Quintessence Blanc 2016 – AOC Palette

« Small is beautiful ». Cet aphorisme convient parfaitement à la minuscule AOC provençale Palette : 48 ha, 4 domaines, petite par la taille, mais grande par la qualité de ses vins.

Le Palette aux portes d’Aix-en-Provence n’a longtemps été connu que grâce à l’aura du précurseur, le château Simone, mais à l’ombre de ce géant, Stéphane Spitzglous, l’actuel propriétaire du château Bonnaud s’est fait une place au soleil de Provence. Stéphane, représentant la troisième génération, est né sur le domaine, élevé par son grand-père Henri
Bonnaud, palliant un père absent dès sa tendre enfance. Il l’accompagne des journées entières dans les vignes et s’imprègne de son travail. Sa vocation est présente, mais le grand-père refuse obstinément qu’il s’engage dans cette vie de vigneron si dure et, à l’époque, peu rémunératrice.

Ce n’est qu’en 1996, licence de physique en poche, qu’il put reprendre le domaine qu’il rebaptise par reconnaissance du nom de son aïeul : Henri Bonnaud. Il doit attendre 2004, pour tenter, dans des conditions rocambolesques, sa première cuvée personnelle, mais, très vite, ses vins sont appréciés et trouvent preneur. 

En 2010, il fait, par conviction profonde, le choix d’une agriculture biologique, l’ensemble de sa production étant certifiée Bio en 2013. 

En 2011, il pose la première pierre du château qui regroupe maintenant un chai de vinification moderne, une cave d’élevage enterrée et un splendide caveau de dégustation offrant une vue magnifique sur la montagne Sainte-Victoire chère au peintre Cézanne.

Le domaine est blotti dans un amphithéâtre naturel protégé du mistral par les collines de Langesse, du Grand Cabri, par les montagnes de Cengle et de la Sainte-Victoire. Les vignes, s’étendant sur 14 ha, bénéficient ainsi d’un microclimat très favorable, la majeure partie exposée plein sud pour un ensoleillement maximal, atout majeur pour la production de vins rouges de garde. Mais quelques parcelles, comportant de vieux ceps, situées sur le versant nord, permettent une lente et parfaite maturation des raisins blancs en leur apportant de la fraîcheur. Le terroir est constitué d’éboulis calcaires lacustres de l’ère tertiaire, dits de Langesse, recouverts d’un sol rendzine, argileux, peu épais et caillouteux. Rien de mieux qu’un sol argilo-calcaire, pour retenir cette eau si rare en Provence.

La viticulture est résolument biologique : aucun pesticide, ni herbicide, rien qui ne puisse dénaturer les spécificités du terroir. L’apport d’engrais organiques avait été privilégié dès les années 1990. Des semis d’orge, de seigle, de vesce fertilisent naturellement la terre. Stéphane veut, pour l’authenticité de ses vins, travailler des sols vivants qui préservent la diversité biologique de la faune et de la flore.

La vinification, sur laquelle le vigneron reste assez mystérieux, respecte la matière première en limitant les intrants, en utilisant des produits naturels, afin de préserver chaque terroir et chaque cépage. La tête de cuvée Quintessence assemblant 80 % de clairettes blanche et rose et 20 % d’ugni provient de vignes des hauts de coteaux du Grand Cabri allégées d’une partie de leurs fruits 2 fois l’an, vendangées en surmaturité. Le raisin est cueilli manuellement, transporté en petites caisses après un 1er tri qui sera complété au chai. Les raisins sont macérés à froid et pressurés. La fermentation naturelle en barriques neuves ou d’un vin sera suivie d’un élevage pendant 8 mois.

Noblesse et richesse aromatique pour une cuisine ensoleillée

Le blanc Quintessence 2016 du Château Henri Bonnaud, drapé dans une robe étincelante or pâle, offre un bouquet explosif qui envahit le nez de senteurs de fleurs blanches : aubépine, acacia, genêt, de fruits : abricot, pêche blanche, pamplemousse rose, fruit de la passion avec une touche discrète et élégante de boisé vanillé. En rétro-olfaction, apparaissent des notes de fruits secs (noisette), de résine et de garrigue (romarin, origan). La richesse et la complexité aromatique sont impressionnantes. Rondeur, puissance, longueur constituent la trame d’une bouche ciselée aux saveurs raffinées. La belle finale persistante fraîche et mentholée confirme que ce vin en tension, en minéralité avec ce qu’il faut d’élégance, possède à l’évidence un superbe potentiel de vieillissement jusqu’à
40 ans selon certains.

La noblesse et la richesse aromatique du Palette Quintessence orientent naturellement vers la cuisine ensoleillée de la Méditerranée avec ses condiments, ses herbes, ses légumes : tartare de thon au pamplemousse, pochée de St-Jacques aux artichauts poivrades, blanquette de lotte aux petits légumes, Saint-Pierre en croûte de sel, daurade en papillote à la tapenade d’olives vertes. Mais il accompagne aussi avec bonheur certains plats terriens : poulet à l’estragon, volaille accompagnée de ratatouille ou d’un concassé de tomates au basilic, grenadin de veau au citron.

En vieillissant, ce vin prend des arômes complexes de coing et de cire d’abeille, et devient le parfait complice des plats à base de mélanosporum : brandade de morue truffée, brouillade, chausson ou ravioles à la truffe noire. En fin de repas, la rondeur du vin enrobera les fromages de chèvre : picodon, valençay, Sainte-Maure de Touraine, et surtout le local banon.

A la hauteur de la passion de Stéphane Spitzglous pour son travail et l’amour pour son grand-père qui lui a transmis son goût de la terre et du bel ouvrage, le vigneron souhaite que sa clientèle tire le maximum de plaisir de sa production. Je peux le rassurer : ses vins blancs comme rouges sont au firmament de la Provence.

Domaine Henri Bonnaud13100 Le Tholonet




« Maladie française »

Les cardiologues ont toutes les raisons d’apprécier  Philippe Douste-Blazy ; d’abord parce qu’il est lui-même cardiologue et qu’il a exercé la cardiologie avant de devenir professeur de médecine à Toulouse ; surtout parce qu’au cours de l’un de ses passages au ministère de la Santé, il a reçu une délégation de notre syndicat national, fait rarissime pour un syndicat de spécialité, ce qui nous a apporté, entre autres, poids et notoriété.

 connait son parcours politique particulièrement riche : maire de Lourdes puis de Toulouse, il fut à quatre reprises ministre de la Santé ; il fut aussi ministre de la Culture, ministre des Affaires Etrangères, puis secrétaire général adjoint des Nations Unies, avant de présider à l’heure actuelle un fonds de l’ONU Unitlife, consacré à la lutte contre la malnutrition chronique.

Si l’homme politique est connu et reconnu, l’écrivain l’est sans doute un peu moins ; il a  pourtant publié plusieurs ouvrages, dont « Pour sauver nos retraites » ou « La solidarité sauvera le monde » sont peut-être les plus emblématiques ; il a également à son actif de très nombreux articles qui portent sur des sujets divers et pas forcément médicaux.

Dans « Maladie Française », ouvrage consacré à l’épidémie de Covid, on se doute, rien qu’en lisant le titre, que l’auteur se promet d’être avare de compliments.

Grâce à des démonstrations qu’il veut indiscutables, faits et chiffres à l’appui, Il va fustiger l’impréparation Française devant l’épidémie, on pourrait même parler à ses yeux d’impéritie, puisque tout ou presque était écrit d’avance ; d’ailleurs, selon ses dires, par lui-même dès octobre 2004, quand, ministre de la Santé, il présenta à Jacques Chirac et au gouvernement son plan anti pandémie, qui n’aurait rencontré que doute et indifférence malgré le soutien du chef de l’état.

L’ancien ministre stigmatise ensuite « des années d’erreurs successives » ; son successeur Xavier  Bertrand, assisté de son directeur de cabinet, un certain Jean Castex,
avait pourtant pris la mesure du danger potentiel en créant une structure spécifique de lutte contre les urgences sanitaires (Eprus) ; il en fut de même pour la ministre suivante confrontée à la pandémie virale d’avril 2009  mais c’est là que tout a basculé : après que l’épidémie a heureusement tourné court, elle fut accusée de gaspillage des deniers publics voire de soumission aux lobbys de l’industrie pharmaceutique ; de fil en aiguille, les structures existantes furent démantelées et les fameux stocks de masques détruits un peu plus tard sous l’impulsion de Marisol
Touraine sous le mandat de François Hollande ; pour l’auteur, le désengagement de l’état était définitivement dicté par le seul impératif comptable !

Pour autant, on comprend que Philippe Douste-Blazy n’exonère en rien les gouvernements d’aujourd’hui de leur part de responsabilité face à l’épidémie  de Covid : pénurie de masques, de gants, de surblouses, vols de matériels de protection dans les hôpitaux, et bien d’autres erreurs,  avec comme première conséquence la contamination des soignants et des forces de sécurité, bien évidemment en première ligne en période de confinement.

Improvisation et temps de retard permanent ont caractérisé selon lui l’action gouvernementale ; il dénonce au passage « l’hystérie collective » à propos du traitement par l’Hydroxychloroquine, les lobbys de tous ordres, et le refus de suivre les exemples de pays tels que l’Allemagne ou la Corée du Sud qui ont pratiqué dès le début une politique de dépistage massif.

Il plaide en terminant pour une véritable culture de la prévention et la mise en place d’une politique de santé publique qui mérite son nom.

On l’aura compris, l’ouvrage prend souvent la tournure d’un réquisitoire, mais il est assorti de très nombreuses références  et s’appuie sur des faits précis. Il est écrit dans un style alerte et clair, qui en rend la lecture agréable alors même que nombre des thèmes traités sont d’un abord parfois très  technique. 

Bref, il est très intéressant à lire, d’autant qu’il éclaire d’un jour nouveau la personnalité de son auteur, souvent présenté à tort comme un adepte du consensus mou.

Réel atout pour certains, écueil rédhibitoire pour d’autres, ce livre est préfacé par Didier Raoult qui, d’ailleurs, une fois de plus, n’y va pas de main morte. 

  • Auteur : Philippe Douste-Blazy, Didier Raoult (Préface)
  • Editeur : Editions de l’Archipel
  • Pagination : 321 pages
  • Prix public : Livre : 20,00 € – Format ePub (e-book) : 14,99 €




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La cardiologie demain : comment et par qui ?

Depuis de nombreuses années, la population française constate une augmentation insuffisante des effectifs de médecins. Le numérus clausus a doublé de 1993 à 2007 (3 500 à 7 100), cependant, le premier numerus en 1972 était de 8 588, donc supérieur à ce qu’il était en 2018 soit 8 205, alors que la population française a augmenté de 30 %. 

Force est de constater que ce rattrapage est plus qu’insuffisant, puisque les délais chez le spécialiste augmentent (110 jours chez un cardiologue d’après un sondage du Syndicat National des Cardiologues) et que de nombreux patients ne trouvent plus de médecin traitant (diminution des médecins généralistes de 7 % en 10 ans). C’est certainement pour essayer de satisfaire les attentes de la population que la majorité parlementaire a proposé la création d’une profession médicale intermédiaire ; en bref, une médecine low cost, et un délai minimum de 6 ans pour en voir les effets.

En ce qui concerne la cardiologie, nous avons la chance d’être toujours choisi parmi les premières spécialités à l’internat. Il n’y a donc pas de défaut d’attractivité. 

Alors pourquoi nos délais s’allongent-ils ?

  • les maladies cardioneurovasculaires augmentent de 3,5 % tous les ans et font partie des maladies qui progressent le plus ;
  • en 2017, 26 % des cardiologues (privé et public) ont plus de 60 ans, soit 1 629 départs en retraite d’ici 2027, ce qui correspond à environ 220 départs par an, contre 180 internes de cardiologie formés à l’année !!! Ce déficit de 40 cardiologues par an est partiellement comblé par les cardiologues à diplômes étrangers ; 
  • en se basant sur la file active, on constate qu’un cardiologue libéral entre 50 et 65 ans voit en moyenne plus de 1 800 patients différents par an, alors que pour les autres tranches d’âge le cardiologue voit en moyenne 1 550 patients par an.

Il y a donc une inadéquation entre l’offre et la demande de soins.

La nature ayant horreur du vide, de nouveaux acteurs vont arriver en cardiologie :

  • le médecin généraliste et son nouvel environnement (assistants médicaux, infirmières) ;
  • l’environnement du cardiologue libéral (secrétaires, assistants médicaux, infirmières) ;
  • l’environnement hospitalier du cardiologue hospitalier ;
  • les mutuelles et assureurs privés ou les établissements privés de soins ;
  • les laboratoires pharmaceutiques ;
  • les médecins étrangers (indiens, chinois…) via la télémédecine ;
  • les GAFAM.

A nous de décider si la cardiologie doit rester du domaine du cardiologue : qu’est-ce qui peut être protocolisé ? Délégué ? Comment organiser un parcours territorial pertinent avec nos confrères généralistes ? Quelle place pour les cardiologues libéraux dans les CPTS, SAS ou tout autre forme d’organisation des territoires de santé. Devons-nous être initiateurs ou subordonnés ? 

Pour éviter une ubérisation de la discipline, nous sommes en train de recenser tous les modèles innovants en cardiologie libérale, avec une première synthèse présentée par le Syndicat lors d’une visioconférence ouverte à tous les cardiologues le 30 janvier 2021.

Parallèlement, nous poursuivons le combat pour assurer le renouvellement des cardiologues en augmentant le nombre annuel d’internes de cardiologie formés par an.

Face à ces chiffres sans appel, tous les acteurs de la cardiologie doivent être unis pour décider de leur futur.

« Il ne faut pas tout craindre, mais il faut tout préparer » Richelieu

Proud and Forever Cardiologist

Marc Villacèque. Président du Syndicat National des Cardiologues