Bons élèves ?

284 – Comme l’écrit très justement Jean-Pol DURAND ailleurs dans ce site, les médecins libéraux apparaissent, pour une fois, comme les bons élèves de la maîtrise médicalisée.

Certes l’année n’est pas terminée, mais pour la première fois depuis 10 ans l’évolution des dépenses de ville dans leur ensemble et notamment des honoraires médicaux est inférieure à l’objectif national (ONDAM) ; et cela alors que, à l’inverse, on assiste à un dérapage imprévu des dépenses hospitalières qui, elles, dépassent largement l’enveloppe votée au Parlement.

C’est justement le moment que choisit le Gouvernement pour menacer les médecins libéraux d’un taux d’évolution des dépenses pour la médecine de ville inférieur à 1 % pour 2006 tandis que les établissements hospitaliers seraient à près de 4 % et bénéficieraient en quelque sorte d’une prime au laxisme.

Au moment où les médecins spécialistes s’efforcent manifestement de jouer le jeu du parcours de soins, le retour à la maîtrise comptable – avec un taux pour 2006 en réalité négatif si l’on tient compte de l’accroissement inéluctable de la consommation médicale lié au vieillissement et à l’évolution des techniques – rappelle les années sinistres des méthodes JUPPÉ et risque, en cassant la confiance, de compromettre la réussite de la réforme.

D’autant que, dans le même temps, le rapport de la Cour des Comptes qui fustige avec une injustice flagrante et une mauvaise foi à peine dissimulée les professionnels de santé, libéraux surtout, n’est pas de nature à calmer le corps médical.

Dans ce rapport sur 2004, Philippe SEGUIN, président de la Cour des Comptes, ancien ministre des Affaires Sociales, n’y va pas par quatre chemins : il accuse les médecins libéraux de ne pas jouer le jeu de la maîtrise médicalisée (alors qu’en 2004 celle-ci n’avait pas encore été mise en place) et leur reproche une évolution trop favorable en matière de revenus : 1,3 % par an pour les généralistes, 1,9 % pour les spécialistes ce qui est bien supérieur, selon lui, à la progression du pouvoir d’achat des salariés du secteur privé comme du secteur public.

Ce qu’il oublie de dire en ces longues années de blocage d’honoraires c’est que cette évolution n’est que la conséquence de l’augmentation de l’activité individuelle avec un accroissement de la durée hebdomadaire du travail médical de 50 à 56 heures en moyenne, au moment où celle des salariés passait de 39 à 35 heures.

Faut-il refuser de répondre à la demande des soins qui, nul ne l’ignore, est fatalement en augmentation permanente ?

Faut-il une fois pour toutes lier le niveau des dépenses de santé à la croissance du pays ? Docteur Christian AVIÉRINOS, 22 septembre 2005