Diviser pour mieux (ou mal) régner ?

Notre système de santé est à bout de souffle. 

Le Ségur de la santé devait refonder notre système de soins. Finalement, cette non-concertation a abouti essentiellement à une revalorisation salariale dans les établissements publics. 

En contrepartie, un avenant à la Convention était censé soutenir la médecine libérale. Force est de déplorer le manque de moyens pour la médecine de ville car entre autres : 

  • le SAS (Service d’Accès aux Soins) n’intègre pas les spécialistes,
  • aucune contribution financière n’est prévue pour remplir les DMP désespérément vides,
  • et seules trois spécialités devraient être revalorisées, mais par un seul misérable euro et encore que pour certains actes !

A ce stade on ne peut que regretter le manque d’ambition, de vision, de moyens du projet, et le départ de l’un des syndicats de la table des négociations. 

Notre conseil d’administration a élaboré un texte pour défendre la cardiologie dans le cadre de cet avenant. Ce document a été bien accueilli par tous les syndicats représentatifs qui font d’ailleurs tous le même constat sur l’état moribond de la médecine libérale. Pourtant il n’y aura jamais autant de syndicats en lice pour les futures élections des URPS Médecins (Union Régionale des Professionnels de Santé). La division n’étant profitable qu’à l’Etat, le nombre croissant de syndicats de médecins risque de morceler une fois de plus la médecine libérale alors que nous avons besoin d’unité pour mieux défendre la profession.

Cet avenant discuté juste avant les élections des URPS, court le risque de ne pas être signé par nos représentants, entre autres pour des considérations électorales. De plus, la nouvelle Convention entre l’Etat et la médecine libérale ne devrait plus être discutée à son échéance en 2021, mais reportée en 2023 par le seul fait du prince, pour tenter de ne pas se mettre à dos les médecins avant les élections présidentielles.  

Pendant ce temps, nos conditions de travail se détériorent avec des cardiologues retraités non remplacés, des délais de rendez-vous qui s’allongent à vue d’œil et des patients de plus en plus complexes ne trouvant plus de médecins généralistes. Nous sommes une fois de plus les dindons de cette farce politicienne : ne pas signer l’avenant et repousser la Convention risquent de nous priver encore longtemps des outils indispensables pour nous aider et moderniser notre pratique. 

Le Syndicat travaille par d’autres moyens à l’amélioration de notre métier, notamment en présentant bientôt des visioconférences sur la réingénierie du cabinet cardiologique et des outils ergonomiques pour réaliser de la téléexpertise, et en proposant dès que possible une formation pour faire évoluer nos secrétaires vers la fonction d’Assistants Médicaux grâce à la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience).

Nos décideurs devraient méditer cette citation d’Henri Fayol, précurseur du management « Diviser les forces ennemies est bien, mais diviser ses propres forces est une lourde faute ».