Une décision unilatérale et sans préavis : début septembre, l’Assurance-maladie annonçait la baisse d’environ 10 % de 25 actes de biologie médicale. Les biologistes ne cèderont pas.
Les laboratoires de biologie médicale seront fermés du vendredi 20 au lundi 23 septembre inclus. Cette décision survient dans un contexte de bras de fer entre l’Assurance-maladie et les biologistes médicaux des secteurs libéraux et hospitaliers.
En effet, la CNAM a annoncé début septembre qu’elle entendait baisser les tarifs des actes de biologie de près de 10 %. Cela porte à 20 % la baisse exigée des biologistes sur ces deux dernières années, alors que l’inflation progresse et que les charges augmentent.
Des mesures contraires au protocole
Plus grave, ces mesures sont contraires au protocole signé en 2023 entre la CNAM et les biologistes. Pour se justifier, la CNAM explique que les estimations sur lesquelles était basé ce protocole étaient erronées… alors qu’elles avaient été transmises par ses propres services.
Cette nouvelle baisse menace tout particulièrement les laboratoires indépendants qui doivent déjà lutter contre la financiarisation et la forte concentration du secteur. Ainsi 70 % des presque 4 000 laboratoires appartiennent à six groupes financiarisés. Les 30 % restant tentent de fonctionner dans le cadre d’une mise en réseau (Les biologistes indépendants, LBI) pour mutualiser leurs moyens et investir dans les innovations technologiques. Ces laboratoires ont d’ores et déjà annoncé les conséquences de la décision de l’Assurance-maladie :
- fermeture des sites les plus fragiles, en particulier dans les déserts médicaux ;
- réduction des horaires et des jours d’ouverture ;
- diminution du personnel administratif et paramédical sur les sites.
De plus, les laboratoires arrêteront leur activité dès lors que l’Assurance-maladie suspendra le remboursement des actes de biologie médicale une fois atteinte l’enveloppe des dépenses prévue pour cette année.
Des actions à l’encontre des déclarations d’intention
A l’heure du virage ambulatoire et alors que l’Assurance-maladie prétend développer la prévention, force est de constater que les actions des pouvoirs publics vont à l’encontre de leurs déclarations d’intention. Pour Lionel Barrand, président du syndicat Les biologistes médicaux, « Thomas Fatôme joue au pompier pyromane. Il dit vouloir lutter contre la concentration du secteur, mais il fait tout pour accélérer le mouvement ».
Les syndicats ont lancé plusieurs actions en justice pour faire annuler la décision de l’Assurance-maladie. Dans l’attente d’un jugement, les patients souffriront des décisions aberrantes d’un directeur de l’Assurance-maladie à qui les biologistes médicaux n’accordent plus aucune confiance.
Nathalie Zenou
© PeopleImages.com – depositphotos