Après l’œnologie, la biérologie

beers on bar counter
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367 – Vincent Blanchard – A l’instar des concours d’œnologie, la dégustation à l’aveugle fait bien évidemment partie des épreuves. Mais pas seulement. Pour décrocher le titre tant convoité, tous les jeunes biérologues doivent réaliser des tests d’association mets-bières mais aussi proposer une recette de cocktail de bières. A l’issue d’une journée complète passée à déguster blondes, brunes et autres blanches – toutes artisanales –, c’est un jeune homme de 23 ans qui décroche la palme. Antoine Vidal est le nouveau meilleur biérologue de l’année 2013, un titre décerné tous les ans depuis 2005.

L’intérêt des bières artisanales

Car la biérologie est un phénomène récent qui va de pair avec l’intérêt croissant de la population pour les bières artisanales. « Les mentalités sont en train d’évoluer et les gens apprécient désormais déguster une bonne bière, pas une bière industrielle sans saveur », note Antoine Vidal. Lui aussi participe de ce mouvement. Comme un œnologue, il maîtrise les étapes de fabrication de la bière. Et comme un sommelier, il est capable d’accorder un plat avec une bière particulière. Et ainsi d’orienter les amateurs pour leur faire découvrir autre chose. Dans un pays tourné davantage vers la culture vinicole que brassicole, le chemin est encore long. « Mais il y a un vrai intérêt pour la bière artisanale depuis quelques années », poursuit-il.

Pour preuve, le nombre de brasseries artisanales explose. De 293 en 2008, il en existe désormais près de 500, dont 84 nouvelles en une année, selon le très sérieux Annuaire des brasseries françaises publié chaque année. La France possède désormais une solide base autour du houblon. Les brasseurs artisanaux prennent de plus en plus de poids par rapport aux géants industriels qui ont longtemps dominé voire écrasé le marché. « Nous nous sommes regroupés avec trois autres brasseurs pour mettre nos moyens en commun, améliorer la qualité de nos produits et faciliter les livraisons en France », explique Vivien Remond, un jeune brasseur de 23 ans, qui produit la Sainte Cru en Alsace. En dix-huit mois, il est passé d’un brassin tous les dix jours à deux brassins par semaine. Il entend bien poursuivre sa croissance en multipliant par deux sa production dès l’année prochaine.

L’éducation de l’amateur

Mais son développement et celui des 500 brasseurs artisanaux français passent aussi par l’éducation de la population, trop habituée à associer un vin rouge avec une viande ou un vin liquoreux avec du fois gras. « Le travail des biérologues est important dans ce sens car nous sommes là pour expliquer comment se déguste une bière avec quel plat on peut l’associer suivant la typicité de ses saveurs », poursuit Antoine Vidal. L’univers de la bière s’apprend aussi depuis peu à l’université où les formations se multiplient comme à Nancy ou à La Rochelle. « Toutes ces avancées vont dans le bon sens », note-t-il.

Tout juste diplômé en restauration, lui a décidé de promouvoir les bières françaises autrement. Il vient de participer au lancement de MaBièreBox avec deux jeunes entrepreneurs. Tous les mois, il propose à ses abonnés de les former en leur envoyant un coffret de bières artisanales qu’il a lui-même sélectionnées. Une idée simple et originale pour combiner plaisir de la bière et éducation du plus grand nombre. Un pas de plus pour faire reconnaître son breuvage de prédilection et redonner ses lettres de noblesse à un produit trop longtemps sous-estimé.

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