Cardiologie dans les Hauts-de-France – un défi majeur de santé publique face aux déserts médicaux

Frédéric Fossati.
UNE RÉGION À HAUTE INCIDENCE DE MALADIES CARDIOVASCULAIRES
Les Hauts-de-France font face à un défi cardiovasculaire majeur. Entre 2021 et 2023, la région affichait un taux d’incidence hospitalière pour cardiopathie ischémique de 467/100 000 habitants, dépassant la moyenne nationale de 459/100 000. Cette sur-morbidité se traduit par environ 20 000 hospitalisations annuelles dans la région.
L’insuffisance cardiaque présente un tableau encore plus préoccupant ; avec une incidence régionale de 423/100 000 habitants contre 344/100 000 au niveau national, la région enregistre près de 17 640 hospitalisations par an. La mortalité cardiovasculaire régionale (67/100 000) dépasse également la moyenne nationale (59/100 000), soulignant, si besoin en était, l’ampleur de l’enjeu de santé publique.
UNE DÉSERTIFICATION MÉDICALE QUI S’AGGRAVE
La situation démographique médicale des Hauts-de-France s’est nettement dégradée. En 2022, 72,4 % de la population régionale – soit environ 4,6 millions de personnes – vivait en zone sous-dotée, contre 64,8 % précédemment. Cette progression inquiétante s’est traduite par l’ajout de 800 000 habitants supplémentaires dans ces zones déficitaires.
Parmi ces territoires, 44 sont classés en « zone d’intervention prioritaire », avec une densité médicale moyenne de seulement 50 médecins pour 100 000 habitants, bien en deçà des 79 pour 100 000 de la moyenne régionale. Cette répartition inégale génère des disparités territoriales majeures compromettant l’accès aux soins spécialisés.
DES DISPARITÉS DÉPARTEMENTALES CRIANTES
L’analyse départementale révèle des différences entre départements : l’Aisne et l’Oise sont entièrement considérés comme zones prioritaires, tandis que le Pas-de-Calais enregistre 94 % de sa population en zone sous-dotée. Le Nord (64,2 %) et la Somme (42,3 %) s’en tirent légèrement mieux et complètent ce tableau néanmoins préoccupant.
Ces chiffres masquent en outre de grosses disparités entre les zones urbaines, plutôt bien dotées comme la métropole lilloise et les zones rurales ou semi-urbaines créant ainsi un véritable fossé.
Les médecins continuent de déserter les territoires ruraux, aggravant ainsi une situation déjà critique.
LE RÔLE STRATÉGIQUE DU SYNDICAT RÉGIONAL
Le Syndicat des cardiologues des Hauts-de-France déploie une action structurée autour de trois axes fondamentaux :
• Des discussions auprès des institutions (ARS, Universités) constituant un premier pilier, visant à renforcer les incitations à l’installation de jeunes cardiologues et sécuriser l’accès territorial aux soins spécialisés. Cette approche doit permettre d’influencer les politiques publiques locales en faveur de la cardiologie libérale.
• La formation médicale continue : en partenariat avec le Syndicat National des Cardiologues (SNC), FormatCoeur et Inforcard, le syndicat régional organise des sessions de formation médicale continue et de développement professionnel continu « mixtes » public-privé, afin de susciter l’émergence de vocations libérales.
• L’intégration de stages libéraux dans le cursus de formation des internes en cardiologie, afin d’attirer d’éventuels futurs cardiologues vers l’exercice privé.
PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES
L’avenir de la cardiologie régionale repose sur plusieurs leviers d’action. La redistribution des cardiologues vers les zones de moindre densité doit s’appuyer sur l’optimisation des aides existantes et une meilleure communication entre les praticiens.
L’amélioration de l’attractivité territoriale nécessite un soutien financier accru aux projets d’installation, complété par des mesures d’accompagnement global : logement, écoles, services publics. Cette approche holistique reconnaît que l’installation médicale dépend de facteurs multiples.
La mise en œuvre de parcours de soins coordonnés, notamment pour les insuffisants cardiaques, en s’inspirant de modèles comme les Équipes de Soins Spécialisées (ESS) en cardiologie ou les Structures de Liaison Libéral-Hospitalier (SLL), pourraient optimiser la prise en charge et l’utilisation des ressources disponibles.
CONCLUSION : UN DÉFI RÉGIONAL STRUCTURANT
Les Hauts-de-France illustrent parfaitement les défis contemporains de la cardiologie française : haute prévalence cardiovasculaire, désertification médicale progressive et inégalités territoriales croissantes.
Dans ce contexte, le syndicat régional joue un rôle déterminant : défendre l’exercice libéral, structurer la formation et favoriser l’installation par des actions ciblées et partenariales.
L’avenir de la cardiologie régionale dépendra de la capacité collective à coordonner les efforts institutionnels, syndicaux et professionnels pour transformer ces défis en opportunités d’innovation organisationnelle et de renouveau démographique médical pour le bien de nos concitoyens.
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