Chiroubles Chatenay 2018 – Beaujolais

Démarche iconoclaste, j’ai dérogé à la tradition familiale plus que cinquantenaire de se fournir en Beaujolais auprès de Rémi Benon (voir Le Cardiologue n°340) en rendant visite au domaine Daniel Bouland. Je dois d’emblée avouer avoir été conquis.

Ce vigneron est installé dans le hameau de Corcelette, siège de l’un des meilleurs terroirs du cru Morgon. Il possède 8 ha, exclusivement plantés en gamay, hérités des vieilles vignes de ses aïeux. D. Bouland représente le vigneron artisanal caricatural du Beaujolais. Il travaille seul (en dehors de quelques saisonniers) dans son vignoble, dont la majeure partie est constituée de vieilles vignes taillées en gobelet, pour certaines centenaires. Ses jeunes parcelles ont été plantées avec des sélections massales de ses ceps les plus anciens. Le vigneron accomplit un travail de titan dans ses vignes, dont beaucoup, très pentues, ne peuvent être traitées que manuellement. Sa science de la taille et de l’ébourgeonnage est remarquable. S’il reste en conventionnel, il n’en limite pas moins les apports chimiques autant que possible. Il utilise des herbicides, car il ne peut laisser pousser l’herbe sur les déclivités très importantes. Les rendements sont naturellement maîtrisés aux alentours de 50 hl/ha par l’âge des vignes. La vendange est évidemment manuelle (obligatoire dans l’AOC) avec des tris méticuleux.

Des cuvées remarquables

Le travail à la cave est, à la fois, simple et particulièrement soigneux. Les cuvées sont toutes vinifiées de la même manière en vendanges entières. Seul, le contenant d’élevage change. Les vins fermentent uniquement en levures indigènes en semi-carbonique selon la méthode beaujolaise traditionnelle. Les macérations durent 10 à 12 jours avec un remontage matin et soir, un pigeage en fin de fermentation. Les vins sont ensuite élevés en cuve inox et en foudre pendant 6 à 9 mois. Daniel favorise la présence de gaz, pour protéger ses vins pendant l’élevage et limiter la quantité de soufre ajouté. Les vins sont soutirés
15 jours avant la mise avec 2 objectifs : ôter le gaz et éliminer la réduction. Les vins sont soufrés à la vendange, puis après malo-lactique, ajustement si besoin à l’embouteillage, sans filtration. Daniel passe beaucoup de temps à la cave comme à la vigne à tous les stades de la vinification, goûte beaucoup et est très attentif à toute évolution n’hésitant pas à multiplier les analyses.

Lors de ma visite, j’ai rencontré un vigneron d’abord peu disert, très anxieux sur son travail et sur le jugement qu’on pourrait y apporter, mais qui se révèle progressivement très sympathique. J’ai goûté de nombreuses cuvées qui me sont toutes apparues remarquables : Côte de Brouilly corsé très aromatique, Morgon impressionnant de richesse, de puissance et pour tout dire envoûtant, mais qui, compte tenu du jeune millésime 2018, restent encore très austères et taniques, nécessitant une garde d’au moins 4 ans. C’est pourquoi je vous propose de déguster son Chiroubles, car cette appellation produit des vins fruités, élégants à boire dès leur prime jeunesse.

Un véritable mur impossible à labourer

Chiroubles, perché à plus de 400 m, est le plus haut des crus du Beaujolais sur un sol de gore (sable granitique peu épais). D. Bouland possède 70 ares en pentes très fortes, un véritable mur, dit-il, impossible à labourer, travaillé exclusivement à la main, traité à l’atomiseur pour contenir l’enherbement. A noter un élevage en cuves fibres, afin de tirer un maximum de fruité en évitant tout apport de bois.

Paré d’une robe pourpre claire aux brillants reflets violines, ce Chiroubles Chatenay du millésime solaire 2018 est une petite merveille d’équilibre et de friandise. Des arômes de fleurs : violette, pivoine, de fruits rouges acidulés : fraise des bois, framboise, cerise burlat, de légères notes de cassis et de prune rouge envahissent le nez et tapissent le palais. Avec cette « patte » de D. Bouland, le vin délivre immédiatement une impression tellement gourmande avec le juste équilibre qui en fait le modèle de Chiroubles. La bouche juteuse, pulpeuse révèle des saveurs très fruitées, d’aériens tanins veloutés. La finale, bien portée par une fine trame acide, reste énergique, croquante et salivante.

Des vins de copains

Les Beaujolais à boire frais et jeunes, tel ce Chiroubles, sont des vins d’ambiance, de copains. Ils escortent gaillardement les mets rustiques et en premier lieu, proximité régionale oblige, les lyonnaiseries de toutes sortes : les saucissons secs : jésus et rosette, les jambons crus, salés ou persillés, les pâtés divers, les terrines, notamment au lapereau ou au foie de volaille. Les classiques de la cuisine lyonnaise seront flattés par sa fraîcheur et son fruité qui équilibrent le gras des plats : tablier de sapeur, sabodet à la vigneronne, gras-double, pied de porc, choux farcis aux épices, andouillette grillée pommes pont-neuf. Un pigeon ou une pintade rôtie, un petit salé aux lentilles, un rôti ou un travers de porc à l’aigre-doux s’accommoderont parfaitement de l’exubérance des parfums de ce Chiroubles qui, de façon plus étonnante, se mariera parfaitement avec un saumon à l’oseille. En fin de repas, le gras d’un reblochon, d’un vacherin crémeux seront équilibrés par la fraîcheur du vin.

Laissons conclure le « gourou » Robert Parker : « Vins succulents… Daniel Bouland offre une interprétation particulièrement gourmande, une concentration fine et une longue finale qui font claquer les lèvres ». Et en terme d’offre, le rapport qualité-prix (10 euros) s’avère exceptionnel.

Daniel Bouland Corcelette
69910 Villie-Morgon




Les cardiologues au rendez-vous de l’innovation organisationnelle

Les cardiologues libéraux ont toujours eu un œil sur le futur. En témoignent leurs Livres Blancs élaborés par  le Syndicat National des Cardiologues (SNC) consacrés à « L’avenir de la cardiologie libérale ». L’un, en 2000, livrait « 10 propositions pour les 10 prochaines années », l’autre, en 2008, recommandait de « conduire des expériences d’éducation et d’accompagnement thérapeutique du patient » et de « soutenir le regroupement volontaire et modulaire des cardiologues, la coopération avec les autres spécialités et professions, dans l’indépendance professionnelle ». 

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Les 50 ans d’internet – 4e partie

Notre dernière partie des 50 ans d’internet est consacrée à la tech-santé. Si la venue de l’informatique a développé le domaine de la Santé, l’introduction ces dernières années de l’IA, de la RA, (1) du machine learning et des datas données a considérablement changé la gestion de tous les secteurs de la santé. En ce début d’année 2020, un autre paramètre est venu bouleverser l’e-santé : la pandémie liée au coronavirus et les répercussions qu’elle générera.

L’ère de la santé

Amorcée dans les années 1970, l’ère de l’informatique et du numérique a permis le développement des recherches clinique et technologique (logiciels, matériels, numérisation des premiers projets de dossiers patients).

Comme tous les domaines, la santé est aujourd’hui largement influencée par le web : hôpital numérique (développement et modernisation des Systèmes d’Information Hospitaliers [SIH]), patients-acteurs de leur santé, télémédecine, suivis des traitements, dossiers médicaux, objets connectés, applications santé… les sujets sont nombreux. 

La conjugaison de la santé et du numérique offre des perspectives sans limites. 

Il est aussi sujet à des malversations comme le hacking, les fake-news, les stalkers ou le vol d’informations ou de données.

Les domaines de l’e-santé

  • La télémédecine. C’est le domaine de la téléconsultation, de la téléexpertise, de la télésurveillance, de la téléassistance et de la régulation médicale.
  • Les systèmes d’information en santé. Systèmes d’Information Hospitaliers, dossier patient informatisé, information partagée…
  • La télésanté. Services de suivi et de prévention avec objets connectés, applications mobiles, plateformes web.
  • La m-santé. Applications mobiles ou web, objets connectés, communautés de patients, portails d’information de santé.
  • Les dispositifs de soins. Systèmes d’Information Hospitaliers (SIH) internes, systèmes d’information partagés, systèmes d’information embarqués, dispositifs de télémédecine.
  • Les données. Dispositifs de collecte et de stockage des données, traitement algorithmique de données massives. Nous sommes ici à l’épicentre de l’e-santé. Et les acteurs y sont nombreux ! Les Gafam en tête s’y sont lancés il y a déjà plusieurs années afin d’imposer leur prise de pouvoir, car tout le futur de la médecine se trouve ici (voir Le Cardiologue 419). Il faut dire que ce marché mondial du numérique est estimé à plus de 230 milliards de dollars d’ici à trois ans, (2) ce qui a de quoi aiguiser les appétits !

En raison de leurs puissances financières, le développement du marché de la e-santé ne peut se faire sans les Gafam, même si leurs interventions diffèrent. Microsoft et Facebook, par exemple, se positionnent sur les données. Google travaille sur des projets d’Intelligence Artificielle (IA) et Apple continue le développement de l’Apple Watch permettant notamment de réaliser un électrocardiogramme directement depuis le poignet (voir Le Cardiologue 429).

Des entreprises françaises telles Withings, La Poste, Orange ou de nombreuses start-up y portent également leurs ambitions, tant dans le big data que le développement des technologies issues de données. 

Ces données sont également le domaine des technologies d’intelligence artificielle, de la réalité augmentée (chirurgie notamment et le recalage dynamique) ainsi que du machine learning qui donne la faculté à un ordinateur d’améliorer ses performances afin de résoudre des tâches sans avoir été programmé.

  • La Healthtech. L’avenir est dans l’IA, ou Intelligence Artificielle, qui est un ensemble technologique (neurobiologie computationnelle, logique mathématique et informatique) capable de simuler l’apprentissage et/ou le raisonnement. Elle devrait être complètement mature d’ici 2030. (3)

Elle s’est essentiellement développée dans les secteurs de l’imagerie, du diagnostic, du développement de médicaments et du traitement des données médicales, indispensable aux besoins de traitement algorithmique.

La stratégie politique

Mais rien ne pourrait fonctionner si les pouvoirs politiques ne mettaient pas en place des stratégies innovantes. C’est Marisol Touraine qui a présenté en 2016 la stratégie nationale e-santé 2020, s’articulant autour de quatre axes (4) :

  • développement de la médecine connectée à travers un plan « big data » en santé. Ce plan permettra par exemple la mise au point de nouvelles applications de suivi à distance ou d’interprétation des données médicales pour assister les médecins dans leurs diagnostics ;
  • encouragement de la co-innovation entre professionnels de santé, citoyens et acteurs économiques par le lancement d’appels à projets dédiés à l’e-santé ou le développement de living labs (5) afin d’imaginer, en lien direct avec les utilisateurs, la médecine de demain ;
  • simplification des démarches administratives des patients (admission, prise de rendez-vous en ligne, etc.) et outiller la démocratie sanitaire à l’aide d’une plateforme numérique facilitant la consultation et la participation des usagers ;
  • renforcement de la sécurité des systèmes d’information en santé grâce à un plan d’action dédié.

Cette orientation politique devrait permettre à la France de rester à la pointe en matière d’innovation et « d’entrer pleinement dans l’ère de la médecine digitale ». Agnès Buzyn a continué ce mouvement avec la création d’une délégation ministérielle du numérique en santé, de l’Agence du Numérique en Santé et du Conseil numérique en Santé.

Hacker, fake-news et désinformation

Mais ces évolutions de la healthtech vont de pair avec les questions essentielles de sécurité et un besoin conséquent de compétences et d’outils dans le domaine de la cybersécurité appliqués à l’e-santé.

C’est un secteur sensible par les données qu’elle génère et l’économie qu’elle suggère. 

Les fake-news ou désinformation

Comme tout secteur d’activité, les désinformations ou fake-news sont nombreuses en Santé et les exemples ne manquent pas : « piquer les doigts et les oreilles d’une personne pendant une crise cardiaque peut lui sauver la vie », « l’eau salée peut guérir d’Ebola »… Lors de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire de la pandémie du Covid-19, des retweets de comptes de différents pays sont soudainement apparus afin de contribuer à une désinformation organisée pour nuire à la politique et aux systèmes de santé des pays concernés.

Les hackers ou cyberattaques

Faux e-mails, fausses notes internes ou fausses alertes, l’inspiration des hackers est sans limites. Lors de l’épidémie du Covid-19, les spécialistes n’avaient jamais vu autant de campagnes de spams d’une telle ampleur (Google bloque chaque jour 18 millions de tentatives d’arnaque). Même l’OMS s’en était émue. Les cybercriminels ont surfé sur la peur. C’est d’ailleurs en partant de ce constat qu’un collectif international de 400 experts a été créé afin de lutter contre les piratages des institutions situées en première ligne face à la pandémie.   

Ces attaques, pour certaines, auraient pu avoir des conséquences redoutables. Les serveurs de l’AP-HP, par exemple, ont subi une attaque par déni de services (DDos) au cours de laquelle, brutalement surchargés de requêtes inutiles, ils ont été noyés et rendus inaccessibles. Le département américain de la santé et des services sociaux a également subi une cyber-attaque orchestrée pour ralentir les systèmes informatiques et déstabiliser l’institution. Le site de la Sécurité sociale italienne visé par des pirates a dû fermer alors même que les demandes d’aides liées au Covid-19 s’accumulaient. Plus récemment, les hôpitaux tchèques ont subi une tentative d’attaque, bloquée avec succès.

Covid-19 : Le retournement de situation

La crise sanitaire actuelle pourrait changer le cours de l’histoire de la healthtech. Des appels à projets sont lancés pour désengorger le système de soins avec des solutions concrètes (information, soins à domicile, suivi des patients, prise en charge médicale, etc.). [6]

Dans un autre registre, un groupe de médecins plaide pour le recours à l’IA via la méthode CovidIA (7) qui mettrait « en œuvre des modèles d’intelligence artificielle à partir d’hypothèses de départ sur la maladie et de résultats de tests combinés à des données issues de la géolocalisation, de manière contrôlée, anonyme et agrégée ».

Dans le Grand Est, le nombre de téléconsultations multiplié par cinq interroge pour la suite à donner à cet élan informatique, notamment pour des patients suivis régulièrement, certains médecins se demandant si une partie de leur activité n’allait pas devenir de la téléconsultation.

Cette mobilisation a fait ressortir l’illettrisme et les difficultés qu’ont un certain nombre de Français à accéder aux réseaux ou simplement à un ordinateur.

La « facilitation » numérique

Ces difficultés d’accès au numérique ne doivent pas faire oublier qu’envoyer un e-mail ou télécharger une attestation n’est pas donné à tout le monde. Une tranche importante de la population française (21 % selon une enquête de l’Insee en 2019) manque d’équipement informatique, a des difficultés d’usage ou se trouve en zone blanche. Cette situation actuelle a [enfin] poussé le gouvernement à raccorder tout le pays en très haut débit d’ici deux ans.

Conclusion

L’e-santé, qui s’est bâti avec une agrégation de technologies, connaît un développement exponentiel dû à la transition digitale et aux innovations. Reste une nécessaire mobilisation de tous les acteurs pour qu’une coordination des actions et de la recherche de synergies soit la plus efficace possible dans l’intérêt des patients, des médecins et de tous les acteurs liés à l’exercice de la Santé.

Pascal Wolff

(1) IA : Intelligence Artificielle – RA :  Réalité Augmentée
(2) bpifrance.fr
(3) bpifrance.fr
(4) Document du ministère de la santé à télécharger sur notre site au format pdf.
(5) Le living lab est une méthodologie où citoyens, habitants, usagers sont considérés comme des acteurs clés des processus de recherche et d’innovation.
(6) coalitioncovid.org
(7) reseau-healthtech.fr




L’attraction des MSP sur les jeunes généralistes

Une étude de l’IRDES montre que dans les territoires périurbains et les marges rurales médicalement sous-dotés, l’implantation de Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) attirent les jeunes médecins généralistes et infléchit ainsi positivement l’évolution de l’offre de soins.

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Cap sur l’innovation pour les cardiologues

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Les CPTS en pleine action

De même que l’épidémie de coronavirus a accéléré de façon spectaculaire la pratique de la télémédecine, elle contribue aussi à « booster » les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) un peu partout en France. 

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Article 51 Innovation en santé

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Assemblée Générale SNC 2020 – Compte-rendu de l’année 2019

Le Dr Binon ouvre la séance, ce samedi 1er février 2020, et remercie les présents. Les Drs Cyril Zakine et Adrien Salem sont nommés secrétaires de séance.

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Rapport moral du Président

Par le Dr Jean-Pierre Binon. Nous voici une nouvelle fois réunis pour notre assemblée générale annuelle à Paris. En ce même lieu, nous étions l’année dernière cernés par les gilets jaunes, les forces de l’ordre et les gaz lacrymogènes. Espérons ne pas revivre ces moments avec les gilets rouges ! Les français ont beaucoup souffert dans leur quotidien de la grève des transports, sans doute encore plus les parisiens. Nous-mêmes n’avons pu tenir normalement le CA du mois de décembre et avons été contraints d’annuler la formation sur la maitrise de stage.

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La Présentation de Jésus au Temple – Une histoire de famille. 2e partie

La carrière du peintre vénitien Giovanni Bellini (v.1433-1516) fut longue et admirable, faisant de lui l’un des plus grands maîtres de la peinture occidentale auprès duquel se formeront des artistes prestigieux tels que Giorgione (1478-1510), Sebastiano del Piombo (v.1485-1547) et Titien (v.1485-1576).

Au début de sa carrière, Giovanni Bellini a pu s’inspirer de la peinture de son beau-frère Andrea Mantegna né près de Padoue mais « il en atténua le réalisme cru par une plus grande douceur et un chromatisme d’une transparence lumineuse ». Avec lui commence « la peinture vénitienne des temps nouveaux ». La carrière d’Andrea Mantegna (v.1431-1506) fut également remarquable bien que moins prestigieuse. Le thème de La Présentation de Jésus au Temple nous donne l’opportunité de faire connaissance des liens familiaux et artistiques qui unissaient ces deux peintres exerçant alors leur art bien souvent en famille, à l’instar d’autres familles vénitiennes telles que les Vivarini puis les Tiepolo, contrairement aux peintres florentins plus individualistes. Il nous est permis ainsi d’étudier les influences réciproques à une période qui voit s’exprimer à Venise des artistes hors du commun qui vont grandement contribuer à l’Histoire de l’Art européen.

Giovanni Bellini. La Présentation de Jésus au Temple. Vers 1470. Huile sur bois. 80×105 cm. Galerie Querini-Stampalia, Venise

A quelques années d’intervalle, Andrea Mantegna puis Giovanni Bellini firent deux peintures sur le même thème, La Présentation de Jésus au Temple mais ce n’est pas pour autant que les deux versions sont similaires, à commencer par l’aspect technique puisque Mantegna utilise une peinture a tempera dite aussi  à la détrempe  où les pigments sont délayés dans de l’eau avec un liant, en l’occurrence de l’œuf et sur une toile (canevas) alors que Bellini utilise une peinture à l’huile sur panneau [3]. C’est à Padoue que Mantegna a pu admirer les fresques de Giotto (v.1267-1337) dans la Chapelle des Scrovegni [5,8] avec, entres autres, deux « Présentation au Temple », d’abord celle de la jeune Marie accueillie par le grand prêtre Siméon qui est (déjà) âgé comme en témoigne « sa barbe grise flottante » et que nous retrouvons, tel qu’en lui-même, avec le petit Jésus c’est-à-dire une génération plus tard mais il est vrai que l’Esprit Saint l’avait informé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Ainsi, lorsqu’il vit le petit Jésus il s’empressa de dire : « nunc dimittis » (maintenant je peux partir), «Maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ». A l’étonnement des parents il rétorque : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division, et ton cœur sera transpercé par une épée ». Giotto nous montre, d’une composition à l’autre, deux points de vue différents du Temple avec ou non les colonnes torses dites salomoniques ; les personnages sacrés ont une auréole dorée de façon pleine et entière alors qu’elle se résume à un liseré doré chez Mantegna pour disparaître complètement chez Bellini, les protagonistes devenant alors plus humains avec « des expressions moins violentes, des couleurs plus intenses, des ombres plus subtiles » alors même que le cadre de marbre de Mantegna se résume chez Bellini à un simple parapet pendant que les personnages latéraux passent de deux à quatre. Giotto nous montre un Enfant Jésus richement vêtu, libre de ses mouvements puisqu’il tend son bras droit vers sa mère qui vient de le confier à Siméon, alors que nos deux peintres du XVe siècle nous le montrent strictement emmailloté dans des langes qui entravent ses mouvements et préfigurent son futur linceul. L’Enfant se tient debout sur un coussin, étroitement tenu par sa mère, dans un geste prémonitoire et qui appréhende de le confier au vieux prêtre ; la Vierge appuie son coude droit sur le rebord de marbre, symbole de la tombe ; chez Mantegna l’Enfant Jésus pleure. On est bien loin de la composition de Giotto avec le couple de tourterelles que tient Joseph, la prophétesse Anne avec son rouleau de prophéties et au-dessus de laquelle virevolte un ange. 

Autoportrait présumé de Giovanni Bellini. La Présentation de Jésus au Temple (détail).

Le tableau de Mantegna a pu être peint en 1453, l’année de son mariage avec Nicolosia, ou l’année suivante pour commémorer la naissance de leur fils ; le rendu des détails y est remarquable avec les broderies des vêtements et la « barbe fleurie » du patriarche biblique. La scène est « théâtrale » au sein d’un cadre fermé alors que la version de Bellini faite probablement vers 1470 à partir d’un même dessin (comme en témoigne en particulier la superposition quasi parfaite des représentations de la Vierge et de l’Enfant), est plus familiale, moins formelle puisque les personnages vêtus plus simplement ont en grande partie perdu leur caractère sacré avec la suppression des auréoles. Chez Bellini, les protagonistes que sont Siméon de profil et Joseph vu de face (peut-être Jacopo) sont moins sévères, la Vierge restant immuable d’une version à l’autre, toute à son inquiétude maternelle de devoir confier ce jeune enfant à ce vieux prêtre à la « sainteté rébarbative » surtout chez Mantegna qui nous montre deux personnages latéraux ; le garçon bouclé à droite est considéré comme un autoportrait du peintre qui a alors 23 ans et on admet que la jeune femme à gauche, bien trop jeune pour être la prophétesse Anne décrite par Saint Luc comme ayant 84 ans, est Nicolosia qui, avec son regard hors champ, semble se désintéresser totalement de ce qui est en train de se passer. La version de Bellini, plus longue avec son parapet qui n’en finit pas, a incité le peintre à rajouter deux autres personnages latéraux qu’il semble hasardeux de vouloir identifier ; à droite on voit deux jeunes hommes dont l’un nous regarde avec acuité ; il pourrait s’agir de Giovanni Bellini (*) alors que l’autre pourrait être Gentile (?) car il ne s’agit manifestement plus d’Andréa tel que l’autoportrait nous l’avait montré dès lors que les traits du visage sont très différents. A gauche se situent deux femmes qui pourraient être l’épouse de Giovanni, Ginevra, et Anna, non pas la prophétesse mais l’épouse de Jacopo Bellini (?) avec toute l’ambiguïté qui peut s’y rapporter si l’on se souvient de la filiation de Giovanni. Quoi qu’il en soit et à l’instar de la présumée Nicolosia peinte par Mantegna, la jeune femme de gauche semble bien peu concernée par la scène en cours au même titre que le jeune homme en arrière-plan à droite semble clairement préoccupé par autre chose. Reste à savoir ce qui incita Giovanni Bellini à faire ce tableau après un tel laps de temps ? En tous les cas, la peinture de Bellini propose un autre rythme avec des différences substantielles telles que l’adjonction de deux personnages et des modifications chromatiques en privilégiant une alternance de blancs et de rouges plutôt que le clair-obscur et les remarquables détails de la version de Mantegna.

Giotto (Giotto di Bondone v.1267-1337) La Présentation de Jésus au Temple. Chapelle des Scrovegni entre 1303 et 1306 – Padoue.

Bibliographie (parties 1 et 2)

  1. Gentili A. Le Cadre historique de la peinture vénitienne de 1450 à 1515. Profils (diversement) perdus : Andrea Mantegna et Jacopo Bellini. pp 224-279 in L’Art de Venise. Ed. Place des Victoires 2007
  2. Vasari G. Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes. Commentaires d’André Chastel. Thesaurus Actes Sud 2005
  3. Mantegna et Bellini. National Gallery Exhibition Catalogue 2018
  4. Steer J. La peinture vénitienne. Thames & Hudson 1990
  5. Rauch A. La peinture de la Renaissance à Venise et en Italie du nord in Renaissance italienne ; Architecture, sculpture, peinture, dessin. Ed de La Martinière 1995
  6. Tempestini A. Giovanni Bellini. Gallimard 2000
  7. Galansino A et al. Mantegna l’album de l’exposition au Louvre. Hazan 2008
  8. Zuffi S. Giotto. La Chapelle des Scrovegni. Skira 2012

 

(*) alors âgé d’environ 37 ans avec un nez busqué comme sur une médaille de Vittore Gambello (1460-1537) vers 1500 et dans un autoportrait (Musées du Capitole, Rome) avec une robe et une coiffe noires recouvrant des cheveux châtains à rapprocher, en particulier, d’un portrait issu de la Procession sur la Place Saint-Marc peint par Gentile (Académie, Venise) en 1496 tout en considérant que, dans La Présentation au Temple, le personnage supposé être Giovanni bien plus jeune a des cheveux bouclés très noirs avec le pigment d’origine.




Nostradamus et ses prédictions pour 2020

Et si tout ce qui nous arrive était prévu ?

Mieux que Didier Raoult, qui dans un rapport au ministère de la Santé avait mis en garde dès juin 2003 contre la menace de virus émergents dont le phénomène le plus redoutable serait l’apparition de mutants de virus respiratoires, notamment de la grippe, par introduction de virus d’origine animale dans le monde humain.

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Rapport financier

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Conseil National Professionnel CardioVasculaire (CNPCV)

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Pertinence en cardiologie

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Election du nouveau Conseil d’administration

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Tour de table des régions

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Actualité politique et syndicale

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Contentieux par les membres de la cellule juridique

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Présentation du nouveau site du syndicat

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Politique des centrales syndicales, bilan 2019 et vote des cotisations pour l’année 2020

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UFCV/FormatCœur

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Cardiologue Presse

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Téléconsultation du cardiologue en période de Covid-19

La téléconsultation a été mise en place par les avenants n° 6 et 7 de la convention médicale 2016 qui élargit le périmètre de la télé médecine. Les circonstances exceptionnelles actuelles entraînent des modifications dans son utilisation. 

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Outils numériques référencés par le ministère de la Santé

Après la publication d’une liste de solutions de téléconsultation et télésuivi dotée d’une note de sécurité (voir notre précédent article), le ministère de la Santé a publié sur son site une liste d’outils numériques référencés destinés aux professionnels de santé, aux usagers et aux éditeurs de logiciels de santé pour les accompagner dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Via trois pages internet dédiées, en cochant plusieurs filtres (région, fonctionnalités, facilité d’installation, sécurisation des données, etc.), les utilisateurs sont orientés vers les solutions les plus adéquates à leur profil. Les usagers peuvent accéder à des informations générales sur le coronavirus, les professionnels peuvent être accompagnés dans leur pratique et les éditeurs de logiciels peuvent être répertoriés.




Un autotest sur smartphone d’ici fin 2020

Sanofi a annoncé la signature d’un accord avec la start-up californienne Luminostics, spécialisée dans les tests de dépistage rapide sur smartphone, en vue d’une collaboration portant sur le développement d’un autotest de dépistage du Covid-19 sur smartphone, qui pourrait être mis sur la marché « en accès libre d’ici à la fin de 2020 ». Il s’agit de développer un test grand public « avec une sensibilité et une spécificité élevées à partir d’échantillons respiratoires », à l’aide d’un « adaptateur peu coûteux », associé à « un dispositif intelligent de détection de signal chimioluminescent ». La durée totale du test de devrait pas dépasser 30 minutes. Le projet est piloté par la division santé grand public de Sanofi. 




Les 6 règles du déconfinement selon l’OMS

Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, estime que, l’épidémie de coronavirus progressant très vite et décélérant très lentement, le déconfinement ne peut se faire en une fois, mais suivant une levée progressive des mesures de confinement. Selon lui, la levée du confinement n’est envisageable que selon six critères de déconfinement identifiés par l’OMS :

  • que la propagation soit « contrôlée » ;
  • que les systèmes sanitaires soient prêts à détecter, tester, isoler et traiter tous les cas de Covid-19 et tracer chaque contact ;
  • que le risque de foyer épidémique soit réduit au plus bas niveau dans les établissements de santé et les maisons de retraite ;
  • que des mesures de prévention soient mises en place dans les lieux de travail, les établissements scolaires et tous les lieux essentiels ;
  • que le risque d’importation de l’épidémie soit géré ;
  • que la population soit éduquée et engagée dans le respect des nouvelles normes.



La certification des LAP pourrait être prolongée

Un projet de décret d’application de la LFSS 2020 prévoit de prolonger la validité des certifications délivrées par la Haute Autorité de Santé (HAS) aux Logiciels d’Aide à la Prescription (LAP) « jusqu’à la publication de nouveaux référentiels et au plus tard jusqu’au 1er juillet 2021 ».  Dans l’intervalle, « les décisions de certification de LAP délivrées sur la base de la procédure et des référentiels de la HAS avant le 12 juillet 2018 restent applicables ». En attendant la finalisation et la publication au JO de la nouvelle procédure, « les décisions de certification des LAP sont rendues sur la base d’une procédure provisoire de certification établie et rendue publique par la HAS » et consultable sur le site de l’institution. Cette certification est délivrée pour la période couvrant uniquement la période de transition, donc au plus tard jusqu’au 1er juillet 2021.




Partage d’information sur les pénuries de médicaments liées au Covid-19

De même que le coronavirus dynamise de façon spectaculaire la télémédecine, il en sera peut-être de même concernant le partage d’information au niveau européen concernant les pénuries de médicaments… En effet, le « groupe de pilotage exécutif de l’UE sur les pénuries de médicaments causées par des événements majeurs » a mis en place un nouveau système intitulé i-SPOC (pour Industry Single Point Of Contact) visant à permettre à chaque groupe pharmaceutique de rendre compte directement à l’Agence européenne du médicament (EMA) des pénuries prévues ou actuelles, tant sur les produits disposant d’une AMM centralisée que pour ceux autorisés au niveau national. Ce qui ne dédouane pas les laboratoires du signalement de ces pénuries aux autorités nationales compétentes.




Pour une intégration des médecins à diplôme hors UE

Un groupe de médecins, parmi lesquels le cardiologue Patrick Aeberhard, Michel Cymes, le généticien Axel Kahn, ou encore l’ancien ministre Bernard Kouchner, ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre pour demander l’intégration « pleine et entière » au système de santé des médecins « à diplôme étranger », largement engagés dans la lutte contre le coronavirus avec abnégation dans les postes les plus exposés aux urgences et dans les services de réanimation. Les signataires estiment qu’ils méritent « la reconnaissance de la République pour leur engagement en première ligne alors que leur salaire est souvent dérisoire par rapport à ceux de leurs collègues, et qu’ils risquent de retourner à la précarité et à l’incertitude sur leur avenir en France une fois la crise surmontée ». Ils demandent donc « par souci de justice d’engager immédiatement l’intégration pleine et entière dans le système de santé de tous ces praticiens afin que leur dévouement ne soit pas occulté ».




6 laboratoires espèrent développer un MDS contre le coronavirus

Le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB), le britannique Bio Products Laboratory (BPL), l’allemand Biotest, l’américano-australien CSL-Behring, le suisse Octapharma et le japonais Takeda ont constitué un consortium dans l’espoir de développer un Médicament Dérivé du Sang (MDS) contre le Covid-19. Il s’agit de développer une immunoglobuline hyper-immune, ce qui va nécessiter des dons de plasma d’un grand nombre de personnes complètement guéries du Covid-19 et dont le sang contient des anticorps qui peuvent combattre le nouveau coronavirus. L’Etablissement Français du Sang (EFS) et l’AP-HP ont annoncé leur intention de lancer une étude randomisée visant à évaluer l’efficacité de l’injection de plasma de patients Covid-19 guéris pour enrayer l’aggravation de la maladie chez ceux à risque de développer une forme sévère.




L’UE mobilise 2,7 milliards d’euros pour la santé

Le 2 avril dernier, la Commission européenne a proposé d’activer l’instrument d’aide d’urgence de l’UE pour soutenir directement des systèmes de santé des pays membres dans leur lutte contre la pandémie de coronavirus. Le Conseil européen a donné son accord et acté la mobilisation de 2,7 milliards € pour « immédiatement commencer à fournir un soutien direct où cela est nécessaire ». Dans un premier temps seront financés les besoins urgents en matériel médical (masques, respirateurs), le transport transfrontalier d’équipements médicaux et de patients, le recrutement de personnel de santé déployable dans l’UE et la construction d’hôpitaux mobiles. Cet instrument d’aide d’urgence permet à la Commission de se procurer directement ce matériel au nom des Etats membres et de cibler l’aide où elle est le plus nécessaire, ce qui sera décidé « en étroite coordination avec les Etas membres ».




Le traçage numérique de l’épidémie et ses risques

Tandis que le gouvernement travaille à un outil de suivi numérique des personnes de façon à pouvoir limiter la diffusion du coronavirus, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) met en garde sur les risques de mesures prises dans l’urgence de la crise sanitaire.

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Le futur nous regarde…

Certaines périodes de l’histoire restent gravées dans la mémoire collective.

Quand nos petits-enfants nous demanderont ce que nous avons fait durant cette crise, nous pourrons leur répondre, avec fierté et honnêteté, que la cardiologie s’est adaptée pour protéger les personnes fragiles et sauver des vies. Nous avons appliqué les gestes barrières, le principe de distanciation sociale, téléconsulté, assuré les urgences, etc. Pour protéger des vies, notre activité en période de confinement a baissé en moyenne de 70 %.

Le futur portera un jugement sur cette période :

  • d’un côté, les manquements : la pénurie de masques, de dépistage, la complication des maladies chroniques non prises en charge à temps, des structures étatiques contre-productives, une asymétrie de recours entre le privé et le public, etc. ;
  • de l’autre, un pays capable en peu de temps de tripler sa capacité de lits de réanimation, de transférer des patients dans la France entière, d’assouplir les modalités de téléconsultation, d’obtenir l’autorisation d’études cliniques en 48 h. Un peuple solidaire envers ses soignants. Des médecins capables du jour au lendemain de s’adapter à la crise et de changer complètement leur pratique pour la sécurité et la santé de la population.

Actuellement, les temps sont durs pour nombre d’entre nous : diminution de nos revenus, reprise partielle de l’activité cardiologique et ce pendant plusieurs mois et, pour certains, la maladie, les drames personnels et familiaux…

Il y aura un avant et un après Covid. 

Peut-être ne serrerons-nous plus la main de nos patients… Ce qui est très probable, c’est que nous allons assister à une refonte de notre système de soins : remplacement des agences administratives défectueuses, départ précipité des médecins retraités en cumul emploi-retraite (environ 15 % des libéraux), etc. Nous allons avoir des choix difficiles à faire pour nos cabinets. 

Durant le confinement, c’est environ 1 million de patients non vus par la cardiologie libérale, autant de patients à voir rapidement dès la sortie du confinement malgré des agendas toujours aussi chargés. 

La sortie du confinement nous impose de réfléchir, de nous réinventer. Comment mieux organiser nos cabinets, diminuer les délais de RDV, utiliser la télémédecine, améliorer le parcours de soins et la prévention ?

Quels patients nécessitent vraiment d’être pris en charge par un cardiologue ?

Après vous avoir accompagnés au plus près avec la création dans l’urgence de fiches de gestion et d’organisation du cabinet, l’organisation de formations par visioconférence et l’interpellation quasi quotidienne des pouvoirs publics, le Syndicat National sera au rendez-vous pour relever le défi de la modernisation de notre profession. 

Car si le futur nous regarde… nous n’avons pas peur de le regarder et de le construire.

Marc Villacèque. Président du Syndicat National des cardiologues




L’Académie de médecine préconise un déconfinement par régions

Pour la sortie du confinement, l’Académie nationale de médecine a dressé une dizaine de recommandations. Alors que le Premier ministre avait indiqué le 1er avril dernier que le déconfinement pourrait s’opérer par classes d’âge, elle préconise plutôt de procéder par régions. Elle appelle également à une sortie du confinement dans les seules régions dans lesquelles est observée « une décroissance nette » du nombre de patients infectés par le Covid-19 devant être hospitalisé et « un retour des besoins en réanimation à l’état pré-épidémique ». Pour mémoire, une modélisation réalisée par un cabinet de conseil suggère qu’un déconfinement en 2 étapes, d’abord les moins de 65 ans puis les plus âgés, permettrait  de diviser par 10 la mortalité par Covid-19.




Actualités sur les coronaropathies chroniques

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Décès de l’économiste Claude Le Pen

Personnalité bien connue dans le monde de la santé et au-delà, l’économiste Claude Le Pen est décédé le lundi 6 avril, à 72 ans, « des suites d’une longue maladie ». Quelques jours avant, il avait encore publié une tribune dans Le Monde intitulée « Coronavirus : en 2007, la France avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre les pandémies ». C’était l’année de la grippe H1-N1… 

Diplômé de HEC, titulaire d’un doctorat d’histoire et d’épistémiologie de la pensée économique et d’un doctorat de sciences économiques, il était également agrégé des facultés de sciences économiques. D’abord Maître de conférence à Paris-IX Dauphine, puis professeur à l’université de Rennes, il était revenu à Dauphine en 1988 comme professeur puis directeur du master économie et gestion de la santé. Président du Collège des économistes de la santé de 2004 à 2012, il a aussi été, entre autres, membre du conseil de surveillance de la CNAM et du Conseil National du Sida (CNS), et expert auprès de l’Institut National des Données de Santé (INDS devenu le Health data hub). 

Le syndicat national l’a bien connu puisqu’il a réalisé pour lui deux livres blancs :  le premier, publié en 2000 qui lui a été confié par Christian Aviérinos alors président du syndicat, a permis aux cardiologues de découvrir toute l’étendue de son talent ; c’est Claude Le Pen qui a, notamment, su persuader les instances syndicales de proposer bien avant que ce ne soit dans l’air du temps une délégation de tâches, en voulant créer un métier de technicien en cardiologie ; le suivant en 2008 lui a été demandé par Jean-François Thébaut, devenu président, qui se souvient avec émotion « J’avais pour lui une immense admiration pour sa vivacité d’esprit, sa pertinence d’analyse et sa grande connaissance des rouages des systèmes de santé. Sa réflexion a beaucoup contribué à moderniser la cardiologie libérale à travers ces deux Livres Blancs qu’il a coréalisés avec le journaliste Jean-Pol Durand – et avec Alain Coulomb pour le deuxième. A titre personnel, je lui dois beaucoup pour avoir ouvert mon esprit à des domaines qui m’étaient jusqu’alors inconnus. Il a toujours été disponible pour la cardiologie libérale. »




Des imprimantes 3D fournissent à l’AP-HP le matériel manquant

Dans l’enceinte du cloître parisien de Port-Royal, propriété de l’AP-HP, le groupe hospitalier a installé une plateforme « 3D-Covid » comportant 60 imprimantes industrielles 3D qui vont permettre de fabriquer des visières de protection contre le coronavirus, des pompes à seringue électriques, de l’équipement d’intubation ou encore des valves respiratoires, soit tout ce qui manque actuellement cruellement aux services de l’AP-HP. Ce projet 3D-Covid a été initié par le Dr Romain Khonsari, chirurgien maxillo-facial à l’hôpital Necker-Enfants Malades, qui travaillait déjà avec la start-up parisienne Bone 3D, qui coordonne l’impression des équipements manquants et fabrique depuis deux ans des pièces sur-mesure pour les patients du Dr Khonsari. Et c’est l’entreprise CAD Vision qui a mis à disposition les 60 imprimantes 3D et qui supervise la production.