Savoir analyser la littérature médicale [2]

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Le CNPCV

Organisme officiel représentant les cardiologues, le Conseil National Professionnel CardioVasculaire (CNPCV) regroupe à parité des cardiologues salariés, libéraux et universitaires. Les structures le constituant sont la Société Française de Cardiologie (SFC), le Collège National des Cardiologues des Hôpitaux (CNCH), le Syndicat National des Cardiologues (SNC) et le Collège National des Cardiologues Français (CNCF). 

Par Nathalie Zenou

UN CONSEIL D’ADMINISTRATION PARITAIRE

Le conseil d’administration du CNPCV est composé de seize membres désignés à parité par chacune de ses composantes. Leur sont adjoints (à titre consultatif) un représentant du CNOM, un représentant de la section/sous-section du Conseil National des Universités (CNU) correspondant au DES de médecine cardiovasculaire et un représentant du Collège National des Enseignants en Cardiologie (CNEC).

Le CNPCV est dirigé par un bureau élu par le CA et composé de huit membres.

UNE EXPERTISE PROFESSIONNELLE

Le CNPCV a quatre missions principales : 

  •   il organise et promeut le développement professionnel continu (DPC) ; 
  •   il est sollicité en tant qu’expert par différentes institutions ; 
  •   il participe à la mise en place de registres épidémiologiques ; 
  •  il accompagne l’évolution du métier de cardiologue. Il assure ses missions de manière autonome et si nécessaire en coopération avec d’autres CNP ou la Fédération des Spécialités Médicales.

Le Développement Professionnel Continu

Le CNPCV assure une veille sur les initiatives de terrain et les besoins des professionnels en matière de Développement Professionnel Continu (DPC). Il participe à l’amélioration de la prise en charge de la qualité et de la sécurité des soins et de la compétence des professionnels de la spécialité en proposant les orientations prioritaires du DPC et le parcours pluriannuel de DPC. 

Par ailleurs, le CNPCV apporte son concours aux instances de l’ANDPC, par exemple dans le cadre de la définition des critères d’évaluation des actions de DPC et l’élaboration de leurs plans de contrôle.

Enfin, le CNPCV concoure à la qualité des formations proposées en retenant celles dont les méthodes lui semblent les plus adaptées, sur la base des méthodes développées par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Expertise et qualification professionnelle

Le CNPCV participe aux réflexions des institutions en proposant des experts dans les domaines scientifique et opérationnel liés à l’organisation et à l’exercice de la cardiologie. 

Les structures concernées sont l’Etat ou ses opérateurs, les caisses d’Assurance-maladie, les autorités indépendantes comme la HAS, les agences sanitaires, ou encore les instances ordinales.

A la demande de l’Etat, le CNPCV désigne des représentants pour siéger dans les structures appelées à émettre des avis sur les demandes d’autorisations d’exercice ou de reconnaissance des qualifications professionnelles.

Registres

Le CNPCV peut participer à la mise en place de registres épidémiologiques pour la surveillance des événements de santé et à celle de registres professionnels d’observation des pratiques.

Évolution du métier et compétences professionnelles

Le CNPCV contribue à analyser et à accompagner l’évolution des métiers et des compétences des professionnels de santé, notamment à travers la définition de référentiels métiers et de recommandations professionnelles.

LES TRAVAUX EN COURS

Le CNPCV a mené un travail important sur les TAVIs en 2020-2021 dans le cadre de sa contribution au rapport de la HAS sur les critères d’éligibilité des centres implantant les TAVIs.

Il a également agi auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) pour obtenir l’ouverture du scanner aux cardiologues, seuls spécialistes à disposer de cette autorisation aux côtés des radiologues.

En 2021-2022, le Conseil National Professionnel CardioVasculaire travaille à l’élaboration d’un manifeste pour préparer l’avenir de la cardiologie. Ce document intitulé « Profession Cardiologue » paraîtra dans le courant du premier semestre 2022.




L’argent, la mort et les systèmes politiques

A un mois d’intervalle sont parus deux livres aux histoires très différentes mais aux thèmes principaux identiques : l’argent, la mort et les systèmes politiques. Et pour cause, le premier traite de la prise du pouvoir en Arabie Saoudite par Mohamed ben Salmane, alors que son père est roi et qu’il était le deuxième sur la liste des héritiers, et l’autre traite de la crise des opioïdes aux Etats-Unis et de la démarche d’un journaliste ayant contribué à la mettre en lumière et à faire en sorte que quelques-uns de ses responsables puissent passer en justice. 

Ces deux livres contrastent cependant car le premier est d’une lecture facile et prenante et l’histoire est assez binaire – sa simplicité soutient le regard que l’on pourrait avoir sur les dictatures – et le second est plus complexe puisqu’il relate les nombreuses procédures de plaignants mais aussi de journalistes, les conflits d’intérêts de procureurs qui, aux Etats-Unis, sont élus avec des soutiens financiers, l’utilisation des subtilités de la Loi par les cabinets d’avocats… et rend de ce fait bien compte que l’exercice de l’Etat de Droit est chose complexe.

DE LA SIMPLICITÉ DE LA DICTATURE…

Pour ceux qui regardent les parutions de l’éditeur «  Jardin des livres », il peut paraitre surprenant qu’il fasse côtoyer dans son catalogue des livres soutenant des thèses complotistes sur la Covid-19 ou sur l’origine des religions et un livre qui décrit sans concession l’ascension de Mohammed Ben Salmane, surnommé MBS, vers le pouvoir suprême en Arabie Saoudite et ce, alors que son père Salmane Ben Abdelaziz, fils d’Ibn Saoud, est encore roi. Toutefois, à rebours de la littérature complotiste, de dernier livre, écrit par deux journalistes du Wall Street Journal, est un condensé de géopolitique et l’illustration parfaite de ce qu’est une autocratie car, progressivement, MBS a su se mettre en position de prendre les décisions essentielles concernant la politique du royaume et écarter tant le prétendant au trône le devançant, Mohammed Ben Nayef, que l’essentiel de l’opposition. 

Côté clair, MBS affiche une volonté de transformer l’économie de rente pétrolière de son pays en une économie moderne, tournée vers les nouvelles technologies et le tourisme et pour cela, il crée de novo une zone urbaine dite intelligente (projet NEOM), tente de favoriser les investissements étrangers à grande échelle, fait acheter pour 450 millions de dollars le Salvador Mundi attribué à Léonard de Vinci, tente de créer pour 15 milliards de dollars une immense zone culturelle (projet AlUla)…

Côté gris, alors qu’il pense attirer les investissements, c’est son argent qui est recherché par les multiples sociétés et agents troubles qui gravitent dans son entourage au point de se rendre compte que la relation qu’il entretient avec les Etats-Unis n’est que transactionnelle, il ne peut faire entrer en bourse à New York, mais uniquement à Ryad, Aramco la compagnie pétrolière du royaume, car cela justifierait une tenue de ses comptes conforme aux règles internationales…

Côté obscur, sans concertation ou considération sur les équilibres régionaux, il décide des premiers bombardements sur le Yémen et séquestre pour le faire démissionner le premier ministre du Liban, Saad Hariri, libano-saoudien dont la famille a fait fortune en Arabie Saoudite. Il élimine ses principaux opposants en les emprisonnant en une nuit dans un hôtel de luxe afin qu’ils rendent l’argent prétendument issu de la corruption. Alors qu’il va prendre la décision de permettre aux femmes de conduire une voiture, il fait emprisonner une opposante dont c’était une revendication au prétexte qu’une telle décision doit venir d’en haut, du prince bienveillant vers ses sujets et non pas donner l’impression qu’elle est une réponse du prince à une protestation du peuple. Pour sa suite rapprochée de 10 personnes, il finance des vacances de luxe d’un mois à 50 millions de dollars en privatisant une île des Maldives et en faisant venir 150 « mannequins » dont on vérifie à l’arrivée qu’elles n’ont pas de maladies vénériennes, etc., sans oublier tous les détails sordides concernant l’assassinat à l’Ambassade d’Arabie Saoudite à Istanbul, du journaliste d’opposition Jamal Kashoggi qui finira découpé à la scie à os sur place… et bien d’autres choses encore.

Il est prince et avoue lui-même que son modèle est Machiavel et son livre « Le Prince ». Suite à l’assassinat de Kashoggi, certains ont modifié le sens de son acronyme MBS en Mister Bone Saw (Monsieur tronçonneuse) : est-ce à dire qu’il a su imposer l’image de son maître ?

… À LA COMPLEXITÉ DE LA DÉMOCRATIE

De façon un peu surprenante, la crise des opioïdes qui sévit aux Etats-Unis est assez mal connue en France. Pourtant, en dix ans, elle a été responsable de plus de 500 000 décès par surdose et a contribué à faire reculer l’espérance de vie. Sa raison ? La surconsommation de comprimés d’oxycodone et d’hydrocodone destinés à soulager les douleurs mais entrainant rapidement une dépendance telle qu’elle provoque une addiction majeure et ce, alors que le principal laboratoire commercialisant ces produits, Purdue Pharma, en a fait une promotion inverse, indiquant qu’il n’y avait pas de dépendance.

Outre les décès, des milliers de familles ont été brisées quand un de leurs membres est devenu dépendant, pour ne pas dire drogué, et notamment des familles des classes moyennes, car ce sont celles qui ont pu avoir accès à ces médicaments avant que la dépendance n’entraine chômage et délinquance.

Outre Purdue, au cœur du problème, il y a un réseau de médecins prescripteurs voire sur-prescripteurs, voire corrompus, délivrant des ordonnances contre argent liquide ou faveurs sexuelles, des pharmaciens peu regardants sur l’origine des prescriptions de même que ne l’étaient pas les grossistes-répartiteurs sur les quantités astronomiques de comprimés approvisionnant les pharmacies (780 millions de comprimés en 6 ans dans un Etat de 1,8 millions d’habitants par exemple), ou l’ordre des pharmaciens ou l’agence de régulation des produits pharmaceutiques.

En face, outre les familles touchées il y a la mise  mal des finances des Etats chargés de réparer les dégâts : traitement de la dépendance, soins médicaux, placements en famille d’accueil, administration pénitentiaire, enquêtes, poursuites pénales, transfert des corps suite aux surdoses, autopsies.

Progressivement se mettront en route les procédures de l’Etat de Droit, de la Justice, de le Presse qui dénoncera le scandale sanitaire et ses acteurs, les procès intentés par les familles ou les procureurs des Etats au nom de leurs populations et ce, contre les divers maillons de cette chaine que certains ont qualifié de cartel légal de la drogue aux Etats-Unis. Le livre du journaliste Eric Eyre nous fait découvrir les premières démarches – gagnantes mais au prix de quelles complexités juridiques – celles impliquant l’Etat de Virginie contre les grossistes-répartiteurs. Le livre fait toutefois l’impasse sur d’autres poursuites gagnantes, celles menées contre Purdue Pharma qui ont abouti à de nombreuses et phénoménales amendes et ont déclaré trois de ses dirigeants criminellement coupables, tout en permettant à la compagnie de continuer à commercialiser ses produits en en ayant adapté l’étiquetage.

Par contraste, lorsque les responsables de l’assassinant de Jamal Kashoggi seront connus et que MBS aura été envisagé comme étant son commanditaire, ce dernier après maints versions finira par reconnaître que des saoudiens aient pu faillir, puis il sera communiqué que ces saoudiens ont été jugé dans leur pays, sans qu’aucune donnée relative à ces procès et aux sanctions effectives ne soient connus. C’est simple, il suffit d’affirmer que cela a eu lieu pour que ceci apparaisse vrai.

EN SAVOIR PLUS…

Mohammed Ben Salmanedu pétrole et du sang

  • Auteurs : Bradley Hope et Justin Scheck
  • Éditeur : Jardin des Livres
  • Parution : Novembre 2021
  • Pagination : 408 pages
  • Format broché : 24,00 euros

Mort à Mud Lick

  • Auteur : Eric Eyre
  • Editeur : Globe
  • Parution : Octobre 2021
  • Pagination : 320 pages
  • Format broché : 22,00 euros




Imagerie pré-TAVI pour le cardiologue

L’objectif de cet article est de préciser les points les plus importants à analyser au scanner, souvent l’élément clé de la discussion des cas limites, notamment chez les patients asymptomatiques, pour une indication la mieux adaptée au patient.

L’IMAGERIE PRÉ-TAVI POUR LE CARDIOLOGUE

Philippe Allouch, Julien Rosencher. Paris

POURQUOI UN CHANGEMENT DE PARADIGME DANS L’IMAGERIE DU RAC ?

La technique d’implantation de la valve aortique par voie percutanée (TAVI), dont nous fêtons les 20 ans cette année, est maintenant arrivée à maturité et place le scanner au centre de la prise en charge du rétrécissement valvulaire aortique (RAC) serré.

En effet, alors que la prise en charge du RAC était relativement simple (indication opératoire en cas de symptômes et de RAC serré), elle s’est modifiée, maintenant qu’il est justifié d’évaluer les dossiers en « Heart team » pour le choix entre une prise en charge chirurgicale ou percutanée.

Cette décision prend en compte les dernières recommandations mais également, pour chaque patient, le risque que l’on peut attendre de chaque technique en fonction de ses comorbidités et de son scanner. Le scanner est souvent l’élément clé de la discussion des cas limites, notamment chez les patients asymptomatiques pour lesquels il est maintenant possible de proposer une intervention préventive quand elle est jugée à faible risque.

ANALYSE DE L’ABORD VASCULAIRE

L’importante réduction de morbi-mortalité mise en évidence dans les études comparant le TAVI à la chirurgie est largement attribuée aux patients ayant eu un TAVI par voie fémorale, voie utilisée maintenant dans plus de 9 cas sur 10.

De ce fait, pour envisager un abord fémoral, plusieurs éléments doivent être analysés au scanner :

1. le calibre des artères doit être globalement > 5,5 mm. Cependant, ce diamètre varie en fonction de la perte de souplesse de l’artère, déterminée par la présence de volumineuses calcifications, surtout si celles-ci sont circonférentielles ;

2. la tortuosité des artères est également importante avec, de la même façon, une importance majeure de la présence associée ou non de calcifications les rendant rigides ;

3.  la hauteur de la bifurcation fémorale, qui peut être un obstacle si elle se trouve au niveau du point de ponction fémoral avec un risque d’inefficacité du système de fermeture artérielle ;

4. la présence d’athérome protusif aortique, au niveau de la crosse de l’aorte ou d’un anévrysme de l’aorte abdominale, augmente de façon importante le risque d’embolisation artérielle et d’AVC.

ANALYSE DE LA VALVE AORTIQUE

Cette analyse ne peut être réalisée qu’avec un scanner « synchronisé » aux battements cardiaques avec suffisamment de détecteurs (« barrettes »), et en systole. Le scanner a totalement remplacé l’échographie dans l’évaluation de la valve aortique en vue du choix de la prothèse (type de prothèse et taille).

Cette analyse comporte :

1. le score calcique valvulaire, utile en cas de doute sur la sévérité du RAC ;

2. la recherche de bicuspidie : elle ne contre-indique pas le TAVI mais nécessite une analyse plus minutieuse car le choix de la taille de la prothèse est plus complexe ;

3. la mesure de l’anneau aortique (structure anatomique virtuelle reliant le nadir de chacune des 3 cusps) est la mesure clé pour le choix de la taille de la prothèse pour diminuer le risque de complications ;

4. l’évaluation de l’importance des calcifications valvulaires et surtout dans la chambre de chasse, ces dernières augmentant significativement le risque de fuite périprothétique et de rupture d’anneau.

Quelques autres éléments analysés en  préimplantation

Enfin, plusieurs éléments doivent faire partie de l’analyse du scanner pré-TAVI :

1.  la hauteur des ostia coronaires et des sinus qui doit être suffisante pour éviter le risque d’occlusion coronaire ;

2.  l’incidence angiographique que l’on va mettre sur le tube pour aligner au mieux les 3 cusps de la valve avant le déploiement de la prothèse ;

3.  la taille du VG, influant notamment le choix de la taille des guides utilisés et le risque de mauvaise position de prothèse en cas de bourrelet volumineux ;

4.  l’analyse des coronaires afin d’éviter si possible une coronarographie en cas de normalité. Cependant, il est rare de pouvoir être formel et de garder une excellente valeur prédictive négative du coroscanner chez des patients très âgés, souvent calcifiés, et ne pouvant garder une apnée suffisante pour une analyse coronaire précise.

En Conclusion

Le scanner est devenu un élément central dans la prise en charge des RAC serrés car il permet d’estimer un risque « interventionnel » d’un TAVI. Ceci a un intérêt capital dans le choix de la technique à utiliser et de préparer au mieux l’intervention permettant de diminuer de façon considérable le risque de la procédure. On aura compris que le scanner pré-TAVI est indispensable, qu’il doit être de bonne qualité et être au moins thoraco-abdominal et, surtout qu’il doit être spécifiquement analysé par le cardiologue qui posera la prothèse valvulaire percutané.


Téléchargez l’article au format pdf

Le Cardiologue n° 444 – Janvier-Février 2022





Le rapport HCAAM

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Occitanie : une année riche en perspectives !

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




L’ABC de la CCAM… 1ère partie

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Le travail aidé

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Joseph et la femme de Putiphar ou les infortunes de la tunique – 2e partie

C’est en terre de Goshen que s’étaient déjà installés les Hyksos (c), ces étrangers venus du nord-est et qui régnèrent pendant une centaine d’années avant d’en être chassés par Ahmôsis 1er (mort en –1525/24 av. J.-C.) le fondateur de la dix-huitième dynastie originaire de Thèbes et qui restaura ainsi la domination thébaine sur l’ensemble de l’Égypte. Pour l’instant, c’est justement à Thèbes, l’actuel Louxor, qu’est parvenue la caravane. La ville est devenue « le centre du monde » (2) après la longue hégémonie de Memphis, depuis qu’elle s’est imposée comme la capitale de l’empire qui s’étend de l’Euphrate à la Nubie. 

C’est donc non loin de Thèbes que Joseph, que Thomas Mann nomme par son nom égyptien Ousarsiph (10), est vendu comme esclave ou plutôt troqué, car à cette époque la monnaie n’existait pas (11) et c’est ainsi que Joseph devint la propriété de Putiphar (ou Potiphar) du nom égyptien Pa-di-pa-Rê (celui qu’a donné Phrê) (19) un haut dignitaire égyptien, eunuque et Chef des gardes (l’équivalent à la fois du Garde des Sceaux et du ministre de l’Intérieur) et Flabellifère (d) très proche du Pharaon. 

De simple esclave initialement dévolu aux travaux des champs et aux corvées, Joseph, grâce à son intelligence et à son sens de la répartie, va progressivement s’imposer jusqu’à devenir l’intendant et l’homme de confiance de son maître, mais c’était sans compter sur la femme de Putiphar.

La femme de Putiphar n’a pas de nom dans la Bible ni dans le Coran, bien qu’elle ait pu prendre le nom de Zouleïkha dans la tradition musulmane et Thomas Mann (10) la nomme Mout-em-enet (Mout-dans-la-vallée-du-désert)  ou plus simplement Mout (du nom de l’épouse du dieu Amon) avec le diminutif affectueux Eni. Cette femme n’est pas une gourgandine dévergondée par tempérament ni une hétaïre vivant au crochet des hommes riches et influents comme, bien plus tard, dans la Grèce classique et elle ne doit pas être considérée comme une grande hystérique nymphomane, car dans le récit qu’en fait Thomas Mann (10) elle est « la descendante d’une antique lignée de princes des nomes » (nomos : province/district) c’est-à-dire de ces divisions administratives de l’Egypte ancienne qui avaient leurs divinités propres. (9) 

Joseph et la femme de Putiphar (entre 1610 et 1615) pas Leonello Spada (1576-1622).
Peinture sur toile (194 x 144 cm). Musée des Beaux-Arts de Lille.

Joseph expliquant les rêves du pharaon  par Adrien Guignet (1816-1854).
Huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Rouen.

Elle fait partie de l’élite éduquée et reçoit régulièrement la visite du Grand-Prêtre d’Amon au sein d’une société où politique et religion sont inséparables (11) et l’épouse de ce « redoutable personnage » préside au « noble ordre de la déesse Hathor » sous le patronage de la Grande Epouse du Pharaon à l’instar de Néfertari, la future Grande Epouse royale de Ramsès II (v. 1304-v.1213 av. J.-C.) qui sera Divine adoratrice d’Amon dotée d’une grande autorité religieuse et incluant des rituels de purification très codifiés. Cependant, cette fonction très en vogue sous la reine Hatshepsout (v.1508-1457) avait été supprimé par Thouthmôsis III (mort en 1425 av. J.-C.) qui avait mal vécu la régence de cette reine-pharaon lorsqu’il était enfant et ce n’est que bien plus tard que cette fonction fut réhabilitée. 

L’épouse de Putiphar fait partie, avec les grandes dames de Thèbes, du Harem d’Amon avec un rôle social important encore que, dans ce contexte, « les soucis quotidiens des femmes l’emportent d’ordinaire sur les affaires d’état » (13). Hathor est la fille du dieu-soleil Rê, celle qui réjouit son père de sa musique et le protège et elle est la  déesse de l’amour, de la fécondité, de l’abondance, de la beauté, de la joie de la musique et de l’ivresse (3) lorsqu’elle est représentée sous la douce apparence d’une vache ou sous forme humaine avec une couronne où deux cornes encerclent le disque solaire. Cependant, elle peut adopter la forme plus inquiétante d’une chatte (Bastet) ou d’une femme à tête de chat, et surtout prendre l’apparence d’une lionne (Sekhmet, la puissante) « qui se complait dans les fleuves de sang » (2) et « la colère d’Hathor-Sekhmet est parfois interprétée comme le signe de sa sexualité indomptée ». (12)

La femme de Putiphar, très frustrée sexuellement, car son époux à été castré dans sa prime enfance, s’apparente de fait à cette déesse qui, comme elle, est « quotidiennement lavée, revêtue d’une nouvelle robe, ornée de bijoux et enduite de senteurs exquises » (12) et comme elle, elle va se transformer en furie lorsque son amour passion pour Joseph sera contrarié. 

C’est dire l’importance sociale de la femme de Putiphar qui est d’une grande beauté, hiératique, tout en finesse et qui consacre de longues heures à sa toilette où se succèdent bains parfumés, séances de maquillage avec ce khôl aux vertus thérapeutiques vis-à-vis des ophtalmies purulentes et autres trachome ou conjonctivites (5) dont les dégâts sont lents et insidieux. (2) 

Le khôl allonge ses beaux yeux, mais elle porte aussi des perruques comme les femme fortunées en portaient toujours (3) et des « vêtements pareils à des fleurs » incluant des robes à plis en lin très fin. (3) Tout le monde se prosterne lorsqu’elle passe dans sa litière d’or portée par des esclaves nubiens et peut-être jouait-elle au Senet qui s’apparente au backgammon actuel. (3) Elle tentera, en se faisant l’avocat du diable, mais en vain, de convaincre son époux d’éloigner Joseph loin de son désir inavouable. La confrontation amoureuse devient inévitable, car elle ne peut lutter contre « le souffle dévastateur du taureau de feu prêt à transformer les riantes prairies en un champ de cendres » comme Apis, le taureau sacré de Memphis. (9) La femme de Putiphar essaie de mettre de son côté une divinité plus conciliante, en l’occurrence Atoum-Râ, ce « dieu très antique et tolérant » (10) et bienveillant aux peuples étrangers, plutôt que « cet Amon rigide qui jusque là avait été son maître ». (e) 

La femme de Putiphar en arrive même à suggérer de tuer son époux afin qu’il ne soit plus un obstacle sur « le chemin de la volupté ». Bien évidemment Joseph ne peut que s’opposer à une telle méthode expéditive qui ferait d’elle « la mère du péché ». Enfin, et l’épisode figure dans le texte coranique, elle essaie de se concilier la compassion de ses amies, les femmes des dignitaires de Thèbes et de couper court à leurs commérages ; elle organise en ce sens une réunion festive ou chacune dispose de petits couteaux redoutablement aiguisés pour peler les fruits et couper les friandises à leur disposition. 

En réalité, et c’est délibéré de la part de la femme de Putiphar, ces dames vont se taillader les doigts par inadvertance lorsque « l’échanson entre en scène : c’était Joseph » et la femme de Putiphar leur dira alors : « Je vous l’ai montrée, la cause de ma mortelle langueur et de toute ma misère. Ayez donc des yeux pour moi aussi puisque vous étiez tout yeux pour lui ». Au bout du compte, le refus de Joseph est même apparu à ces dames comme étant une « scandaleuse rébellion cananéenne portant atteinte à l’honneur d’Amon », c’est-à-dire que l’idylle toute relative devenait un problème politique.

Louis-François Garnier

L’histoire singulière de Joseph et la femme de Putiphar nous a été transmise par la Bible hébraïque rédigée par des scribes-rédacteurs, c’est-à-dire un milieu élitiste partie prenante dans la narration, entre la fin du IIe millénaire et le Ier siècle avant notre ère, mais l’historicité des faits reste incertaine dans le cadre plus général de cette fascinante Egypte ancienne qui resta fidèle à ses divinités pendant trente siècles bien qu’en filigrane apparaît en l’occurrence l’hostilité croissante des prêtres d’Amon vis-à-vis de ce pharaon favorable au syncrétisme religieux que fut Amenhotep III et dont le fils Amenhotep IV dénommé ensuite Akhénaton imposera le culte d’Aton dans une vaine tentative de monothéisme qui en fera, post mortem, un pharaon renégat. (2)(13) 
Le Dieu unique des Hébreux apparaît aussi en demi-teinte en sus de la puissance de Thèbes devenu l’âme de l’Egypte pharaonique (17) et la capitale du royaume d’Egypte réunifiée sous l’autorité de la XVIIIe dynastie. Ce qui n’aurait pu être qu’une banale histoire d’adultère contrarié est apparu comme une situation digne d’intérêt compte tenu des protagonistes. 
D’un côté l’épouse d’un haut dignitaire égyptien, très proche du Pharaon garant de l’ordre du monde (Maât) et de l’autre un jeune hébreu dont la vertu, la loyauté à son maître, la piété filiale, mais aussi la foi fervente en son dieu unique le conduiront à ne pas succomber à la tentation de la chair et au péché, concept totalement étranger à la société égyptienne polythéiste de cette époque. 
Il nous faut savoir gré à Thomas Mann (1875-1955), prix Nobel de Littérature en 1929, de recréer sous la forme d’ « une fiction littéraire digne de ce nom », (23) l’atmosphère envoûtante de cette histoire hors du commun qui a inspiré nombre d’artistes.(10) C’est ainsi que les peintres ne manqueront pas d’illustrer l’érotisme de la situation en nous montrant, de façon plus ou moins dénudée, cette femme follement amoureuse qui arrache la tunique du beau jeune homme qui lui échappe. 
A l’instar de la déesse Hathor dont l’image de vache placide pouvait se transformer en lionne sanguinaire, la redoutable vengeance de la femme de Putiphar va être à la hauteur de son humiliation sous la forme d’une fallacieuse accusation de tentative de viol, la tunique devenant la pièce à conviction. 
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Joseph eut des déboires avec une tunique puisque celle qu’il avait reçue de son père Jacob avait exacerbé la jalousie de ses demi-frères et avait failli lui coûter la vie. De toutes ces épreuves, Joseph sortira vainqueur et sa force d’âme, cette fortitude qui est « la condition de toutes les vertus tout en étant l’une d’entre elles » (Thomas d’Aquin), force le respect  par delà les millénaires.

a) Canaan : terme apparu au XVe siècle av. J.-C. et correspondant à peu près à la zone actuelle incluant le Liban, Israël, la Palestine et le sud de la Syrie, c’est-à-dire la partie sud de ce que les Egyptiens appelaient Rétjénou ou Réténou. C’est vers 1850 av. J.-C. (?) que se situe la migration d’Abraham venant d’Our, qui était l’une des plus importantes villes de la Mésopotamie antique, dans l’actuel Irak, et alors située sur une des branches de l’Euphrate et proche du Golfe Persique.  Nous sommes de ce fait  à l’extrémité orientale du « croissant fertile » et la migration se fait vers le pays de Canaan suivie, vers 1700 av. J-C. (?), de l’installation en Egypte d’hébreux qui y resteront 430 ans d’après la tradition (22), c’est-à-dire  jusqu’à Moïse et l’Exode vers 1250 av. J.-C. sous le règne de Ramsès II. (v. 1304-v.1213 av. J.-C.) (1) (22) Ainsi, l’épisode de Joseph se situerait entre ces deux dates approximatives et ferait, en quelque sorte, le lien entre l’Exode et les patriarches qui, au sens strict, sont les trois pères fondateurs du peuple juif dans le Livre de la Genèse, à savoir Abraham, Isaac et Jacob. Les histoires de Joseph et de Moïse sont « complémentaires, deux versants d’un diptyque dans l’histoire des Hébreux, respectivement l’entrée et la sortie d’Egypte » (19) et l’histoire de Joseph est à rapprocher de l’installation d’Hébreux en Egypte selon deux modalités distinctes : « d’une part la déportation de serviteurs esclaves provenant de Canaan et d’autres part, la venue de bergers fuyant la sècheresse et la famine avec leurs troupeaux ». (22) Thomas Mann (10) relate que « Amenhotep III (régnait) dans les années où Joseph vécut sous le toit de Putiphar ». Ce pharaon dont le nom signifie « Amon est satisfait »  également dénommé en grec Aménophis III (v.1403 -. 1352 av. J.-C.) conduira l’Egypte à l’apogée de sa puissance. Joseph est supposé l’avoir vu avec la Grande Epouse royale, la reine Tiy, et le petit et futur Amenhotep IV (né entre 1371/1365 et mort vers 1338/1337 av. J.-C.). A l’époque qui nous intéresse (-1360) le jeune futur pharaon devait avoir entre 5 et 11 ans. C’est bien plus tard que la situation des Hébreux en Égypte va beaucoup se dégrader avec un nouveau Pharaon, « qui n’a pas connu Joseph » et qui réduisit  les enfants d’Israël en esclavage ;  ils n’auront pas d’autres alternative que de sortir d’Egypte d’où l’Exode du grec ex  « au-dehors » et hodos  « route ».

b) Madianites : descendants de Madian fils d’Abraham et installés à l’est du Jourdain entre Mer Morte et Sinaï et ce sont eux qui accueilleront Moïse lors de sa fuite d’Egypte. Les Ismaélites sont les descendants d’Ismaél, premier fils d’Abraham et étaient installés entre l’Euphrate et la Mer Rouge (Arabie actuelle). La gomme adragante est obtenue à partir de la sève d’arbrisseaux et était appréciée pour ses propriétés médicinales et le ladanum était une gomme-résine issue d’un ciste et utilisée en parfumerie, à ne pas confondre avec le laudanum à base d’opium.

c) Hyksôs : de heka khasout  (chefs des pays étrangers), dénomination d’un peuple venu d’Asie, au moins en partie d’origine sémitique et qui régnât sur la partie basse et moyenne de  l’Égypte à la fin de la Deuxième Période intermédiaire (1800-1500 av. J.-C.). Les dirigeants de Thèbes contribuèrent à répandre la réputation d’envahisseurs étrangers pour justifier la destruction et le pillage de la ville d’Avaris, leur capitale très prospère, victime de « la machine de guerre qui unifiera bientôt l’Egypte » (7)

d) Flabellifère : de flabellum désignant les grands éventails de cérémonie constitués de plumes d’autruches ou de paon au bout d’une longue perche afin d’éventer les hauts personnages, et en particulier le pharaon, lors de leurs déplacements, mais cette fonction a perdu de son importance au profit d’un rôle symbolique de manifestation du pouvoir, en particulier « à la droite du roi », ce qui était le cas de Putiphar.(10) 

e) Atoum Râ ou Atoum Rê est  l’antique dieu solaire qui est à la fois le soleil levant (Khépri : celui qui naît) symbolisé par le scarabée poussant le disque solaire, le soleil au zénith (Rê) puis le soleil couchant (Atoum) avec la dénomination plus générale de Rê-Horakhty (Rê comme étant Horus de l’horizon) et dont le principe visible est Aton, le disque solaire divinisé, dont le culte a été encouragé par Amenhotep III favorable au syncrétisme puis finalement imposé par son fils Amenhotep IV qui prendra le nom d’Akhénaton (Esprit vivant d’Aton) (3) qui, confronté à l’hostilité du clergé thébain devenu aussi riche que le roi (véritable état dans l’état), décidera d’abandonner le culte d’Amon le « dieu caché », dont Thèbes fut le principal lieu de culte sous le nom d’Amon-Rê le principal dieu du Nouvel Empire, (3)  au profit d’Aton, « le dieu visible » en construisant des temples à ciel ouvert, car « la place du soleil n’est pas à l’ombre » (2) dans sa nouvelle capitale Akhet-Aton ou L’horizon d’Aton (Tell el Amarna) à 300 km au nord de Thèbes. Aton était représenté sous la forme d’un disque solaire doté de long rayons terminés par des mains miniatures tenant le symbole de vie dénommé ankh. (3)  Après sa mort, Akhénaton fut considéré comme hérétique, sa ville fut détruite et ses représentations de même que celles de son épouse Néfertiti, qui lui survécut une dizaine d’années, furent mutilées. Les privilèges des prêtres d’Amon furent rétablis et Toutankhaton (l’image vivante d’Aton), le fils d’Akhénaton d’après la génétique moderne, changea son nom en Toutankhamon. (16)

Bibliographie

1) La Bible de Jérusalem cerf 2007.
2) Chedid A. Néfertiti et le rêve d’Akhénaton. Les Mémoires d’un scribe, Flammarion, 1974.
3) Tyldesley J. L’Egypte à la loupe. Larousse 2007.
4) L’Egypte et la Grèce antique. Gallimard-Larousse 1991.
5) Reboul Th. Les oculistes pharaoniques et leurs vases à collyres. L’Ophtalmologie des origines à nos jours. Tome 5 ; 5-17. Laboratoire H. Faure.
6) Tommasi M. Le régime du Nil nourrit les Egyptiens. Histoire & Civilisations N°66 : 14-19 novembre 2020.
7) Manley B. Atlas historique de l’Egypte ancienne. De Thèbes à Alexandrie : la tumultueuse épopée des pharaons. Autrement 1998.
8) Maruéjol F. L’Egypte et Canaan, les partenaires ennemis. L’Histoire de la Méditerranée. Le Monde Hors-série 2019.
9) Le musée égyptien de Turin. Federico Garolla Editore 1988.
10) Mann Th. Joseph et ses frères. Joseph en Egypte. L’Imaginaire Gallimard 1980.
11) Cevennit W. L’état pharaonique. Organisation politique de l’Egypte ancienne. Egypte ancienne N°36 2020.
12) Berlaine-Gues E. Hathor une déesse envoûtante. Egypte ancienne N°36 2020.
13) Mahfouz N. Akhénaton le Renégat. roman  Denoël 1998.
14) Agut D., Lafont B. Faute, culpabilité… en Egypte et en Mésopotamie. Qui a inventé le péché ? Le Monde de la Bible N°234 2020.
15) Onfray M. Sagesse. Ed. J’ai Lu 2020.
16) La grande histoire de l’Antiquité. Pharaons. Hors-série N°2 2020 Oracom.
17) Willaime V. Thèbes ; L’âme de l’Egypte pharaonique. Egypte ancienne N°36 2020.
18) Barrow R.J. Lawrence Alma-Tadema. Phaidon 2006.
19) Vernus P. Dictionnaire amoureux de l’Egypte pharaonique. Plon 2009.
20) Peltre Ch. Les Orientalistes. Hazan 2003.
21) Briend J. Joseph. Le monde de la Bible. foliohistoire Gallimard 1998.
22) Lemaire A. Les Hébreux en Egypte. Le monde de la Bible. foliohistoire Gallimard 1998.
23) Zivie A. Ramsès II et l’Exode : une idée reçue. Le monde de la Bible. foliohistoire Gallimard 1998.

Remerciements au Docteur Philippe Frisé, ophtalmologiste à Ploërmel pour sa documentation.




CES 2022


Plus important salon consacré à l’innovation technologique, le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas – pour sa 55e édition – a été une édition hybride en raison du contexte sanitaire. Même si des poids-lourds comme Google, Facebook, Amazon ou Gsk –  qui ne sont pas forcément les plus innovants  – étaient absents, cela n’a pas empêché les start-up de présenter de belles nouveautés. L’Hexagone, deuxième pays le plus représenté cette année derrière les États-Unis, n’était pas en reste, et notamment dans le domaine de la santé qui était le contingent le plus important avec la greentech et la robotique.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 444 – Janvier-Février 2022

WITHINGS

Habituée du salon, l’entreprise française Withings, Lauréate de trois CES Innovation Awards 2022, a dévoilé sa prochaine balance Body Scan connectée intégrant de nouvelles caractéristiques avec une vue à… 360° sur la santé.

– Mesure de l’activité nerveuse (détection certaines neuropathies) dans les pieds. Un score faible peut par exemple être un symptôme de certaines maladies chroniques ;

– analyse renforcée de la composition corporelle par segmentation : des capteurs avancés intégrés à la poignée scannent le torse, les bras et les jambes pour offrir une vision détaillée de la composition corporelle et de la forme physique ;

– enregistrement d’un électrocardiogramme (ECG) permettant de détecter la fibrillation auriculaire. Pour lancer une mesure, il suffit simplement de tenir une poignée en se pesant. Body Scan enregistre un électrocardiogramme 6 dérivations en seulement 30 secondes. Le résultat s’affiche bien évidemment sur l’écran de la balance, accompagné d’un code couleur. Le tracé apparaît automatiquement dans l’application Withings télécharageable sur Google ou Apple avec la posibilité de l’envoyer facilement à un professionnel de santé ;

– détection de biomarqueurs associés à certaines maladies comme le diabète (type 2) et l’identification de certaines pathologies, Body Scan permettra un contrôle proactif de sa santé. 

En outre, la station offre des porgrammes santé personnalisés, un partage des données avec des professionnels de santé et des conseils adaptés suivant les données fournies à l’appareil.

Disponibilité prévue : second semestre 2022.

CIRCULAR

La start-up Française Circular a dévoilé sa bague intelligente pour améliorer la santé et le bien-être (le mot à la mode).

L’idée de cette bague est née en 2016 d’une équipe d’experts du hardware et de l’industrialisation, d’ingénieurs algorithmiques et data scientists. Dotée de biocapteurs, celle-ci mesure l’oxygénation du sang, la détection d’éventuels symptômes comme l’apnée du sommeil. Elle permet également d’améliorer ses performances physiques grâce à une application qui synthétise et analyse toutes les données reçues.

ALIAE

Aliae présente son chatbot en santé.

Aliae a développé une thérapie numérique au travers de son chatbot (1). Grâce à l’intelligence artificielle, Aliae transforme le dialogue naturel avec les patients en une évaluation continue de l’état de santé et de la qualité de vie.

Il participe aux relations entre patients chroniques et les équipes médicales dans le cadre d’un programme de soins numériques

Les informations peuvent également compléter les questionnaires ou journaux médicaux standard, et contribue aux résultats avancés signalés par les patients.

Dans ce développement avancé, les assureurs et leurs adhérents ne sont pas en reste, afin d’établir des programmes de prévention, de gestion des pathologies ou de bien-être.

GRAPHEAL

TestNPass, le test diagnostique nasal Covid-19 connecté.

La start-up Française grenobloise Grapheal a reçu un Best innovation award du CES avec le développement de son TestNPass, un test antigénique numérique nasal sans pile pour le dépistage sur le terrain  d’une infection à la Covid-19 en détectant sa présence, et ceci en 5 minutes chrono.

Concrètement, le matériau utilisé est du graphène-sur-polymère, un nanomatériau composé de carbone pur ultra-fin et biostimulant permettant aux cellules une régénération plus rapide à son contact. Le signal capturé par un biocapteur permet une détection d’une plus grande précision à la survenue d’un phénomène biologique.

Le résultat est mémorisé dans une étiquette RFID (2) garantissant la confidentialité des utilisateurs. Il constitue un laissez-passer de santé numérique. La lecture de ce test se fait par l’intermédiaire d’un smartphone.

FLUIGENT

OMI, le laboratoire de poche qui reproduit le vivant.

Fluigent, le leader en microfluidique, (3) dévoile OMI, un laboratoire microscopique qui imite les organes vivants tels que la peau, les poumons ou même le cerveau.

Ce  laboratoire, le plus petit au monde (150 x 80 mm), permet des traitements thérapeutiques sur mesure. Il accélère le développement de nouveaux médicaments, réduit la nécessité d’expériences sur les animaux et l’impact environnemental et reproduit in vitro l’in vivo.

OMI recrée une biologie humaine plus vraie que nature avec des avancées significatives dans la compréhension du vieillissement, la personnalisation des traitements en un temps record, le développerment des médicaments ou encore dans l’étude des maladies infectieuses.

SENGLED

Sengled est un fabricant d’ampoules connectées.

la Smart Health Monitoring Light est une ampoule Wi-fi/Bluetooth avec surveillance intégrée de la santé grâce à un mini radar intégré.

Le système, capable de passer au travers des objets, serait capable de mesurer plusieurs signes vitaux d’individus, dont la température corporelle et le pouls.

Les ampoules pourraient fonctionner par paires et communiquer via Bluetooth afin de réaliser une cartographie de la pièce dans laquelle elles sont localisées. Ce système permettrait ainsi de suivre les occupants et de repérer une situation inhabituelle (une chute par exemple). 

La Smart Health Monitoring Light pourrait également faire office de tracker de sommeil et donc aider à poser un SAS, de mesurer la fréquence cardiaque, la température corporelle, la qualité du sommeil…

Lancement prévu : fin d’année 2022.

ABBOTT

Le groupe pharmaceutique américain a décroché quatre prix Innovation Awards.

1. Le premier prix revient à son test portatif rapide pour la détection des traumatismes crâniens (TC) et traumatismes crânien léger (TLC), le i-Stat TBI Plasma

Conçu pour fournir des mesures quantitatives de biomarqueurs, les tests s’exécutent sur la plateforme portable i-s=Stat Alinity d’Abbott  (disponibles en quinze minutes).

Avec une valeur prédictive négative (VPN) de 99,3 % et une sensibilité clinique de 95,8 %, le test i-STAT TBI Plasma peut aider aux prises de décision sans avoir recours au scanner cérébral.

2. Le laboratoire a également décroché un deuxième prix pour son autotest BinaxNOW Covid-19.

Le test portable fournit des résultats en 15 minutes sans équipement et, notion à souligner, s’adresse également aux patients asymptomatiques. Accompagnée de l’application Navica, les testés pourront afficher les résultats sur leur smartphone.

3. Le troisième prix revient au FreeStyle Libre 3 qui permet des mesures de glycémie en temps réel et en continu transmises automatiquement toutes les minutes au smartphone avec un capteur de glucose plus fin, plus petit et plus facile à appliquer.

4. La dernière distinction accordée est revenue à son logiciel d’imagerie Ultreon 1.0.

Ultreon 1.0 permet aux cardiologues interventionnels d’avoir une visibilité complète dans le cœur durant une intervention coronaire percutanée (PCI). Son interface intuitive donne des informations à l’écran (morphologie, taille des vaisseaux, placement du stent, optimisation post-stent) et des conseils étape par étape suivant le flux de travail afin de faciliter la prise de décision et déterminer la technique de traitement appropriée avant la PCI.

C’est l’intelligence artificielle (IA) qui permet la quantification automatique de la calcification et du dimensionnement des vaisseaux.

RESMED

Le fabricant américain de dispositifs médicaux ResMed a reçu un Innovation Award pour sa nouvelle série AirSense version 11.

AirSense v11 est un appareil de pression positive des voies aériennes (PAP) connecté au cloud pour le traitement de l’apnée du sommeil.

De nouvelles fonctionnalités numériques ont été ajoutées sur cette version telles que l’assistant de thérapie personnelle et l’enregistrement des soins, conçues pour fournir des conseils personnalisés aux utilisateurs de PAP, les aidant à faciliter la thérapie et une utilisation nocturne confortable.

L’une des fonctionnalités nommée Care Check-In donne aux patients des conseils personnalisés à travers les étapes clés de leur parcours de traitement.

Des algorithmes de thérapie exclusifs permettent des ajustements de thérapie respiration par respiration. Un mode (AutoSet for Her) a été conçu pour traiter les caractéristiques spécifiques aux femmes de l’apnée obstructive du sommeil légère à modérée, et CPAP (pression positive continue des voies respiratoires).

Connecté à la plateforme myAir, ce dispositif médical propose aux patients équipés des « conseils personnalisés ».

L’objectif est de renforcer l’engagement des patients et ResMed promet « une adhésion augmentée de 87 % » grâce à la télésurveillance, contre environ 50 % avec les appareils PAP non connectés.

(1) Un chatbot est un programme informatique qui tente de converser avec une personne en lui donnant l’impression de converser elle-même avec une personne.
(2) RFID pour Radio Frequency Identification », également nommée étiquette intelligente, est un système de traçabilité. Sa technologie permet la mémorisation, le stockage, l’enregistrement des données sur un support et de les récupérer à distance.
(3) La microfluidique est l’étude et la mise en œuvre des écoulements à petite échelle dans des réseaux de microcanaux de quelques micromètres de diamètre.
(4) Physical review letters – Journal de la Société américaine de physique du 25 octobre 2021.

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

A lire également



Cybersécurité – banalisation sur toile

Intelligence artificielle – la santé au cœur du futur


L’intelligence artificielle – Introduction à la Santé


Les préoccupations liées à l’intelligence artificielle


Les 50 ans d’internet


Les virus


De l’impression 3D à la bio-impression


Retour vers le futur – les prédictions médicale dans les années 1950




Un bon forfait vaut bien quelques morts

Par Marc Villacèque.
Président du Syndicat national des cardiologues.

Les modes de financement du système de santé sont de plus en plus complexes et inintelligibles. La nouvelle loi réformant le financement des urgences n’échappe pas à la règle. Le 29 décembre dernier, deux arrêtés ont été publiés précisant le nouveau forfait patient urgence (FPU) applicable au 1er janvier 2022. 

En résumé, pour les patients qui passent par les urgences et qui ne sont pas hospitalisés, tous les actes effectués par l’urgentiste, le biologiste et le radiologue sont maintenant rémunérés au forfait. Pour toutes les autres spécialités, une seule facturation d’un montant de 25 euros est possible quel que soit l’acte. Passons sur le fait que ces arrêtés soient sortis pendant les vacances et appliqués deux jours après leur parution au Journal Officiel ; ils ne stipulent à aucun endroit comment facturer l’échographie cardiaque ou vasculaire. Ces actes ne s’effectueront donc plus dans un service d’urgence, sauf si on prédit que le résultat de l’examen nécessitera une hospitalisation !!! 

Lors d’un entretien avec la DGOS, la solution préconisée pour que les actes puissent être abondés serait la conversion du passage aux urgences en unité d’hospitalisation de courte durée (UCHD) ; or, une hospitalisation en UHCD majore la prise en charge d’environ 150 € juste pour une échographie de 96,49 euros !!! Certains urgentistes ou établissements privés refusent cette possibilité.

Dorénavant, une alternative s’offre à vous…

• Soit vous hospitalisez le patient pour faire une échographie cardiaque quelle que soit la suspicion diagnostique (simple douleur thoracique, suspicion de phlébite…),

• soit vous ou l’urgentiste estimez, au doigt mouillé, que le patient peut se passer d’une échographie cardiaque urgente et vous l’adressez sur ses deux pieds à votre cabinet quelques jours après. Plus radical : vous renoncez à donner des avis aux urgences car, administrativement, les prises en charges deviennent trop complexes : on est là dans le cadre de l’urgence pour soigner de façon efficiente et non pour réfléchir si ce patient justifie une UHCD pour pouvoir bénéficier de l’ échographie que requiert la réflexion clinique.

Bref, en voulant simplifier une problématique réelle, les patients potentiellement cardiaques risquent de payer le prix fort ! Privées d’une prise en charge cardiologique rapide au lit du patient, les urgences seront amputées d’un avis cardiologique complet. Alors qu’on nous encourage sans cesse à imaginer des parcours pertinents, ici, dans l’environnement de l’urgence, où est donc la pertinence ? 

Nos décideurs, au prétexte que les échographies cardiaques aux urgences ne représentent que 11 000 actes/an, sans même essayer d’évaluer combien d’entre elles ont pu sauver des vies, ont décidé, loin de la réalité du terrain, qu’un bon forfait valait bien le risque de quelques morts.




Alsace Pinot noir 2018 Clos Saint-Landelin

Les rares et modestes bénéficiaires du réchauffement climatique se trouvent dans les vignobles français les plus septentrionaux, où les vins, grâce à un ensoleillement et des températures beaucoup plus favorables, profitent de maturités, richesse en sucre et par conséquence en alcool, nettement améliorées.

C’est particulièrement évident pour les pinots noirs alsaciens, dont la qualité, ces dernières années, a fortement progressé. Ceci est également lié à l’émergence d’une jeune génération de viticulteurs qui ont compris les potentialités de ce cépage dans leur région en le cultivant sur les terroirs les mieux adaptés. Actuellement, le pinot noir, seul autorisé pour élaborer du vin rouge, représente 15 % de l’encépagement, mais ne peut revendiquer l’appellation «grand cru».

Lorsqu’au XVIIe siècle, Michel Muré s’installe à Rouffach, au sud de Colmar, pour y cultiver la vigne, il est loin de s’imaginer la belle aventure qu’il préparait à sa descendance. En 1935, Alfred Muré complète la propriété par le très prometteur Clos Saint-Landelin. Aujourd’hui, le domaine Muré s’étend sur 25 ha, et ce sont ses arrières petits-enfants, Véronique et Thomas, 12e génération, qui cultivent les somptueux terroirs, pour produire de grands vins en biodynamie.

Le grand cru Vorbourg exposé sud, sud-est, dont fait partie le Clos Saint-Landelin, est protégé par les deux sommets vosgiens, les Petit et Grand Ballons, qui protègent le cru contre les vents d’ouest porteurs de pluie, favorisent un climat sec et très ensoleillé. Son sol marno-calcaire repose sur du grès du Bajocien et des conglomérats calcaires de l’Oligocène. Il est riche en fer, d’où la couleur rouge ocre du sol. La cuvée pinot noir V (initiale de Vorbourg) ne peut porter le nom du grand cru du fait de la réglementation.

UNE CULTURE BIO DEPUIS 1999

Afin d’exprimer la richesse du terroir, les Muré adoptent la culture bio dès 1999, puis biodynamique depuis 2013. La taille soigneuse des ceps en Guyot, les rendements faibles,
37 hl/ha pour le pinot noir V, renforcent la capacité des raisins à transmettre au vin l’expression du terroir. En complément du travail bio : respect du sol, désherbage mécanique, apport de compost, utilisation limitée du soufre et du cuivre, les préparations biodynamiques cherchent à favoriser la vitalité et la santé de l’écosystème tout en y respectant la biodiversité grâce à des préparations pulvérisées sur le sol (bouse de corne) et sur la vigne (silice de corne) ; des tisanes de plantes médicinales comme les décoctions de prèle ou de camomille renforcent les défenses naturelles des vignes contre les maladies cryptogamiques. Le cycle des planètes rythme ces travaux.

Les vendanges manuelles s’accompagnent du tri direct sur les parcelles des raisins qui sont transportés en cagettes de 20 kg, pour éviter tout tassement. Dans la cave, le travail reste minimaliste. La macération a lieu sur 50 % de grappes entières, la fermentation s’opère grâce aux levures indigènes de la cave, l’ajout de SO2 est restreint le plus possible. L’élevage utilise des barriques de chêne, dont 30 % sont neuves. Au moment de la mise en bouteille, de l’azote liquide est injecté, pour expulser l’air ambiant et préserver au mieux les arômes du vin.

UN VIN BÂTI POUR LA GARDE

Le somptueux pinot noir Saint-Landelin vendu uniquement sur allocation compte-tenu de sa rareté (2 500 flacons), étant inaccessible, j’ai apprécié pleinement le très proche pinot noir V 2018 qui, habillé d’une belle robe lumineuse rouge cerise, déploie un fruité éclatant de framboise juteuse et de griotte, des senteurs de pruneau, de vanille et d’épices douces (poivre blanc) avec des notes salines et de pierre mouillée témoignant de la minéralité propre à ce terroir alsacien. La bouche dense, charnue, gourmande dévoile une intense énergie tout en finesse, avec des tanins soyeux aériens, puis laisse place à une longue finale spectaculaire dotée d’une belle fraîcheur. Ce vin est déjà délicieux, mais aussi bâti pour la garde.

Ce pinot noir alsacien, servi à 15-16 °, appelle une terrine de volaille au faisan, des viandes rouges grillées plutôt que braisées ou en sauce, une escalope milanaise aux pâtes fraîches, un chou farci aux épices douces, un foie de veau poêlé au vinaigre de framboise qui répond aux arômes de fruits rouges du vin. Accords régionaux de rigueur, il escortera avec plaisir les plats locaux : palette de porc fumé, baeckeoffe aux trois viandes, voire cassolette d’escargots à l’alsacienne. Le vin s’exprime pleinement avec une caille aux raisins, sa fluidité aérienne s’accorde avec la subtilité du volatile, son acidité légère et fruitée font écho à celle de la garniture et après quelques années de garde avec les petits gibiers à plume (perdreau, colvert).

Actuellement, les pinots noirs alsaciens ont le vent en poupe, séduisent les palais les plus exigeants et se font une place sur les belles tables. Certains grands vignerons n’hésitent pas à arracher des rangs de Gewurztraminer, pour replanter le cépage rouge. Celui-ci s’épanouit à condition, comme le font les Muré, de choisir des terroirs favorables (granit, grès), de pratiquer une viticulture respectueuse et une vinification à la bourguignonne. Grâce à leurs prix encore raisonnables, ces vins s’annoncent comme de sérieux challengers à leurs homologues bourguignons.

Veronique et Thomas MuréClos Saint-Landelin 68250 Rouffach

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération