Approche populationnelle : les premières expérimentations sont bien avancées

Les expérimentations de responsabilité populationnelle ont déjà permis de mettre en œuvre de nombreuses actions conduisant par exemple à faire évoluer l’organisation à l’hôpital sur les territoires concernés.

Le concept de responsabilité populationnelle consiste à rassembler l’ensemble des acteurs d’un territoire autour d’un objectif commun qui est la santé et le bien-être de la population. Ce modèle repose sur l’élaboration de programmes d’actions partagés allant de la prévention jusqu’à la prise en charge des patients pour le diabète ou l’insuffisance cardiaque. La Fédération Hospitalière de France (FHF) finance une telle expérimentation dans cinq territoires depuis 2018 (Deux-Sèvres, Cornouailles, Douaisis, Haute-Saône et Aube). 

A partir des données de santé de la population, les professionnels de santé d’un territoire définissent des problématiques de santé et mettent ensuite en œuvre un programme d’actions comprenant de nombreux axes de prévention, notamment du dépistage et la mise en œuvre de parcours de soins coordonnés ville-hôpital. Ce sont ainsi des parcours patients recentrés sur la pertinence clinique du soin qui sont mis en œuvre, permettant également de tendre vers un modèle de financement lié à la performance.

De plus, une telle approche très locale permet d’appréhender les difficultés spécifiques de chaque territoire, par exemple la rareté de certaines spécialités médicales (en mettant le bon professionnel au bon endroit) et les ruptures entre la transition ville-hôpital.

Parmi les actions mises en place, on trouve par exemple un travail conjoint mené avec la médecine du travail de plusieurs entreprises. Le recours à des bornes tactiles avec de très grands écrans ont permis de proposer des autoquestionnaires sur le diabète et l’insuffisance cardiaque. Les salariés ont pu s’autotester sans forcément l’intervention du médecin ou de l’infirmière du travail et, comme ils laissaient leurs coordonnées, ils pouvaient être recontactés et intégrés dans un parcours avec leur médecin traitant.

Autre action, la mobilisation des équipes pour aller chercher des populations très éloignées du système de soins dans un bassin de 250 000 habitants où le taux de mortalité prématurée est de 35 % supérieur à la moyenne nationale, le taux de renoncement aux soins de 26 % et le recours aux soins très tardif, causant des difficultés aux services d’urgence. Le projet « l’hôpital hors les murs » a permis d’aller vers la population grâce à des équipes mobiles de médecins hospitaliers spécialisés. Ceux-ci sont allés parler de prévention dans les quartiers prioritaires et des infirmières font des dépistages de maladies à forte prévalence et sous-diagnostiquées. Ce projet s’est fait en collaboration avec les structures sociales et les collectivités territoriales.

Conséquence de cette nouvelle approche : l’organisation de l’hôpital évolue avec par exemple le développement des hôpitaux de jour – en diabétologie et en insuffisance cardiaque –, le sens donné à la prévention, la diminution des hospitalisations complètes, la création de circuits courts de prise en charge…

Les bénéfices attendus sont la réduction des urgences inappropriées sur une spécialité et du recours tardif aux soins, mais aussi une meilleure connaissance par la population des facteurs de risque. L’impact sur la consommation de soins comme le recours aux urgences sera régulièrement suivi grâce aux données de santé. Par ailleurs, les actions de prévention vont se multiplie en particulier avec les pharmaciens d’officine.

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