Nicolas Sarkozy soutient les ambitions de la Mutualité dans la gestion « déléguée » des maladies à 100 %

La Mutualité est, certes avec 38 millions d’adhérents (dont bon nombre, d’ailleurs ne le savent même pas), un « poids lourd » du mouvement social mais son rôle dans la débat politique de la santé ne manque pas d’ambigüit.. En appelant régulièrement à une protection sociale « de haut niveau » pour notre pays, elle plaide aussi pour sa propre chapelle : chaque progrès du 100 % lui procure autant d’économies ! Ces dernières années notamment, l’inflation des remboursements en ALD lui a été directement profitable, au point que l’an passé, le Gouvernement a pris l’initiative de taxer les régimes complémentaires d’un milliard d’euros, ce qui n’est pas mince.

Le système français d’avant-guerre

On avait été surpris de voir le Gouvernement s’en prendre de la sorte « au portefeuille » de cette citadelle politique ; on est aujourd’hui étonné de voir le même pouvoir sur le point de consentir à la même forteresse les clefs de la « gestion du risque » des maladies chroniques, dont la première caractéristique est justement de ne rien coûter aux complémentaires puisqu’elles sont « à 100 % » à la charge de l’Assurance Maladie obligatoire.

L’annonce de leur rôle nouveau dans la prise en charge « globale » de ces maladies constitue donc une « claque » monumentale de la part du Président de la République au régime général qui assure la gestion « au premier franc » de ces pathologies !

On aurait pu le concevoir s’agissant des régimes de fonctionnaires, type MGEN, qui gèrent simultanément les parts obligatoires et complémentaires, mais, au-delà de cette population, confier la gestion des ALD aux mutuelles, c’est confier l’électricité de la maison au plombier : il a certes une « certaine expérience » mais pas forcément pour la mission qu’on va lui confier…

Sacrée révolution donc car elle consacrerait ce que les économistes appellent un « nouveau paradigme », selon lequel la gestion du risque, métier de base des régimes obligatoires, pourrait être déléguée à des opérateurs divers. De nature mutualiste, voire privée demain ?

C’était le cas en France, avant guerre, où les caisses d’« assurances sociales » (c’est ainsi qu’on les désignait) étaient en concurrence pour percevoir les cotisations et rembourser les prestations. Au nombre de ces Caisses, il s’en trouvait bon nombre d’obédience mutualiste, mais c’est parce que ce mouvement avait eu une attitude ambiguë sous l’Occupation que le Général de Gaulle et les communistes avaient exclu la Mutualité de la gestion de la nouvelle « Sécurité Sociale » à la Libération.

Redéfinition des périmètres respectifs de l’obligatoire et du complémentaire

C’est encore le cas en Allemagne où des « Unions de caisses » (dont certaines mutualistes) co-gèrent avec les « Unions de médecins » le risque au premier franc dans le cadre d’une enveloppe « globale » régionale.

La Mutualité a fait connaître son intention de privilégier le système des forfaits dans sa relation future avec les professionnels de santé pour la prise en charge de ces ALD. Mais elle est restée délibérément peu prolixe sur le reste de la construction.

Il n’empêche : la complicité affichée de la Fédération Nationale de la Mutualité Française et du Président de la République, et le « cadeau » qu’il lui promet, semble bien inaugurale d’une nouvelle ère pour l’Assurance Maladie.

Sans doute transite-t-elle d’abord par une redéfinition des frontières de l’assurance obligatoire et complémentaire… On devrait en savoir plus sur ce sujet avec le prochain PLFSS, sous quelques mois.

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