de plus en plus le médecin aux différentes étapes de parcours de soins du patient : prévention, orientation, diagnostic, pronostic, traitement et suivi.

A ce sujet, la présentation de Benoit Lequeux a fait le point sur les avancées majeures déjà permises par l’IA dans plusieurs de ces domaines notamment en matière de prédiction et d’aide à l’imagerie : époustouflant…

Saisir cette chance, en connaître les défis

L’émergence de l’IA est une chance dont les cardiologues doivent se saisir s’ils veulent préserver la qualité de leur exercice et répondre à la demande de soins croissante.

Elle pose néanmoins d’importants défis : savoir suivre les évolutions technologiques exponentielles, se former, comprendre et adapter le modèle économique de la pratique médicale, assurer la sécurité des données, garantir une utilisation éthique et définir les responsabilités des acteurs dans la chaine.

Le CNCF et le SNC, conscient de ces enjeux développent dorénavant communément des outils de formation pour s’adapter à ces défis.

François Diévart

© Sergey Nivens – Depositphotos




Quand un virus devient antiviral

(Le Monde – Marc Gozlan) Lutter contre un virus en utilisant une version de lui-même amputée d’une énorme partie de son génome. Telle est l’approche, contre-intuitive, qui s’est pourtant avérée extrêmement efficace chez des singes infectés avec la version simienne du virus du sida… [Lire la suite]




Baisse des tarifs en imagerie, remboursement des prescriptions… Le SML monte lui aussi au créneau contre le projet de budget de la sécu

Risque de ralentissement de l’innovation » en imagerie médicale, mesures d’économies « au détriment des patients » : le syndicat des médecins libéraux (SML) a critiqué jeudi plusieurs réformes prévues par le projet de budget de la Sécurité sociale, qu’il juge néfastes… [Lire la suite]




« Comme un rendez-vous chez le dentiste » : l’Académie de chirurgie veut démocratiser la pratique des opérations dans les cabinets médicaux

(franceinfo:) Se faire opérer dans le cabinet de son médecin, et non à l’hôpital ou en clinique, est encore une exception. Mais cette pratique a ses défenseurs, qui plaident pour sa démocratisation… [Lire la suite]




100 % français, moins polluant… Ipsophène, ce producteur toulousain de paracétamol que l’État n’a pas soutenu

(Marianne) Alors que la cession du groupe Opella par Sanofi au fond américain CD & R ulcère toute une partie de la classe politique, une entreprise française s’approche à grands pas de l’objectif de souveraineté sanitaire fixé par le gouvernement : bâtir une filière 100 % française… [Lire la suite]




Arrêts de maladie : 5 000 assurés sans indemnités après le dysfonctionnement d’un nouveau logiciel

(Le Monde – AFP) La Caisse nationale d’assurance-maladie a reconnu des « aléas techniques » lors du lancement du logiciel Arpège, en phase de test depuis le 1er octobre en Vendée et en Loire-Atlantique, assurant que des acomptes avaient été engagés en indemnisation… [Lire la suite]




La santé en tête des préoccupations des Français, devant le pouvoir d’achat, selon un sondage

(franceinfo:) Interrogés sur les « trois sujets qui les préoccupent le plus », 40% des Français sélectionnent « leur santé et celle de leurs proches ». La situation financière du pays se place également sur le podium… [Lire la suite]




Il ne reste que deux urgentistes à l’hôpital de Périgueux, tous les autres se sont mis en arrêt maladie

(What’s up Doc?) Suite au transfert de patients de la ville voisine, le personnel des urgences du centre hospitalier de Périgueux a entamé un mouvement de protestation inédit mardi 22 octobre. Une majorité de médecins ont décidé de se mettre en arrêt maladie pour dénoncer la surcharge de travail et l’épuisement… [Lire la suite]




Quels programmes santé pour Kamala Harris et Donald Trump ?

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) La santé sera-t-elle une thématique déterminante dans le cadre de l’élection présidentielle de novembre prochain aux États-Unis ? C’est la question que s’est posé le think tank proche du Parti socialiste Terra Nova, qui vient de publier une étude sur cette question… [Lire la suite]




SAOS chez l’enfant : l’absence de ronflement ne permet pas d’écarter le diagnostic d’apnées du sommeil

(Medscape – Nathalie Raffier) Trois pour cent des enfants peuvent souffrir d’un syndrome des apnées-hypopnées obstructives du sommeil de type 1, dès leur plus jeune âge. Le traitement, souvent instauré à la suite d’une longue errance diagnostique, est d’autant plus efficace qu’il est entrepris tôt. Pour certains, cela peut aller jusqu’à l’utilisation temporaire de la pression positive continue, véritable soulagement en réponse à une situation d’urgence… [Lire la suite]




Quand l’absence de médecin généraliste favorise la surmortalité par cancer

(Medscape – Caroline Guignot) Une étude menée sur un registre français des cancers montre que l’accès aux soins primaires influence la survie liée à la maladie tumorale. En effet, le travail de ces chercheurs révèle une surmortalité pour ceux qui vivent dans des territoires où l’accès aux soins primaires est le plus faible, une fois ajusté sur le niveau socio-économique… [Lire la suite]




550 000 consultations en ville pour des accidents de la vie courante chez les 0-15 ans

(Medscape – Anne-Gaëlle Moulun) Les accidents de la vie courante sont la première cause de décès chez les enfants de 1 à 4 ans et la deuxième chez les 5-14 ans. Ils incluent notamment les traumatismes liés aux noyades, suffocations, brûlures, chutes, et intoxications qui sont survenus lors d’accidents domestiques, de sports et de loisirs, à l’école ou à d’autres moments dans la vie privée… [Lire la suite]




Traitement du cancer par la metformine : les espoirs douchés

(Medscape – Amber Dance) Couramment utilisée pour traiter le diabète, la metformine, a fait l’objet de milliers d’études sur des cellules de laboratoire, des animaux et des personnes pour le traitement d’une série de types de cancer – sans réel succès. La molécule pourrait néanmoins présenter un bénéfice dans la prévention du vieillissement… [Lire la suite]




PLFSS : Frédéric Valletoux se dresse lui aussi contre la hausse du ticket modérateur

(What’s up Doc?) La baisse du taux de remboursement par la Sécurité sociale des consultations chez le médecin, comme envisagé par le gouvernement dans le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS 2025), enverrait « un mauvais signal », selon Frédéric Valletoux (Horizons), ancien ministre délégué à la Santé et actuel président de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale… [Lire la suite]




Comment Numeum est devenu un intermédiaire des pouvoirs publics pour représenter les entreprises de la santé numérique

(TICsanté – Wassinia Zirar) La commission santé du syndicat des entreprises du numérique Numeum (ex-Syntec Numérique) est en première ligne pour échanger avec les pouvoirs publics « en tant qu’intermédiaire » sur la mise en application du volet numérique du Ségur de la santé ou encore pour « formuler des recommandations concrètes » sur des sujets d’avenir dont la santé populationnelle ou la réutilisation des données de santé, ont expliqué plusieurs représentants à TICsanté le 7 octobre… [Lire la suite]




Santé : l’IA entend réduire les erreurs de diagnostic

(Hello Futur – Orange) Et si une simple application pouvait sauver des vies en améliorant le suivi des patients atteints de cancer ? C’est le défi audacieux que relève une start-up française qui utilise l’intelligence artificielle pour révolutionner la prise en charge médicale… [Lire la suite]




Michel Barnier veut maîtriser les dépenses de l’AME, mais n’a pas l’intention de la supprimer

(What’s up Doc?) Le Premier ministre Michel Barnier a dit souhaiter « une maîtrise des dépenses » de l’Aide médicale d’État, destinée aux étrangers en situation irrégulière, mais ne semble pas plaider pour sa suppression, a-t-il déclaré dans le JDD… [Lire la suite]




Le diagnostic rapide et fiable de l’IDM aux Urgences : c’est possible

(Medscape – Bernard-Alex Gauzere) Présentée au congrès de l’European Society of Cardiology (ESC) 2024 et publiée dans le Lancet Digital Health, cette étude rétrospective montre qu’un algorithme pourrait aider à un triage efficace des patients suspects d’IDM à partir d’un seul dosage de troponine-hs au chevet du malade… [Lire la suite]




PLFSS: la prise en charge des DM numériques conditionnée à la transmission de données d’utilisation à l’assurance maladie

(TICpharma – Léo Caravagna) Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 conditionne la prise en charge des dispositifs médicaux (DM) numériques inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) à la transmission de données d’utilisation à l’assurance maladie… [Lire la suite]




Humiliations, remarques racistes, violences sexuelles… L’AP-HP veut chasser les comportements inadéquats de ses blocs opératoires

(franceinfo:) L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris s’apprête à instaurer une charte de bonne conduite pour les professionnels de santé qui travaillent dans ses blocs opératoires… [Lire la suite]




Les personnes ayant survécu à un infarctus ou à un AVC sont plus à risque de développer des Covid longs

(Medscape – Tinker Ready) Selon une étude récente, les médecins de premier recours et les spécialistes devraient informer les patients qui ont déjà été victimes d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral qu’ils courent un risque plus élevé de faire un Covid long et qu’ils doivent prendre des mesures pour éviter de contracter le virus… [Lire la suite]




Santé mentale : Michel Barnier veut doubler le nombre de maisons des adolescents d’ici 2028

(What’s up Doc?) Michel Barnier a annoncé la semaine dernière sa volonté de doubler d’ici trois ans le nombre de maisons des adolescents, structures chargées d’informer et d’accompagner les jeunes et leur famille. En France, on en compte actuellement 125… [Lire la suite]




Le nombre d’utilisateurs de Mon Espace santé continue d’augmenter, mais pas autant que prévu chez les médecin

(What’s up Doc?) Avec 15 millions de Français connectés aujourd’hui et 500 000 supplémentaires chaque mois, « tous les voyants sont au vert » pour Mon Espace Santé, le carnet de santé numérique, a estimé mercredi Hela Ghariani, l’une des responsables du programme au ministère de la Santé… [Lire la suite]




Faute d’infirmiers, une double greffe annulée

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) Faute de personnel paramédical, une double greffe rein/pancréas a été annulée début septembre à Toulouse, et le pancréas a été perdu… [Lire la suite]




Cancer du sein RH+ chez la femme jeune : moins le traitement est interrompu, plus la survie augmente

(Medscape – Aude Lecrubier) Entre 6 et 7 % des cancers du sein surviennent chez des femmes de moins de 40 ans. Une majorité est atteinte de cancers hormonosensibles et dans cette population, il existe un risque accru de récidive… [Lire la suite]




70 ans de syndicalisme cardiologique

Le Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Coeur et des Vaisseaux (devenu Syndicat National des Cardiologues, Médecine cardiovasculaire en 2019) a été créé le 25 janvier 1949 par le Professeur Camille Lian avant même que la cardiologie ne soit une spécialité officielle. Les auteurs sont retournés au lendemain du second conflit mondial où la cardiologie française triomphait dans les congrès internationaux mais où, paradoxalement, la cardiologie praticienne, telle qu’on la connaît aujourd’hui, n’était pas encore officiellement reconnue.
Elle le fut une dizaine d’années plus tard, avec la construction d’une nomenclature spécifique et la bataille de la reconnaissance institutionnelle. Au travers de portraits et témoignage des anciens présidents, par la puissance évocatrice des éditoriaux qu’ils ont signés dans les colonnes de la revue Le Cardiologue, le lecteur – cardiologue ou non – retrouvera dans ces pages les grandes heures de la vie professionnelle depuis 70 ans.

Christian Aviérinos a été président du SNSMCV de 1999 à 2006.

Jean-François Thébaut l’a été de 2006 à 2011.

Jean-Pol Durand, Catherine Sanfourche sont journalistes médicaux

Sommaire

  • 13 présidents pour 70 ans de syndicalisme
  • Préface de Jean-François Thébaut
  • 60 ans de syndicalisme cardiologique !
  • Aux sources du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Coeur et des Vaisseaux
  • Où en était la nomenclature de 1949 ?
  • Où en était la cardiologie en 1950 ?
  • Cardiologues combien de divisions ?
  • Quelques centaines en 1949, 2 000 il y a trente ans, 6 000 en 2016 !
  • Les 13 présidents, de 1949 à aujourd’hui
  • Ils ont dirigé le syndicat depuis 1949
  • Ils ont administré le syndicat depuis 1949
  • Les rédacteurs en chef de la revue Le Cardiologue depuis 1965



Le cardiologue et le réchauffement climatique

Le secteur de la santé est doublement concerné par le réchauffement climatique. Il doit répondre à la transition climatique en traitant ceux qui sont malades ou blessés à cause du réchauffement et de ses conséquences. Et il doit instaurer une prévention primaire du réchauffement en réduisant ses propres émissions de gaz à effet de serre.

TOUT SAVOIR SUR

Le cardiologue et le réchauffement climatique

En route pour la décarbonation de la santé
ou plus modestement et progressivement du cabinet médical

Sommaire


Accédez au dossier (réservé aux abonnés)

1. LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

2. ET LE MÉDECIN, NOTAMMENT LE CARDIOLOGUE, DANS TOUT ÇA

3. RÉFLÉCHIR

4. DES GRANDS MOYENS JUSQU’AUX TRUCS ET ASTUCES

5. L’APPROCHE DE L’ASSURANCE-MALADIE
6. EN SYNTHÈSE

– RÉFÉRENCES

Auteur : François Diévart

Coordination : Nathalie Zenou

Vous pouvez nous contacter au SNC – Tél : +33 1 45 43 70 76 ou par mail

Le Cardiologue n° 459 – septembre-octobre 2024

© Sergeï Nivens – VSKA – Depositphotos





Le cardiologue et le réchauffement climatique

Le secteur de la santé est doublement concerné par le réchauffement climatique. Il doit répondre à la transition climatique en traitant ceux qui sont malades ou blessés à cause du réchauffement et de ses conséquences. Et il doit instaurer une prévention primaire du réchauffement en réduisant ses propres émissions de gaz à effet de serre.

Coordination : Nathalie Zenou – Auteurs : François Diévart

Vous pouvez nous contacter au SNC – Tél : +33 1 45 43 70 76 ou par mail

Le réchauffement climatique

Nous n’en mourrons pas, du moins pas tous et pas tout de suite. Si catastrophe il doit y avoir, et catastrophe il y aura probablement, c’est au pluriel qu’il faut en parler, et plutôt en utilisant le mot « crises ». Ces crises seront de divers degrés selon les régions et de diverses natures mais assurément économiques, sociales, sanitaires, psychiques et culturelles du fait de la nécessaire adaptation et donc du changement de mode de vie. Mais elles n’aboutiront pas, n’en déplaise aux prophètes de malheur, à la fin du monde…

Les certitudes

En matière de réchauffement climatique, il y a plusieurs certitudes. (1)

➊ La première est que la terre a déjà connu des périodes plus chaudes que celle annoncée, mais aussi plus froides. Chaque période conduit, entre autres, à des extinctions de masse de plusieurs espèces animales et végétales et donc à une modification de la biodiversité.

➋ La deuxième est qu’il y a un réchauffement climatique en cours qui se traduit tout à la fois par une hausse progressive de la moyenne des températures et par une augmentation de l’amplitude des variations autour de cette moyenne. Il y a ainsi plus de pics de chaleur et donc plus d’évaporation et donc plus de précipitations pluvieuses, aussi brèves qu’extrêmes, avec leurs lots d’inondations.

➌ Une troisième est qu’une large part de ce réchauffement est induit par l’activité humaine et notamment par la production de gaz à effet de serre à partir de la consommation d’énergies fossiles.

➍ Une quatrième est que, comme lors des précédentes périodes de variations climatiques, ce réchauffement va modifier les conditions de vie à l’échelle planétaire, et c’est pour cela qu’il faut parler de transition écologique, avec une modification de la biodiversité, une érosion et une submersion des côtes avec des conséquences en termes de migrations humaines, de pertes financières, de mouvements sociaux, de salinisation des terres et de pertes de ressources alimentaires… Le terme transition vient de la théorie des systèmes et désigne un processus au cours duquel un système passe d’un régime d’équilibre dynamique à un autre. (2)

Face au réchauffement climatique, il y a plusieurs attitudes possibles, tant individuelles que collectives.

Certaines sont à tout le moins « bizarres » : nier l’évidence, méconnaître, crier au complot, vouloir coloniser la planète Mars, se dire qu’à titre personnel voire collectif, puisqu’il semble en être ainsi depuis la nuit des temps, l’on s’en sortira… D’autres souhaitent principalement agir sur les conséquences : capter le carbone, protéger les littoraux par des digues…

D’autres enfin, ont comme objectif d’agir sur les causes.

Modifier les comportements pour aller vers la sobriété énergétique, le recyclage, la consommation minimale, la décroissance, la fin du capitalisme… Si plusieurs choix sont individuels, ils peuvent aussi être sociétaux et, donc politiques, allant du déni, jusqu’aux incitations, réglementations (la consommation d’eau fait par exemple partie des paramètres maintenant évalués pour la certification HAS des établissements de soins), taxes, mesures coercitives…

Et le médecin, notamment le cardiologue, dans tout ça ?

Le cardiologue en tant que médecin, humain et citoyen, doit prendre en compte au moins deux certitudes.

➊ La première est que les effets délétères du réchauffement climatique sur la santé sont démontrés avec une augmentation du risque de décès et de plusieurs maladies cardiovasculaires par l’augmentation des températures. (3, 4, 5)
En France entre juin et mi-septembre 2023, il a été estimé par Santé publique France que les quatre épisodes de canicule ont touché 73 % de la population et fait monter la part des décès liés à la chaleur à 10 % de la mortalité, toutes causes observées. Ainsi, 5 000 décès dus à la chaleur et 20 000 recours aux soins d’urgence en lien avec la chaleur ont été observés dans cette période. La survenue de la plupart des maladies cardiovasculaires est influencée par les pics de chaleur (syndromes coronaires aigus, AVC, insuffisance cardiaque, arythmies). (3, 5)

Le cardiologue doit donc promouvoir les attitudes de prévention des effets de la chaleur pour ses patients et ses proches mais aussi inciter à des comportements de prévention des causes du réchauffement. Le cardiologue doit aussi pouvoir anticiper et adapter son mode d’activité pour continuer à accomplir sa mission en cas de fortes chaleurs et entre autres, protéger son personnel et lui-même et pouvoir correctement accueillir un plus grand nombre de patients.

➋ La deuxième est que son activité professionnelle contribue au réchauffement climatique et qu’il peut donc, ou plutôt il doit, modifier plusieurs de ses comportements afin de limiter les effets de cette activité sur le réchauffement climatique.

Réfléchir

La première étape de cette modification est de réfléchir afin d’évaluer l’effet de l’activité médicale et l’influence de ses diverses composantes sur le réchauffement climatique.

Plusieurs études ont indiqué que le système de santé dans sa globalité est responsable de 8 % des émissions de carbone à l’échelle française et que les principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre sont les médicaments, les dispositifs médicaux et les transports sanitaires notamment.

A l’échelle mondiale, l’empreinte climatique du secteur de la santé équivaut à 4,4 % des émissions nettes de gaz à effet de serre soit l’équivalent de 2 gigatonnes de dioxyde de carbone. L’empreinte climatique du secteur de la santé mondial est équivalente aux émissions de gaz à effet de serre annuelles de 514 centrales à charbon et si le secteur de santé était un pays, il serait le cinquième plus gros émetteur de la planète. (6)

La plus grande part des émissions, 71 %, provient principalement de la chaîne d’approvisionnement du secteur de la santé à travers la production, le transport, et le traitement de biens et de services. (6) La principale leçon est donc que la santé est un service qui consomme beaucoup d’énergies fossiles par les transports qu’elle occasionne.

Les conséquences en sont simples : avoir une prescription de médicaments aussi sobre que pertinente, être sobre dans l’utilisation des dispositifs médicaux et envisager autant que faire se peut leur recyclage, tout faire pour diminuer les transports sanitaires et donc les déplacements des patients, réfléchir à la logistique d’approvisionnement des consommables de l’activité quotidienne afin de la rationnaliser…

Des grands moyens jusqu’aux trucs et astuces

La réglementation qui découlera de la prise en compte de l’empreinte climatique de l’activité médicale est encore difficile à envisager dans son ampleur et ses contraintes. Mais ses contours se dessinent progressivement, avec notamment des incitations à un diagnostic énergétique et une meilleure isolation des locaux, une gestion améliorée des déchets…

A titre individuel, il est déjà nécessaire de réfléchir aux comportements peu appropriés, consommateurs de temps, de transports, et de matières premières. Il est donc utile de prendre en compte les postes identifiés dont la consommation de ressources peut être diminuée et donc, sur lesquels il est possible d’agir, ce qui au passage sera aussi source d’économies et donc d’augmentation de la rentabilité. Plusieurs postes sont d’emblée évidents comme de limiter les déplacements, y compris les siens, et limiter les consommables et notamment les fournitures en papier.

Modifier son comportement

Le changement culturel consiste à intégrer comme paramètre important de l’activité médicale son empreinte carbone, ce qui peut conduire à modifier la valeur d’autres paramètres jusqu’alors prégnants, dans la prise de décision et l’activité médicales.
Et la modification d’un comportement peut aussi être source d’économie d’argent et de temps. Un exemple extra-médical illustratif de changement culturel individuel peut être, pour certaines personnes, de boire l’eau du robinet en place de l’eau en bouteille. Pour cela il faut vaincre l’idée inculquée par les distributeurs d’un bien commun, l’eau, selon laquelle l’eau du robinet serait néfaste pour la santé. En fait l’eau en bouteille est potentiellement plus néfaste, du fait de sa pollution par les microparticules de plastique qu’elle contient. Surtout, elle a un coût écologique majeur par l’utilisation du plastique et par le transport et le stockage puis par l’élimination des bouteilles vides. Et la vertu écologique est ainsi source d’économie de temps et d’argent en évitant l’achat, le transport, le stockage et l’élimination des bouteilles.
Chacun peut réfléchir aux moyens de limiter ses propres transports et d’en diminuer l’empreinte carbone. Surtout, le grand pourvoyeur de gaz à effet de serre étant les transports sanitaires, il existe de nombreuses solutions pour diminuer les transports des patients et donc les effets climatiques de ceux-ci : la télésurveillance, la téléconsultation chaque fois que possible, le déplacement si possible unique du patient en envisageant un examen complémentaire dans le même temps que la consultation.
Tout indique que la nécessaire décarbonation de la santé contribuera à faire évoluer la nomenclature, notamment en matière de prise en charge des transports sanitaires mais aussi potentiellement en matière de cumul d’actes.
A titre de trucs et astuces, faire en sorte que le patient puisse repartir d’emblée avec son compte-rendu en main, sans avoir à l’envoyer par la poste, ou pire, comme cela se pratique dans certains cabinets ou établissements pour diminuer les frais de timbrage, en faisant revenir le patient pour prendre son courrier…

Moins de consommables, moins de rejets

La logistique d’approvisionnement des consommables de l’activité quotidienne peut être grandement rationnalisée par une série de trucs et astuces simples qui, par ailleurs, permettent tout à la fois des économies et donc une augmentation des marges et une amélioration de la productivité.

Ainsi, il faut proscrire tout ce qui ne s’imprime pas sur du papier A4 et notamment proscrire le papier thermosensible. Pourquoi ? Parce qu’alors, il n’y a plus qu’un seul objet de commande, le papier A4, un seul fournisseur, un seul poste de commande, un seul transport pour peu que l’on commande en quantité, moins de variétés de stockages et moins de documents devenus illisibles en quelques années comme c’est le propre du papier thermosensible…

En complément, il faut restreindre les documents imprimés au strict minimum. Réfléchir, c’est se demander quelle est l’utilité d’imprimer (notamment en plusieurs exemplaires) les images d’échocardiographie, les tracés d’épreuve d’effort, les tracés de Holter etc. Il est plus pertinent de se dire que si un élément est important, on l’imprime, mais uniquement cet élément, alors que si tout est normal, on n’imprime pas et surtout pas cinquante pages de Holter et vingt pages de tracés d’épreuve d’effort.
Lorsqu’on fournit un document, inutile de l’insérer dans une pochette cartonnée spécifique, la feuille A4 suffit.

Il faut aussi faire le tri des correspondants à qui adresser un courrier : il nous est tous arrivé de faire un jour un unique bilan préopératoire à un patient jamais revu, puis de recevoir pendant plusieurs années tous les courriers de divers établissements le concernant parce que l’on a été inscrit parmi les correspondants du patient. Ne reproduisons pas ce comportement et faisons nous-même le tri en amont vis-à-vis des courriers que l’on envoie. Evitons qu’un courrier ne commence par une première page sur laquelle il est écrit « vous trouverez ci-joint le courrier de M. ou Mme X. » Moins de consommables, moins de documents qui seront jetés, moins de transports pour s’approvisionner en consommable.

Autant que possible, adresser le courrier aux correspondants par voie numérique, et dans ce cas, ne pas l’envoyer en parallèle par voie postale. Mais ne pas oublier de stocker, et uniquement sous forme numérique, tous les documents et donc les images échocardiographiques, les tracés Holter, les tracés d’épreuve d’effort…qui n’ont pas été imprimés ou envoyés, et ce, pour alors les fournir en cas de besoin. En faisant un envoi numérique, limitons le nombre et le volume des pièces jointes : à titre indicatif le coût écologique d’une pièce jointe lors d’un envoi est de 35 g de CO2e, soit près de dix fois plus que le simple e-mail sans pièce jointe, et plus la pièce jointe est volumineuse, plus le coût écologique est grand.

Diminuer au strict minimum le volume de ce qui sera imprimé. C’est par exemple, savoir être concis dans un courrier pour restreindre le temps d’écriture et le volume du consommable : il est tout à fait possible dans de nombreux cas, d’écrire tout le courrier sur une face d’une feuille A4 et d’imprimer l’électrocardiogramme au dos (tout tient alors en une seule feuille) voire de l’insérer, de même qu’une image échocardiographique utile, en copier-coller pdf dans le courrier A4. Ecrire un courrier sur une seule face, c’est par exemple remplacer du bla-bla que personne ne lit du type « L’échocardiographie a permis de mettre en évidence » suivi de quatre lignes de description d’éléments normaux par « A l’échocardiographie, il n’y a pas d’anomalie (FEVG : 65 %) » : c’est concis puisque cela reprend la conclusion et informatif puisque cela cite un des principaux éléments décisionnels.

En imprimant des courriers ou compte-rendus, diminuer la consommation d’encre d’imprimante.Pour cela, il y a divers trucs et astuces, là encore.

  1. Une première astuce est de n’utiliser que le noir et blanc : quelle utilité d’avoir des logos d’établissement ou des noms en couleur, si ce n’est pour compliquer la logistique d’approvisionnement et de stockage, augmenter le coût et diminuer la productivité ? Il faut donc proscrire les imprimantes-couleur.
  2. Une deuxième est d’éviter les éléments inutiles dans un compte-rendu ou un courrier. Quelle est l’utilité d’avoir le nom de tous les médecins du cabinet ou du service avec leurs fonctions, leurs titres, avoir celui des surveillants, des directeurs : cela prend de la place, donc du papier et de l’encre. Se concentrer sur l’essentiel. Pour l’administratif : qui écrit le courrier, quand consulte-t-il et comment est-il joignable (adresse, téléphone.) ? Pour la partie relative au patient : de la concision et pas de grande littérature. Ne nous prenons pas pour l’écrivaine Colette qui mettait quatre pages pour décrire comment l’on va de la porte du jardin à la porte de la maison, laissons son style où il doit être, dans un beau livre sur l’étagère, mais certainement pas dans la pratique médicale.
  3. Une troisième est d’utiliser des polices d’écriture économes en encre : les plus simples (c’est-à-dire notamment sans jambages, sans pleins et déliés.), sans souligner, et dans la taille la plus petite possible dès lors qu’elle est lisible. En matière de polices d’écriture économes, les évaluations faites indiquent qu’il s’agit des polices suivantes, que ce soit pour une imprimante laser ou jet d’encre : Garamond, une police mise en vedette en 2014, lorsqu’un américain de 14 ans a conseillé à l’état américain d’utiliser cette police pour économiser de l’encre et préserver l’environnement, Ryman Eco, une police d’écriture spécifiquement créée en utilisant des pleins et des vides pour économiser 33 % d’encre et Ecofont, une police à trous, elle aussi spécialement créée pour économiser l’encre.

LA PRODUCTION DE DOCUMENTS

COMMENT DIMINUER L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DE LA PRODUCTION DE DOCUMENTS ÉCRITS (CONSOMMABLES, PAPIER, ENCRE…) ET PAR LÀ-MÊME FAIRE DES ÉCONOMIES ET AUGMENTER SA PRODUCTIVITÉ

– Ne pas utiliser de support thermosensible, uniquement du papier A4

– Privilégier le papier recyclé

– N’imprimer que ce qui est vraiment nécessaire

– Diminuer le volume à imprimer en écrivant de la façon la plus concise possible et que ce qui est nécessaire, sans répétition

– Utiliser l’impression recto-verso et utiliser le mode d’impression multipages

– Insérer les documents (ECG, image essentielle de l’échocardiographie) dans le courrier sur une seule feuille A4 lorsque cela est possible

– Ne pas insérer le document dans une pochette cartonnée

– N’imprimer qu’en noir et blanc et proscrire les imprimantes couleurs

– Utiliser des polices d’écriture évaluées ou créées pour diminuer la consommation d’encre

– Réduire la taille de l’écriture tout en restant lisible (par exemple, la police Calibri souvent utilisée en 12 reste très lisible en 10)

– Utiliser de nouveaux types d’encres tel que l’encre de soja

– Eteindre ou débrancher les imprimantes lorsque l’on quitte le bureau

L’approche de l’Assurance-maladie

Dans son rapport Charges et produits 2024, concernant les propositions pour 2025, l’Assurance-maladie consacre une quinzaine de pages aux enjeux écologiques dans un chapitre intitulé « Contribuer à la décarbonation du système de santé et approfondir la prise en compte des enjeux de santé environnementale ».

Ainsi, comme elle l’indique, « … l’institution s’est attachée ces derniers mois à mettre en place une gouvernance nationale dédiée qui a vocation à être déclinée au niveau local, et à engager des actions transverses de formation, dans le but d’intégrer la protection de l’environnement dans toutes les missions. »
Pour le moment il s’agit surtout d’un discours d’intention qui souligne qu’un schéma directeur de la transition écologique pluriannuel est en cours d’élaboration et, dans l’attente, qu’une feuille de route 2024 a été établie. Elle fixe notamment pour priorités la décarbonation des médicaments et la promotion de la santé environnementale.

Décarboner les médicaments : du CarboneScore à l’écosoin

Constatant que la production et la distribution des médicaments représentent une part importante de l’empreinte écologique de la santé ( 50 % du total des émissions de gaz à effet de serre du secteur dont 29 % pour le seul médicament), les auteurs souhaitent pouvoir déterminer l’empreinte carbone de la consommation française de médicaments et des dispositifs médicaux. Ils proposent une démarche en trois étapes comprenant l’élaboration d’une cartographie des flux de produits et de matières sur toute la chaîne de valeur du médicament, puis sa conversion en flux énergie-carbone et permettant de chiffrer le potentiel de décarbonation des leviers pour estimer au plus juste ce qui relèvera de la réduction des volumes et de la prévention, de la promotion de la santé et du juste soin.

Pour les praticiens, cela se traduirait par le souhait d’indiquer l’empreinte carbone des divers médicaments grâce à un CarboneScore, dans une démarche proche de celle du Nutriscore dans l’alimentation, afin d’informer les acteurs de la santé de l’ampleur de cette empreinte par produit de santé. Cela suppose donc une évaluation carbone des médicaments produit par produit.

L’objectif est d’inciter les professionnels à utiliser prioritairement les médicaments ayant la plus faible empreinte carbone quand le choix est possible, mais aussi d’inciter l’industrie à la décarbonation de ses modes de production et de distribution notamment en ce qui concerne la provenance des principes actifs, les conditionnements, le transport…

L’Assurance-maladie précise en outre que « décarboner les médicaments signifie décarboner l’appareil de production, mais aussi réduire les volumes consommés via la mise en œuvre d’actions en faveur de la pertinence des soins, la lutte contre le gaspillage et le renforcement de la politique de prévention ».

Ainsi, « l’intégration dans les bases de données médicaments, utilisées par les logiciels d’aide à la prescription et d’aide à la dispensation notamment, apparaît alors souhaitable. Cette information doit être disponible, accessible simplement dans les outils quotidiens des professionnels de santé, comme une caractéristique essentielle du produit ».

Des pistes d’incitation au choix des produits les moins carbonées sont envisagées pour la dispensation des médicaments par les pharmaciens et l’Assurance-maladie souhaite prendre en compte l’impact carbone des produits dans ses politiques tarifaires. Toutefois, il s’agit d’une déclaration de principe car « Ce chantier ambitieux, non ouvert à ce jour, doit être réalisé en concertation avec les acteurs de la chaîne du médicament et intégrer, pour une efficacité optimale, l’ensemble des médicaments, remboursés ou non ». Vaste programme !

Piste complémentaire, la bonne utilisation des médicaments fait l’objet de propositions avec deux concepts clefs : la pertinence des soins et le fait qu’un produit dispensé doit être un produit utilisé. Il est donc prévu des actions contre le gaspillage par la réduction des volumes prescrits, distribués, conditionnés et donc aussi jetés en promouvant les concepts de déprescription, prescription de thérapeutiques non médicamenteuses, ordonnance de non-prescription… et ce, notamment en utilisant le levier conventionnel.

Parmi les actions envisagées pour lutter contre le gaspillage, l’Assurance-maladie souhaite limiter la délivrance de pansements et produits nécessaires au traitement des plaies à sept jours de traitement, en sortie d’hospitalisation ou non. Il est aussi envisagé d’expérimenter une intervention à domicile pluriprofessionnelle de détection et d’ajustement des soins et une campagne du type « Montrez-moi vos médicaments, s’il vous plaît » devrait voir le jour.

Les auteurs du rapport rappellent que la convention médicale (signée le 4/06/24) crée pour la première fois un indicateur sur la sobriété des prescriptions médicamenteuses incitant les professionnels à adopter des pratiques sobres en termes de prescriptions à travers une comparaison de la pratique du professionnel au regard de la pratique de l’ensemble de ses pairs.

Enfin, l’Assurance-maladie souhaite s’appuyer sur des référentiels et des outils simples, faciles à utiliser, synthétiques et opérationnels, adaptés au contexte professionnel de chacun. Elle souhaite mettre à disposition des guides résumant l’impact environnemental de l’action ciblée, ses conditions de réalisation, les données évaluatives disponibles, et les éventuelles « fausses bonnes idées » connexes.

Promouvoir la santé environnementale

L’autre grande piste proposée par l’Assurance-maladie est encore plus ambitieuse puisqu’elle envisage de promouvoir la santé environnementale. Cela passe par une politique environnementale incitative faisant la promotion à divers titres de la préservation de l’environnement avec par exemple, l’incitation aux « mobilités douces », la lutte contre l’inactivité et la promotion de l’alimentation biologique pour préserver la qualité des sols et limiter l’exposition humaine aux produits phytosanitaires.

L’objectif affiché est de faire de la santé environnementale un moteur du virage préventif. Cela passera par des appels à projet, des expérimentations, une sensibilisation des acteurs, l’accompagnement des professionnels de santé.

Une approche pratique qui peut servir de référentiel pour le praticien

Le rapport cite le cas du groupe Ugecam (opérateur de santé de l’Assurance-maladie pour les personnes fragilisées par la maladie ou le handicap) qui s’est fixé plusieurs priorités en matière de transition écologique. Ce groupe a établi une feuille de route qui peut servir de modèle pour les praticiens dans leur approche du problème, et cette feuille de route est ici adaptée dans ce sens en guise de conclusion :

  • définir la gouvernance et le pilotage d’une politique environnementale du ou des cabinets médicaux ;
  • intégrer dans la politique immobilière la performance énergétique ;
  • développer l’intégration de clauses d’achats responsables, chaque fois que le segment d’achats le permet, y compris via l’utilisation des marchés des centrales d’achats ;
  • verdir la flotte automobile, ce qui comprend aussi le développement d’infrastructures de recharge de véhicules électriques ;
  • réduire les consommations d’énergies liées aux déplacements (transports) ;
  • optimiser la gestion des déchets ;
  • développer une démarche d’écosoins ;
  • optimiser la consommation du système d’information ;
  • sensibiliser, former les salariés et valoriser actions et résultats.

En synthèse

Face aux nouveaux enjeux écologiques, le médecin, et notamment le cardiologue, a une place et un rôle importants. Il doit prendre en compte les conséquences du réchauffement climatique sur la santé, mais aussi ses causes.

Au-delà, pour les conséquences, il peut être un lanceur d’alerte, pour les causes, il peut être un exemple.

Le cardiologue doit intégrer l’empreinte carbone de son activité dans ses prises de décision et ses activités médicales et donc dans sa pratique.

Nul doute que la réglementation va évoluer pour prendre en compte l’enjeu écologique de la pratique médicale et que ce qui sera parfois vécu comme de nouvelles contraintes apparaitront.

Si certaines actions nécessaires seront initialement source de débours (isolation énergétique du cabinet, équipement pour la téléconsultation, la télésurveillance, la téléexpertise, modifications de certaines habitudes en proscrivant l’impression couleur, l’impression sur papier thermosensible, ce qui suppose de changer le matériel…), elles seront des sources certaines d’économie à moyen terme et donc d’augmentation de la marge bénéficiaire et de la productivité.

Ainsi, contrairement à un préjugé, les enjeux économiques sont parfaitement compatibles avec les enjeux écologiques.

LES SOURCES DE L’EMPREINTE CLIMATIQUE DU SECTEUR DE LA SANTÉ (d’après 6)

L’ÉCHELLE EST TRÈS VARIABLE D’UN PAYS À L’AUTRE, CHAQUE SECTEUR NATIONAL DE SANTÉ ÉMET DIRECTEMENT ET INDIRECTEMENT DES GAZ À EFFET DE SERRE LORS DE LA PRESTATION DE SOINS ET DE L’ACHAT DE PRODUITS, DE SERVICES ET DE TECHNOLOGIES ISSUS DE CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT HAUTEMENT CARBONÉES.

  • Le secteur de la santé contribue à l’émission de gaz à effet de serre via la consommation d’énergie, le transport, la fabrication de produits, leur utilisation et leur traitement.
  • Les émissions qui proviennent directement des établissements et des véhicules sanitaires constituent 17 % de l’empreinte mondiale du secteur.
  • Les émissions indirectes, qui proviennent de l’achat de sources d’énergie telles que l’électricité, la vapeur, la climatisation et le chauffage, représentent 12 % supplémentaires.
  • La plus grande part des émissions (71 %) provient principalement de la chaîne d’approvisionnement du secteur de la santé à travers la production, le transport, et le traitement de biens et de services, tels que les médicaments et autres composés chimiques, les produits agroalimentaires et agricoles, les équipements médicaux, les équipements hospitaliers, et les instruments.
  • Trois quarts des émissions de tout le secteur de la santé, chaîne d’approvisionnement incluse, sont générées localement. Ce qui signifie qu’à peine un quart des émissions du secteur de la santé sont générées en dehors du pays où le produit sanitaire est finalement consommé.
  • La consommation d’énergie fossile est au cœur des émissions du secteur de la santé. Les énergies, et principalement la combustion de carburants fossiles, représentent plus de la moitié de l’empreinte climatique du secteur de la santé.

Références
[1] Rapport du GIEC 2023 : AR6 Synthesis Report: Climate Change 2023.
[2] Larrère C. Pourquoi parle-t-on de « transition » écologique ? TheConversation 14 février 2021
[3] Bell ML, Gasparrini A, Benjamin GC. Climate Change, Extreme Heat, and Health. N Engl J Med 2024;390:1793-801. doi.org/10.1056/NEJMra2210769
[4] World Health Organization. Climate change fact sheet. who.int/newsroom/fact-sheets/detail/climate-change-and-health 2023
[5] Braunwald E. Cardiovascular effects of climate change European Heart Journal, 12 juillet 2024; ehae401, doi.org/10.1093/eurheartj/ehae401
[6] Comment le secteur de la santé participe à la crise climatique mondiale et les possibilités d’action. Rapport ARUP 2024.


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Le Cardiologue n° 459 – septembre-octobre 2024


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Médicaments : la France est-elle à la traîne en matière de production ?

(franceinfo:) Seuls 22% des médicaments remboursés sont fabriqués dans l’Hexagone. Contrairement à ses voisins européens, la France commercialise moins de nouveaux médicaments… [Lire la suite]




Déserts médicaux : plusieurs communes de la Nièvre « interdisent » symboliquement à leurs habitants de tomber malades

(franincefo:) La commune de Decize a lancé le mouvement pour interpeller les autorités sur la situation « catastrophique » des urgences… [Lire la suite]




Comment la médecine basée sur les preuves s’est imposée

(The COnversation – E. Muraille – E. Cogan) Au fil des escroqueries et scandales sanitaires survenus depuis le XIXe siècle, la question de la preuve en médecine est progressivement devenue centrale. Si la médecine basée sur les preuves semble s’être imposée depuis quelques décennies, les récentes polémiques survenues durant la pandémie de Covid-19 nous rappellent que ce « golden standard » ne va pas encore toujours de soi… [Lire la suite]




La finance jette son dévolu sur la santé

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) Le secteur de la finance étend sa toile dans le domaine sanitaire et le Sénat s’en inquiète. Résultat, trois sénateurs (Corinne Imbert, Olivier Henno et Bernard Jomier) ont présenté le 25 septembre leur rapport sur le sujet issu de la mission d’information sur la financiarisation de l’offre de soins, créée au sein de la commission des affaires sociales… [Lire la suite]




Le nombre d’IVG a encore augmenté en 2023

(Medscape – Serge Cannasse) Comme chaque année, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié les données statistiques concernant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) de l’année précédente dans un numéro de sa revue Études & Résultats… [Lire la suite]




Le chef d’œuvre Inconnu par Honoré de Balzac (1799-1850) ou l’idée d’abstraction picturale – 2e partie

– Par Louis-François Garnier

Frenhofer, le vieux peintre fictif et atrabilaire du roman de Balzac dénommé Le Chef-d’œuvre inconnu, est conscient qu’il ne pourra jamais atteindre la perfection de ses illustres prédécesseurs que furent Raphaël et Gossaert alias Mabuse et s’exclame : « Ô Mabuse : Ô mon maître ! Tu es un voleur, tu as emporté la vie avec toi » faisant allusion à celui que les historiens de l’Art dénommeront le précurseur du « style italianisant d’Anvers ». En outre, il rajoute : « cette toile vaut mieux que les peintures de ce faquin de Rubens, avec ses montagnes de viandes flamandes ». C’est au domicile de Frenhofer que Porbus et Poussin virent « l’Adam que fit Mabuse pour sortir de prison où ses créanciers le retinrent longtemps. » Il s’agissait d’un grand tableau dénommé Adam et Eve, inspiré d’une gravure d’Albrecht Dürer (1471-1528) et peint par Gossaert qui en fit plusieurs versions de telle sorte qu’il est plausible que « son » élève puisse en posséder un exemplaire. Il s’agit d’un tableau grandeur nature comme la version peinte entre 1525 et 1530 visible à la Gemäldegalerie de Berlin (172 cmx116 cm) légèrement plus grande que celle d’Hampton Court (169 cmx112 cm) qui correspond probablement à « la délicieuse peinture en hauteur » décrite par Carl van Mander. [2] Celui-ci relate que Gossaert était « assez libre dans ses allures et fut, pour une raison quelconque, emprisonné à Middelbourg » qui était à cette époque la ville rivale d’Amsterdam et « pendant son incarcération, il fit plusieurs jolis dessins (…) fort bien traités au crayon noir ». [2] Van Mander nous dit qu’il était « un homme de mœurs dissolus et pourtant, chose remarquable, jamais on ne vit de peintre plus habile, plus soigneux et plus patient dans ses travaux ». Il raconte également la savoureuse anecdote suivante, relatée en substance par Balzac : à l’occasion de la visite de l’empereur Charles-Quint (1500-1558), le peintre Gossaert, à court d’argent, ayant revendu une belle étoffe de damas blanc qu’on lui avait remise gracieusement pour qu’il s’en fasse un riche costume, y substitua un habit en papier blanc qu’il décora « de fleurs damassées et d’ornements » au point d’attirer l’attention de l’empereur qui « tâta l’étoffe et constata la fraude. Mis au courant de l’aventure, il s’en égaya fort. » [2] Frenhofer met en garde le jeune Nicolas Poussin abasourdi devant la « puissance de réalité » de ce tableau de Gossaert où, du moins dans la version de la National Gallery, les deux êtres s’enlacent comme le serpent autour de la branche au-dessus d’eux ; « Jeune homme, ne regardez pas trop cette toile, vous tomberiez dans le désespoir » en ajoutant : « il y a de la vie, mon pauvre maître s’y est surpassé ; mais il manquait encore un peu de vérité dans le fond de la toile. L’homme est bien vivant, il se lève et va venir à nous. Mais l’air, le ciel, le vent que nous respirons, voyons et sentons, n’y sont pas. Puis il n’y a encore là qu’un homme ! Or le seul homme qui soit immédiatement sorti des mains de dieu, devait avoir quelque chose de divin qui manque. Mabuse le disait lui-même avec dépit quand il n’était pas ivre ». Le maître pour le moins dissipé mais éminent que fut Mabuse rend crédible le fait que « son » élève Frenhofer, dont le nom est volontairement à consonance germanique, [1] puisse être lui-même habilité à émettre de savants commentaires sur le grand tableau de Frans Porbus auquel il reproche de n’avoir pas saisi « cette fleur de vie que Titien et Raphaël ont surprise ». Chez le vieux peintre, Poussin remarque « un magnifique portrait de femme » en disant : « Quel beau Giorgion ! » (sic) ce que réfute Frenhofer en disant : « Non ! Vous voyez un de mes premiers barbouillages ».
C’est trois mois après leur première rencontre que Porbus rend visite à Frenhofer qui « était alors en proie à l’un de ces découragements profonds et spontanés dont la cause est, s’il faut en croire les mathématiciens de la médecine, dans une digestion mauvaise, dans le vent, la chaleur ou quelque empâtement des hypochondres ». Il était « purement et simplement fatigué à parachever son mystérieux tableau » et était assis « sans quitter son attitude mélancolique ». Persuadé de la perfection de sa peinture représentant sa bien-aimée dénommée Catherine Lescault, tout aussi fictive que lui, Frenhofer veut cependant faire « une dernière vérification sur une vraie femme ». [1] C’est alors qu’il évoque son intention d’« aller en Turquie, en Grèce, en Asie, pour y chercher un modèle », que Porbus lui propose de prendre comme modèle la jeune compagne de Poussin dénommée Gillette, « une femme dont l’incomparable beauté se trouve sans imperfection aucune » à condition que Frenhofer leur montre sa toile. Ce dernier s’y oppose avec « une violence passionnée » car il ne veut pas montrer sa toile « qui n’est pas une peinture, c’est un sentiment, une passion ! » en disant « elle est à moi seul, elle m’aime. Ne m’a-t-elle pas souri à chaque coup de pinceau que je lui ai donné ? ». Cependant, après que Poussin et sa maîtresse dénommée Gillette soient entrés dans l’atelier, le vieux peintre va se laisser convaincre par l’innocente beauté de la jeune fille, alors que « mille scrupules » envahirent Poussin « quand il vit l’œil rajeuni du vieillard, qui, par une habitude de peintre, déshabilla pour ainsi dire cette jeune fille en en devinant les formes les plus secrètes ». C’est alors que « Porbus et Poussin coururent au milieu d’un vaste atelier couvert de poussière, (…) saisis d’admiration devant une figure de femme de grandeur naturelle, demi-nue » mais que Frenhofer considère avoir barbouillée en disant « ce tableau ne vaut rien ». « Stupéfaits de ce dédain » les deux peintres finissent par arriver devant le « portrait annoncé » alors que Frenhofer exalté leur dit : « Ah ! vous ne vous attendiez pas à tant de perfection ! Vous êtes devant une femme et vous cherchez un tableau » mais, en réalité, il n’y a rien. A la question de Poussin à Porbus : « Apercevez-vous quelque chose ? » la réponse est « Non. Et vous ! – Rien. » au point que Poussin aura cette remarque : « Le vieux lansquenet se joue de nous. (…) Je ne vois là que des couleurs confusément amassées et contenues par une multitude de lignes bizarres qui forment une muraille de peinture » même si, « en s’approchant, ils aperçurent dans un coin de la toile le bout d’un pied nu qui sortait de ce chaos de couleurs (…) un pied délicieux, un pied vivant ! ». « Il y a une femme là-dessous » s’écrie Porbus tout en constatant que le vieux peintre reste en extase « de bonne foi ». C’est alors que la remarque de Poussin : « tôt ou tard, il s’apercevra qu’il n’y a rien sur sa toile » va faire s’écrouler le château de cartes mentales de Frenhofer qui a tout entendu : « Rien sur ma toile » dit-il « en regardant tour à tour les deux peintres et son prétendu tableau ». Porbus est conscient du drame qui est en train de se nouer car il dit à son jeune collègue : « Qu’avez-vous fait ? ». Frenhofer « saisit avec force le bras du jeune homme » et se met à l’insulter avant de réaliser qu’en effet il n’y a rien de figuratif sur sa toile en disant : « Rien, rien ! Et avoir travaillé dix ans. Il s’assit et pleura. » Après s’être traité d’imbécile et de fou, Frenhofer a une pulsion paranoïaque en disant : « vous êtes des jaloux qui voulez me faire croire qu’elle est gâtée pour me la voler ! » avant de recouvrir « sa Catherine d’une serge verte » et en « jetant sur les deux peintres un regard profondément sournois, plein de mépris et de soupçon », en les mettant à la porte avec « une promptitude convulsive » et en leur disant « Adieu, mes petits amis. Cet adieu les glaça. Le lendemain, Porbus inquiet revint voir Frenhofer et apprit qu’il était mort dans la nuit, après avoir brûlé ses toiles ».

 

Peintre et modèle tricotant . Par Pablo Picasso, eau-forte 1931 – Musée d’Art moderne de Paris

A l’évidence, la toile du vieux peintre avait, contre toute attente, franchi la limite entre l’art figuratif et l’abstraction, concept alors totalement nouveau sous la plume géniale de Balzac. Fidèle à sa façon de corriger ses textes de façon forcenée, non seulement dans le cadre des épreuves d’imprimerie mais aussi lors des éditions successives de ses œuvres, Balzac modifiera son roman avec pas moins de « six éditions du vivant de son auteur, entre 1831 et 1847, qui témoignent de l’ampleur des reprises » et d’« une longue maturation » [1] A partir de la version initiale parue en 1831 dans laquelle il évitait « en général de parler peinture », [1] la version de 1837 deviendra, comme nous l’avons vu, « un texte sensible sur l’art ». [1] La dernière version publiée du vivant de l’écrivain, en 1847, peu modifiée, l’ayant été sous le titre de Gillette suggérant que, pour l’auteur, le « drame amoureux entre Poussin et Gillette » [1] s’imposait en priorité dans l’action romanesque. Le roman comporte en effet « deux contes entrelacés », [1] avec la jeune femme aimée et amoureuse mais servant néanmoins de monnaie d’échange pour satisfaire la curiosité des deux peintres et la « rivalité-émulation » [1] entre des artistes que trois générations séparent. Ce n’est que bien plus tard que la fortune critique fera en sorte que « l’attention se déplace dans la seconde moitié du XXe siècle vers Frenhofer » pour en faire « un prophète de l’art contemporain » et Cézanne (1839-1906) « voyait en Frenhofer un précurseur fictif ». [1] Quelques quatre-vingt ans après cette nouvelle de Balzac, le peintre Vassily Kandinsky (1866-1944), avec l’intuition d’un « univers artistique nouveau », [6] peindra le Tableau à la tache rouge (Centre Pompidou Paris) inspiré de son aquarelle de 1910 où le réalisme bascule vers une fongibilité du trait et de la lumière considérée comme le début de l’Art abstrait. [6] Cependant, si « l’œuvre ne représente rien, n’entend rien représenter d’autre que des couleurs et des formes » [6] elle existe en tant que telle avec son potentiel émotionnel car « rien n’est pas rien ». Le roman de Balzac a peu retenu l’attention du vivant de l’écrivain [1] mais il en sera tout autrement à partir du milieu du XXe siècle. C’est ainsi qu’il nous faut revenir à Pablo Picasso (1881-1973) qui sera sollicité en 1931, pour commémorer le centenaire de la première édition du Chef-d’œuvre inconnu, par le marchand d’art, galeriste et éditeur Ambroise Vollard (1866-1939) dont il avait fait un portrait cubiste en 1910 visible au musée Pouchkine de Moscou. Il faut dire que, pendant longtemps, « le Chef-d’œuvre inconnu fut à peu près impossible à illustrer. (…) Il fallut Picasso. » [1] Bien plus tard, en 1961 lors d’une interview, Picasso dira qu’en réalité il n’avait rien illustré et que « ce sont des choses de moi qu’on a ajoutées à un texte ». Il n’en reste pas moins que « l’artiste moderne qui incarnait le mieux le personnage de Balzac, c’était Picasso » [1], au point que « la rencontre Picasso/Frenhofer/Balzac est une fulgurance qui vous emporte. Picasso n’illustre pas. En un sens, il incarne. » (Dufrêne). [1] C’est « autour de 1980 » qu’a lieu un regain d’intérêt pour l’œuvre de Balzac et en 1991 Jacques Rivette (1928-2016) réalisera une libre interprétation du roman avec son film dénommé La Belle Noiseuse. Depuis lors, ce roman a continué de faire couler beaucoup d’encre et a inspiré les peintres.

Références

[1] Balzac H de. Le Chef-d’œuvre inconnu. Sous la direction de Thierry Dufrêne. Maison de Balzac, Paris Musées, 2021.
[2] Van Mander C. Le livre de peinture. Textes présentés et annotés par R. Genaille. Hermann 1965.
[3] Laneyrie-Dagen N. Le métier d’artiste. Dans l’intimité des ateliers. Larousse 2012.
[4] Langmuir E. National Gallery. Le guide 2006.
[5] Vasari G. Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes. Traduction et commentaires sous la direction d’André Chastel. Thesaurus Actes Sud 2005.
[6] Les Grands Evènements de l’Histoire de l’Art. Sous la direction de J. Marseille et N. Laneyrie-Dagen. Larousse 1994.