CES 2024 – Le show de la santé au Consumer Electronics

Après les années Covid, une édition 2023 en demi-teinte et deux ans d’absence, le Digital Health Summit du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas a fait son grand  retour sur le développement des dernières technologies. Le point sur quelques-unes des principales Innovations Awards 2024.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 456 – janvier-février 2024

STIMULATEUR CARDIAQUE SANS FIL À DOUBLE CHAMBRE

Destiné à traiter les personnes ayant un rythme cardiaque lent, le système de stimulateur cardiaque sans fil à double chambre (DR) AVEIR™ est le premier stimulateur cardiaque sans fil à double chambre. Faisant environ un dixième de la taille d’un stimulateur cardiaque traditionnel, les composants auriculaires et ventriculaires de ces stimulateurs peuvent communiquer entre eux grâce à la première technologie i2i™ (implant à implant) afin d’établir une stimulation continue et synchronisée entre l’oreillette droite et le ventricule droit. Ils sont également conçus pour être récupérés si les besoins thérapeutiques d’une personne changent ou si elle a besoin d’un appareil de remplacement à l’avenir.

 

THERMOMÈTRE INTELLIGENT SANS CONTACT

HiiTCHECK est un thermomètre intelligent sans contact conçu pour une surveillance de la température. Compatible avec n’importe quel smartphone, il se fixe facilement et offre une rotation pratique à 360 degrés permettant ainsi un suivi sans effort de sa propre température corporelle (ou celle de votre bébé). Ses capteurs mesurent avec précision la température corporelle à 0,1 °C, ce qui le rend suffisamment précis et utile pour suivre l’ovulation et faciliter le timing de la grossesse. HiiTCHECK est sans batterie.

 

MATELAS INTELLIGENT SLEEPINBODY-INCLINE

Le matelas intelligent SleepInBody-Incline est un matelas de santé numérique qui a été créé pour garantir un état de sommeil stable en analysant les changements en temps réel des signes biologiques telles la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire de l’utilisateur grâce au système IoT (1), une technologie clé.
Le matelas ajuste automatiquement sa fermeté, sa hauteur et son angle en fonction de l’IMC de l’utilisateur et de l’activité quotidienne collectée par la balance SmartBody et les appareils portables qui y sont connectés. Le fabricant garantit un meilleur environnement de sommeil pour tout le monde…

 

THERMOMÈTRE NUMÉRIQUE

Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont bon train et cela commence ainsi : « Plus besoin d’aller chez le médecin avec ce boîtier, on lui envoie les mesures et c’est tout ! », « Bientôt on fera son boulot au médecin avec en prime une consultation à 40 boulles », « C’est bien connu, un médecin ne fait que prendre des mesures. »…
Withings présentait son nouveau thermomètre numérique BeamO, appareil de check-up santé 4-en-1. sont inclus un stéthoscope digital (avec bien entendu une interprétation par le personnel médical [sic]), un ECG de grade médical à une dérivation afin de détecter la fibrillation auriculaire (FA), un oxymètre mesurant le taux de saturation en oxygène dans le sang (SpO2) et, bien sûr, un thermomètre sans contact pour mesurer la température corporelle.
BeamO n’est pas encore validé cliniquement ou médicalement. L’appareil est actuellement en phase d’obtention de validation clinique ainsi que le marquage CE et l’approbation de la FDA.
Lancement prévu à l’été 2024.

 

APPAREIL DE BIOIMAGERIE POUR LE BIEN-ÊTRE VASCULAIRE EN TEMPS RÉEL

ATRI (Advanced Technology Research Institution) a présenté un appareil de bio-imagerie pour la surveillance vasculaire et le diagnostic des maladies inflammatoires.
Avec un taux de mortalité important, la détection précoce est donc cruciale. ATRI a développé une technologie utilisant un filtre bloquant les ultraviolets en visualisant uniquement l’image de fluorescence de la thrombose.

(1) On parle d’Internet of Things (IoT) lorsque des objets physiques sont équipés de capteurs, de softwares et d’autres technologies dans le but de se connecter© rclassenlayouts – depostiphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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L’ESPRIT DERRIÈRE LE DR. GUPTA

 

Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

NEUTRALISER L’IA DANS L’AVENIR ?

 

Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.

La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».

La bataille ne fait que commencer !

De l’impression 3D à la bio-impression


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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




La bio-impression – des avancées à petit pas – 2e partie

Nous avons vu dans notre précédent numéro (Le Cardiologue 456)  le principe et l’importance de la bio-impression dans la recherche, les fondements, les applications et les récentes avancées dans le domaine de la santé. Nous faisons le point dans cette deuxième partie des limites vues les contraintes technolgiques actuelles et les perspectives futures.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 456 – janvier-février 2024

LES DÉFIS ET LES LIMITES

Les fondements de la bio-impression reposent sur des principes visant à reproduire la complexité des tissus biologiques en s’appuyant sur l’utilisation des techniques d’impression 3D pour construire des structures tridimensionnelles complexes à partir de matériaux biologiques. L’objectif est de créer des tissus et des organes fonctionnels capables de s’intégrer dans le corps humain.

La bio-impression fait face depuis plusieurs années aux limites de la technologie, de problèmes éthiques et de compatibilité et d’acceptation clinique des receveurs.

• Les contraintes technologiques actuelles, malgré les avancées, représentent l’un des principaux obstacles de l’évolution de la bio-impression. Les imprimantes 3D spécialisées n’ont pas une précision pour reproduire naturellement la complexité microscopique des tissus. Les résolutions limitées peuvent directement influer sur la fonctionnalité des organes imprimés.

• Les problèmes éthiques, de leur côté, soulèvent des questions morales. Les cellules souches embryonnaires humaines (CSE), par exemple, sont au centre des controverses éthiques en raison de leur dérivation d’embryons humains. 
L’utilisation de cellules souches pluripotentes induites (CSPi) constitue un autre défi éthique malgré ses promesses dans la médecine régénérative (1), l’une des préoccupations majeures étant le risque de reprogrammation anormale au cours du processus d’induction des CSPi.

• Le défi de l’acceptation clinique se pose également. L’organe bio-imprimé intégré dans le corps du receveur reste une préoccupation avec les réactions immunitaires, le risque de rejet et la nécessité d’assurer la fonctionnalité optimale de l’organe artificiel. Ces défis complexes nécessitent une compréhension approfondie des interactions biologiques.

Il faudra également une approche globale entre les laboratoires afin de réunir, comparer les résultats et  de réaliser des protocoles universels. Une normalisation est donc nécessaire afin garantir des résultats et une validation clinique.

 

LES PERSPECTIVES FUTURES

Malgré ces difficultés, les perspectives futures de la bio-impression médicale pourraient jouer un rôle crucial dans des domaines émergents tels que la médecine personnalisée et la régénération tissulaire avancée.
Personnaliser la réalisation d’organes et de tissus en fonction des caractéristiques génétiques et physiologiques de chacun permettrait un traitement des maladies de manière plus ciblée et efficace avec un développement sur mesure des organes et des tissus, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour des thérapies plus efficaces et mieux tolérées.
Le coût. La bio-impression, en offrant une production d’organes sur mesure, pourrait réduire la dépendance vis-à-vis des greffes d’organes traditionnelles et des traitements coûteux, ce qui pourrait contribuer à terme à une diminution des coûts de santé associés aux procédures complexes de transplantation.

 

EN CONCLUSION

En récapitulant les points clés, cette technologie d’impression 3D permet une fabrication sur mesure d’organes et de tissus, en offrant des solutions novatrices pour la transplantation et la régénération tissulaire.
Les progrès technologiques récents ont surmonté certains défis, mais des obstacles subsistent, comme nous l’avons vu, notamment sur le plan éthique et clinique. Malgré cela, l’avenir de la bio-impression sur la santé est important, ouvrant la voie à une médecine personnalisée, plus efficace et accessible. Les perspectives futures s’annoncent prometteuses, avec la possibilité de personnaliser les traitements, de réduire les coûts de santé, et d’apporter des avancées significatives dans la médecine régénérative.
L’intelligence artificielle promet également de redéfinir les normes de la bio-impression. La bio-impression représente un chapitre passionnant dans l’histoire de la médecine, invitant à l’optimisme quant à son potentiel révolutionnaire.

Dans notre précédent numéro [A voir ici] :

Les fondements
Les applications en santé
Les avancées récentes

(1) La médecine régénérative (ou médecine régénératrice) est un domaine interdisciplinaire de recherche et d’applications cliniques axée sur la réparation, le remplacement ou la régénération de cellules, de tissus ou d’organes pour restaurer une fonction altérée » du corps humain.

Source : Frezone, Wikipedia, 3Dnatives

© ipopbas – fr.depositphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

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La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

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Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

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La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».

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Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




La bio-impression – des avancées à petit pas


Même si nous sommes encore loin d’une époque où les hôpitaux bio-imprimeront les organes de leurs patients, des avancées et des expériences significatives sont apparues ces dernières années. Cette technique intégre des matériaux biologiques afin de créer des structures cellulaires complexes. Dans ce contexte qu’est le secteur de la santé, la bio-impression consiste à fabriquer des tissus et même des organes fonctionnels sur mesure.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 455 – novembre-décembre 2023

La bio-impression se base sur le principe des imprimantes 3D spécialisées qui déposent couche par couche des matériaux biocompatibles, tels que des cellules et des bio-encres, afin de réaliser des structures biologiques tridimensionnelles. Ce procédé intègre la création d’organes sur mesure et de tissus vivants.

L’importance de la bio-impression dans la recherche offre une réelle alternative aux méthodes conventionnelles de transplantation d’organes en répondant par exemple à la demande mondiale croissante en matière de greffes. Cette technologie ouvre également des perspectives pour la modélisation de maladies, la recherche pharmaceutique et la personnalisation des traitements médicaux. Au fur et à mesure de son évolution, la bio-impression suscite un réel intérêt au sein de la communauté scientifique et médicale, ouvrant ainsi la recherche vers de nouveaux horizons.

 

LES FONDEMENTS

Les fondements de la bio-impression reposent sur des principes visant à reproduire la complexité des tissus biologiques en s’appuyant sur l’utilisation des techniques d’impression 3D pour construire des structures tridimensionnelles complexes à partir de matériaux biologiques. L’objectif est de créer des tissus et des organes fonctionnels capables de s’intégrer dans le corps humain.

 

Les différents types d’impression

Il existe plusieurs types de bio-impression.

  • Le jet d’encre biologique qui fonctionne de manière similaire à une imprimante jet d’encre conventionnelle, mais au lieu d’utiliser de l’encre, elle dépose des cellules biologiques.
  • L’extrusion qui repose sur l’application de couches successives de matériaux biocompatibles pour construire la structure souhaitée.

Chaque méthode a ses avantages et bien sûr ses limites, permettant ainsi une flexibilité dans le choix de la technique en fonction des besoins spécifiques de la bio-impression.

 

Les matériaux utilisés

Les matériaux utilisés dans le processus de bio-impression sont bien sûr cruciaux pour assurer la viabilité et la fonctionnalité des créations produites. Les bio-encres spécialement conçues et composées de cellules vivantes et des biomatériaux imitent l’environnement de la matrice extracellulaire (MEC) propice à la survie cellulaire et à la différenciation. Elles sont capables de conserver leurs structures physiques sans nécessiter de photodurcissement ou de procédés chimiques. Ces matériaux biocompatibles garantissent une intégration adaptée aux tissus existants une fois implantés.

 

LES APPLICATIONS EN SANTÉ

La bio-impression offre un éventail d’applications avancé en transformant la manière dont nous envisageons la fabrication d’organes et de tissus, la réparation d’organes endommagés, et bien sûr la recherche pharmaceutique.
La fabrication d’organes et de tissus sur mesure est l’une des applications les plus prometteuses de la bio-impression. En reproduisant la complexité architecturale des organes humains, cette technologie permet de créer des structures adaptées aux besoins spécifiques de chaque patient. La possibilité de concevoir des organes sur mesure réduit les risques de rejet après une transplantation et élimine bien sûr la dépendance à l’égard des donneurs. Des avancées significatives ont déjà été réalisées dans la bio-impression d’organes tels que le foie, le cœur et les reins.

En 2019, un prototype de cœur a été imprimé et reconstitué dans son anatomie complète avec ses cellules et ses vaisseaux sanguins à une échelle moindre que celui de l’humain. Aussi gros qu’un cœur de lapin, il a été conçu à partir de différents types de cellules du même patient. Mais pour que ce cœur soit fonctionnel, il faut encore quelques années d’années de travail, notamment pour agrandir sa taille.

La réparation et le remplacement d’organes endommagés constituent l’application importante de la bio-impression. Les organes ainsi créés peuvent être utilisés pour remplacer des parties défectueuses ou endommagées du corps, offrant ainsi une solution durable pour les patients souffrant de maladies chroniques ou de lésions traumatiques. Des chercheurs australiens ont développé un bras robotique miniature et flexible pour réparer les tissus ou organes du corps humain endommagés grâce à la bio-impression 3D.
Dans la recherche pharmaceutique, la bio-impression offre aux chercheurs la possibilité d’étudier les effets des médicaments de manière plus précise. Les organes imprimés peuvent être utilisés pour tester l’efficacité et la sécurité des médicaments, réduisant ainsi la nécessité de tests sur des animaux et accélérant le processus de développement de médicaments.

 

LES AVANCÉES RÉCENTES

Les avancées récentes dans la bio-impression médicale ont été marquées par des progrès significatifs tant du côté des imprimantes 3D spécialisées que des matériaux bio-imprimables, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la fabrication de tissus et d’organes sur mesure. Elles accélèrent également la transition de la bio-impression de la phase expérimentale vers une application clinique réaliste.

Ce sont tout d’abord l’amélioration de la précision et la rapidité du processus qui constituent les progrès les plus marquants. Les nouvelles générations d’imprimantes offrent en effet des résolutions bien plus élevées, permettant une reproduction plus fidèle des structures cellulaires avec une capacité à imprimer simultanément différents types de bio-encres, élargissant ainsi la gamme de tissus et d’organes pouvant être produits.

 

Les nouveaux matériaux bio-imprimables

Les nouveaux matériaux bio-imprimables jouent un rôle-clé dans l’évolution de la bio-impression. Des bio-encres plus avancées intègrent désormais des facteurs de croissance spécifiques, favorisant la différenciation cellulaire et la régénération tissulaire. La bio-encre d’hydrogel, par exemple, utilise des nanoparticules autoassemblées et des microparticules d’hydrogel. Les chercheurs ont pu atteindre des niveaux de porosité, de fidélité de forme et d’intégration cellulaire jamais atteints auparavant. Ces matériaux de nouvelle génération élargissent les possibilités de la bio-impression en permettant la reproduction de structures tissulaires encore plus complexes.

Des études de cas et des exemples concrets illustrent l’impact croissant de la bio-impression médicale. Des réussites notables incluent la bio-impression réussie de tissus osseux, de cartilage et de vaisseaux sanguins. Des équipes de recherche ont également démontré la faisabilité de bio-imprimer des minicerveaux fonctionnels pour étudier les troubles neurologiques.

Mais la bio-impression fait aussi face à ses limites et ses défis. Nous verrons également les perspectives qu’elle nous offre dans notre prochain numéro.

Dans notre prochain numéro :

Les défis et les limites

Les perspectives du futur

(1) La médecine régénérative (ou médecine régénératrice) est un domaine interdisciplinaire de recherche et d’applications cliniques axée sur la réparation, le remplacement ou la régénération de cellules, de tissus ou d’organes pour restaurer une fonction altérée » du corps humain.

Source : Frezone, Wikipedia, 3Dnatives

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L’intelligence artificielle – Une réalité utopique ?

Comme nous l’avons vu dans précédent numéro (Le Cardiologue 453), la sortie de chatGPT a considérablement impacté le développement de l’intelligence artificielle dans le monde et dans tous les secteurs. La santé est particulièrement mise en avant avec l’IA : développement, recherche, diagnostic… et toutes ses implications sur les patients et les professionnels de la santé.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 454 – septembre-octobre 2023

LE DIAGNOSTIC MÉDICAL

S’il est un domaine où les enjeux sont colossaux, c’est bien celui du diagnostic. Les taux de faux positifs et de faux négatifs pourraient s’en trouver diminués avec une amélioration de la rapidité et de la précision des décisions sur des traitements plus appropriés et une suppression des examens inutiles.

L’intelligence artificielle apporte son lot d’amélioration dans le domaine du diagnostic. 

 

Une détection précoce des maladies

L’IA analyse des quantités très importantes de données médicales (imagerie, résultats de tests de laboratoire, données génétiques…) dans la détection des signes précoces de maladies, ce qui permettra de diagnostiquer ou d’identifier des anomalies ou des signes de maladies, améliorant ainsi les chances de réussite des traitements.

 

Un diagnostic plus précis

Le nombre d’erreurs de diagnostic pourra être diminué grâce aux analyses de données complexes et aux recommandations basées sur des preuves. Il y aurait également une garantie de traitements plus appropriés.

 

une personnalisation des traitements

L’IA peut analyser les données médicales des patients et proposer des plans de traitement personnalisés. En tenant compte des caractéristiques génétiques, des antécédents médicaux et des réponses antérieures aux traitements, les thérapies seront mieux adaptées aux besoins spécifiques de chaque individu.

 

L’aide à la décision clinique

L’intelligence artificielle peut fournir  des informations pertinentes et des suggestions de traitement en temps réel en se basant sur les meilleures pratiques médicales et les dernières recherches. Cela peut être particulièrement utile lors de décisions complexes.

 

La télémédecine améliorée

L’intégration de l’IA dans des applications de télémédecine sera une aide précieuse pour l’évaluation à distance des patients. Cela est d’autant plus actuel et particulièrement utile dans les régions éloignées ou mal desservies (déserts médicaux).

 

La gestion des données de santé

L’organisation et l’analyse des données de santé massives sont le fer de lance de l’IA, ce qui sera extrêmement bénéfique pour les études épidémiologiques, la recherche médicale et la gestion des dossiers médicaux électroniques (voir plus loin le développement des médicaments).

 

La réduction des coûts de soins de santé

Certains des points cités ci-dessus contribueront à réduire les coûts de soins à long terme grâce à l’amélioration du diagnostic, des erreurs médicales, de l’optimisation des traitements. L’efficacité opérationnelle des établissements de santé, notamment la planification des ressources, l’optimisation des flux de patients et la gestion des stocks de médicaments s’en trouveront améliorés.

L’ÉTHIQUE ET L’HUMAIN AVANT TOUT

 L’Organisation mondiale de la santé a publié en juin dernier un premier rapport sur les défis liés à l’intelligence artificielle et notamment le « grand espoir qu’elle suscite (…), mais à condition de placer l’éthique et les droits humains » en son cœur.

Les questions liées à la confidentialité des données, à la réglementation et à la responsabilité médicale doivent être garanties pour une utilisation appropriée et sécurisée.

Encore faut-il que tous les pays se mettent d’accor sur ces principes de précaution évidents…

LA PRÉVISION DES ÉVÉNEMENTS CARDIOVASCULAIRES

La capacité à prédire les événements cardiovasculaires dans le futur dépendra bien sûr des progrès technologiques, mais également des données disponibles et des méthodes de modélisation utilisées. L’IA a déjà montré son potentiel pour aider à prédire les événements cardiovasculaires en utilisant des modèles d’apprentissage automatique (machine learning [1] et deep learning [2]) qui analysent de grandes quantités de données médicales, notamment des informations sur les patients, les antécédents médicaux, les facteurs de risque et les données de surveillance en temps réel.

 

Voici quelques points pour la prédiction des événements cardiovasculaires :

Les modèles de prédiction du risque. Les IA peuvent être formées pour développer des modèles de prédiction du risque qui estiment la probabilité qu’un individu subisse un événement cardiovasculaire, comme une crise cardiaque ou un AVC, dans un avenir proche. Ces modèles prennent en compte de nombreux facteurs de risque, tels que l’âge, le sexe, les habitudes de vie, les données génétiques, les niveaux de cholestérol, la pression artérielle, etc.

 

La surveillance continue. Grâce aux dispositifs médicaux connectés et des capteurs de surveillance, les données des patients peuvent collecter en temps réel, ce qui permet aux IA un suivi des signes vitaux et un déclenchement des alertes en cas de risque accru d’événements cardiovasculaires.

 

Le diagnostic précoce. L’IA peut être formée pour détecter de manière précoce des anomalies dans les données médicales, telles que des signes de maladies cardiovasculaires, en analysant des images médicales, des électrocardiogrammes, ou d’autres données diagnostiques.

 

La personnalisation des traitements. Les médecins peuvent concevoir des plans de traitement personnalisés grâce à l’IA en fonction des caractéristiques individuelles des patients, ce qui peut contribuer à réduire le risque d’événements cardiovasculaires.

Cependant, il est important de noter que la prédiction des événements cardiovasculaires est un domaine complexe et qu’aucun modèle ou algorithme n’est parfait. 

 

L’efficacité dans la prédiction des événements cardiovasculaires continuera de s’améliorer à mesure que la technologie évoluera et que de nouvelles données seront disponibles. Néanmoins, il est probable que l’IA sera utilisée en complément des compétences cliniques des professionnels de la santé pour améliorer la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires dans le futur.

 

LE RÔLE ESSENTIEL DE L’IA DANS LA RECHERCHE MÉDICALE

 

L’analyse massive des données

L’IA analyse rapidement de vastes ensembles de données médicales, y compris des images médicales, des dossiers électroniques de patients, des données génomiques, etc. Elle repère les tendances, les corrélations et les informations importantes dont les chercheurs pourraient manquer.

 

Le diagnostic assisté

En fournissant des suggestions basées sur l’analyse des données cliniques, l’intelligence artificielle peut aider les médecins dans le processus de diagnostic et contribuer éventuellement à réduire les erreurs de diagnostic et à améliorer la précision (et, pour certains, la décision).

 

Le développement de médicaments

Le développement et la découverte de médicaments sont l’un des points forts de l’IA. En analysant de grandes bases de données de composés chimiques, en prédisant leur efficacité et en identifiant de nouvelles cibles thérapeutiques. Les laboratoires internationaux (Bayer, BioNTech, Roche, Merck KGaA…) ont d’ailleurs acquis ou investi dans des start-up.

 

Recherche en biologie et en génomique

L’IA peut accélérer la recherche fondamentale en biologie en modélisant des processus biologiques complexes et en permettant aux chercheurs de comprendre plus rapidement les mécanismes sous-jacents de nombreuses maladies.

 

Prédiction des épidémies et surveillance de la santé publique

Une surveillance en temps réel est réalisée par l’intelligence artificielle grâce aux données de santé publique permettra de détecter les épidémies potentielles et de réagir rapidement.

 

Découverte de biomarqueurs

L’IA peut aider à identifier de nouveaux biomarqueurs pour diagnostiquer précocement les maladies ou évaluer la progression de la maladie.

 

Recherche en sciences sociales et éthiques

L’IA peut également aider à comprendre les aspects sociaux et éthiques de la recherche médicale, notamment en analysant les opinions publiques et en identifiant les questions éthiques potentielles liées à la médecine de précision et à l’utilisation des données médicales.

Cependant, il est important de noter que l’IA ne remplacera pas complètement les chercheurs médicaux, mais elle les assistera dans leurs travaux. De plus, des questions liées à la confidentialité des données, à la sécurité et à l’interprétation des résultats devront être prises en compte pour garantir que l’IA est utilisée de manière éthique et efficace dans la recherche médicale.

(1) Le machine learning est un sous-ensemble de l’intelligence artificielle qui permet à une machine ou à un système d’apprendre et de s’améliorer automatiquement.
(2) Deep learning est l’apprentissage profond ou apprentissage en profondeur est un sous-domaine de l’intelligence artificielle qui utilise des réseaux neuronaux pour résoudre des tâches complexes grâce à des architectures articulées de différentes transformations non linéaires.

Source : apmNews, openai, OMS, tic pharma

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Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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L’ESPRIT DERRIÈRE LE DR. GUPTA

 

Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

NEUTRALISER L’IA DANS L’AVENIR ?

 

Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.

La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




L’intelligence artificielle – Passé, présent et avenir

L’intelligence artificielle n’en fini pas de faire parler d’elle. Et c’est sans aucun doute les lancements récents des chatbots GPT, en faisant le buzz, qui ont déclenché cette course en avant des entreprises high tech. L’IA est sans aucun doute un domaine passionant, mais de quelle manière nous accompagnera-t’elle dans l’avenir ? Et saura-t’on mettre les barrières nécessaires pour techniquement et humainement la maîtriser d’une façon intelligente et efficace ?

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 453 – juillet-août 2023

Le concept de l’intelligence artificielle est à la base plutôt simple à comprendre. Directement issue des programmes de développement informatique, l’IA permet d’imiter la compréhension et la pensée humaines selon des bases de données.

Les premiers soubresauts de cette technologie ne datent pas d’hier. En 1950, le mathématicien Alan Turing (qui avait joué un rôle majeur dans la cryptanalyse de la machine Enigma utilisée par les armées allemandes  lors de la Seconde Guerre mondiale) s’était posé cette question simple : « Les machines peuvent-elles penser ? ». Il étudie l’intelligence artificielle (qui n’était pas encore ainsi nommée) en publiant un article fondamental en 1950 (Computing Machinery and Intelligence), dans lequel fut introduit le concept de ce qui est maintenant nommé le test de Turing, fondé sur la faculté d’une machine à imiter la conversation humaine. 

Dans sa lancée, Alan Turing fait le « pari que, d’ici cinquante ans, il n’y aura plus moyen de distinguer les réponses données par un homme ou un ordinateur, et ce sur n’importe quel sujet ». (1) L’avenir lui donnera-t-il raison ?

LA CRÉATION ET LES PREMIÈRES AVANCÉES DE L’IA

En 1956, le concept de l’intelligence artificielle se développe grâce à John McCarthy qui présente un algorithme d’évaluation qui a joué un rôle majeur dans la programmation.

Dès les années 1980, l’apprentissage automatique se développe, notamment en modélisant les phénomènes mentaux ou comportementaux (connexionnisme). L’ordinateur commence à déduire des « règles à suivre » en analysant seulement des données.

Mais c’est surtout dans les années 2000 avec la venue du web 2.0 et ses puissances de calcul qui permettent une exploration des masses de données sans précédent : l’apprentissage profond (le deep learning) est né.

Vers 2015, l’IA évolue fondamentalement sur la perception visuelle, la compréhension et l’analyse automatique du langage ainsi que la prise de décision autonome.

L’intelligence artificielle se développe rapidement avec ses logiciels prédictifs, ses outils d’analyse en temps réel et ses robots conversationnels. Les agents conversationnels (chatbots) sont ainsi nés et GPT a tout récemment ouvert la voie d’une nouvelle ère.

Une stratégie nationale

Depuis 2017, le gouvernement français a lancé une réflexion autour du développement de l’intelligence artificielle avec comme objectif affiché d’être pionnière de l’innovation en 2023.

Cette stratégie nationale a jeté les bases d’une structuration de l’écosystème de l’IA à tous les stades de développement : recherche, innovation, applicatifs, mise sur le marché et diffusion intersectorielle, soutien et encadrement du déploiement…

Cette stratégie permettrait des gains considérables de compétitivité et de productivité avec des résultats économiques attendus de 90 milliards dès 2025 contre 7 milliards en 2020. (2)

LA MÉDECINE ET L’IA

L’intelligence artificielle est en pointe dans le secteur de la santé où la recherche est la plus importante. L’IA s’est développée dans la plupart des domaines d’application (voir tableau ci-dessus) tels la détection, le diagnostic (aide à la décision), la thérapeutique (traitement, pharmacie, suivi des patients, etc.), la prévention et celui dont on parle beaucoup aujourd’hui : la prédiction.

Le diagnostic

L’aide au diagnostic est l’un des domaines de la santé dans lequel l’IA s’est le plus développée.

Elle analyse une sélection importante de données grâce aux algorithmes qui enregistrent et classifient les caractéristiques afin de proposer un diagnostic précis. L’un des défis majeurs aujourd’hui est la qualité des données (fichiers médicaux, objets connectés, applications, etc.) afin d’offrir des analyses fiables.

Le pronostic

Les bases de données enregistrées par l’IA (caractéristiques de la maladie, spécificités du patient) permettent d’améliorer les pronostics en adaptant le traitement. En effet, les algorithmes offrent une prescription des meilleures options thérapeutiques en fonction du profil du patient afin de maximiser les chances de succès du traitement.

Le préventif

L’IA va notamment permettre de développer la médecine préventive et cette perspective d’évolution ne peut être que  positive. Les objets connectés et applications validées servent à la surveillance de maladies chroniques et le suivi des patients au quotidien. Laboratoires pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux et start-up en e-santé se sont intéressés très tôt à la santé connectée. Loin des visées commerciales, les soignants aussi voient dans ces progrès de la santé connectée une formidable opportunité… d’améliorer l’accompagnement et les soins des patients.

Le prédictif

La prédiction, qui est l’ est l’un des derniers éléments rapportés par les algorithmes, pose un certain nombre de questions. Issue de la recherche translationnelle, elle met en relation  médecins, chercheurs et scientifiques dans le développement des applications médicales grâce aux résultats des recherches issues des laboratoires au chevet des patients ou à partir d’ observations cliniques.

Détecter la maladie avant même qu’elle ne s’exprime et ainsi prédire de futures maladies reste encore une vision utopique de l’IA. Même si les algorithmes arrivent à détecter un possible cancer dans dix ans, quels seront la réaction du patient et son comportement face à ce risque qui n’existe pas au présent ? D’un autre point de vue, le médecin saura-t-il prendre les bonnes décisions afin d’anticiper ce (futur et éventuel) risque ?

L’IA À SA JUSTE PLACE

Le modèle d’excellence de l’intelligence artificielle doit rester une complémentarité technologique dépendante des médecins. Elle sait parfaitement donner des propositions conclusives basées sur des études issues de groupes de patients, mais elle ne pense pas et ce n’est pas son rôle. L’échange médecin/patient n’est pas fait d’algorithmes où la sensibilité, l’émotion et la pensée complexes de l’être humain doivent avoir leurs justes places.

D’autre part, l’éthique doit être le point de départ de nos réflexions pour que l’Intelligence artificielle ne devienne pas une menace pour la sécurité ou les droits fondamentaux des personnes.

(1) fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_Turing

(2) Cabinet de conseil Statistica (janvier 2021)

Sources. Vous pouvez les consulter sur notre site lecardiologue.com : economie.gouv.fr, franceinfo:, Wikipédia, pulse.microsoft.com/fr-be, sciencedirect.com, lindependant.fr

AIDER LE MÉDECIN ET NON LE REMPLACER

La voie est ouverte aux applications médicales de l’IA – et pour certains le remplacement du médecin – mais leurs utilisations posent de réels problèmes éthiques. L’humain (le personnel de santé), s’il ne fait plus partie du système, laissera le patient à ses interrogations et ses angoisses. Le site drGuPTa (voir notre article dans le numéro précédent) en est l’image saisissante en fournissant des informations personnalisées et des suggestions à ses utilisateurs sur leur santé. Le risque des patients persuadés qu’une intelligence artificielle générative est humaine est ainsi très important, et c’est là tout le problème de notre comportement dans le futur.

Le CNPEN (Comité national pilote d’éthique du numérique), suite à une saisine de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, a récemment émis 22 préconisations à destination des concepteurs de systèmes d’IA, des chercheurs et des pouvoirs publics, en appelant à la responsabilisation dès la conception et la transparence des sources. Il a également demandé à bien distinguer l’homme et la machine avec une précision fiable si l’on a affaire à un robot ou un être humain afin d’éviter les « risques de manipulation ».

© Yingyaipumi – stock.adobe.com – Tableau : Inserm

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Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

NEUTRALISER L’IA DANS L’AVENIR ?

Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.

La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

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Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

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Dr GuPTa : la génération sans médecin


Langage prédictif, intelligence artificielle générative, modèle cognitif… ou peut dire que Chat-GPT a alimenté les conversations avec sa multitude d’interrogations. Même si ce n’est pas encore la révolution tant attendue de l’IA, le chatbot laisse présager de grands bouleversements dans bien des domaines dont la santé. Et les projets arrivent très vite, avec notamment drgupta.ai, le site médical de Martin Shkreli, l’homme le plus détestable et détesté des Etats-Unis…

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 452 – mai-juin 2023

«Chers médecins, vos jours sont comptés. Commencez à chercher une profession alternative. C’est ainsi que l’industrie de la santé va changer, sous nos yeux, au cours de la prochaine décennie et demie. Croyez-moi, tout cela va arriver pour de vrai.

Les smartphones de vos patients seront transformés en kits de diagnostic intelligents (lecture de l’ECG, de la température, du taux de sucre, et de nombreux tests courants traditionnellement effectués dans un laboratoire…) et pourront vous guider vers des mesures correctives sans même que vous ayez à consulter un médecin.

Une fois votre maladie diagnostiquée, votre ordonnance sera envoyée automatiquement vers une pharmacie en ligne et vous recevrez des médicaments à domicile en moins d’une demi-journée avec les instructions nécessaires…Et tout cela sans avoir à consulter un médecin. »

Vous trouvez ça drôle, stupide, hors du temps ou collé à un avenir proche ? Ces textes ont été écrits par un médecin et retwités par Dr. Gupta, un site GPT version santé utilisant une version modifiée de la technologie sous-jacente de Chat-GPT d’OpenAI. (1) Après Chat-GPT qui a fait – et fait encore – couler beaucoup d’encre, (2) l’AI générative continue son chemin avec cette fois-ci une direction forte en santé. 

Créé par l’homme le plus détesté des Etats-Unis, Martin Shkreli, ex-Pdg du laboratoire Vyera Pharmaceuticals qui a volontairement augmenté de 5 000 % le prix de Daraprim, un médicament contre la toxoplasmose. Exclu à vie de l’industrie pharmaceutique en 2022, il vient de passer plusieurs années derrière les barreaux pour fraude en valeurs mobilières…

 

AU TOUR DU GPT MÉDICAL

 

Ces quatre années passées en prison ont permis à Martin Shkreli de créer le site drgupta.ai, dans une version modifiée de Chat-GPT d’OpenAI mais médicale uniquement.

Le site drgupta.ai est un chatbot (3) basé sur l’IA qui fournit des informations personnalisées et des suggestions à ses utilisateurs sur leur santé (GPT utilise une base de données de plus de 500 milliards de mots et 175 milliards de paramètres). Il suffit d’enregistrer ses symptômes et ses informations médicales, y compris les signes vitaux, les allergies et les médicaments, afin de permettre au chatbot de donner des suggestions personnalisées. 

Mais on vous prévient dès votre arrivée : « Le Dr. Gupta N’EST PAS un vrai médecin (…) Dr. Gupta N’EST PAS destiné à des usages médicaux ou cliniques (…) Le Dr. Gupta n’est pas destiné à diagnostiquer, guérir, atténuer, traiter ou prévenir toute maladie ou condition (…) Le Dr. Gupta peut fournir des réponses potentiellement peu fiables… » Malgré ces avertissements, lorsqu’on lui demande indépendamment : « Qui êtes-vous ? », le chatbot répond : « Je suis le Dr. Gupta, un médecin agréé en médecine générale »… Cherchez l’erreur.

L’ESPRIT DERRIÈRE LE DR. GUPTA

 

Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

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La bataille ne fait que commencer !

(1) OpenAi est une société américaine cocréée par Elon Musk et Sam Altman en 2015. Son but était d’assurer le développement d’une IA pour le « bénéficie de l’humanité » avec une ouverture sur la recherche et les publications des chercheurs. Cette « humanisation » est valorisée aujourd’hui à près de 29 milliards de dollars, et la divulgation des codes sources n’est plus dans l’air du temps…
(2) Voir notre article « Chat-GPT : la désorganisation humaine » dans notre revue Le Cardiologue 451 ou sur notre site à la rubrique Culture/High-tech
(3) Un chatbot est un programme conversationnel qui simule et traite une conversation humaine écrite ou parlée.
Sources : DailyBest – ca.sports.yahoo.com/ – Increditools, 2023

DETECTGPT CONTRE CHATGPT

Une équipe de chercheurs (3) a mis au point l’application DetectGPT, un outil qui permettant de déterminer si un texte a été généré par ChatGPT. Il est destiné en particulier à la communauté éducative qui s’inquiète de son utilisation par les étudiants. Ce logiciel serait fiable à 95 %.

(3) Université américaine Stanford.

© WrightStudio/Depositphotos

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




ChatGPT – La désorganisation humaine


Les progrès des systèmes d’intelligence artificielle ont été considérables ces dernières années, et il devient de plus en plus difficile de savoir si des images vous montrant des scènes ont réellement eu lieu, si la voix que vous entendez est bien celle de la personne que vous connaissez ou si ce que vous lisez sur votre écran a bien été écrit par un humain. Quel changement nous offrent ces perspectives pour l’avenir ? Saurons-nous nous construire avec cette technologie et y voir un atout en termes d’aide et de formation ou supprimer l’humanité qui est en nous ?

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 451 – mars-avril 2023

Depuis la mise en ligne de ChatGPT en novembre 2022, ce chatbot, développé par OpenAI (1), qui est une combinaison d’outils issus de l’Intelligence artificielle générative, est capable d’imiter l’humain. Il en a également surpris plus d’un avec des résultats étonnants et parfois impressionnants, d’autant que cette technologie naissante s’offre à nous avec une facilité déconcertante.

 

GPT, TOUT D’ABORD, C’EST QUOI ?

GPT (pour “generative pre-trained model” ou « transformateur générique pré-entraîné ») est un agent conversationnel (chatbot [2]) utilisant des outils de l’intelligence artificielle spécialisé dans le dialogue.

Il est issu d’un type d’algorithme entraîné pour prédire la probabilité d’une séquence de mots donnée à partir du contexte de mots précédents appelé LLM (large language models ou grands modèles de langage). Il peut engager une conversation ou fournir des réponses précises à des questions dans tous ses domaines de connaissances.

La version de GPT (3.5) [passée à la 4.0 depuis peu – ndlr] utilise un algorithme entraîné sur des bases de données (Wikipédia, articles web, forum…) et un modèle créé par les ingénieurs d’OpenAI (instructGPT). Celui-ci permet d’affiner l’entraînement des modèles de langues en intégrant des jugements humains. L’IA dispose de 175 milliards de paramètres pour ses décisions textuelles et se performe grâce au machine learning (« apprentissage automatique ») en se corrigeant au fur et à mesure.

Le chatbot traite donc votre demande en fonction des informations dont il dispose. Petite note amusante : ChatGPT ne travaille pas en temps réel car le contenu de ses données sont antérieures à 2021, ce qui peut poser un réel problème de recherche.
Nous avons posé une question simple : « Quel a été la dernière équipe championne du monde de football ? » Réponse de ChatGPT : « La dernière championne du monde de football est l’équipe de France, qui a remporté la Coupe du Monde FIFA 2018 en Russie en battant en finale l’équipe de Croatie sur le score de 4-2. »

 

LA CONTRE-OFFENSIVE DES TÉNORS

La venue de ChatGPT sur le net date de 2015 avec la création de la société-mère OpenAi par Elon Musk et Sam Altman sous la forme d’une association « éthique ».

L’ouverture en novembre 2022 de l’application ChatGPT a suscité un emballement médiatique et une accélération technologique tels que les annonces des ténors du net ne se sont pas fait attendre.

Microsoft a investi 10 milliards de dollars dans OpenAI avec une intégration de ChatGPT dans son moteur de recherche Bing. Une opération qui pourrait se faire en ce début d’année 2023.

Google avec le chat conversationnel dénommé Bard dévoilé le 6 février dernier. Il fonctionne de manière similaire à ChatGPT avec une différence fondamentale : il exploitera toutes les informations disponibles sur le web. Son lancement a été contrarié lors de sa première démonstration par une réponse inexacte, causant une chute du cours de bourse de l’entreprise.

Alibaba. Le géant chinois de l’e-commerce a déclaré début février travailler sur l’IA générative depuis 2017 sans autre précision.

Baidu. Le moteur de recherche chinois a récemment détaillé son chatbot conçu sur le modèle de ChatGPT : Ernie bot. Celui-ci devrait être intégré au moteur de recherche, à ses services cloud et à son assistant vocal. Il devra sans nul doute s’accommoder de la censure du régime chinois et compromettre fortement l’expérience utilisateur.

Meta. L’entreprise a fait une démonstration unique de son chatbot Galactica en novembre dernier puis retiré l’application trois jours à peine après sa mise en ligne suite au déluge de la communauté scientifique : dates incorrectes dans des faits scientifiques établis, faux noms d’animaux, invites racistes et religieux, propos complotistes… la liste est longue.
Dans un tweet publié le jour de la mise en ligne du projet, Papers With Code expliquait que Galactica était un grand modèle de langage pour la science qui « peut résumer la littérature académique, résoudre des problèmes de maths, générer des articles Wikipédia, écrire du code scientifique, annoter des molécules et des protéines, et plus encore ».

Amazon se sert de l’IA pour « écrire » des livres, c’est ce qu’a dévoilé Reuters. La boutique Kindle d’Amazon – dédiée à l’achat de livres électroniques – contient pas moins de 200 ouvrages pour lesquels ChatGPT est répertorié comme auteur ou coauteur. (3)

 

LA SANTÉ

La presse s’est déchaîné sur ChatGPT et son « pouvoir des réponses », mais qu’en est-il dans le domaine de la santé ? Car selon Sam Altman, le fondateur de ChatGPT, les utilisateurs pourraient être tentés de se faire soigner par des IA conseillères médicales capable d’adapter un traitement en fonction des symptômes donnés. Elles se révéleraient également d’une grande aide pour les médecins lorsqu’ils formulent des diagnostics et prescrivent des traitements. Certains entendrons par « Grande aide » ce qu’ils ont envie de comprendre.

Pour nombre de personnes, consulter le web suite à une maladie ou un traitement afin d’en savoir plus sur leur état et rechercher des informations est déjà courant. Pour certains, l’autodiagnostic de l’internet fait partie de leur protocole de santé. L’intelligence artificielle générative sera probablement plus largement utilisée pour rechercher des réponses rapides concernant le traitement et la gestion d’une maladie.

Il doit donc y avoir débat sur les problématiques posés par l’IA générative : déléguation de certaines fonctions médicales, sources d’erreurs suite à l’absence du dossier médical complet du patient intégré à l’application, risque de désinformation par la prise en compte de données issues de robots malveillants, sources bibliographiques inconnues, plagiat dans l’enseignement et la littérature médicale, relation médecine-patient inexistante et pourtant capitale. Bref, la liste est longue, mais cela n’a pas empêché aux chercheurs de se pencher sur la question…

 

« Presque » diplômé de médecine aux Etats-Unis !

Des essais ont donc été réalisés  dans différents pays, et bien sûr aux Etats-Unis où des chercheurs (4) ont soumis ChatGPT à l’examen de médecine américain USMLE (5) qui est requis pour l’obtention d’un permis médical. Cet examen est divisé en trois parties pour évaluer les connaissances des étudiants tout au long de leur parcours (biochimie, bioéthique, raisonnement diagnostique…). Sur les 376 questions posées, ChatGPT a répondu à 350 avec comme résultats des scores compris entre 52,4 % et 75 %, là où le niveau de réussite requis est de 60 % ainsi qu’une concordance de 94,6 % dans toutes ses réponses. ChatGPT a obtenu ce résultat sans bien sûr le concours de formateurs humains, et, selon les auteurs de l’étude, « en affichant un raisonnement compréhensible et des informations cliniques valides ».

 

Et en France ?

Le succès des examens de l’USMLE peut-il faire des émules en France ? Des spécialistes se sont portés sur la question, et notamment le Pr Gabriel Steg, cardiologue à l’Hôpital Bichat-Claude Bernard, qui a posé treize questions à ChatGPT (issues des épreuves de cardiologie des ECN [épreuves classantes nationales]) que l’on peut retrouver sur le site Medscape. (6) L’IA a obtenu 4 bonnes réponses sur les 13 auxquelles il a répondu.

D’après l’analyse du Pr Steg, « le score relativement faible est à nuancer car certaines questions peuvent être jugées ambiguës ou critiquables d’autant que les évolutions attendues dans un avenir proche vont considérablement améliorer la performance de ce type d’IA. On peut s’attendre à ce que, dans les années à venir, les nouvelles générations d’IA fassent bien mieux que les étudiants en médecine… A nous de nous organiser pour utiliser ce qui doit être vu comme un outil bien plus qu’un concurrent. »

 

CONCLUSION

Alors que les modèles d’IA « traditionnels » évoluent selon le deep learning, c’est-à-dire conçu pour apprendre et reconnaître des configurations de données, ChatGPT offre un tournant inévitable des sciences humaines que l’IA est susceptible de remplacer, ou tout au moins de compléter (dans un premier temps). A ce titre, il devrait être un sérieux signal d’alarme pour la communauté scientifique et médicale. Cette révolution dite anthropologique pour certains, devrait sérieusement nous faire réfléchir sur l’implication de l’homme dans sa manière de traiter son évolution. Que faisons-nous et dans quel but ?

« Enlever l’humanité des humains nous tuera tous », « opposer IA et savoir humain », « atouts en termes de formation et d’aide à la décision »… les réflexions vont bon train, mais le problème ne serait-il pas juste l’humain qui devrait apprendre à gérer cette technologie ? Après tout, c’est lui qui l’a inventé !

L’émergence de l’IA générative va entraîner de nouvelles considérations juridiques sur le droit d’auteur mais elle suscite également de vives inquiétudes quant à ses implications en matière de cybercriminalité. Prenons le scénario suivant : vous recevez un email de votre associé ou votre collègue vous demandant de lui transmettre des données très sensibles. Le message que vous lisez est familier dans son vocabulaire avec un sens de la plaisanterie qui vous est habituel. C’est persusasif, convaincant et vous en souriez. Le problème ? C’est juste qu’il a été conçu par une IA générative à partir d’informations découvertes sur les réseaux sociaux.

Enfin, ChatGPT n’est plus accessible en Italie depuis le 31 mars dernier. Bloqué par la Cnil italienne qui accuse la start-up Open AI de ne pas respecter la législation sur « la collecte et le stockage massifs de données personnelles dans le but d’entraîner les algorithmes sous-jacents au fonctionnement de la plateforme et d’une absence de filtre pour les moins de 13 ans ». Le début d’une prise de conscience ?

 

(1) OpenAi est une société américaine cocréée par Elon Musk et Sam Altman en 2015. Son but à l’époque était d’assurer le développement d’une intelligence artificielle pour le bénéficie de l’humanité avec une ouverture sur la recherche et les publication des chercheurs.Cette « humanisation » est valorisée aujourd’hui à près de 29 milliards de dollars, et la divulgation des codes sources n’est plus dans l’air du temps…
(2) Un chatbot est un programme conversationnel qui simule et traite une conversation humaine écrite ou parlée.
(3) capital.fr/entreprises-marches/
(4) Start-up AnsibleHealth (cabinet médical virtuel).
(5) United States Medical Licensing Exam.
(6) francais.medscape.com/voirarticle/3609683.

DETECTGPT CONTRE CHATGPT

Une équipe de chercheurs (3) a mis au point l’application DetectGPT, un outil qui permettant de déterminer si un texte a été généré par ChatGPT. Il est destiné en particulier à la communauté éducative qui s’inquiète de son utilisation par les étudiants. Ce logiciel serait fiable à 95 %.

(3) Université américaine Stanford.

© WrightStudio/Depositphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




ChatGPT – L’humanisation de l’intelligence artificielle


Lancé en novembre 2022, chat GPT (1) est un prototype d’agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle. Développé par OpenAI, cet outil de communication en ligne permet à ses utilisateurs de dialoguer en temps réel avec un bot (robot). Il a été développé dans le but d’échanger facilement et de rendre les conversations « humaines ». Encore à l’état de prototype, le chat GPT attire l’attention par ses réponses développées, bien que ses explications factuelles soient parfois légères et critiques. Mais son avenir est extrêmement prometteur… et inquiétant tant les dérives peuvent être nombreuses.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 450 – janvier-février 2023

Nous avons donc posé une multitude de questions à ce robot, et les réponses ont été claires et précises. Mais se posent des interrogations légitimes des sources bibliographiques et les risques de plagiat (dans le cadre de la littérature médicale par exemple), la désinformation, la transparence des bases de données utilisées, la responsabilité du texte de celui ou celle qui le rend public.

On devrait donc commencer par « Cet article n’a pas été rédigé par une IA (intelligence artificielle), mais par une IH (intelligence humaine), journaliste en chair et en os. »

Voici la réponse de chat GPT et de son chatbot à l’une de nos questions : « Je veux réaliser un article de présentation de la pose d’un stent dans le futur »

La réponse est venue en 15 secondes chronomètre en main… « Bien sûr ! Je serais heureux de vous aider. La pose d’un stent est une procédure courante utilisée pour traiter les maladies coronariennes, qui sont responsables de la plupart des crises cardiaques. Les stents sont des dispositifs médicaux qui sont insérés dans les artères pour maintenir leur ouverture et améliorer le flux sanguin vers le cœur.

Avec les avancées technologiques, la pose d’un stent est devenue de plus en plus précise et moins invasive. Les stents actuels sont fabriqués à partir de matériaux flexibles et résistants, tels que le polyéthylène téréphtalate, qui peuvent se plier et se déplier en fonction de la taille de l’artère. Les stents actuels sont également recouverts de médicaments qui réduisent le risque de récidive de la maladie coronarienne.

Dans un avenir proche, les stents pourraient devenir encore plus performants grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique. Les algorithmes d’IA pourraient aider les médecins à planifier les procédures de pose de stents en utilisant des images d’IRM et d’échographie pour déterminer la taille et la forme de l’artère. Les robots chirurgicaux pourraient également être utilisés pour poser les stents avec une précision accrue, réduisant les risques de complications pour les patients.

Il existe également des recherches en cours sur des stents à libération prolongée de médicaments, qui pourraient maintenir les artères ouvertes pendant des périodes plus longues. Cela pourrait réduire la nécessité de procédures de révision et améliorer les résultats à long terme pour les patients.

En résumé, la pose d’un stent est une procédure courante pour traiter les maladies coronariennes qui a considérablement évolué ces dernières années. Les stents actuels sont plus précis et moins invasifs que jamais, et les avancées technologiques telles que l’IA et la robotique pourraient encore améliorer les résultats pour les patients dans un avenir proche. Les stents à libération prolongée de médicaments pourraient également réduire les risques de complications à long terme. »

Ce petit résumé sur les stents n’est évidemment pas d’un haut niveau scientifique. Ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on lui avait demandé. Mais rapides et précises, les réponses de Chat GPT sont plausibles et cohérentes, du moins en apparence, car elles peuvent également se révéler trompeuses ou mal interprétées. L’acquisition de l’IA se fait sur une connaissance des données qui lui ont été fournies ou apprises par des applications algorithmiques tel que le machine learning (voir nos articles sur l’IA en Santé sur le site lecardiologue.com) ou l’interaction avec les utilisateurs. 

L’application a été entraînée sur une très grande quantité de données (175 milliards de paramètres, à partir de plus de 500 milliards de textes provenant du web, d’encyclopédies et de livres).

 

UNE RÉVOLUTION MÉDICALE ?

Mais en tant que médecin, imaginez quel sera l’avenir de chat GPT dans les années à venir ? Une révolution médicale ou simplement une application supplémentaire façon Google évolué ? La réponse est finalement dans la question, car la technologie de chat GPT va faire évoluer rapidement la façon dont travaillent les moteurs de recherche tels que Google ou Qwant. 

Si certains professionnels de santé se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, des patients se sont emparés de Chat GPT pour avoir un diagnostic de leur maladie, et il leur a suffi d’appuyer sur le bouton pour avoir le résultat avec des réactions parfois étonnantes, mais non moins surprenantes : « l’intelligence artificielle fait mieux que mon médecin, il a trouvé ce que j’avais en quelques secondes ». On entrouve ici la boîte de pandore avec les conséquences qui pourraient être désastreuses : mauvais diagnostic, traitement inadapté… 

Nombre de médecins ont déjà eu des discussions, voire des confrontations, avec des patients qui avaient fait des recherches sur internet pour poser eux-mêmes leur diagnostic. Mais Chat GPT change la donne, et l’IA pourra fournir une information diagnostique plus ou moins précise, mais ne remplace pas le vrai diagnostic médical ainsi que l’empathie et les soins apportés par un (véritable) professionnel de santé.

 

CONCLUSION

Ce nouveau système d’IA issu directement de la recherche suscite un engouement tel qu’il va marquer une nouvelle étape dans le développement des technologies numériques.

Même Meta s’y était mis en donnant aux chercheurs la possibilité d’écrire des articles scientifiques (2), mais devant la polémique, l’entreprise avait été obligée de supprimer son application deux jours après sa mise en ligne.

L’autre interrogation est de savoir si ChatGPT doit répondre à toutes les questions. OpenAI a déjà fait évoluer son modèle afin qu’il ne fournisse plus la recette pour créer des bombes à la demande.

Alors GPT, dangereux ? Oui, sans doute si nous ne prêtons pas garde à ce que l’intelligence artificielle peut construire autour sans que l’on en prenne vraiment la mesure, d’autant que certains médias ont l’intention de se fournir sur GPT…

Dans notre prochain dossier, nous verrons les incidences sur la formation et la recherche scientifique qui sont déjà bien présentes.

(1) Chat pour dialogue et generative pretrained transformer pour GPT.
(2) Un prompt est un court texte qui permet de diriger une intelligence artificielle pour qu’elle crée une image ou un texte.

DETECTGPT CONTRE CHATGPT

Une équipe de chercheurs (3) a mis au point l’application DetectGPT, un outil qui permettant de déterminer si un texte a été généré par ChatGPT. Il est destiné en particulier à la communauté éducative qui s’inquiète de son utilisation par les étudiants. Ce logiciel serait fiable à 95 %.

(3) Université américaine Stanford.

© WrightStudio/Depositphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Les cryptos – La future économie ?


Le métavers possède sa propre économie virtuelle basée sur les cryptomonnaies par l’intermédiaire des blockchains. Celles-ci interviennent dans les transactions afin que les utilisateurs puissent échanger, vendre ou acheter entre eux. L’intérêt pour les cryptomonnaies réside en grande partie dans la recherche de profits, les spéculateurs faisant parfois grimper les prix de façon astronomique.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 449 – novembre-décembre 2022

Vêtements, maisons, œuvres d’art, activités diverses, de nombreuses affaires peuvent être réalisées dans le métavers. C’est lors de ventes ou d’achats que les cryptomonnaies (par l’intermédiaire des blockchains) interviennent. Grâce à cette monnaie, les utilisateurs peuvent échanger entre eux et par conséquent participer à cette économie virtuelle. Il existe différentes cryptomonnaies telles que le Bitcoin, l’Ethereum, Binance Coin, Ripple, Cardano… Elles sont particulièrement nombreuses.

L’univers de la cryptomonnaie possède son propre jargon qui désoriente facilement les non-initiés : coins, tokens crypto, tokens non fongibles (NFT), tokens de marchandise (…), des mots utilisés uniquement dans le monde virtuel.

Les cryptomonnaies, appelées « crypto-actifs » par – entre autres – les autorités de marché financiers, sont des actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain (1) à travers un registre décentralisé et un protocole informatique crypté. Le cryptomonnaie n’est pas une monnaie telle que l’on peut la définir dans le monde réel, et sa valeur se détermine uniquement en fonction des échanges, entre l’offre et la demande. 

 

LES CATEGORIES DE CRYPTOMONNAIE

Il existe plus de 1 300 cryptomonnaies à ce jour qui sont regroupées en deux catégories : le coin (pièce) et le token (jeton). 

Le coin (ou altcoin) désigne toute cryptomonnaie qui utilise sa propre blockchain indépendante. La plus connue – le Bitcoin (BTC) – a été créée en 2009, et est la première application de la blockchain qui en a justifié la création. Elle possède sa propre infrasctructure.

Le terme altcoin (2) désigne tous les coins autres que le Bitcoin. La plupart des altcoins fonctionnent de la même manière que le Bitcoin avec leur propre indépendance, certains offrant un nombre illimité de coins dans leur transaction alors que le Bitcoin est, lui, plafonné à un nombre de 21 millions, ce qui laisse déjà une belle place à l’investissement. 

Le token est un actif non-natif, lié ou non à une cryptomonnaie. Il utilise une infrastructure blockchain qui n’est pas la sienne, contrairement au coin. Ce jeton numérique est transférable numériquement entre deux personnes.

Il est facile d’en obtenir, soit en s’inscrivant sur une plateforme de trading dédiée aux cryptomonnaies. Il pourra ensuite être conservé dans un wallet (3) et utilisé pour des transactions, soit en participant à des levées de fond pour financer un projet, soit devenir mineur de crypto sur une blockchain (4) qui est récompensé par des tokens crypto.

 

QUEL CRYPTOMONNAIE PRENDRE ?

Il n’y a pas que le Bitcoin qui existe. Même si celui-ci affichait la plus forte capitalisation boursière, avec 896 milliards de dollars US en janvier dernier, d’autres cryptos ont le vent en poupe telle Ether (ETH) qui utilise sa propre blockchain avec un nombre illimité de création de coins ou Binance Coin (BNB), née de la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde en 2022 avec des frais de transaction réduits pour les utilisateurs qui ceux paient avec cette crypto. Vous voulez trader rapidement, Solana (SOL) est fait pour vous et peut exécuter 50 000 transactions par seconde, une plateforme particulièrement attrayante pour les investisseurs. IMPT est une cryptomonnaie prometteuse utilisant une blockchain face aux émissions carbone, Lucky Block (LBLOCK) pour ceux qui ne peuvent se passer de loteries ou de jackpots.

Comme vous le voyez, chaque cryptomonnaie a donc ses propres propriétés.

 

RÉGULATION DES CRYPTO-ACTIFS

Un nouveau cadre international en cours d’élaboration

Selon le Haut-conseil de stabilité financière français (HCSF), il doit y avoir une réglementation des crypto-actifs coordonnée au niveau international. Elle est nécessaire pour juguler le risque systémique potentiel.

Après les réglementations européennes MiCA et TFR (5) ou les acteurs de l’industrie blockchain de l’Union européenne devront se conformer à une série de dispositions dès 2024 encadrant plus strictement les crypto-actifs (comme l’interdiction totale pour les entreprises de rémunérer leurs clients avec le lending de stablecoins).

Mais le Web3 n’en a pas terminé avec les régulateurs, comme le rappelle le HCSF où la prochaine vague réglementaire devrait venir des organismes internationaux : le Conseil de stabilité financière et le Comité de Bâle qui regroupe les gouverneurs de la banque centrale  européenne et les superviseurs des 27 pays et établit les règles prudentielles du secteur.

 

LE RISQUE SYSTÉMIQUE DU MARCHÉ DES CRYPTOS

Dans son rapport, le HCSF, qui surveille donc le risque systémique du secteur financier en France, s’est penché sur le marché des crypto-actifs. Il conclut que le secteur « ne semble pas représenter à ce stade un risque systémique, de par sa taille relativement limitée et des interconnexions faibles avec la finance traditionnelle ». Il relève cependant un « manque de données fiables » et « la croissance des canaux de contagion du fait de l’intérêt croissant d’investisseurs traditionnels », qui le conduisent à juger une « nécessaire réglementation internationale ».

Ces canaux de contagion sont le développement de services de règlement en crypto-actifs par les grands acteurs du secteur du paiement (Visa, Mastercard…) et de placements comme les exchange-traded funds (ETF) (6) indexés sur des cryptomonnaies, la création de produits dérivés et la composition des réserves servant d’adossement à certains stablecoins.

Les risques liés à ces marchés sont par contre multiples avec tout ce que l’on ne veut pas connaître en tant que non-initiés : volatilité, produits à effet de levier, absence de transparence, complexité, gouvernance des organisations décentralisées autonomes, failles de sécurité, piratages, anonymat des transactions… Bref, que du bonheur !

 

ET L’AVENIR DANS TOUT CELA ?

La cryptomonnaie est pour certains pays, l’avenir de la finance, c’est le cas par exemple des Etats-Unis (ce qui n’est pas étonnant !) où conservateurs et démocrates sont au moins d’accords sur un sujet ! Mais il faut avant tout que les régulateurs du monde entier s’entendent sur un cadre de réglementation ce qui, vu le contexte actuel, est peu probable. Mais l’utilisation ascendante des cryptomonnaies doivent inciter les politiciens à agir (très) rapidement afin de créer des réglementations ad-hoc.

La récente affaire de FTX, considérée Il y a un mois encore comme la deuxième plus importante plateforme d’échange avec une valorisation de 32 milliards de dollars, a été placée sous le régime des faillites, faisant plonger le marché des cryptomonnaies dans le rouge.

Il y a à peine plus d’un an, le cours de FTX se traitait à 73 dollars, puis est brutalement descendu à une vingtaine de dollars puis 1,50 dollars… Si on en est arrivé là, c’est que son fondateur s’est servi d’une très grosse partie des fonds – 10 milliards sur les 16 milliards déposés par ses 100 000 clients – pour financer l’activité d’un fonds d’investissement et de trading fondé aux Bahamas. Une opération formellement interdite en principe qui aurait été rendu possible par une faille informatique.

La cryptomonnaie, pour devenir pérenne, doit donc avoir une réglementation internationale stricte et aboutie comme nous l’aons vu plus haut – et pas seulement européenne – afin que la cryptomonnaie ne devienne pas un risque potentiel et surtout un effondrement du système.

Dans le cas de FTX, les utilisateurs ne savent pas s’ils vont un jour récupérer leurs fonds, car en plus de ce blocage, les hackeurs auraient vidé 24 heures après le dépôt de bilan 477 millions de dollars…

 

(1) La blockchain (chaine de bloc) est une technologie de stockage et de transmission des informations, prenant la forme d’une base de données avec la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et qui ne dépend d’aucun organe central. Son atout principal est d’être rapide et sécurisée.
(2) L’altcoin est la contraction de « alternative coin » (c’est-à-dire une autre pièce/monnaie) et désigne toutes les cryptomonnaies autres que le Bitcoin.
(3) Le minage consiste à maintenir le réseau et valider les transactions.
(4) Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) est l’organisme chargé de veiller à la stabilité financière en France.
(5) MiCA (Markets in Crypto-Assets) et TFR (Transfer of Funds Regulation)
(6) Les investissements dans les ETF permet de se lancer tout en limitant les risques grâce à la diversification de ses investissements.
Source : amf-France

LES BASES DE LA CRYPTO

LA CRYPTOGRAPHIE. La cryptographie est utilisée pour protéger un message considéré comme confidentiel. Cette technique d’écriture est issue de la cryptologie où un message chiffré est réalisé à l’aide de codes secrets ou de clés de chiffrement. La cryptographie est principalement.

LA CRYPTOLOGIE. Etymologiquement la « science du secret », la cryptologie est considérée comme une science que depuis le XXe siècle. Les premières méthodes de chiffrement remontent à l’Antiquité et a été abondamment utilisée durant la deuxième guerre mondiale.

© maximsamos/Depositphotos

 

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Métavers – Silence, on tourne


Nous l’avions nommé le web 3.0 du futur dans un précédent numéro, le métavers révèle sa présence et poursuit sa montée en puissance. Et ce n’est plus seulement un monde de jeux ou de blockchains qui nous attend, mais bel et bien un monde semi-virtuel, voire réel pour certains pour qui les technologies numériques se substitueront ou remplaceront la vie telle qu’on la respire aujourd’hui… et la santé n’échappera pas à cette évolution prévisible dans les dix prochaines années.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 448 – septembre-octobre 2022

Par définition, le métavers est un monde virtuel que rien ne lie à notre réalité virtuelle. Présenté comme un communauté de finance et de jeux où le shopping dématérialisé bat son plein, le métavers reste pour la plupart d’entre nous un monde décalé et décadent, totalement hors de la vie telle que nous la vivons tous les jours.
Et pourtant – les technologies avançant de façon spectaculaire – ce monde virtuel est présenté par Mark Zuckerberg en 2021 comme un nouvel univers de rencontres comme jamais auparavant, en effaçant toujours plus les frontières qui séparent le monde réel du monde virtuel.
Le métavers tel que le voit le patron de Meta reproduirait un monde réel en réalité virtuelle multidimensionnelle avec des lieux de rencontres, des boutiques, des activités, des événements, des écoles et autres universités numériques ainsi que des lieux virtuels de travail. Bref, un monde tel que nous le connaissons dans le réel avec le « no-limit » du virtuel… Pour Meta, le but est d’atteindre un milliard d’utilisateurs dans une dizaine d’année. 13 milliards de dollars ont déjà été investi et 10 000 personnes devraient être recrutées… pour la création de ce nouveau monde.

 

MAIS TOUT D’ABORD… LE MONDE PERSISTANT

Entre le réel et le virtuel se trouve un autre monde : le monde persistant, un environnement virtuel qui évolue en permanence. Imaginez-vous non plus coincé dans votre deux-pièces de 25m² mais transposé dans un chalet avec vue sur un lac, grâce à votre casque de réalité virtuelle.
Vous voilà dans votre monde, avec vos avatars qui sont vos amis, votre famille, avec qui vous pouvez converser et entretenir des relations bien « réelles ». En votre absence, d’autres personnes peuvent changer la décoration d’une pièce de votre châlet, un objet de place, et le monde devient alors dynamique. Vous êtes dans le monde persistant (persistent world) qui est en sans cesse évolution, même si vous n’y êtes pas ou déconnecté.
Il vous faudra bien sûr vous créer votre avatar, ce qui est primordial pour pouvoir accéder à ce monde. Et même si les avatars tels qu’ils existent aujourd’hui sont très cartoons et font plutôt sourire la sphère des nantis, les futurs hologrammes photoréalistes auront des émotions retranscrites en temps réel. C’est l’inspiration qu’a eu Artur Sychov, fondateur du métavers Somnium Space suite au décès de son père en créant le mode Life Forever qui permet de stocker nos propres mouvements et conversations sous forme de données, puis de les reproduire sur votre propre avatar qui bouge et parle exactement comme vous-même.
Et le rêve d’Artur Sykov deviendra un jour réalité : discuter avec nos proches décédés dès qu’on en aura envie. « Littéralement, si je meurs – et que mes données ont été collectées – les gens pourront venir, ou mes enfants pourront venir et avoir une conversation avec mon avatar, qui aura ma gestuelle, ma voix », a-t-il expliqué au magazine Vice (1). « En fait, on va vraiment pouvoir rencontrer la personne. Peut-être même que pendant les dix premières minutes, on ne devinera tout simplement pas qu’il s’agit d’une IA. C’est le but. »

 

LES RÉSEAUX SOCIAUX BIENTÔT HAS BEEN ?

lnstagram, Snapchap, Snapchat, Youtube ou Twitter bientôt hors jeu ? Tels que nous connaissons les réseaux sociaux aujourd’hui, il n’est plus question d’en douter. 70 % des influenceurs pensent que le métavers les supplentera rapidement.
Et à l’heure de Roblox, le jeu vidéo free-to-play et massivement multijoueurs en ligne destiné aux enfants et adolescents, le métavers s’installe massivement chez les jeunes qui seront les concepteurs, les consommateurs et les décideurs de demain.
Actuellement, les réseaux sociaux du web 2.0 fonctionnent sur le principe d’économie de plateformes centralisées. Le web 3.0 – le métavers – introduit le concept de l’économie de la propriété. Sans parler des compagnies internationales comme Apple, Meta, Microsoft,… des entreprises comme Coinbase (plateforme d’échange de cryptomonnaies de près de 8 milliards de chiffre d’affaires) [2] montre alors des signes de réelle innovation de production et a su prendre conscience de ce marché ou la psychologie des utilisateurs est en pleine mutation.
Les réseaux sociaux ont su porter l’économie du web 2.0, mais désormais leurs codes semblent ne plus être en adéquation avec ce que propose le web 3.0 avec la technologie blockchain et les métavers, d’où la transformation de Facebook en Meta.

 

L’ENGAGEMENT DES INFLUENCEURS

Tout le monde connaît et/ou a vu un(e) influenceur(se) sur un réseau social. Dans le monde virtuel tel qu’il se dessine, les influenceurs(se) numériques existent déjà. Surtout utilisés dans le luxe, la mode, les cosmétiques, l’équipement et le tourisme, ils donnent une dimension moderne aux entreprises avec de nombreux avantages : ils parlent toutes les langues, adaptent leur style, changent de version suivant les pays, et n’ont pas de réputation à défendre puisqu’ils n’ont pas d’existence physique.
De plus, l’intelligence artificielle (IA) leur permet aujourd’hui de simuler une vie réelle, une personnalité et des interactions qui paraissent naturelles.
Le taux d’engagement des influenceurs numériques est presque trois fois plus élevé que celui des « réels », mais pour certains, tout va à l’encontre de l’authenticité. Comment peut-on faire croire qu’une influenceuse va adorer le nouveau parfum du dernier cosmétique à la mode alors qu’elle n’a pas de récepteurs olfactifs et donc aucun sens de l’odorat… et pourtant, paradoxalement, l’influenceuse numérique rendra plus authentique et sincère le message qu’elle envoie, contrairement à l’humain qui se met en scène dans un univers ou le business est devenu un véritable empire du milieu.
Le principal frein concernant les « numériques » est actuellement est d’abord sociétal : car entre l’enthousiasme consommé de cette vision futuriste pour certains et la folie péremptoire pour d’autres, terrifiés par la raréfaction des interactions humaines en chair et en os, le fossé se creuse et pourrait devenir abyssal.

 

LES TECHNOLOGIES ASSOCIÉES

Les composants essentiels qui compose le métavers sont la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR), la réalité mixte (MR) et l’intelligence artificielle (IA). Ces technologies alimentent les logiciels,le matériel et bien sûr les applications qui en découlent.
Par exemple, les entreprises de dispositifs médicaux utilisent la réalité mixte pour assembler des outils chirurgicaux et concevoir des salles d’opération, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) utilise la réalité augmentée et des smartphones pour former les intervenants Covid-19, les psychiatres utilisent la réalité virtuelle pour traiter le stress post-traumatique (SPT) parmi les soldats de combat, et les écoles de médecine pour la formation chirurgicale.

 

ET LA SANTÉ DANS TOUT CELA ?

Pour que ce nouveau monde soit complet, c’est une évidence qu’il faut lui inclure la santé et nous en reparlerons dans un prochain numéro.
Le métavers médical passera par trois catégories qui sont la formation, les soins et le parcours patient. Ce métavers santé est vu comme un immense hôpital virtuel où tout est possible. Le groupe Thumbay (Émirats arabes unis), par exemple, a prévu de lancer d’ici fin 2022 la première phase de son projet de santé dans le métavers qui comprendra un hôpital, une université ainsi qu’un domaine de bien-être virtuel.

 

CONCLUSION

Pendant que certains songent à s’installer sur la Lune, d’autres choisiront de vivre dans un monde décentralisé et décalé sur terre ou se cacher dans une forêt…
Le métavers va bousculer le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. On peut même s’interroger jusqu’où ce monde numérique va-t’il nous révolutionner, voire nous changer. Il est grand temps d’y réfléchir et de savoir où nous voulons aller dans ce futur lointain et pourtant si proche.

LES BASES DU MÉTAVERS

 

La réalité virtuelle (VR). La réalité virtuelle crée un environnement avec lequel l’utilisateur peut interagir. La réalité virtuelle reproduit donc artificiellement une expérience sensorielle, qui peut inclure la vue, le toucher, l’ouïe et l’odorat (visuelle, sonore ou haptique).

La réalité augmentée (AR). La réalité augmentée est la superposition de la réalité et d’éléments insérés (sons, images 2D et 3D, vidéos, etc.). Elle incorpore de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images.

La réalité mixte (MR). La réalité mixte est la fusion des mondes réels et virtuels pour produire de nouveaux environnements et visualisations, où les objets physiques et numériques coexistent et interagissent en temps réel.

L’intelligence artificielle (IA). L’intelligence artificielle est l’ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine.

Le monde persistant. Le monde persistant est un environnement de réalité virtuelle qui évolue en permanence dans le métavers, comme un univers réel.

© katzeline2@gmail.com/Depositphotos
 

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Hackers ou comment s’en protéger

Le piratage est devenu une industrie à part entière. Pour ce prémunir devant ces « professionnels » et éviter le pire, il faut avant tout travailler sur l’anticipation, car la sécurité se passe tout d’abord en amont afin de garder une marche d’avance sur les hackers… C’est ce que nous allons voir dans ce deuxième chapitre consacré au piratage informatique.


Voir également : Hackers, les maîtres du monde

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 447 – juillet-août 2022

La numérisation des données s’est considérablement développée ces dernières années, et les interconnexions entre  les différentes parties (professionnels, patients, téléconsultations, entreprises de données, etc.) ont bondi de manière exponentielle. Les attaques virtuelles ont bien évidemment suivis cette évolution qui n’en est qu’à ses débuts.

Jusqu’à présent, et sans en prendre une réelle conscience, les hackers faisaient le buzz dans le vol des données. Et ce n’est pas les grandes entreprises, mondialement connues, qui étaient les plus protégées. Facebook par exemple, s’est fait subtiliser une base de données de 533 millions d’utilisateurs en 2019. À l’époque, l’entreprise avait affirmé avoir résolu le problème. Seulement, nouvelle fuite en 2021… Les utilisateurs n’ont jamais été prévenus (voir encadré ci-dessous et visitez le site havebeenpwned.com). Les vols massifs ont également eu lieu dans de nombreux hôpitaux. Cependant, aucune attaque n’a, à ce jour, visé à la désorganiser le système de soins français, même si la moitié des incidents déclarés ont bel est bien… désorganisé les structures.

Que cherchent ces voleurs de données ? C’est tout d’abord le business avec ses profits qui ont développés cette guerilla informatique, même si l’on n’oublie pas que des équipes gouvernementales (de tout pays) ont des spécialistes très aiguisés en la matière.

Les angles d’attaque des hackers sont orientés vers les entrées que nous leurs « offrons », à savoir les failles organisationnelles, physiques techniques et humaines.

 

LES ANGLES D’ATTAQUE

 

L’hameçonnage. Le grand classique

 

L’hameçonnage, ou pishing, consiste à envoyer des e-mails dans le but d’obtenir des informations personnelles. Cette technique implique soit une pièce jointe chargeant un logiciel malveillant sur votre ordinateur dès que vous l’ouvrez, soit en utilisant un lien pointant vers un (faux) site web vous incitant à télécharger des logiciels malveillants (voir Le Cardiologue 446) ou à transmettre des renseignements personnels (numéro de carte bleue, mots de passe…).

Vérifiez tout d’abord la connexion du site qui doit être en https. Si le chiffrement des données transmises est une bonne chose grâce à ce « s » de http, cela signifie juste que les informations échangées entre votre navigateur et le site visité ne sont pas accessibles à des tiers, mais ne veut pas dire que le site est sûr, le certificat délivré ne dit rien du site lui-même. Une page d’hameçonnage peut tout à fait avoir ce certificat et chiffrer le trafic qui circule entre vous et lui.

 

L’harponnage. L’usurpateur

 

Le harponnage, ou spear phishing, est un type de hameçonnage utilisant les adresses-mails pour cibler les individus et les entreprises. C’est à partir de messages personnels et pertinents que le harponnage peut être difficile à identifier. L’un des moyens les plus utilisés est l’usurpation d’une adresse électronique d’une personne que vous connaissez. « Hello, regarde la photo jointe et dis-moi ce que tu en penses… » suffit passer du côté obscur, tout comme une soit-disante commande de 352,00 euros dont l’opérateur a perdu votre adresse, ou votre banque qui vous envoie un message pour vérifier la mise à jour de votre profil. Généralement, le courriel usurpe l’identité d’une personne morale (établissement bancaire, service public…) ou d’une personne physique (travail, famille, ami…) dans le but d’ouvrir une pièce jointe ou de cliquer sur un lien qui vous dirige vers un site malveillant. Une fois la « proie » cernée, l’attaquant prend le contrôle du système d’information. On parle ici « d’infiltration ».

Il est facile aujourd’hui de copier un site « officiel » et de le rendre ainsi utilisable à des fins d’escroquerie. Nombreux sont les sites affichant une colonne à droite « Accès client » visant à vous faire remplir vos nom d’utilisateur et mot de passe.
Si vous avez un doute, rendez-vous directement sur le site en question avec votre propre adresse. Vous pouvez également survolez les liens avec votre curseur. Si vous voyez par exemple http//l.mail.hsbc.fr pour un message reçu de la banque hsbc, vous ne pouvez que passer votre chemin et pourtant le mail est envoyé de l’adresse contact@mail.hsbc.fr qui vous paraît pourtant véritable. Il faut faire preuve d’esprit critique en déchiffrant l’URL.

 

L’ANTICIPATION, LA RÈGLE D’OR DE LA PRÉVENTION

 

Si la cybercriminalité a touché essentiellement les grands groupes, les cabinets médicaux, et donc les médecins, ne sont plus épargnés par ce phénomène. Les attaques se sont multipliées dans les petites structures car celles-ci ne sécurisent pas efficacement leurs données sensibles. Le Cnom a confirmé que les médecins sont particulèrement concernés, la protection des données s’articulant avec le secret professionnel. Un guide a d’ailleurs été rédigé entre le Cnom et la Cnil afin de vérifier la mise en conformité avec le RGPD.

La base de la prévention est tout d’abord matérielle avec la sécurisation du système informatique (serveur professionnel externe, wifi sécurisé, sauvegardes interne Raid et externe, mots de passe régulièrement renouvelé, verrouillage en système de veille, antivirus mis à jour, VPN).

Ensuite, toute personne ayant accès aux données du cabinet doit être conscient des risques et leur comportement doit être l’allier d’une extrême vigilance… n’hésitez pas à faire une formation à ce sujet. Insérer une clause dans les contrats sur le respect du secret et de la confidentialité. L’anonymisation des données, les envois sécurisés via messagerie cryptée, suppression des messageries gmail, des réceptions de fichier via Wetransfer, vérification hebdomadaire de vos adresses-mail (voir encadré)… tout ceci doit faire partie du comportement de chacun afin de limiter au maximum les attaques.

Enfin, travaillez en amont en pensant que si vous arrivez un matin et que votre informatique est bloquée à cause d’une attaque, quels sont vos angles de recours (et de secours).

Comment savoir si vos adresses mails n’ont pas été piratées

Le site haveibeenpwned.com (littéralement « je me suis fait avoir ») qui est la référence ou l’Institut Hass-Platner Institut à Berlin (HPI ). Vous pouvez ainsi voir si votre e-mail ou votre numéro de portable ont fuité ou ont été volés dans des bases de données.

 

Que faire en cas de piratage ?

 

Vous devez impérativement et sans délai modifier votre mot de passe, voire de supprimer votre compte si les attaques ont été multiples. Mais de manière générale, tous vos mots de passe doivent être changé régulièrement, et – cela va de soi –chaque compte ne doit pas avoir le même mot de passe.

LES DIX RÈGLES D’OR DE LA PRÉVENTION

LEURS APPLICATIONS SONT ESSENTIELLES !

 

Les usages informatiques à caractère personnel de ceux à caractère professionnel doivent être strictement séparés. Cela concerne les courriels, les comptes d’échange de fichiers, les clés USB ou tout support informatique (disques durs…).
Les mises à jours doivent être faits régulièrement (personnels et professionnels). Faites en sorte d’automatiser les mises à jour sur vos machines. Si elles ne peuvent pas l’être, vérifier les ponctuellement ou acceptez les immédiatement si des messages vous les propose.
Vos accès aux différents services doivent être protégés par des mots de passe complexes. Ils doivent être sans informations personnelles, uniques et bien sûr à ne divulguer en aucune manière. La règle principale : un mot de passe par support.
Si vous pouvez le faire, protégez vos accès par une authentification à double-facteur (ou vérification en deux étapes) lorsque c’est possible. Par exemple, le site sur lequel vous vous connectez vous envoie un code à usage unique sur votre smartphone.
Surveillez vos équipements lors de vos déplacements. Cette surveillance vous protégera des manipulations à votre insu.
Lorsque vous devez vous absenter, protégez votre espace de travail et donc vos données. Mettez un code de sécurité sur vos machines si c’est possible. Placez en lieu sûr tout matériel connecté (disques durs, clés usb…) et si possible coupez votre internet.
Votre identité numérique doit être divulguée avec parcimonie sur internet et les réseaux sociaux. Si vous devez par exemple donner votre adresse mail une seule fois ou si vous n’êtes pas sûr d’un site, créez une adresse fictive et temporaire sur un hébergeur dédié tel YOPmail (Your Own Protection mail) qui est un serveur de messagerie électronique temporaire et gratuite.
➐ Protégez vos messageries professionnelle et personnelle. Avant d’ouvrir une pièce jointe, soyez sûr à 100 % de votre émetteur et ne cliquez pas sur les liens qui vous semblent douteux.
Protégez-vous des réseaux extérieurs non maîtrisés pour connecter vos équipements (réseaux ou bornes de recharge USB publics, prêt d’un ordinateur…).
La visioconférence est devenu une mane pour les hackers. Passez par des sociétés reconnues. La confidentialité des conversations n’est pas assurée sur les réseaux publics.
Évitez de prendre votre smartphone lors de réunions sensibles. Il peut être très facilement utilisé pour enregistrer vos conversations, y compris à votre insu.

© Gorodenkof/depositphotos

 

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Hackers – Les maîtres du monde


La santé est de plus en plus ciblée, les attaques en sécurité informatique ont explosé ces deux dernières années. Les failles sont nombreuses et les vulnérabilités des établissements de santé sont connus des pirates, mais les laboratoires, les centres de santé et les praticiens isolés sont aussi source d’inquiétude. Si ce risque par rebond est maintenant bien connu, il existe dorénavant le risque intégré avec le développement des objets connectés.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 446 – Mai-juin 2022

A la suite d’une discussion avec un confrère, le Dr Cinécare a voulu installer un logiciel de prise en main à distance. Devant la pléthore de programmes, il a préféré essayer une version gratuite trouvée sur le net avant l’achat définitif d’une version payante.

Le Dr Cinécare clique sur les liens pour installer ce logiciel sans fournir bien sûr de numéro de carte ni de coordonnées bancaires. 

L’installation se passe tout à fait normalement.

Une fois la version gratuite enregistrée, plusieurs emails sont arrivés dans une langue étrangère pour confirmation. Normal, le logiciel gratuit est en langue anglaise. Pour la langue française, il devra s’acquitter de la version payante. 

Le programme d’installation lui demande d’éteindre sa machine et de la rallumer pour accéder au logiciel. Une fois fait et l’ordinateur rallumé, le Dr Cinécare transfère ses données dans le nouveau logiciel.

UNE PERTE DE CONTRÔLE

Subitement, l’ordinateur se met à ralentir sérieusement et certaines applications deviennent particulièrement difficiles à contrôler…

Le Dr Cinécare éteint une nouvelle fois sa machine puis la redémarre, pensant à un problème de connexion, comme cela lui arrive régulièrement. Mais l’ordinateur est toujours aussi difficile à gérer. Pire, le curseur de la souris se déplace tout seul et son PC se met à taper des lettres sans son intervention.

Le Dr Cinécare se rend subitement compte que sa machine a été piratée et est ainsi devenue un PC Zombie (botnet) [1]. Sans qu’il s’en aperçoive, ses mots de passe et toutes ses interventions vont pouvoir être lus et enregistrés. Le malware a introduit un trojan (2) qui ouvre la voie à d’autres programmes malveillants, prenant en otage l’ordinateur tout entier.

L’accès à ses logiciels devient impossible. Son agenda ne répond plus et, sans secrétaire extérieure informatisée, il ne sait pas quels patients ont pris rendez-vous et pour quels motifs. La série débute : Comment contacter les patients ? Comment annuler ou reporter les rendez-vous ? Quid des données et que vont-elles devenir si elles lui sont subtilisées ? Le malware prend également possession de son logiciel de messagerie et de ses mots de passe.

Le Dr Cinécar se sent soudain totalement perdu. Son informatique ne répond plus ; il n’a plus aucun moyen de récupérer sa comptabilité et donc aucune vue sur les versements perçus ou ceux en attente.

Heureusement, son informaticien (qu’il aurait dû contacter pour l’installation de ce logiciel… gratuit) lui avait installé un système de sauvegarde automatique avec deux disques durs en miroir. (3) Le but était d’en retirer un tous les soirs et de l’interchanger avec un autre le lendemain, mais cela n’avait pas été fait depuis trois mois. Les données de la sauvegarde ont donc été également cryptées, à l’exception du disque dur interchangeable qui était resté dans sa boîte. Il peut donc retrouver une sauvegarde, certes avec un délai de trois mois en arrière, mais qui a le mérite d’exister. Ensuite, le Dr Cinécare a tout perdu.

Comme un grand classique, le piratage est intervenu au moment de l’installation du logiciel avec une prise en main à distance. Le fichier d’installation a été récupéré sur un site frauduleux et un logiciel de ransomware (4) a donc été installé au lieu du logiciel souhaité. Ce type de piratage est de plus en plus sophistiqué, les hackers s’adaptant au système antivirus en adoptant des méthodes évitant ainsi d’être détectés.

Mais les malwares peuvent venir d’autres sources, tels les mails, même ceux de vos connaissances (subtilisation des adresses mail), les sites frauduleux (5), de votre portable subtilisé dans des réseaux publics (wifi), la liste est longue.

SE PROTÉGER DES VIRUS

Cela va de soi : le logiciel antivirus, votre première défense, à installer dans les plus brefs délais.

Il doit être également exécuté sur tous les appareils connectés au réseau. Il empêche les exécutables des logiciels malveillants de s’exécuter sur votre machine. Mais attention, il ne vous sauvera pas de toute attaque.

Les premiers gestes devant votre machine doivent devenir vos habitudes :

1. N’ouvrez jamais les pièces jointes insérées dans vos e-mails : de nombreuses attaques commencent ainsi.
2. Votre système d’exploitation doit toujours être à jour : les correctifs, outre les avancées techniques qu’ils procurent, corrigent les bugs et autres failles de sécurité découvertes.
3. Vous avez un doute sur un site : rebroussez chemin, vous éviterez les téléchargements par drive-by ou les redirections vers des sites hébergeant des logiciels malveillants qui ciblent la vulnérabilité spécifique de votre navigateur et/ou de ses plugins.
4. N’utilisez pas de logiciels piratés ou partagés. Tentants soient-ils, ils peuvent contenir des logiciels malveillants. En clair, téléchargez les logiciels uniquement à partir de source officielle.

NOUS SOMMES TOUS DES CIBLES

Nous sommes tous des cibles, mais la réponse immédiate de quiconque est « je suis trop petit, je n’intéresse personne et mes données n’ont pas de valeur », ce qui est globalement vrai, mais la première règle est de ne pas se trouver dans les filets du chalut. Parce que toute personne a des accès à des systèmes plus larges et est donc potentiellement intéressante.

A l’heure du Covid, par exemple, les médecins victimes de piratage ont été nombreux. Activer par exemple sa carte e-cps via un compte piraté est facile, c’est ce qui était arrivé à un professionnel de santé à la retraite venant en aide dans un centre de vaccination. En se rendant sur son compte, il a découvert qu’il avait vacciné un millier de personnes, alors que ce n’était absolument pas le cas.

Le hacker est tout d’abord un prédateur, et si vous avez un niveau de résilience faible, vous serez une cible facile. On connaît la volonté de l’attaquant : l’argent, le pouvoir, l’information, la désinformation, la capacité à nuire, l’ego. On se retrouve forcément dans un de ces cas

IL FAUT AGIR

Il ne faut pas sous-estimer ces incidents qui peuvent avoir des répercussions dramatiques. Mais ceux-ci ne sont par forcément de nature malveillante, ils peuvent également être dûs à des problèmes matériels ou informatiques (incidents dans les data centers, coupures récurrentes chez des opérateurs…).

Nous verrons dans notre prochain numéro comment se prémunir pour éviter le pire et – surtout – travailler sur l’anticipation, car la sécurité se passe tout d’abord en amont afin de garder une marche d’avance sur les hackers…

LES DIFFÉRENTES FAMILLES DE VIRUS

On peut considérer le virus informatique comme son cousin biologique qui s’attaque à un organisme pour le détruire. Il y aurait plus de 50 000 virus en circulation aujourd’hui, des plus inoffensifs aux plus virulents, capables d’effacer les données d’un disque dur.

Les trois grandes familles

1. Le virus de fichier capable de corrompre des fichiers exécutables (fichiers contenant un programme identifié par le système d’exploitation) tels les .exe, .com; .bin,…

2. Le virus de boot. Son secteur : détruire les données utilisées pour démarrer le disque dur.

3. Le macro-virus (près de 80 % des virus). Attaque les documents contenant des macros afin de casser l’automatisation des fonctions des logiciels.

Les virus sont capables de se répliquer, de se développer et de se propager vers d’autres ordinateurs en s’insérant dans d’autres programmes ou documents.

Les vers

Le vers (worm) est un logiciel malveillant capable de se dupliquer et de propager via les réseaux. C’est un fichier qui se multiplie à l’infini, via par exemple les courriers électroniques ( et épuisent ainsi l’espace de stockage). Il peut exploiter les carnets d’adresses et envoyer automatiquement à l’insu des propriétaires des fichiers word infectés.

Les chevaux de Troie

Le cheval de Troie (Trojan horse) transite également par courrier électronique et s’installe également à l’insu de l’utilisateur. Activé à distance, il permet le contrôle complet de la machine (système, configuration, mots de passe…)

Les maldocs

Le maldoc est un document informatique malveillant qui se partage deux mécanismes : la vulnérabilité  (exploite une vulnérabilité préexistante ou exécute une charge utile à l’ouverture) et la fonctionnalité (accès direct aux ressources du système).

(1) « Botnet » (contraction des termes « robot » et « network »). Les cybercriminels utilisent des chevaux de Troie particuliers pour violer la sécurité des ordinateurs de différents utilisateurs, et d’en prendre ainsi le contrôle à distance. 

(2) Le trojan (cheval de Troie en français) n’est pas un virus mais un programme malveillant.

(3) Le système plus connu sous le nom de RAID sécurise automatiquement vos données en les dupliquant sur deux disques identiques.

(4) Un ransonware est un logiciel qui chiffre des données personnelles puis demande à leur propriétaire d’envoyer de l’argent en échange de la clé qui permettra de les déchiffrer.

(5) Utilisez la page de Google Safe Browsing afin de savoir si Google a référencé un site comme douteux.

Source : kaspersky.fr

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Métavers – Le Web 3.0 du futur


En offrant une nouvelle expérience aux utilisateurs de technologies digitales, le métavers va bousculer le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. S’il ne laisse pas indifférent. Il interroge, décontenance, rassemble, rejette… On peut même s’interroger jusqu’où ce monde numérique va révolutionner, voire changer, le monde « réel ». Et pour quelle destinée et quelle utilité ? Un premier tour d’horizon de ce monde parallère en pleine explosion…

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 445 – Mars-avril 2022

Que diriez vous d’une petite ballade loin de chez vous, bien allongé dans votre lit et enveloppé dans vos draps, chargé de votre casque de réalité virtuelle et de vos oreillettes bluetooth ? Bienvenue dans le nouveau monde parallèle du métavers.
Vous ne connaissiez pas ce mot il y a quelques mois ? Normal, le métavers est arrivé aux oreilles du grand public il y a peu de temps avec la création de Meta, le nouveau nom de la maison mère de Facebook. Et depuis, ce n’est pas la ruée vers l’or, mais un intérêt très marqué des internautes pour ce nouvel espace car l’idée est d’y mettre tout l’internet que l’on connaît aujourd’hui (et bine plus !), tels les réseaux sociaux, toutes les applications internet et, bien sûr, les jeux vidéo, dans un monde en trois dimensions.

LE CONCEPT DU MÉTAVERS

Le métavers (de l’anglais metaverse, contraction de meta universe, c’est-à-dire méta-univers) est un ensemble de mondes virtuels en dehors du monde physique tel que nous le connaissons et perçus commet tel en réalité virtuelle (1) et réalité augmentée. (2) Il est décrit comme l’évolution d’internet, appelé web 3.0, en d’autres termes nous parlons de l’internet du futur où les espaces virtuels, persistants et partagés, sont accessibles via des interactions en 3D.
Il existe différents type de métavers, la majeure partie venant de la communauté du jeu où la 3D est déjà récurrente. On pourra accéder pêle-mêle aux réseaux sociaux, assister à des réunions professionnelles, participer à des soirées, acheter ou vendre tout ce qui se présente, et bien sûr jouer… Vous pourrez également construire vos propres espaces et communautés, ce qui ouvre des possibilités infinies en termes de lieux et d’activités.

LA RÉUNION DES DEUX MONDES

Ce qui frappe en premier lieu dans le métavers est la « présence » humaine, ce sentiment de présence dans l’espace lorsque l’on est en ligne dans des lieux pourtant numériques avec des avatars en guise de personnages. Et c’est bien là, étonnamment, que les mondes virtuel et réel ne font qu’un grâce à l’interaction naturelle d’un casque ou de lunettes.
Il n’y aura rien de plus facile que d’aller à un concert, faire un voyage, créer des œuvres d’art ou acheter des vêtements numériques… Le métavers pourrait également donner de nouvelles possibilités de travailler, et pas seulement dans un contexte à domicile : dans un environnement professionnel, les employés pourraient travailler dans leur bureau virtuel, des réunions pourraient se faire entre avatars ou bien des personnes présentes physiquement dans une salle de réunion pourraient être rejointes par des collègues présents virtuellement via le métavers. Les possibilités sont immenses.

LES ORIGINES DU TERME MÉTAVERS

« Méta » vient du grec qui signifie « au-delà » et de l’anglais « metaverse » qui est une contraction de meta universe (ou méta-univers).
Le terme est apparu la première fois en 1992 dans un roman de Neal Stephenson, « Le samouraï virtuel », ou l’histoire d’un magnat qui découvre le moyen de contrôler l’esprit humain en infectant un virus dans les cerveaux de la même manière que peut l’être un ordinateur afin d’accroître son pouvoir. Son ambition sera contrariée par un hacker au savoir illimité donné par le métavers, une anticipation du (futur) web sous la forme d’un univers virtuel.

LE CONCEPT

Pour pouvoir se connecter dans cet univers en ligne, il faudra bien sûr être équipé d’un casque de réalité virtuelle. Une fois à l’intérieur du métavers, l’utilisateur sera représenté par un avatar, une sorte de corps virtuel dont il sera possible de changer l’apparence.

Le métavers est divisé en deux mondes différents
1. Le premier, appelé blockchain (3), va permettre aux internautes d’acheter des parcelles de terrain virtuelles et de construire leur environnement grâce à de la cryptomonnaie et des jetons non fongibles (NFT) [voir encadré en bas de page]. (4)
2. Le second, comme celle de Facebook, peut utiliser le métavers pour créer un monde virtuel où les gens pourront se rencontrer pour leurs consultations commerciales.

LANCEZ-VOUS !

Il faudra tout d’abord vous créer un avatar qui sera votre réprésentation virtuelle. Il pourra être réaliste afin qu’il vous ressemble ou sera celui ou celle que vous aurez toujours rêvez d’être…

Comment y aller ?
Pour accéder au métavers, vous devrez choisir votre plateforme suivant vos besoins ou vos envies (social, achat ou vente sous forme de NFT, rencontres, spéculation…).
Pour explorer et vous immerger totalement dans l’expérience du métavers, vous devez envisager d’acheter un casque de réalité virtuelle ou des lunettes intelligentes de réalité augmentée. Ces dispositifs indispensables vous permettront de percevoir un véritable sentiment de présence dans cet environnement que vous ne trouverez pas si futuriste que cela.

Découvrir
Une fois votre avatar et votre équipement en place, vous pourrez explorer le monde virtuel que vous aurez choisi et vous y perdre en y découvrant des scènes, des paysages et des structures créés par d’autres membres. Vous pourrez également visiter des musées, jouer à des jeux, parier dans des casinos, faire des achats. Bref, la vraie vie quoi !

Communiquer
Il sera aussi facile de communiquer avec les membres d’une communauté par messages vocaux ou textes, comme aujourd’hui avec vos SMS ou autre WhatsApp, ce qui vous permettra de fonder de nouvelles relations ou de renforcer celles que vous avez déjà.
Pour certains, c’est « the place» où il faut être pour rassembler des communautés plus soudées et plus fidèles que dans le monde physique.

Créer
Vous pourrez créer votre propre univers dans le métavers. Vous aurez ainsi un contrôle total sur votre monde. Mais c’est également l’endroit idéal si vous êtes un artiste ou un créateur. Vous pourrez ainsi publier ou vendre vos œuvres.

Affairer
L’e-commerce sera l’une des utilisations les plus en pointe du métavers. Des entreprises importantes comme Nike – qui a récemment mis la main RTFKT et ses baskets virtuelles (oui, vous avez bien lu), qui habille les avatars dans le métavers – ou Amazon, s’y sont installés ! Mais vous pourrez plus simplement proposer vos services, développer des jeux, ouvrir un casino, organiser des concerts…
Le métavers est également le marketing du futur. Elle inventera de nouvelles stratégies publicitaires afin de promouvoir des marques.

Acheter ou vendre
De nombreux actifs digitaux attendent des acquéreurs. Ils vous permettront par exemple de personnaliser votre avatar, de meubler votre espace, etc.

Spéculer
Vous pouvez acheter et/ou louer une propriété ou un terrain ou construire une structure. L’immobilier virtuel, l’une des activités les plus populaires, est en plein essor, les terrains numériques ayant le vent en poupe (pour la création d’espaces de commerce ou d’organisation d’événements.

EN CONCLUSION

Pour certains experts, le métavers sera encore plus toxique qu’internet, allant même jusqu’à le qualifier de « Far West » numérique. Cette nouvelle expérience sera tout aussi excitante que dangereuse. Les effets négatifs tels que nous les connaissons sur l’internet d’aujourd’hui seraient amplifiés et engendreraient des problèmes d’addiction bien plus graves. Les interactions virtuelles plus réalistes et plus intenses y seront bien sûr pour beaucoup avec des pertes de patience, de concentration et de comportements toxiques… Restent à définir des lois qui, pour l’instant, n’existe pas.

LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.

(1) La réalité virtuelle permet de simuler numériquement un environnement.

(2) La réalité augmentée est la combinaison d’images de synthèses et d’ images du monde réel.

(3) Une blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations qui permet à ses utilisateurs – connectés en réseau – de partager des données sans intermédiaire.

(4) Un NFT est un certificat de propriété stocké sur une blockchain  généralement associé à un actif numérique : œuvres artistiques, vidéos, objets de collection… C’est un jeton unique ou « non fongible » qui ne peut pas être retiré ou contrefait.

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




CES 2022


Plus important salon consacré à l’innovation technologique, le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas – pour sa 55e édition – a été une édition hybride en raison du contexte sanitaire. Même si des poids-lourds comme Google, Facebook, Amazon ou Gsk –  qui ne sont pas forcément les plus innovants  – étaient absents, cela n’a pas empêché les start-up de présenter de belles nouveautés. L’Hexagone, deuxième pays le plus représenté cette année derrière les États-Unis, n’était pas en reste, et notamment dans le domaine de la santé qui était le contingent le plus important avec la greentech et la robotique.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 444 – Janvier-Février 2022

WITHINGS

Habituée du salon, l’entreprise française Withings, Lauréate de trois CES Innovation Awards 2022, a dévoilé sa prochaine balance Body Scan connectée intégrant de nouvelles caractéristiques avec une vue à… 360° sur la santé.

– Mesure de l’activité nerveuse (détection certaines neuropathies) dans les pieds. Un score faible peut par exemple être un symptôme de certaines maladies chroniques ;

– analyse renforcée de la composition corporelle par segmentation : des capteurs avancés intégrés à la poignée scannent le torse, les bras et les jambes pour offrir une vision détaillée de la composition corporelle et de la forme physique ;

– enregistrement d’un électrocardiogramme (ECG) permettant de détecter la fibrillation auriculaire. Pour lancer une mesure, il suffit simplement de tenir une poignée en se pesant. Body Scan enregistre un électrocardiogramme 6 dérivations en seulement 30 secondes. Le résultat s’affiche bien évidemment sur l’écran de la balance, accompagné d’un code couleur. Le tracé apparaît automatiquement dans l’application Withings télécharageable sur Google ou Apple avec la posibilité de l’envoyer facilement à un professionnel de santé ;

– détection de biomarqueurs associés à certaines maladies comme le diabète (type 2) et l’identification de certaines pathologies, Body Scan permettra un contrôle proactif de sa santé. 

En outre, la station offre des porgrammes santé personnalisés, un partage des données avec des professionnels de santé et des conseils adaptés suivant les données fournies à l’appareil.

Disponibilité prévue : second semestre 2022.

CIRCULAR

La start-up Française Circular a dévoilé sa bague intelligente pour améliorer la santé et le bien-être (le mot à la mode).

L’idée de cette bague est née en 2016 d’une équipe d’experts du hardware et de l’industrialisation, d’ingénieurs algorithmiques et data scientists. Dotée de biocapteurs, celle-ci mesure l’oxygénation du sang, la détection d’éventuels symptômes comme l’apnée du sommeil. Elle permet également d’améliorer ses performances physiques grâce à une application qui synthétise et analyse toutes les données reçues.

ALIAE

Aliae présente son chatbot en santé.

Aliae a développé une thérapie numérique au travers de son chatbot (1). Grâce à l’intelligence artificielle, Aliae transforme le dialogue naturel avec les patients en une évaluation continue de l’état de santé et de la qualité de vie.

Il participe aux relations entre patients chroniques et les équipes médicales dans le cadre d’un programme de soins numériques

Les informations peuvent également compléter les questionnaires ou journaux médicaux standard, et contribue aux résultats avancés signalés par les patients.

Dans ce développement avancé, les assureurs et leurs adhérents ne sont pas en reste, afin d’établir des programmes de prévention, de gestion des pathologies ou de bien-être.

GRAPHEAL

TestNPass, le test diagnostique nasal Covid-19 connecté.

La start-up Française grenobloise Grapheal a reçu un Best innovation award du CES avec le développement de son TestNPass, un test antigénique numérique nasal sans pile pour le dépistage sur le terrain  d’une infection à la Covid-19 en détectant sa présence, et ceci en 5 minutes chrono.

Concrètement, le matériau utilisé est du graphène-sur-polymère, un nanomatériau composé de carbone pur ultra-fin et biostimulant permettant aux cellules une régénération plus rapide à son contact. Le signal capturé par un biocapteur permet une détection d’une plus grande précision à la survenue d’un phénomène biologique.

Le résultat est mémorisé dans une étiquette RFID (2) garantissant la confidentialité des utilisateurs. Il constitue un laissez-passer de santé numérique. La lecture de ce test se fait par l’intermédiaire d’un smartphone.

FLUIGENT

OMI, le laboratoire de poche qui reproduit le vivant.

Fluigent, le leader en microfluidique, (3) dévoile OMI, un laboratoire microscopique qui imite les organes vivants tels que la peau, les poumons ou même le cerveau.

Ce  laboratoire, le plus petit au monde (150 x 80 mm), permet des traitements thérapeutiques sur mesure. Il accélère le développement de nouveaux médicaments, réduit la nécessité d’expériences sur les animaux et l’impact environnemental et reproduit in vitro l’in vivo.

OMI recrée une biologie humaine plus vraie que nature avec des avancées significatives dans la compréhension du vieillissement, la personnalisation des traitements en un temps record, le développerment des médicaments ou encore dans l’étude des maladies infectieuses.

SENGLED

Sengled est un fabricant d’ampoules connectées.

la Smart Health Monitoring Light est une ampoule Wi-fi/Bluetooth avec surveillance intégrée de la santé grâce à un mini radar intégré.

Le système, capable de passer au travers des objets, serait capable de mesurer plusieurs signes vitaux d’individus, dont la température corporelle et le pouls.

Les ampoules pourraient fonctionner par paires et communiquer via Bluetooth afin de réaliser une cartographie de la pièce dans laquelle elles sont localisées. Ce système permettrait ainsi de suivre les occupants et de repérer une situation inhabituelle (une chute par exemple). 

La Smart Health Monitoring Light pourrait également faire office de tracker de sommeil et donc aider à poser un SAS, de mesurer la fréquence cardiaque, la température corporelle, la qualité du sommeil…

Lancement prévu : fin d’année 2022.

ABBOTT

Le groupe pharmaceutique américain a décroché quatre prix Innovation Awards.

1. Le premier prix revient à son test portatif rapide pour la détection des traumatismes crâniens (TC) et traumatismes crânien léger (TLC), le i-Stat TBI Plasma

Conçu pour fournir des mesures quantitatives de biomarqueurs, les tests s’exécutent sur la plateforme portable i-s=Stat Alinity d’Abbott  (disponibles en quinze minutes).

Avec une valeur prédictive négative (VPN) de 99,3 % et une sensibilité clinique de 95,8 %, le test i-STAT TBI Plasma peut aider aux prises de décision sans avoir recours au scanner cérébral.

2. Le laboratoire a également décroché un deuxième prix pour son autotest BinaxNOW Covid-19.

Le test portable fournit des résultats en 15 minutes sans équipement et, notion à souligner, s’adresse également aux patients asymptomatiques. Accompagnée de l’application Navica, les testés pourront afficher les résultats sur leur smartphone.

3. Le troisième prix revient au FreeStyle Libre 3 qui permet des mesures de glycémie en temps réel et en continu transmises automatiquement toutes les minutes au smartphone avec un capteur de glucose plus fin, plus petit et plus facile à appliquer.

4. La dernière distinction accordée est revenue à son logiciel d’imagerie Ultreon 1.0.

Ultreon 1.0 permet aux cardiologues interventionnels d’avoir une visibilité complète dans le cœur durant une intervention coronaire percutanée (PCI). Son interface intuitive donne des informations à l’écran (morphologie, taille des vaisseaux, placement du stent, optimisation post-stent) et des conseils étape par étape suivant le flux de travail afin de faciliter la prise de décision et déterminer la technique de traitement appropriée avant la PCI.

C’est l’intelligence artificielle (IA) qui permet la quantification automatique de la calcification et du dimensionnement des vaisseaux.

RESMED

Le fabricant américain de dispositifs médicaux ResMed a reçu un Innovation Award pour sa nouvelle série AirSense version 11.

AirSense v11 est un appareil de pression positive des voies aériennes (PAP) connecté au cloud pour le traitement de l’apnée du sommeil.

De nouvelles fonctionnalités numériques ont été ajoutées sur cette version telles que l’assistant de thérapie personnelle et l’enregistrement des soins, conçues pour fournir des conseils personnalisés aux utilisateurs de PAP, les aidant à faciliter la thérapie et une utilisation nocturne confortable.

L’une des fonctionnalités nommée Care Check-In donne aux patients des conseils personnalisés à travers les étapes clés de leur parcours de traitement.

Des algorithmes de thérapie exclusifs permettent des ajustements de thérapie respiration par respiration. Un mode (AutoSet for Her) a été conçu pour traiter les caractéristiques spécifiques aux femmes de l’apnée obstructive du sommeil légère à modérée, et CPAP (pression positive continue des voies respiratoires).

Connecté à la plateforme myAir, ce dispositif médical propose aux patients équipés des « conseils personnalisés ».

L’objectif est de renforcer l’engagement des patients et ResMed promet « une adhésion augmentée de 87 % » grâce à la télésurveillance, contre environ 50 % avec les appareils PAP non connectés.

(1) Un chatbot est un programme informatique qui tente de converser avec une personne en lui donnant l’impression de converser elle-même avec une personne.
(2) RFID pour Radio Frequency Identification », également nommée étiquette intelligente, est un système de traçabilité. Sa technologie permet la mémorisation, le stockage, l’enregistrement des données sur un support et de les récupérer à distance.
(3) La microfluidique est l’étude et la mise en œuvre des écoulements à petite échelle dans des réseaux de microcanaux de quelques micromètres de diamètre.
(4) Physical review letters – Journal de la Société américaine de physique du 25 octobre 2021.

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Retour vers le futur

 
Une fois n’est pas coutume, revenons quelques années en arrière, dans les années 1950 plus précisément, avec cet article du Dr Charles Claoué (encadré) paru dans la presse sur la pratique de la médecine en l’an 2000. Même si certaines visions de cette analyse font sourire, on retrouve un certain parallèle avec la position des Gafam (1) dans le combat des hommes contre toutes les affections, la lutte contre le vieillissement et la recherche médicale avec, en début de chaîne, l’Intelligence Artificielle et ses algorithmes qui vont notablement contribuer aux futures prises de décisions médicales. A chacun d’y faire son opinion et de se projeter en 2100…

La médecine de l’an 2000 n’aura plus grand chose à voir de commun avec celle que nous pratiquons aujourd’hui (…) Elle aura subi de profondes modifications dans deux très importants domaines : l’organisation de la médecine, d’abord, la recherche médicale, ensuite. (…) Le XXe siècle verra la réalisation d’un système d’urgence médicale perfectionné (…) Grâce à l’urgence médicale, il recevra d’ici quelques décades dans les deux ou trois minutes qui suivront l’accident, les soins éclairés d’un médecin, outillé pour intervenir efficacement et rapidement. (…)

NDR. Outre les urgences traditionnelles, les objets connectés vont prendre une place primordiale dans les années à venir à des fins d’« urgences connectées » ou de prévention grâce au développement d’applications telles « Sauv Life » ou « Permis de sauver » sur Lyon. (2) Autre lieu autre remède, les brigades d’urgence à vélo dans les grandes métropoles (Londres par exemple) afin de réduire le temps d’intervention (6 min en moyenne). 

On ne reconnaîtra plus, à cette heureuse époque, les ridicules procès intentés par les organismes médicaux aux guérisseurs. Depuis longtemps ceux-ci auront leur statut. Contrôlée, encouragée, la médecine libre aura puissamment aidé la médecine traditionnelle dans ses recherches. Car, déclare le Dr Claoué, c’est dans le domaine de la recherche scientifique médicale que nous connaîtrons les plus grands bouleversements.

NDR. Cette prise de position pour la « médecine libre » et l’appui accordé aux guérisseurs et médecine parallèle ou alternative est toujours d’actualité. En mars 2018, Le Figaro publiait une tribune signée par 124 médecins visant à dénoncer l’utilisation de pratiques dénuées de fondement scientifique par certains de leurs pairs telle l’homéopathie, une pratique « basée sur des croyances », comme le rappelaient les auteurs de la tribune.

En fait, en l’an 2000 (…) il n’y aura pour ainsi dire plus de malades. Les hommes vont vers la découverte de la thérapeutique panacée qui les préservera des multiples affections dont ils sont aujourd’hui encore victimes. Les sulfamides, la pénicilline auront été les premiers balbutiements de cette découverte. En d’autres termes, là où, pour redonner ou préserver la santé, il fallait prescrire vingt médicaments, un seul suffira.

NDR. Les découvertes de l’insuline et de la pénicilline ont permis de créer des traitements plus efficaces pour le diabète et les infections. Des maladies ont certes disparu, mais d’autres sont (ré)apparues ou découvertes (Sida, cancer, tuberculose…).

Aujourd’hui. Microsoft a présenté il y a deux ans un plan pour vaincre le cancer avant 2026 grâce à l’IA. Facebook a annoncé en 2016 vouloir éradiquer la totalité des maladies en 2100. Bill Gates, ancien patron de Microsoft, a lui, déclaré la guerre au Sida. 

Le rôle du médecin (…) sera de réparer les inévitables erreurs de la nature, de réaliser cette difficile synthèse entre l’expression et la science et de faire des hommes et des femmes de l’an 2000 des individus parfaitement équilibrés.

NDR. Pour le Dr Claoué, les maladies n’existant plus, le rôle du médecin s’oriente naturellement vers l’esthétique afin de pallier aux caprices de la nature. 

Aujourd’hui. Le marché du secteur de l’esthétique évolue autour de la vision de la beauté, le développement des réseaux sociaux ayant considérablement accentué la dismorphophobie ou l’envie de vouloir ressembler à une star ou à un… emoticone.

Que le lecteur sceptique ne s’exclame point : « Bah ! tout cela c’est très joli, mais je ne le verrais pas ! ». Le Dr Claoué affirme, au contraire, qu’il a toutes les chances de voir, car l’homme de l’an 2000 ne vieillira plus que très lentement, et il n’est pas douteux que la durée de l’existence humaine sera infiniment plus grande qu’aujourd’hui. Les travaux de Voronoff, (3) les sérums de Bogomoletz (4) et autres, limitaient leur action à régénérer, à stimuler, à régulariser le système physiologique de l’homme. Le temps n’est pas loin où (…) le corps humain sera à l’abri de toutes les affections, le système physiologique de l’homme sera défendu contre toutes les dégénérescences et ramené dans un état de longue – sinon de perpétuelle – jeunesse.

NDR. L’espérance de vie était de 69,2 (F) et 63,4 (H) en 1950 pour 85,1 (F) et 79,1 (H) en 2015 (5)

Aujourd’hui. Google, le géant du web, a annoncé souhaiter tuer la mort elle-même… La société américaine est devenue un véritable incubateur de nouvelles technologies avec ses acquisitions depuis 2013 dans la biotechnologie, l’intelligence artificielle et la robotique avec un but : augmenter l’espérance de vie humaine de 20 ans.

(1) Les Américains sont galvanisés par les sources de données qui permettront à elles seules d’interagir avec l’Intelligence Artificielle. Elles sont extrêmement précieuses pour la maîtrise de l’e-santé, le point d’orgue des GAFAM.
(2) Ces applications de premiers secours géolocalisent les volontaires via leurs smartphones afin d’effectuer les premiers gestes d’urgence avant l’arrivée des secours.
(3) Revue de primatologie. Le chirurgien français Serge Voronoff (1866-1951) a défrayé la chronique dans le Paris des années 1920 pour ses tentatives de greffes de testicules de primates chez des hommes « fatigués ».
(4) Alexandre Bogomoletz est connu pour sa découverte sur le rôle clé du tissu conjonctif dans les phénomènes de vieillissement.
(5) Source Ined (Institut national d’études démographiques).

 

Charles Claoué
« Général en chef de la médecine libre », tel se définissait Charles Claoué, médecin, chirurgien esthétique et professeur d’anatomie à Bordeaux, décrié, interdit d’exercer la médecine durant trois ans en 1945, puis un an en 1952. L’Ordre des médecins ne lui avait pas pardonné son opposition à la médecine officielle alors qu’il avait pris parti pour les guérisseurs et autres médecines parallèles.
Il a créé en 1930 avec le Dr Louis Dartigues la Société Scientifique Française de Chirurgie Réparatrice Plastique et Esthétique (SSFCRPE).




e-santé

Le numérique influence fortement notre espace Santé et s’est développé de manière exponentielle. Les « e-termes » fleurissent de toute part, à tel point que les amalgames se sont faits entre les mots et les destinations : bien-être physique, santé, médecine, science, recherche… L’e-santé, la m-santé, la santé numérique sont des termes « confusants » dans ce vaste empire qui bouleverse autant la recherche médicale que l’organisation des soins.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 441 – juillet-août 2021

La définition de l’e-santé (ou santé numérique)

Pour le grand public, l’e-santé évoque une santé connectée par les nouvelles technologies (healthtech) qui permettent le tracking via des applications ou des objets connectés. Mais dans les faits, sa définition serait plus exactement celle de la Commission européenne qui parle d’« application des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé » qui recouvre tous les outils de production, de transmission, de gestion et de partage d’informations numérisées au bénéfice des pratiques tant médicales que médico-sociales et de bien-être. 

La santé numérique intègre plusieurs grands domaines :

Les domaines d’application de l’e-santé

Les systèmes d’information de Santé (SIS) ou hospitaliers (SIH) forment le premier segment de l’e-santé. C’est par eux que s’organisent les échanges de données et d’information entre les différents services et territoires de soins. Ils sont essentiels pour la téléconsultation, la téléexpertise…

La télémédecine utilise les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) pour des pratiques et offres de soins à distance. Elle regroupe plusieurs sous-domaines (1) : 

– la téléconsultation, 

– la téléexpertise (échange des avis des médecins), 

– la télésurveillance, 

– la téléassistance, 

– la téléformation,

– la régulation médicale (centre 15).

La téléconsultation, comme son nom l’indique, permet à un patient de se mettre en relation avec un professionnel de Santé par vidéotransmission. Le patient peut être assisté par un professionnel médical (médecin, infirmier, pharmacien) au cours de cette consultation à distance. Son développement constitue un rôle majeur dans le développement de l’accessibilité aux soins, notamment dans les déserts médicaux. Elle permet une prise en charge et un suivi plus rapide et évite également les déplacements inutiles.

Le médecin doit par contre connaître le patient et avoir eu auparavant une consultation physique (excepté les symptômes Covid-19).

La téléconsultation est facturée au même tarif qu’une consultation « ordinaire ».

Il existe plusieurs applications sécurisées qui permettent aux patients de se connecter sur les différents supports informatiques (smartphone, tablette, ordinateur).

Le cas échéant, des cabines – ou bornes – existent (pharmacies, lieux de vie communale, Ehpad), peu nombreuses, mais avec des instruments connectés (thermomètre, balance, tensiomètre, stéthoscope, imprimante). Les conditions sont assez similaires à celle d’un cabinet médical. Leur usage est pour l’instant limité 6 % des téléconsultations) [2]

Dans cet élan, l’enseigne Monoprix, qui a installé des cabines dans deux de ses magasins (Paris et Troyes), s’est attiré les foudres du conseil national de l’Ordre qui a appellé le gouvernement à « réagir avec fermeté pour défendre les principes régissant l’organisation des soins en France, et pour protéger l’acte médical au service des patients ».

La téléexpertise se fait via une messagerie sécurisée de Santé ou une solution de télémédecine (avec un équipement adapté s’il y a des échanges d’images, des tracés…). Elle permet à un généraliste ou un spécialiste de demander l’avis d’un de ses confrères pour ses compétences sur la base des informations médicales liées à la prise en charge d’un patient. 

La téléexpertise concerne tout médecin, quelle que soit sa spécialité, son secteur d’exercice et son lieu d’exercice (ville ou établissement de santé) ainsi que les patients en ALD ou atteint de maladies rares, de personnes résidant dans des déserts médicaux, dans des EHPAD ou des établissements pénitentiaires.

Une fois la téléexpertise réalisée, le médecin requis rédige un compte rendu, l’archive dans son dossier patient, dans le Dossier Médical Partagé (DMP) du patient, le cas échéant, et le transmet au médecin requérant.

Il existe deux niveaux de téléexpertise :

Niveau 1. Il s’agit d’une problématique simple qui ne nécessite pas de réaliser une étude approfondie de la situation médicale du patient.

Niveau 2. Il s’agit d’un avis suivant une situation complexe.

La téléexpertise fait l’objet d’une facturation directe entre l’Assurance-maladie et les médecins libéraux avec deux niveaux d’acte : TE1 et TE2 suivant les niveaux.

La télésurveillance est un dispositif de surveillance médicale à distance installé dans l’habitation du patient. Des appareils et capteurs (électrocardiogramme, tensiomètre…) sont connectés entre eux et assurent l’enregistrement des données, le stockage et le transfert à un professionnel de la santé à des fins d’analyse afin d’adapter la prise en charge au plus tôt et de mieux suivre l’évolution de la maladie.

Ce système, particulièrement adapté aux personnes à risque ou de complication de leur maladie (pathologies chroniques, sortie d’hospitalisation…), contribue à stabiliser la maladie, voire à améliorer l’état de santé par le suivi régulier d’un professionnel médical.

Il permet également d’accéder en urgence à une plateforme d’assistance médicale.

La télésurveillance doit respecter des exigences spécifiques comme la demande du consentement du patient, le traçage de l’acte médical réalisé et l’obligation pour les outils numériques d’être conformes aux cadres juridiques applicables aux données de santé (RGPD, marquage CE).

La téléassistance médicale permet à un professionnel médical d’assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte. Elle peut être faite après une téléexpertise. Dans le cas d’un radiologue par exemple, celui-ci guide le manipulateur radio afin de réaliser des examens en coupe de la meilleure incidence et de la meilleure qualité possibles.

Pour le grand public, la téléassistance (ou téléalarme) est tout d’abord un dispositif d’aide à la personne qui se matérialise par un service payant. Il est relié à un centre destiné à apporter assistance aux personnes confrontées à un problème médical (chute, malaise). La Poste par exemple a créé un service en ce sens.

Ce dispositif peut se présenter sous la forme d’un médaillon ou d’une montre que la personne garde en permanence sur elle.

La téléformation. Les besoins de formation concernent tous les domaines de la Santé qui vont de la formation à distance d’étudiants en médecine afin de leur permettre d’assister à des interventions ou le spécialiste afin d’aborder des cas complexes ou connaître les pièges techniques ou simplement se mettre « à jour ».

La régulation médicale est un acte médical qui s’inscrit dans un contrat de soins. Il est pratiqué au téléphone ou par tout autre dispositif de télécommunication entre l’appelant et un médecin régulateur.

La régulation médicale a également pour mission de s’assurer de la disponibilité des moyens d’hospitalisation publics ou privés adaptés à l’état du patient, en respectant le libre choix de la personne, de préparer son accueil dans l’établissement choisi, d’organiser le cas échéant le transport en faisant appel à un service public ou une entreprise privée de transport sanitaire et de veiller à l’admission du patient.

Il faut souligner que l’acte médical, numérique soit-il, est une décision médicale qui implique la responsabilité individuelle du médecin. De même, lors d’une téléexpertise, le professionnel engage sa responsabilités dans les indications qu’il donne au professionnel qu’il guide.

La santé mobile

Si la santé mobile (mobile health) offre de nombreuses possibilités concernant la prévention, la surveillance des maladies chroniques et permettre au patient d’être acteur de sa prise en charge, elle recouvre dans l’univers grand public une large gamme de produits matériels de « bien-être » (objets connectés), d’applications mobiles d’automesure, plateforme web… Dans ce cas, on parlerait plutôt de… e-santé. Allez vous y retrouver !

Cet épiphénomène dans l’e-santé – sans réelle influence par le passé – qu’était la healthtech à ses débuts, est devenu un vaste empire pour les Gafam qui, au-delà de leur puissance financière, on su disposer d’une véritable hégémonie dans l’industrie du numérique qui leur a servi à couvrir l’ensemble des catégories du marché de la e-santé, qu’il s’agisse du secteur privé ou public, de produits ou de services. Les actions sont multiples. 

Facebook a développé Preventive Health, un outil de prévention sur les maladies cardiaques et le cancer, un calendrier vaccinal avec ses rappels… Apple avec les plateformes ResearchKit, CareKit  ou Healthkit sans oublier l’AppleWatch et son application « Health Records ». Amazon avec Amazon Care, Amazon Comprehend Care, Comprehend Medical et Amazon Pharmacy . Sans oublier Microsoft qui permet aux organismes de soins une coordination des personnes, des processus et des perspectives tirées des données de Santé. Souvenons-nous de la polémique autour du Health Data Hub (HDH) et le choix du gouvernement d’héberger les données de santé qui rassemble entre autres toutes les données de l’Assurance-maladie, des hôpitaux des 67 millions de Français.

La healthtech ne s’arrête bien évidemment pas au Gafam, les fabricants européens et français sont nombreux. Withings par exemple, leader des objets de santé connectée, avec sa division « Med Pro » et sa « ScanWatch », a engagé des études avec l’hôpital européen Georges Pompidou et le centre de cardiologie du nord et Hipoxia Lab (université de Californie) pour la détection de la FA, la mesure de l’oxygène dans le sang et l’apnée du sommeil… 

(1) Qu’est-ce que l’e-santé : fondationdelavenir.org/e-sante-definition/

(2) Cnom : conseil-national.medecin.fr/medecin/exercice/point-teleconsultation

En conclusion

Deux mondes, deux approches de l’e-Santé. La définition de la Santé dans les dispositifs médicaux doit être claire et faire référence à l’IoT médical pour les objets connectés, les services, les plateformes d’aides aux médecins et aux patients. Les géants du Web savent la frontière poreuse entre la Santé et le bien-être. Cette « Uberisation » de la médecine est un problème qui doit être pris très au sérieux par les pouvoirs publics et ce à tous les niveaux (données, cloud, études de faisabilité, réglementation des DM) afin de bien séparer les genres et les priorités des acteurs du numérique qui ne sont pas les mêmes que les professionnels de la Santé.

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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L’intelligence artificielle et la santé au futur [3]

L’intelligence artificielle (IA) permet à des machines d’apprendre par l’expérience, l’adaptation des données et la réalisation de tâches humaines. Elle fait intervenir des systèmes d’auto-apprentissage (machine et deep learning) utilisant l’exploration des données (data science), la reconnaissance de schémas et le traitement du langage naturel, afin de reproduire une forme d’intelligence réelle. Au cœur de la médecine du futur avec les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes, les traitements personnalisés,… l’IA est regroupée dans des catégories bien distinctes, de l’hôpital à la médecine de ville.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 440 – mai-juin 2021

Les applications et objets connectés

La m-santé – appelé également « mHealth » pour Mobile Health – désigne l’ensemble des services touchant de près (ou de loin) à la santé, disponibles en permanence via un appareil connecté à un réseau (smartphones, enceintes, montres…).
Le rapprochement entre l’attitude des premiers praticiens, découvrant le stéthoscope de Laennec en 1816 et les médecins face aux applications Santé et objets connectés est peut-être hasardeux, mais il est intéressant de comprendre que la méconnaissance et le doute sur l’utilité de ces outils et leur éventuelle implication quant à la responsabilité du prescripteur sont les premiers freins de ces technologies. On rappelle également l’ardeur qu’ont les Gafam de s’immiscer dans cette catégorie numérique qui peut réellement inquiéter tant la santé et le bien-être peuvent être un savant mélange d’intérêts financiers très associable et discutable.
Afin de rendre les applications plus efficientes, et dans un souci de normalisation, l’UNHCR (Fondation des Nations-Unies) a distingué six catégories d’applications dans le domaine de la santé mobile (1) :

– éducation et sensibilisation,

– téléassistance, diagnostic et traitement de soutien,

– communication et formation pour les professionnels de santé,

– maladie et suivi d’une épidémie, surveillance,

– collecte de données à distance.

Les tests génétiques

Pour certains, l’intelligence artificielle nous emmène à l’ère de la médecine prédictive : le but n’est plus de soigner les patients, mais de les empêcher de tomber malade. Comme son nom l’indique, l’une des promesses de l’IA est sa capacité à prévoir les affections, même si elles sont liées à l’imperfection des marqueurs génétiques et pathogéniques de la maladie. Mais la probabilité se porte sur une population générique et non individuelle et ne détermine pas celle d’un individu, (2) même s’il est porteur en moyenne d’une centaine de maladies génétiques.
Le concept en lui-même n’est pas nouveau, mais à terme, l’exploitation de l’intelligence artificielle et du machine-learning dépendra de la qualité des informations disponibles. Les données-patients utilisées pour l’apprentissage devront être particulièrement fiables, d’où l’importance d’une politique engagée sur les données de Santé avec des interactions réelles et efficaces entre les pays couvrant la même volonté de soins.

L’Exploitation des données

La croissance exponentielle du Big data et de l’intelligence artificielle sont devenus intimement liés dans leur évolution. Leurs prises de décisions seront la prochaine évolution.
Toute la difficulté réside dans la récupération des données, et c’est dans ce but que la Plateforme des Données de Santé (PDS), infrastructure créée fin 2019, devrait faciliter le partage des données de santé issues de sources très variées afin de favoriser la recherche. Cette plateforme, plus connue sous le nom de Health Data Hub, ambitionne de répondre au défi de l’usage des traitements algorithmiques (dits d’« intelligence artificielle »)
dans le domaine de la santé. (3) En regroupant toutes les données issues d’organismes publics de santé français (Assurance-maladie, AP-HP), elle permettrait aux chercheurs d’accéder aux vastes ensembles de données de santé du Système National des Données de Santé (SNDS) afin d’entraîner des modèles d’intelligence artificielle.
Ses missions sont d’organiser et de mettre à disposition des données, d’informer les patients sur leurs droits, de contribuer à l’élaboration des référentiels de la CNIL, de faciliter la mise à disposition de jeux de données de santé présentant un faible risque d’impact sur la vie privée, de contribuer à diffuser les normes de standardisation pour l’échange et l’exploitation des données de santé.
Plusieurs projets ont été retenus, dont Hydro qui permet de croiser des données cardiaques collectées en temps réel à partir de prothèses avec des données d’hospitalisation afin de créer un modèle IA capable de prédire les crises cardiaques.
Deepsarc, une autre start-up, qui utilisera le Hub afin d’identifier les meilleurs schémas thérapeutiques pour le traitement du sarcome. ARAC qui cherchera à mesurer et comprendre les restes à charge réels des patients, et Ordei qui quantifiera la proportion de patients touchés par un effet indésirable.
Ces données sont bien sûr la providence de l’intelligence artificielle et de ses sources. Les organismes officiels doivent être vigilants et garder à l’esprit que l’exploitation des données doit se faire dans un but de responsabilité collective afin de promouvoir la Santé dans un contexte sécuritaire. Le Livre Blanc (4) publié en 2018 par le Cnom a eu ce principe fort : « Une personne et une société libres et non asservies par les géants technologiques ».
Malgré tout, des scandales ont eu lieu, comme par exemple l’entreprise Amazon qui – en concluant en 2018 un contrat avec le NHS – avait pu avoir accès à des millions de données. Cette source avait permis aux britanniques de recevoir de meilleurs conseils médicaux par le biais de l’assistant vocal Alexa…
La protection des données est devenu un centre majeur pour le big data. Toutes les informations collectées sont stockées et analysées par les acteurs des nouvelles technologiques – sans réelle éthique – notamment par les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et Baxt (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), et dans le bien commun par les organismes officiels. Le législateur devra donc être extrêmement vigilant, s’il le peut, afin de protéger autant les professionnels de Santé que les patients.

Les responsabilités éthiques et juridiques

L’exploitation de l’intelligence artificielle est technologiquement incontournable et le défi dans les années à venir sera son intégration au sein du corps médical. Car, enthousiastes ou sceptiques, les médecins devront composer avec les algorithmes. Il n’est cependant pas question de les remplacer ou d’entrer en compétition avec une machine, mais de redistribuer les compétences médicales afin de ne pas se laisser dépasser par le big data. L’IA doit servir les besoins de l’être humain et non de rendre une machine complètement autonome. C’est d’ailleurs dans ce but que des chercheurs ont créé la XAI (eXplainable Artificial Intelligence) afin de rendre les algorithmes plus transparents et explicables (voir notre numéro 434).
Mais de cette exploitation se posera un problème épique : celui des responsabilités juridiques et éthiques sur la protection des données, les droits des robots et la responsabilité des algorithmes. Si une machine délivre un mauvais diagnostic, qui en sera responsable… ? L’introduction de l’intelligence artificielle nécessite donc un cadre éthique et légal et un régime juridique particulier.

Le droit des robots

Ce débat juridico-législatif s’intensifiera avec le droit des robots. Si ce droit peut faire sourire aujourd’hui, il doit surtout interpeller. Le robot est de nature à modifier en profondeur les modes de travail et de production et doit donc entrer dans un espace juridique. Les robots savent lire, écrire et apprendre. Ils sont libres et autonomes dans leurs décisions. Nul ne sait les orientations et décisions que vont prendre leurs algorithmes. Il faudra donc, tout comme l’homme, réguler leur décision.
Il faudra doter le robot des moyens d’assurer sa liberté tout en opérant une transparence totale sur la qualité du codage et des règles de transparence faites par l’homme afin qu’il n’y ait ni discrimination, ni partialité, ni biais cognitif.
Ni objet, ni personne, le robot n’est juridiquement rien. La solution serait peut-être d’envisager une responsabilité commune entre le programmateur, le fabricant, l’utilisateur et… le robot.
Un autre point important apparaît, même si le secteur de la Santé n’est aujourd’hui pas impacté, est la mise en place des cobots qui est une robotique collaborative issue du secteur de l’automatisation. Réservée pour l’instant à l’industrie, il est fort probable que, vues les compétences techniques de ces cobots, on les retrouve dans les milieux hospitaliers.

La logique opaque des algorythmes
Les algorithmes, quant à eux, ont une prégnance et un impact tels que l’on n’hésite plus aujourd’hui de parler d’une « gouvernementalité algorithmique ». Il faut cependant distinguer les algorithmes classiques de programmation qui servent à automatiser une tâche précise et les algorithmes qui pilotent des machines sans qu’elles aient été programmés, la machine écrivant elle-même les instructions qu’elle exécute (ou machine learning).
La Cnil définit l’algorithme comme « une suite finie et non ambiguë d’instructions permettant d’aboutir à un résultat à partir de données fournies en entrée », qui permet par exemple de « proposer un diagnostic médical…», mais « leur logique reste incompréhensible et opaque, y compris à ceux qui les construisent… » (5) Des lois ont déjà posé les bases législatives (loi Informatique et Libertés, loi pour une République numérique, RGPD) sur le principe d’interdiction de décision sur le seul fondement d’un algorithme et le droit à une explication en cas de décision prise par un algorithme. C’est donc à l’Administration publique d’informer chacun sur la façon dont les algorithmes traitent les données.

Ce qu’il faut en retenir
L’intelligence artificielle est une technologie inévitable qui doit rester l’outil complémentaire du professionnel de santé et non pas son remplaçant. Il est donc essentiel de la maîtriser dans un cadre clair qui lui a été fixé, et pour cela, il faut être conscient qu’elle reste, et doit rester, une machine.
Elle ne doit pas non plus déshumaniser la médecine et casser la relation médecin/patient comme par exemple au Japon où une maison médicalisée a choisit la robotique devant un manque criant de personnel.
Mais chercheurs et scientifiques s’accordent pour faire évoluer et progresser l’IA et ses technologies sans (trop) mettre en péril les métiers actuels, ou bien trouver des solutions et faire évoluer les métiers de demain.


(1) Macsf
(2) Armelle de Bouvet, Pierre Boitte, Grégory Aiguier, Questions éthiques en médecine prédictive, John Libbey Eurotext, 2006, p. 43.
(3) Cnil
(4) Source Cnom
(5) Le Point Tech&Net

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 439 – mars-avril 2021

L’appétence et la convoitise des hackers n’ont pas de limites et visent pour l’essentiel les infrastructures de Santé pouvant leur donner des sources importantes de revenus, à savoir les données des patients, personnels médical et administratif, mais également tous les codes utiles à leurs « marchés ».

Malgré des signalements en baisse en 2020 (369 signalés contre 392 en 2019), la proportion d’origine malveillante sur des établissements de santé est en forte hausse, de l’ordre de 60 %. (1) Récemment, le CERT-FR (2) a alerté sur cette importante vente d’une base de données de 50 000 données appartenant au corps médical français.

Bien sûr, les structures de ville et les médecins libéraux n’ont pas les mêmes « atouts » que les établissements de Santé, mais les risques existent et se perpétualisent. Il faut donc redoubler de vigilance, tant dans la gestion du matériel informatique que dans la manière de s’en servir. La conceptualisation de la protection virtuelle permettra également une réelle sécurité dans la vraie vie (panne, vol, accident…).

Et tout d’abord du bon sens

Les contraintes liées à (votre) sécurité sont importantes, et il est très probable que vous passerez du temps (au départ) pour mettre en place le process. Le coût financier ne sera pas non plus négligeable (achat d’un deuxième ordinateur, d’un backup et d’abonnements logiciels et de sauvegarde), mais ces investissements vous permettront de vous assurer une tranquillité d’esprit. Et si vous n’avez aucune compétence en informatique, vous devez absolument vous faire aider.

Ne sous-estimez donc pas les risques, car une fois confronté à l’un de ces problèmes, il est – déjà – trop tard.

Imaginez un instant que vous arrivez à votre cabinet et que vous vous êtes fait dérober votre ordinateur, ou que celui-ci a été hacké (vol des données, virus…), ou que le disque dur a rendu l’âme. La première question que vous vous poserez sera : ma machine est off, et je dois me mettre au travail dans les trente minutes… Suivez nos conseils.

Le matériel

La sauvegarde est la première des astreintes. Elle doit être réalisée tous les jours. Installez un logiciel de back-up qui sauvegarde automatiquement vos données.

Back-up. (ou sauvegarde) doit s’effectuer sur deux disques durs différents (sauvegarde en miroir), l’un sur place, l’autre amovible à mettre en lieu sûr lorsque vous n’êtes pas là. Ou l’un chez vous et l’autre sur le cloud. Un virus ayant affecté votre machine peut également affecter votre disque dur.

Deuxième ordinateur. Ce deuxième ordinateur est un clone de votre machine principale avec qui elle n’a aucune connexion. Choisissez le portable. Il vous servira dans le cas d’une panne, d’un vol, d’un virus de votre système principal et servez-vous en de temps en temps pour vérifier que tout fonctionne correctement (mises à jour, sauvegardes, etc.). Et bien sûr, ne le laissez pas au cabinet.

Les protections

Les mots de passe ! C’est la base de la sécurité. Protégez vos accès en utilisant impérativement un mot de passe long, complexe et différent pour chacun de vos comptes (professionnel et personnel). Et ne les communiquez jamais à un tiers.

– Faites-vous aider par un gestionnaire de mots de passe tels Keepass (keepass.info) ou Dashlane qui disposent de fonctions essentielles comme la génération des mots de passe complexes. Keepass est un logiciel gratuit et libre de droits certifié par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), Dashlane est payant. Il est humainement impossible de retenir plusieurs dizaines (voir plus) de mots de passe sophistiqués.

– Changez régulièrement vos mots de passe et, bien sûr, dès que vous avez un doute.

– Nul doute également que vos ordinateurs fixe et portable, ordiphone (smartphone…, doivent s’ouvrir avec un mot de passe sécurisé. Ici, vous pouvez utiliser la méthode phonétique en mémorisant une phrase telle : « Ght9-1tv%E » « J’ai acheté neuve une télévision pour cent euros ».

– Si vous utilisez sur un ordinateur partagé,  utilisez le mode « navigation privée », pensez à bien fermer vos sessions après utilisation et n’enregistrez jamais vos mots de passe dans le navigateur. Une fois chez vous, changez les mots de passe que vous avez utilisés.

– Activez la double authentification dès que c’est possible avec par exemple une génération de code par SMS.

Le Wi-fi. Sécurisez votre réseau wi-fi. Changez tout d’abord le mot de passe originel puis le nom du SSID (3) en vous connectant à l’interface administrateur du routeur.

Les logiciels

L’antivirus. Obligatoire sur votre machine ! Il doit assurer la détection des virus (en réception ou sur des sites hostiles) et des malwares (4) qui peuvent prendre le contrôle de votre ordinateur.

Protection extérieure. Prenez un pack de protection si vous avez l’habitude de prospecter sur le web : protection contre le pishing ou les sites à risques.

Mises à jour  système. S’il est impossible de garantir une totale sécurité, les mises à jour ont pour but, entre autres, de corriger les failles. Pour Microsoft, attendez un mois ou deux que la nouvelle version se stabilise. Pour Apple, faites-le dès que possible.

Mises à jour logiciels Il est également essentiel de suivre en permanence la mise à jour de ses logiciels. Des versions trop anciennes augmentent considérablement les failles de votre système et le piratage. Exit donc votre traitement de texte de six ans d’âge…

Les messageries

E-mails réception. Bien sûr, n’ouvrez jamais les pièces jointes  d’e-mails déclarés spams ou d’inconnus ainsi que les newsletters non habituelles (ou même connues, les hackers ayant tendance à usurper les identités des entreprises), allez directement sur leurs sites sans passer par les liens reçus. 

E-mails comptes. Séparez vos comptes personnel et professionnel.

Messagerie sécurisée. Afin d’échanger vos données, utilisez un compte de messagerie sécurisé tel Mailiz (5) acté par l’ANS (coût du service gratuit) ou Apicrypt (6) sur abonnement.

Vérifiez que les sites sont bien en https (protocole de transfert avec certificat d’authentification).

Les risques

Usurpation d’identité : avec les données récupérées, un attaquant peut facilement voler l’identité d’un patient à partir de son nom, prénom, adresse, date de naissance, numéro de Sécurité sociale afin de se faire passer pour la victime. Avec certaines compétences d’ingénierie sociale, un attaquant peut très vite voler des comptes, escroquer ou porter atteinte à l’identité de la victime.

Campagne d’hameçonnage : avec les adresses e-mails récupérées, couplées à des informations personnelles, un attaquant peut facilement piéger usurper votre identité. Sur internet, mais aussi en se rendant à votre hôpital, en donnant un numéro de Sécurité sociale et en prétendant avoir perdu sa carte vitale. On peut procéder de la même manière pour obtenir vos ordonnances à la pharmacie. Le phishing traditionnel n’est techniquement pas très compliqué, et surtout, ça fonctionne : beaucoup de gens tombent dans le panneau. Donc, avec les détails de santé ou des informations du médecin traitant, le hacker peut envoyer un faux e-mail parlant de tests supplémentaires avec un lien vers un site malveillant. Forcément, tout le monde va cliquer.

Escroquerie téléphonique : en reprenant le point précédent, mais cette fois-ci en utilisant le numéro de téléphone de la victime, il est possible pour un attaquant d’arriver aux mêmes fins.

Chantage : avec les données médicales d’un patient, il est possible de faire pression sur celui-ci en le menaçant de révéler une condition médicale qu’il souhaiterait garder privée et qui pourrait avoir des effets néfastes sur sa vie professionnelle, sa vie de famille ou encore sa sécurité financière.

Fraude : les données de prescriptions médicales pourraient permettre à un attaquant d’obtenir des médicaments de manière frauduleuse.


(1) Source : Agence du numérique en santé (ANS) et sa cellule d’accompagnement cybersécurité des structures de santé (ACSS).

(2) Le CERT-FR (Computer Emergency Response Team) est le centre gouvernemental de veille, d’alerte et de réponse aux attaques informatiques

(3) SSID (Service Set IdenTifier) est le nom permettant d’identifier le réseau sur lequel vous vous connectez ? 

(4) Le malware est un logiciel ou programme malveillant qui agit pour voler, crypter, supprimer vos données, modifier ou pirater les fonctions informatiques principales, et espionner les activités de votre ordinateur sans que vous le sachiez ou l’autorisiez.

(5) mailiz.mssante.fr

(6) apicrypt.org

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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Intelligence artificielle – La santé au cœur du futur

L’intelligence artificielle (IA) permet à des machines d’apprendre par l’expérience, l’adaptation des données et la réalisation de tâches humaines. Elle fait intervenir des systèmes d’auto-apprentissage (machine et deep learning) utilisant l’exploration des données (data science), la reconnaissance de schémas et le traitement du langage naturel, afin de reproduire une forme d’intelligence réelle. Au cœur de la médecine du futur avec les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes, les traitements personnalisés,… l’IA est regroupée dans des catégories bien distinctes, de l’hôpital à la médecine de ville.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 438 – Janvier-février 2021

L’aide au diagnostic

L’intelligence artificielle a fait des progrès considérables dans l’interprétation du diagnostic médical. Elle peut aujourd’hui, et dans certains domaines, être plus précise qu’un être humain sans toutefois occulter l’expertise métier des médecins spécialistes de la maladie étudiée et des spécialistes de la donnée. 

En pratique, l’IA aidera le spécialiste, un radiologue par exemple, à faire le tri entre des milliers d’images et lui permettra ainsi de gagner du temps en pointant les anomalies sur lesquelles il doit davantage se pencher.

Le système établira ainsi des scores qui seront beaucoup plus efficaces et plus intelligents.

Cette interprétation grandissante du diagnostic de l’IA est due à ses technologies (voir encadré)  de machine-learning et de son sous-domaine le deep-learning qui dépendent elles-mêmes de la data-science.

La précision diagnostique

La valeur prédictive dépend de la sensibilité et de la spécificité des tests. La sensibilité est la capacité à détecter un maximum de malades (avoir le moins de faux négatifs) et la spécificité à ne détecter que les malades (avoir le moins de faux positifs). L’hypothèse diagnostique repose tout de même avec plus ou moins de certitude car tout dépend des niveaux de référence dûment introduits dans la machine qui, n’en doutons pas, organisera dans le futur ses propres conclusions grâce au machine-learning.

En 2018, IDx-DR, un logiciel lié à l’Intelligence artificielle, a été capable de détecter une rétinopathie diabétique et d’établir un diagnostic grâce à son analyse sur des clichés de la rétine du patient.

Ce dispositif, premier approuvé par la FDA (Food and Drug Administration), (1) s’était basé sur une étude clinique portant sur les images rétiniennes de 900 patients diabétiques. Dans près de 90 % des cas, le IDx-DR a réalisé le bon diagnostic, que le patient soit ou non atteint d’une rétinopathie diabétique.

Dans le domaine de la cardiologie, une IA totalement autonome serait capable de détecter de potentielles maladies cardiovasculaires en analysant la pression sanguine.

C’est dans cette optique que des chercheurs ont eu l’idée d’utiliser l’angiographie rétinienne afin de déceler la présence d’une hypertension au niveau des vaisseaux sanguins. Ils ont entraîné une intelligence artificielle à l’aide de 70 000 images provenant de personnes d’origines diverses pour qu’elle puisse faire sa propre comparaison, comprendre d’elle-même les risques de maladie cardiovasculaire. Ces images se concentraient notamment sur les marqueurs communs à identifier dans le système vasculaire rétinien.

La chirurgie robotique

La chirurgie robotique existe depuis plus de trente ans. Il s’est passé en fait peu de temps entre l’utilisation d’une simple adaptation d’un robot industriel à un robot spécialisé en chirurgie. Juste avant l’an 2000, le robot chirurgical Da Vinci (de l’entreprise américaine Intuitive Surgical) a exécuté le premier pontage coronarien, et la société en a depuis vendu plus de 3 000 dans le monde. L’AP-HP a récemment équipé ses hôpitaux de robots Da Vinci de dernière génération. L’hôpital Henri-Mondor, de son côté, opère environ 350 patients par an de cette manière. L’avantage premier est celui du patient (moins de morbidité avec des complications réduites) et le désavantage sont les investissement et surcoût d’une opération robotisée, ainsi que la position dominante de l’entreprise américaine. Il existe bien des starts-up, notamment françaises, qui développent des dispositifs robotisés (Robocath ou Axilum Robotics), sans toutefois être en concurrence directe avec Intuitive Surgical.

Le futur de la robotique passe par une miniaturisation des machines (nanos robots) et la reproduction des gestes chirurgicaux, « basiques » ou complexes. La pratique médicale, qui va être profondément modifier dans le futur, n’est pas à l’heure actuelle organisée, tant dans le soin lui-même que dans la formation et la prise en charge financière.

Les réalités virtuelle (RV) et augmentée (RA)

La réalité virtuelle et la réalité augmentée font partie du même concept, l’une (augmentée) consistant à ajouter un contenu numérique dans un environnement réel, l’autre (virtuelle), consistant à ajouter un contenu physique dans un environnement virtuel. Dans ce contexte, la réalité augmentée en chirurgie permet de reconstruire en 3D ce que l’on appelle « le clone digital » du malade. Cette copie virtuelle du patient aura l’immense davantage d’obtenir des facilités de compréhension et d’identification des solutions thérapeutiques ainsi qu’une sécurisation et une réduction du temps de l’acte.

On se souvient de la première intervention très suivie d’une implantation de prothèse de l’épaule assistée par un casque de réalité augmentée qui avait eu lieu à l’hôpital Avicenne (Bobigny) en décembre 2017. Cette opération de « routine » a montré en quoi l’utilisation d’un casque 3D est une révolution. Le chirurgien, Thomas Grégory, projette à travers son casque des modélisations. Il a ainsi pu visualiser l’image du squelette de l’épaule pour accéder, selon ses termes, à « la partie immergée de l’iceberg ». Cette opération a été diffusée en direct via Skype avec trois chirurgiens situés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Corée du Sud, qui ont ainsi pu visualiser les actions du chirurgien et lui donner des conseils en temps réel.

Egalement, et en dehors de l’expertise chirurgicale, la RV et la RA sont utilisées dans le traitement des phobies, de stress post-traumatiques ou encore dans le soulagement des douleurs fantômes. 

(1) fda.gov (lien sur notre site, en anglais).

L’IA et ses technologies

L’Intelligence Artificielle, « qui n’a pas de définition possible » selon Cédric Vallini, (*) repose sur une suite d’instructions permettant d’aboutir à un résultat à partir de données fournies en entrée. Ce sont les fonctions d’apprentissage et la data-science qui se chargent de la faire évoluer. 

LE MACHINE LEARNING (apprentissage automatique) est un sous-domaine de l’IA. Le principe est un système capable d’apprendre, à partir d’exemples, à résoudre un problème (contrairement à la programmation qui ne fait qu’exécuter). En d’autres termes, il est auto-apprenant en créant des algorithmes à partir de ses données et porter ainsi des jugements et prendre ses propres décisions. C’est grâce à cette technologie que l’IA étend ses capacités et accroit ses performances.

LE DEEP LEARNING (apprentissage en profondeur) est un sous-domaine du machine learning. Il s’appuie sur un réseau de dizaines voire de centaines de « couches » de neurones artificiels s’inspirant du cerveau humain.

Chaque couche reçoit et interprète les informations de la couche précédente. Plus on augmente le nombre de couches, plus les réseaux de neurones apprennent des choses compliquées, abstraites. Mais à l’heure actuelle, la mise au point de ces mécanismes d’apprentissage pour être efficace pour chacune des couches intermédiaires est extrêmement complexe. Selon certains  scientifiques, le deep learning va se généraliser dans la prochaine décennie dans toute l’électronique de décision, comme les voitures (autonomes) ou les avions.

LA DATA SCIENCE (science des données) est une méthode de tri et d’analyse de données de masse et de sources plus ou moins complexes ou disjointes de données, afin d’en extraire des informations utiles ou potentiellement utiles.

(*) mathématicien et député (LREM) chargé par le gouvernement d’une mission sur le sujet.

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L’intelligence artificielle – Introduction à la Santé

L’Intelligence Artificielle (IA) est vouée à se développer considérablement dans les années à venir. Si l’on vante ses technologies, l’aide au diagnostic, ses qualités prédictives et sa capacité à apprendre, des voix s’élèvent contre ses potentiels dérapages, la modification pofonde des relations humaines (médecins et patients). Une prise de conscience du corps médical est nécessaire afin d’adapter et d’intégrer cette technologie ainsi que l’ouverture de réels débats politique, éthique et juridique.

Remplacer les compétences du médecin dans son évaluation et son pronostic,  développer son apprentissage grâce à ses facultés cognitives, diagnostiquer la maladie avant qu’elle prospère ?…  L’intelligence artificielle fait son nid au milieu de ces nombreuses interrogations où la démocratie sanitaire est loin de faire l’unanimité, celle-là même qui permettrait une égalité d’accès aux soins pour tous  grâce aux machines, ainsi qu’à une amélioration du système de santé, grâce notamment à la conversion des déserts médicaux en cabinet virtuel avec un suivi à distance, tant en télémédecine que par le biais d’objets connectés (capteurs). 

Encore faudrait-il que le territoire français soit réellement connecté et que la population soit « technico » et « financièrement » compatible avec ce développement (20 % de la population n’a pas d’accès au haut débit, soit par le nombre chronique de zones blanches, soit pour des raisons financières ou une incapacité à se servir d’un ordinateur).

Les débuts de l’IA

La présence de l’intelligence artificielle dans le domaine de la Santé date de 1965 avec le système Dendral (1) qui avait pour tâche d’aider les chimistes à identifier des molécules organiques inconnues en analysant leurs spectres de masse et en automatisant le processus de prise de décision. De nombreux systèmes ont été dérivés de ce système, même s’ils ne sont plus décrits aujoud’hui comme « intelligence artificielle ».

Le véritable départ de l’IA a eu lieu avec le développement de la vitesse de calcul des ordinateurs, de l’utilisation des données – essentielles – ainsi que les nouvelles technologies qui y sont rattachées.

Toute l’astuce de l’intelligence artificielle passe par les données qu’elle a reçu et le deep-learning, technologie qui est, rapellons-le, un système d’apprentissage s’appuyant sur un réseau de neurones artificiels s’inspirant du cerveau humain : plus le système accumule d’expériences différentes, plus il sera performant.

Les marches du succès

La médecine prédictive

Pour certains, l’intelligence artificielle nous emmène à l’ère de la médecine prédictive : le but n’est plus de soigner les patients mais de les empêcher de tomber malade.

Comme son nom l’indique, l’une des promesses de l’IA est la capacité de prévoir les affections, même si elles sont liées à l’imperfection des marqueurs génétiques et pathogéniques de la maladie. Mais la probabilité se porte sur une population générique et non individuelle et ne détermine pas celle d’un individu, (2) même s’il est porteur en moyenne d’une centaine de maladies génétiques. 

Le concept en lui-même n’est pas nouveau, mais à terme, il est notable de souligner que l’exploitation de l’intelligence artificielle et du machine learning dépendra de la qualité des informations disponibles. Les données patients utilisées pour l’apprentissage devront être particulièrement fiables. Il faut bien sûr oublier les données grand public créées à l’occasion par les Gafam et Baxt, (3) se juxtaposant à un intérêt quasi-unique de profit.

Ces données sont bien sûr – nous en avions déjà parlé dans d’autres articles – la providance de l’intelligence artificielle et sa source de travail. On se souvient par exemple de ce scandale du géant Amazon qui, en concluant en 2018 un contrat avec le National Health Service (NHS), avait réussi à subtiliser des millions de données, une valeur inestimable. Cette source avait permis aux patients britanniques de recevoir de meilleurs conseils médicaux par le biais de l’assistant vocal Alexa…

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le Livre Blanc (4) publié en 2018 par le Cnom et ce principe fort : « Une personne et une société libres et non asservies par les géants technologiques ».

La précision diagnostique

La valeur prédictive dépend de la sensibilité et de la spécifité des tests. La sensibilité est la capacité à détecter un maximum de malades (avoir le moins de faux négatifs) et la spécificité à ne détecter que les malades (avoir le moins de faux positifs). L’hypothèse diagnostique repose tout de même avec plus ou moins de certitude car tout dépend des niveaux de référence dûment introduits dans la machine qui, n’en doutons pas, organisera dans le futur ses propres conclusions grâce au machine learning.

En 2018, IDx-DR, un logiciel lié à l’Intelligence artificielle, a été capable de détecter une rétinopathie diabétique et d’établir un diagnostic grâce à son analyse sur des clichés de la rétine du patient.

Ce dispositif, autorisé de mise sur le marche par la FDA (Food and Drug Administration), (5) s’était basé sur une étude clinique portant les images rétiniennes de 900 patients diabétiques. Dans près de 90 % des cas, le IDx-DR a réalisé le bon diagnostic, que le patient soit ou non atteint d’une rétinopathie diabétique.

Dans le domaine de la cardiologie, une IA totalement autonome serait capable de détecter de potentielles maladies cardiovasculaires en analysant la pression sanguine.

C’est dans cette optique que des chercheurs ont eu l’idée d’utiliser l’angiographie rétinienne afin de déceler la présence d’une hypertension au niveau des vaisseaux sanguins. Ils ont entraîné une intelligence artificielle à l’aide de 70 000 images provenant de personnes d’origines diverses pour qu’elle puisse faire sa propre comparaison, comprendre d’elle-même les risques de maladie cardiovasculaire. Ces images se concentraient notamment sur les marqueurs communs à identifier dans le système vasculaire rétinien.

Les applications

Les outils regroupés sous l’intelligence artificielle sont ainsi regroupés (6) :

  • aide au diagnostic : analyse des données ou d’images ;
  • chirurgie robotique ;
  • réalité virtuelle : actes de chirurgie éveillée ou modélisation du patient afin de gagner en précision ;
  • applications et objets connectés : permettre aux patients de s’impliquer dans leur prise en charge, et au soignant d’assurer une surveillance plus régulière et approfondie ;
  • tests génétiques : permettre la prédiction du risque et du taux de survie ;
  • exploitation de données dans la recherche ;
  • imprimantes 3D : réalisation des dispositifs médicaux sur mesure ;
  • formations professionnelles : serious games et simulation.

(1) Dendral est un système expert ou programme interactif créé en 1965 qui modélise la connaissance d’un expert, qui a ainsi ouvert la voie de ce qui a été par la suite appelé « système expert ».
(2) Armelle de Bouvet, Pierre Boitte, Grégory Aiguier, Questions éthiques en médecine prédictive, John Libbey Eurotext, 2006, p. 43.
(3) Gafam (américain) : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et Baxt (chinois) : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi.
(4) Janvier 2018, livre blanc du Cnom : « Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle ».
(5) fda.gov (lien en anglais).
(6) Source Cnom.




Les préoccupations liées à l’intelligence artificielle

Nous avons vu dans notre précédent numéro la naissance dans les années 1950 de l’intelligence artificielle et les préoccupations dues à cette nouvelle technologie qui fascine autant qu’elle effraie. Cette vision du futur se retrouve dans tous les secteurs d’activités technologiques, et particulièrement dans la Santé qui est considéré comme un secteur stratégique (rapport Villani) pour le développement de l’intelligence artificielle. (4)

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 434 – Septembre 2020

L’intelligence artificielle et ses préoccupations

L’intérêt exponentiel de l’IA a également ses contradicteurs, ses détracteurs et ses lanceurs d’alerte. Si personne ne réfute les progrès apportés par l’intelligence artificielle, les risques que pourraient encourir les humains sont bien réels, et particulièrement dans les trois domaines cibles que sont :

• le monde du numérique où les chercheurs évoquent des phishings très élaborés et parfaitement ciblés ;

• le monde physique, l’étude met en avant le cas d’un robot ménager détourné de ses fonctions ;

• le monde politique où les « fakes news » et autres bots sur les réseaux sociaux pourraient prendre une tout autre ampleur avec l’intelligence artificielle.

 

Les interventions de personnalités publiques

Plusieurs personnalités, parmi lesquelles Bill Gates (fondateur de Microsoft), Stephen Hawking (astrophysicien théoricien et cosmologiste britannique décédé en 2018), Elon Musk (Pdg de Tesla), avaient exprimé leurs préoccupations par rapport aux progrès de l’intelligence artificielle, qu’ils jugent potentiellement dangereuse. (2015)

« Il ne faut pas être naïf face aux risques qu’encourent les humains face à la puissance de l’intelligence artificielle. Les machines vont finir par considérer les humains comme des êtres “lents et stupides” », avait avancé Elon Musk.

Avec son célèbre « On a eu les armes atomiques et l’énergie nucléaire, et jusqu’ici tout va bien », Bill Gates accentue le risque que « l’intelligence artificielle nous échappe des mains en nous menant tout simplement à l’extinction de l’espèce humaine, si l’on ne la manipule pas avec extrême précaution. »

« Les formes primitives d’intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité », avait affirmé Stephen Hawking lors d’un entretien à la BBC en 2014. 

Dans notre précédent numéro, nous avions vu que plusieurs personnalités de renom avaient exprimé leurs préoccupations sur l’intelligence artificielle qu’ils jugaient potentiellement dangereuse, tant dans la recherche et le développement que le contrôle des machines. On se souvient de ce 11 mai 1997 lorsque Garry Kasparov s’était incliné aux échecs face à Deep Blue. Le supercalculateur avait réalisé un coup surprenant vers la fin de la première partie en sacrifiant l’un de ses pions alors qu’il s’était limité jusque là à répondre au coup par coup. Cette manœuvre imprévisible a supris et déstabilisé Kasparov qui s’attendait à une stratégie de la part de Deep Blue. Le joueur ne s’en était pas remis et avait fini par perdre la partie. Cette épisode était dû, selon Murray Campbell, l’un des trois principaux concepteurs de la machine, à un bug qui avait créé de façon totalement aléatoire le déplacement d’un pion (voir notre numéro précédent).

Face à ces préoccupations technologiques légitimes, Stuart Russell (5), connu pour sa contribution sur l’intelligence artificielle, considère qu’il est nécessaire de développer des machines « compatibles avec l’humain » (human compatible). Il en a énuméré trois principes afin de guider le développement d’une IA bénéfique en soulignant qu’ils ne sont pas censés être explicitement codés dans les machines, mais plutôt destinés aux [humains] développeurs :

1. L’unique objectif de la machine est de maximiser la réalisation des préférences humaines.

2. La machine ne sait pas au départ quelles sont ses préférences.

3. La source ultime d’informations sur les préférences humaines est le comportement humain. 

Il faudrait donc apprivoiser l’IA par rapport aux besoins de l’être humain et non de rendre une machine complètement autonome sans accéder dans le futur à ses ressources propres.

Les chercheurs ont donc consacré du temps à rendre les algorithmes plus transparents et explicables, d’où la naissance de la XAI (eXplainable Artificial Intelligence) pour « intelligence artificielle explicable ». Ceci est d’autant plus important que les logiciels d’intelligence artificielle vont se servir et apprendre des données qu’on va leur soumettre (machine learning). Par contre, si celles-ci sont biaisées, ces logiciels reproduiront les biais dans leurs prédictions. Autant dire que l’avenir de l’intelligence artificielle passera d’abord par celle de l’être humain.

 

La stratégie européenne…

C’est d’ailleurs dans ce but que la  Commission européenne a présenté sa stratégie sur l’intelligence artificielle en février dernier avec la sortie de son Livre Blanc : « Intelligence artificielle : une approche européenne axée sur l’excellence et la confiance » (6). Elle entend réguler fermement ce champ technologique innovant afin d’éviter tout abus, investir pour aider les entreprises européennes et présenter une IA de confiance centrée sur l’Homme.

 

… et le rappport Villani

En France, le rapport Villani commandé par Edouard Philippe en 2018 retenait la Santé comme étant l’un des principaux « secteurs stratégiques » pour le développement de l’intelligence artificielle.

Ce rapport recommandait que la France et l’Europe, face aux géants chinois et américains, « concentrent leurs efforts sur des secteurs spécifiques où il est encore possible de faire émerger des acteurs d’excellence », appuyant cette stratégie par 10 messages clés (voir encadré ci-contre en haut de page).

La rapidité d’évolution et la démocratisation des usages liés à l’IA en santé « exigent des pouvoirs publics une adaptation rapide sous peine d’assister impuissant à la reformulation complète des enjeux de santé publique et de pratiques médicales ». Pour autant, assure cette mission, « il n’est pas question de remplacer les médecins par la machine », mais d’ « organiser des interactions vertueuses entre l’expertise humaine et les apports de l’IA ». On rejoint ici les inquiétudes réelles sur la potentialité du contrôle des machines sur l’être humain.

 

Le rôle de la formation

Le rapport insiste également sur le fait que les professionnels de santé vont jouer dans la prochaine décennie « un rôle fondamental dans l’expérimentation et l’entraînement des IA à des fins médicales dans des conditions réelles » en proposant de « transformer les voies d’accès aux études de médecine » tout en intégrant « davantage d’étudiants spécialisés dans le domaine de l’informatique et de l’IA ». Les professionnels de santé devront être formés aux usages de l’IA, des objets connectés et du big data en Santé. 

 

L’Avancement du rapport Villani aujoud’hui

Un coordinateur interministériel de l’IA, Renaud Vedel, a été désigné en mars dernier.

Elément clé de la stratégie Villani, le gouvernement a labellisé quatre instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (dénommés 3IA) [7] :

– l’institut 3IA grenoblois (MIAI Grenoble-Alpes) fera le pont entre hardware et algorithmes d’IA ;

– l’institut 3IA parisien (Prairie) se lancera sur le tryptique santé-transport-environnement ;

– l’institut niçois 3IA Côte d’Azur travaillera sur la santé, la biologie numérique et les territoires intelligents en s’inspirant du vivant ;

– l’institut 3IA Aniti (« Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute ») aura pour objectif d’apporter des garanties quant aux décisions prises par les algorithmes afin d’éviter les dérives. On retrouve ici une partie de la stratégie de la Commission européenne et de son Livre Blanc. 

Le supercalculateur demandé par Cédric Villani a été inauguré en janvier dernier au CNRS. Dénommé Jean Zay (8), cette machine peut développer 16 millions de milliards de calculs à la seconde (16 pétaflops), soit l’équivalent de quelque 35 000 ordinateurs personnels réunis. Ce supercalculateur, mis gratuitement à la disposition des scientifiques, permet d’aborder tout le spectre de l’intelligence artificielle, du Big Data au deep learning. Sa puissance de calcul devrait atteindre les 30 pétaflops d’ici fin 2020.

Deux grands défis avaient été choisis par le Conseil de l’innovation et financés à hauteur de 150 M d’euros par an par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII). Deux directeurs ont été nommés et les projets lancés. (9)

– Une feuille de route a été validée pour le premier (« Comment améliorer les diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle ? ») en s’articulant autour de 3 axes : le développement technologique, le soutien à l’expérimentation et la mise en œuvre d’outils numériques structurants pour les professionnels de santé.

– Le deuxième grand défi (« Comment sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui ont recours à l’intelligence artificielle ? »), quant à lui,  vise à assurer la transparence et l’auditabilité des systèmes autonomes à base d’intelligence artificielle, d’une part en développant les capacités nécessaires pour observer, comprendre et auditer leur fonctionnement et, d’autre part, en développant des approches démontrant le caractère explicable de leur fonctionnement.

 

(4) Le rapport Villani peut-être visualisé et téléchargé sur notre site rubrique Technologie.

(5) professeur d’informatique et professeur-adjoint de chirurgie neurologique – Université de Californie – San Francisco.

(6) Le Livre Blanc peut-être visualisé et téléchargé sur notre site rubrique Technologie.

(7) Industrie-techno.com.

(8) L’un des pères fondateurs du CNRS.

(9) Secrétariat Général Pour l’Investissement (SGPI).

Les 10 messages-clés pour la santé du rapport Villani

1. Favoriser l’émergence d’un écosystème européen de la donnée.

2. Créer un réseau de recherche d’excellence en IA.

3. Concentrer l’effort économique et industriel sur 4 domaines prioritaires : santé, transports, écologie, défense/sécurité.

4. Structurer le soutien à l’innovation sur de grands défis à expérimenter.

5. Créer un Lab public (*) de la transformation du travail.

6. Expérimenter un dialogue social au niveau de la chaîne de valeur pour financer la formation professionnelle.

7. Tripler le nombre de personnes formées à l’IA d’ici 2020.

8. Se donner les moyens de transformer les services publics grâce à l’IA.

9. Intégrer les considérations éthiques à tous les niveaux, de la conception des solutions d’IA jusqu’à leur impact dans la société.

10. Porter une politique audacieuse de féminisation du secteur de l’IA.

(*) Le Lab est une structure qui aurait un rôle de « tête chercheuse » à l’intérieur des politiques publiques de l’emploi et de la formation professionnelle.

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L’intelligence artificielle

L’Intelligence Artificielle (IA) fait aujourd’hui l’objet de bien des fantasmes, futur inquiétant pour certains, fascinant pour d’autres, cette discipline encore jeune est loin d’égaler l’intelligence humaine et sa complexité dans son ensemble, mais se montre particulièrement efficace pour des réalisations spécifiques. Son impact sur le monde de demain sera considérable et indispensable dans quasiment tous les domaines.

La Santé est l’un des secteurs où les investissements sont les plus conséquents, à voir avec l’intérêt porté par les Gafam et Batx. (1)

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 433 – Juin 2020

La naissance de l’intelligence artificielle

C’est à partir des années 1940 et 1950 qu’une poignée de scientifiques d’une large gamme de domaines (mathématiques, psychologie, ingénierie, économie et sciences politiques) ont commencé à discuter de la possibilité de créer un cerveau artificiel. 

Et c’est durant l’été 1956 que l’intelligence artificielle « moderne » a réellement pris son envol suite à une conférence qui s’était tenue sur le campus de Dartmouth College (Hanover – New Hampshire – Etats-Unis). Ce congrès – auquel six chercheurs se sont succédés devant un auditoire de… vingt personnes qui assistèrent à l’intégralité des débats – a marqué la naissance de cette « science nouvelle », fondée en tant que discipline académique.

Ces vingt participants représentaient des domaines en pleine ébullition qui n’avaient aucune structure ni lien : la cybernétique (2), le traitement complexe de l’information, les réseaux neuronaux formels (3), la théorie des automates, les modèles de prise de décision…

Le moment fondateur de l’IA

À la suite de cette réunion, certains participants ont pronostiqué qu’une machine aussi intelligente qu’un être humain existerait en moins d’une génération, donnant des ailes aux investisseurs. Des millions de dollars ont ainsi été investis pour réifier cette prédiction.

Cette conférence est largement considérée, dans le monde occidental, comme le moment fondateur de l’intelligence artificielle en tant que discipline théorique indépendante (de l’informatique).

Suite à cet engouement et dans les années qui ont suivi, l’optimisme et les prévisions allèrent bon train : « d’ici dix ans un ordinateur sera le champion du monde des échecs [1958] » ; «  des machines seront capables, d’ici vingt ans, de faire tout le travail que l’homme peut faire [1965] » ; « Dans trois à huit ans, nous aurons une machine avec l’intelligence générale d’un être humain ordinaire [1970] »…

Mais cet engouement a été, durant ces années, confronté à des problèmes majeurs tels les puissances de calcul mathématique, les capacités des programmes et mémorielles des machines plutôt limités dans ces années post-2000.

Deep Blue

Mais ces piètres performances des années 1970 n’ont malgré tout pas altéré les efforts et l’engouement des chercheurs. On se souvient de Deep Blue, le « superordinateur » de 1,4 tonne développé par IBM au début des années 1990. Spécialisé dans le jeu d’échecs, ce calculateur a réussi par battre le champion du monde en titre, Garry Kasparov en 1997.

Cette approche de l’intelligence artificielle est intéressante car elle commence à comparer l’homme et la machine. Deep Blue énumère et analyse systématiquement des millions de coups possibles en passant en revue les positions qu’on lui a mises en mémoire et en éliminant celles jugées mauvaises.

A l’opposé, l’homme sait d’abord « sentir », « voir » les coups, avant de les calculer et c’est justement ici que la différence est profonde entre le jeu de l’homme et celui de la machine.

Les concepteurs de Deep Blue ont dopé la machine d’un logiciel d’ajustement qui lui aurait permis par la suite de corriger ses erreurs.

Cette évolution, « minime » soit-elle avant l’an 2000, est en quelque sorte le symbole de la porte d’entrée de l’intelligence artifcielle du XXIe siècle.

Si dans les années 1950, l’IA avait pour objectif  de reproduire les tâches primaires de l’homme, elle a réussi par la suite à se structurer avec une technologie logicielle qui peut aujourd’hui prendre des décisions grâce aux algorithmes, aux méthodes d’apprentissage et aux méthodes scientifiques que sont le machine learning, le deep learning et le data science (voir encadré ci-contre). Ainsi a pu se développer l’IA telle qu’on la connaît aujourd’hui de par l’adaptation de son mécanisme de diagnostic et de pronostic.

C’est grâce à l’apprentissage machine et, plus particulièrement, l’apprentissage profond que l’intelligence artificielle connaît depuis 2010 un intérêt sans précédent.

Les préoccupations liées à l’Intelligence artificielle

Mais cet intérêt exponentiel a également ses contradicteurs, ses détracteurs et ses lanceurs d’alerte. Si personne ne réfute les progrès apportés par l’intelligence artificielle, les risques que pourraient encourir les humains sont bien réels, et particulièrement dans les trois domaines cibles que sont :

le monde du numérique où les chercheurs évoquent des phishings très élaborés et parfaitement ciblés ;

le monde physique, l’étude met en avant le cas d’un robot ménager détourné de ses fonctions ;

Le monde politique où les « fakes news » et autres bots sur les réseaux sociaux pourraient prendre une tout autre ampleur avec l’intelligence artificielle.

Les interventions de personnalités publiques

Plusieurs personnalités, parmi lesquelles Bill Gates (fondateur de Microsoft), Stephen Hawking (astrophysicien théoricien et cosmologiste britannique décédé en 2018), Elon Musk (Pdg de Tesla), avaient exprimé leurs préoccupations par rapport aux progrès de l’intelligence artificielle, qu’ils jugent potentiellement dangereuse. (2015)

« Il ne faut pas être naïf face aux risques qu’encourent les humains face à la puissance de l’intelligence artificielle. Les machines vont finir par considérer les humains comme des êtres “lents et stupides” », avait avancé Elon Musk.

Avec son célèbre « On a eu les armes atomiques et l’énergie nucléaire, et jusqu’ici tout va bien », Bill Gates accentue le risque que « l’intelligence artificielle nous échappe des mains en nous menant tout simplement à l’extinction de l’espèce humaine, si l’on ne la manipule pas avec extrême précaution. »

« Les formes primitives d’intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité », avait affirmé Stephen Hawking lors d’un entretien à la BBC en 2014. 

(1) A l’opposé américain des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) se situe le chinois BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).

(2) Cybernétique : étude des « communications et de leurs régulations dans les systèmes naturels et artificiels ».

(3) Réseaux neuronaux formels : machines cherchant à imiter le fonctionnement du cerveau.

L’IA et ses technologies

L’Intelligence Artificielle, technologie principalement logicielle,  peut prendre des jugements et des décisions – dans une certaine mesure – similaires aux  humains grâce à ses différentes composantes.

Le machine learning (apprentissage automatique) est un sous-domaine de l’IA. Le principe est un système capable d’apprendre, à partir d’exemples, à résoudre un problème (contrairement à la programmation qui ne fait qu’exécuter). En d’autres termes, il est auto-apprenant en créant des algorithmes à partir de ses données et porter ainsi des jugements et prendre ses propres décisions. C’est grâce à cette technologie que l’IA étend ses capacités et accroit ses performances.

Le deep learning (apprentissage en profondeur) est un sous-domaine du machine learning. Il s’appuie sur un réseau de dizaines voire de centaines de « couches » de neurones artificiels s’inspirant du cerveau humain. 

Chaque couche reçoit et interprète les informations de la couche précédente. Plus on augmente le nombre de couches, plus les réseaux de neurones apprennent des choses compliquées, abstraites. Mais à l’heure actuelle, la mise au point de ces mécanismes d’apprentissage pour être efficace pour chacune des couches intermédiaires est extrêmement complexe. Selon certains  scientifiques, le deep learning va se généraliser dans la prochaine décennie dans toute l’électronique de décision, comme les voitures (autonomes) ou les avions.

La data science (science des données) est une méthode de tri et d’analyse de données de masse et de sources plus ou moins complexes ou disjointes de données, afin d’en extraire des informations utiles ou potentiellement utiles.

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Les 50 ans d’internet – 4e partie

Notre dernière partie des 50 ans d’internet est consacrée à la tech-santé. Si la venue de l’informatique a développé le domaine de la Santé, l’introduction ces dernières années de l’IA, de la RA, (1) du machine learning et des datas données a considérablement changé la gestion de tous les secteurs de la santé. En ce début d’année 2020, un autre paramètre est venu bouleverser l’e-santé : la pandémie liée au coronavirus et les répercussions qu’elle générera.

L’ère de la santé

Amorcée dans les années 1970, l’ère de l’informatique et du numérique a permis le développement des recherches clinique et technologique (logiciels, matériels, numérisation des premiers projets de dossiers patients).

Comme tous les domaines, la santé est aujourd’hui largement influencée par le web : hôpital numérique (développement et modernisation des Systèmes d’Information Hospitaliers [SIH]), patients-acteurs de leur santé, télémédecine, suivis des traitements, dossiers médicaux, objets connectés, applications santé… les sujets sont nombreux. 

La conjugaison de la santé et du numérique offre des perspectives sans limites. 

Il est aussi sujet à des malversations comme le hacking, les fake-news, les stalkers ou le vol d’informations ou de données.

Les domaines de l’e-santé

  • La télémédecine. C’est le domaine de la téléconsultation, de la téléexpertise, de la télésurveillance, de la téléassistance et de la régulation médicale.
  • Les systèmes d’information en santé. Systèmes d’Information Hospitaliers, dossier patient informatisé, information partagée…
  • La télésanté. Services de suivi et de prévention avec objets connectés, applications mobiles, plateformes web.
  • La m-santé. Applications mobiles ou web, objets connectés, communautés de patients, portails d’information de santé.
  • Les dispositifs de soins. Systèmes d’Information Hospitaliers (SIH) internes, systèmes d’information partagés, systèmes d’information embarqués, dispositifs de télémédecine.
  • Les données. Dispositifs de collecte et de stockage des données, traitement algorithmique de données massives. Nous sommes ici à l’épicentre de l’e-santé. Et les acteurs y sont nombreux ! Les Gafam en tête s’y sont lancés il y a déjà plusieurs années afin d’imposer leur prise de pouvoir, car tout le futur de la médecine se trouve ici (voir Le Cardiologue 419). Il faut dire que ce marché mondial du numérique est estimé à plus de 230 milliards de dollars d’ici à trois ans, (2) ce qui a de quoi aiguiser les appétits !

En raison de leurs puissances financières, le développement du marché de la e-santé ne peut se faire sans les Gafam, même si leurs interventions diffèrent. Microsoft et Facebook, par exemple, se positionnent sur les données. Google travaille sur des projets d’Intelligence Artificielle (IA) et Apple continue le développement de l’Apple Watch permettant notamment de réaliser un électrocardiogramme directement depuis le poignet (voir Le Cardiologue 429).

Des entreprises françaises telles Withings, La Poste, Orange ou de nombreuses start-up y portent également leurs ambitions, tant dans le big data que le développement des technologies issues de données. 

Ces données sont également le domaine des technologies d’intelligence artificielle, de la réalité augmentée (chirurgie notamment et le recalage dynamique) ainsi que du machine learning qui donne la faculté à un ordinateur d’améliorer ses performances afin de résoudre des tâches sans avoir été programmé.

  • La Healthtech. L’avenir est dans l’IA, ou Intelligence Artificielle, qui est un ensemble technologique (neurobiologie computationnelle, logique mathématique et informatique) capable de simuler l’apprentissage et/ou le raisonnement. Elle devrait être complètement mature d’ici 2030. (3)

Elle s’est essentiellement développée dans les secteurs de l’imagerie, du diagnostic, du développement de médicaments et du traitement des données médicales, indispensable aux besoins de traitement algorithmique.

La stratégie politique

Mais rien ne pourrait fonctionner si les pouvoirs politiques ne mettaient pas en place des stratégies innovantes. C’est Marisol Touraine qui a présenté en 2016 la stratégie nationale e-santé 2020, s’articulant autour de quatre axes (4) :

  • développement de la médecine connectée à travers un plan « big data » en santé. Ce plan permettra par exemple la mise au point de nouvelles applications de suivi à distance ou d’interprétation des données médicales pour assister les médecins dans leurs diagnostics ;
  • encouragement de la co-innovation entre professionnels de santé, citoyens et acteurs économiques par le lancement d’appels à projets dédiés à l’e-santé ou le développement de living labs (5) afin d’imaginer, en lien direct avec les utilisateurs, la médecine de demain ;
  • simplification des démarches administratives des patients (admission, prise de rendez-vous en ligne, etc.) et outiller la démocratie sanitaire à l’aide d’une plateforme numérique facilitant la consultation et la participation des usagers ;
  • renforcement de la sécurité des systèmes d’information en santé grâce à un plan d’action dédié.

Cette orientation politique devrait permettre à la France de rester à la pointe en matière d’innovation et « d’entrer pleinement dans l’ère de la médecine digitale ». Agnès Buzyn a continué ce mouvement avec la création d’une délégation ministérielle du numérique en santé, de l’Agence du Numérique en Santé et du Conseil numérique en Santé.

Hacker, fake-news et désinformation

Mais ces évolutions de la healthtech vont de pair avec les questions essentielles de sécurité et un besoin conséquent de compétences et d’outils dans le domaine de la cybersécurité appliqués à l’e-santé.

C’est un secteur sensible par les données qu’elle génère et l’économie qu’elle suggère. 

Les fake-news ou désinformation

Comme tout secteur d’activité, les désinformations ou fake-news sont nombreuses en Santé et les exemples ne manquent pas : « piquer les doigts et les oreilles d’une personne pendant une crise cardiaque peut lui sauver la vie », « l’eau salée peut guérir d’Ebola »… Lors de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire de la pandémie du Covid-19, des retweets de comptes de différents pays sont soudainement apparus afin de contribuer à une désinformation organisée pour nuire à la politique et aux systèmes de santé des pays concernés.

Les hackers ou cyberattaques

Faux e-mails, fausses notes internes ou fausses alertes, l’inspiration des hackers est sans limites. Lors de l’épidémie du Covid-19, les spécialistes n’avaient jamais vu autant de campagnes de spams d’une telle ampleur (Google bloque chaque jour 18 millions de tentatives d’arnaque). Même l’OMS s’en était émue. Les cybercriminels ont surfé sur la peur. C’est d’ailleurs en partant de ce constat qu’un collectif international de 400 experts a été créé afin de lutter contre les piratages des institutions situées en première ligne face à la pandémie.   

Ces attaques, pour certaines, auraient pu avoir des conséquences redoutables. Les serveurs de l’AP-HP, par exemple, ont subi une attaque par déni de services (DDos) au cours de laquelle, brutalement surchargés de requêtes inutiles, ils ont été noyés et rendus inaccessibles. Le département américain de la santé et des services sociaux a également subi une cyber-attaque orchestrée pour ralentir les systèmes informatiques et déstabiliser l’institution. Le site de la Sécurité sociale italienne visé par des pirates a dû fermer alors même que les demandes d’aides liées au Covid-19 s’accumulaient. Plus récemment, les hôpitaux tchèques ont subi une tentative d’attaque, bloquée avec succès.

Covid-19 : Le retournement de situation

La crise sanitaire actuelle pourrait changer le cours de l’histoire de la healthtech. Des appels à projets sont lancés pour désengorger le système de soins avec des solutions concrètes (information, soins à domicile, suivi des patients, prise en charge médicale, etc.). [6]

Dans un autre registre, un groupe de médecins plaide pour le recours à l’IA via la méthode CovidIA (7) qui mettrait « en œuvre des modèles d’intelligence artificielle à partir d’hypothèses de départ sur la maladie et de résultats de tests combinés à des données issues de la géolocalisation, de manière contrôlée, anonyme et agrégée ».

Dans le Grand Est, le nombre de téléconsultations multiplié par cinq interroge pour la suite à donner à cet élan informatique, notamment pour des patients suivis régulièrement, certains médecins se demandant si une partie de leur activité n’allait pas devenir de la téléconsultation.

Cette mobilisation a fait ressortir l’illettrisme et les difficultés qu’ont un certain nombre de Français à accéder aux réseaux ou simplement à un ordinateur.

La « facilitation » numérique

Ces difficultés d’accès au numérique ne doivent pas faire oublier qu’envoyer un e-mail ou télécharger une attestation n’est pas donné à tout le monde. Une tranche importante de la population française (21 % selon une enquête de l’Insee en 2019) manque d’équipement informatique, a des difficultés d’usage ou se trouve en zone blanche. Cette situation actuelle a [enfin] poussé le gouvernement à raccorder tout le pays en très haut débit d’ici deux ans.

Conclusion

L’e-santé, qui s’est bâti avec une agrégation de technologies, connaît un développement exponentiel dû à la transition digitale et aux innovations. Reste une nécessaire mobilisation de tous les acteurs pour qu’une coordination des actions et de la recherche de synergies soit la plus efficace possible dans l’intérêt des patients, des médecins et de tous les acteurs liés à l’exercice de la Santé.

Pascal Wolff

(1) IA : Intelligence Artificielle – RA :  Réalité Augmentée
(2) bpifrance.fr
(3) bpifrance.fr
(4) Document du ministère de la santé à télécharger sur notre site au format pdf.
(5) Le living lab est une méthodologie où citoyens, habitants, usagers sont considérés comme des acteurs clés des processus de recherche et d’innovation.
(6) coalitioncovid.org
(7) reseau-healthtech.fr




Les 50 ans d’internet – 3e partie

La troisième partie de notre tour de l’internet est consacrée au développement des réseaux sociaux ainsi qu’à l’espace que prend la cybercriminalité et les enjeux écologiques…

Les facettes de l’internet (suite)

Voir : les chiffres clés

L’ère du cybercrime, ou de la cyberguerre

Pour terminer cette apologie de la noirceur d’internet (voir notre précédent numéro ou sur le site lecardiologue.com), le cybercrime, ou la cyberguerre (elle peut être économique) ne se réalisent qu’à des niveaux nationaux ou internationaux. Dire que ce phénomène est important est un euphémisme. Les États-Unis, par exemple, ont dépensé 14 milliards de dollars pour leur sécurité informatique.

Internet est devenu un lieu de confrontation majeur, liant les escrocs aux organisations terroristes, les armées aux Etats. Les méthodes sont bien recensées :

  • Vandalisme, braquage (APT38, des hackers nord-coréens liés au régime, ont réussi à subtiliser plus d’un milliard de dollars à certaines banques selon l’intrusion classique dans ce milieu : collecte d’informations/déploiement de logiciels malveillants/déploiements des portes de sorties/transferts de fonds/destructions de preuves).
  • Propagande et désinformation (par exemple lors d’élections majeures [Cambridge Analytica ou l’affaire russe aux Etats-Unis]).
  • Espionnage politico-industriel (les possibilités en la matière se sont démultipliées avec internet).
  • Sabotage (essentiellement des activités militaires).
  • Attaques d’infrastructures sensibles (distributions d’eau et d’électricité, communications, transports,…).

Les réseaux sociaux

En quelques années à peine, les réseaux dits « sociaux » ont conquis une place centrale au sein des différents usages d’internet. Le tournant est saisissant. Selon les derniers chiffres recensés, (10) sur les 7,6 milliards d’habitants que nous sommes, 4,388 milliards utilisent régulièrement internet (57 %), 3,484 milliards sont des utilisateurs des réseaux sociaux (45 %) [dont 3,256 milliards d’utilisateurs sur mobile (42 %)]. (10)

Les réseaux sociaux sont l’un des meilleurs moyens pour développer une marque, une entreprise ou tout simplement communiquer. Ils sont pour certains le fondement même de notre société et s’adaptent aux tendances, exigences et changements des individus.

En 2005, on comptait encore des services de ventes en ligne et de grands portails commerciaux parmi les dix sites à plus forte audience, comme eBay, Amazon, Microsoft ou AOL. Il n’aura fallu qu’une poignée d’années (2008) pour qu’apparaissent en haut du classement YouTube, MySpace, Facebook, Twitter, Hi5, Wikipédia et Orkut. (11)

En 2009, on dénombrait 250 millions d’utilisateurs de Facebook dans le monde, et 16 millions de Skyblogs en France. On compte 19 milliards de commentaires sur Skyblog (12) et plus de 10 milliards de photos sur Facebook. 

Facebook est de loin le numéro un, malgré la perte de confiance suite aux différents scandales et protection des données personnelles ainsi que la prolifération des fakenews.

Le phénomène des réseaux sociaux montre à quel point le principal usage d’internet est la pratique de l’échange et du partage. Ce phénomène  interroge sur les dynamiques sociales, culturelles et religieuses de tous les pays, tant il peut être disrupté par le nombre incalculable de fakenews, de canulars ou autres vidéos parodiques afin de faire passer des messages dans le but de manipuler ou de désinformer pour obtenir un avantage financier, idéologique ou politique. 

Egalement, le fait que les rédacteurs ne soient pas identifiables accentuent ce phénomène, notamment sur l’utilisation  qu’en font les mouvements terroristes et extrémistes violents (rapport d’Europol). 

Le succès et la vitalité des réseaux sociaux permet de diffuser des messages à des publics ciblés, mais également de recruter de nouveaux militants par la publication massive d’éléments de désinformation et de propagande.

Les Etats et les gouvernements se servent d’ailleurs de plus en plus de cette manne pour faire passer des messages « en direct », notamment sur Twitter, Donald Trump en étant – de par sa position – le premier utilisateur.

L’impact écologique du web

Depuis quarante ans, la conscience écologique s’est modelée avec les aléas climatiques. Or, ce temps est également celui du développement informatique et numérique.

Jusqu’à il y a peu, on présentait l’économie numérique comme vertueuse pour l’environnement. Ce n’est pas le cas. En effet,  le secteur représente 13,5 % de la consommation d’électricité en France et 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial (contre 2 % pour le transport aérien et 8 % pour les véhicules individuels) et, surtout, cette part de CO2 est en croissance annuelle de 10 % (13). Si on prolonge les courbes, on voit vite que ce n’est pas soutenable surtout que l’économie numérique ne remplace pas l’économie traditionnelle, elle s’y ajoute.

La chaîne numérique est divisée en trois émetteurs :

  • les infrastructures réseau (28 %), 
  • les data centers (25 %)
  • les équipements (47 %) que sont les ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…

Mais c’est le streaming qui est aujourd’hui le plus controversé. L’heure est à la dématérialisation des données et devrait capter cette année 80 % du trafic web mondial, d’autant qu’un smartphone équipé d’un forfait adapté permet la lecture d’un flux audio ou vidéo depuis des plateformes dédiées (Netflix, Spotify, Napster,…) n’importe quand et (presque) n’importe où. (14)

Les datacenters dont se servent les datastreams nécessitent des infrastructures extrêmement importantes avec une fourniture électrique conséquente, certains composants montant à 60 degrés : climatisation, immersion dans l’eau ou dans l’huile… tout est bon pour réguler la température.

Sur le fait, les pays nordiques sont devenus populaires pour les exploitants de centres de données, car il existe des conditions de refroidissement naturel ou direct, ainsi qu’une abondance d’hydroélectricité à faible teneur en carbone.

Google, pour sa part, laisse à l’intelligence artificielle le contrôle de ses systèmes de refroidissement, ce qui lui a permis d’augmenter son efficience de 30 % en neuf mois.

C’est également le comportement des utilisateurs qui doit s’adapter pour une réduction de l’impact écologique. Par exemple, une recherche d’une minute sur internet consomme 100 watts sur un ordinateur fixe (soit 1,66 Wh), 20 watts sur un ordinateur portable (soit 0,33 Wh), quelques watts sur une tablette, et encore moins sur un téléphone.

Les connexions par fil (câble ethernet) consomme moins qu’une liaison Wi-fi et doivent donc être priviligées.

 

Internet : les chiffres-clés

En 2019, sur 7,676 milliards d’humains, on dénombre :

5,112 milliards d’utilisateurs de téléphones 67 %

4,388 milliards d’internautes 57 %

3,484 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux 45 %

3,256 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux
sur mobile 42 %

Source : Blog du modérateur




Bravo la pomme !

Dans un numéro précédent du Cardiologue  (Le Cardiologue n°424) nous vous présentions la nouvelle application ECG de l’Apple Watch 4 capable d’enregistrer un ECG selon une dérivation (D1) de grande qualité durant 30 secondes, de le stocker, de le transférer directement sur l’iPhone en format pdf pour être ensuite, si nécessaire, adressé par mail ou sms au cardiologue traitant.

L’algorithme de l’application permet de déterminer la fréquence cardiaque moyenne sur les 30 secondes et de dépister une arythmie complète par fibrillation auriculaire avec une très bonne sensibilité, comme l’attestait les études ayant justifié la FDA approved (équivalent américain d’un enregistrement à notre ANSM)

Il s’agissait alors à notre sens d’une évolution majeure par rapport aux algorithmes habituellement fournis sur ce type de montres connectées qui utilisent le plus souvent une cellule photoélectrique capable d’analyser le signal photopléthysmographique  des variations de l’onde de pouls. II s’agit dans ce cas d’un algorithme purement numérique, n’apportant aucune preuve électrique de la réalité du trouble du rythme, en dehors d’une confrontation ECG simultanée.

Pourtant plusieurs études de grandes dimensions apportaient un certain degré de crédibilité à ce type d’analyse, avec néanmoins de nombreuses limites méthodologiques.

Avec l’Apple Watch 4 (et versions suivantes), la preuve électrocardiographique est apportée de visu, puis que c’est un vrai tracé  selon la dérivation ECG D1 qui est enregistré, même si il est très bien filtré.

Pour autant, l’analyse des interprétations fournis par l’algorithme était assez décevante en dehors de l’AC/FA.  Il s’agissait ainsi d’une fréquence cardiaque moyenne qui ne tient pas compte  des variations de rythme durant les 30 secondes d’enregistrement. 

Premier tracé

Tracé numéro 1. 22  avril 2019  apple watch 4.

Dans l’exemple sur le tracé n° 1, du 22 avril 2019, l’enregistrement montrait d’abord une crise de tachycardie paroxystique jonctionnelle de type Bouveret, antérieurement documentée (par et chez votre serviteur) puis après une manœuvre de Valsalva  un pause sinusale suivie d’une bradycardie sinusale post-critique. 

L’analyse retranscrite sur l’enregistrement précisait trois éléments : 

  • Rythme sinusal – ce qui était faux durant la première partie de l’enregistrement
  • Fréquence cardiaque 90/mn – ce qui était faux, puisque c’était la moyenne des 30 secondes
  • Cet ECG ne présente aucun signe de fibrillation auriculaire – ce qui était vrai.

Une telle description pouvait être source de confusion faussement rassurante pour les utilisateurs. Nous avions alors transmis directement nos inquiétudes à l’équipe d’Apple France et Corporate US ainsi  qu’à leurs experts référents rythmologues de l’université de Stanford.

Nous n’aurons pas la vanité  de croire que nous avons été les seuls à faire de telles remontées d’inquiétudes aux équipes d’Apple, quoi qu’il en soit, avec la nouvelle version IOS 6.1.1 (17S449) mise à jour assez récemment automatiquement, j’ai eu l’heureuse surprise de constater, lors d’une récidive à la mi-janvier, que les messages d’interprétation avaient considérablement changé et étaient même devenus de véritables messages d’alerte, y compris en l’absence d’AC*FA , comme en attestent les interprétations  accompagnant les tracés 2 et 3 ci-joints du 15 janvier 2020.

Sur le deuxième enregistrement, il est maintenant précisé :

  • Fréquence cardiaque supérieure à 120 : fréquence moyenne 151/mn
  • Cet ECG n’a pas été utilisé pour rechercher une FA car votre fréquence cardiaque était supérieure à 120 /mn (décision éventuellement discutable mais témoignant sans doute des limites de sensibilité/spécificité de l’algorithme).

Tracé numéro 2. 15 janvier 2020 apple watch 4.

 

Si vous obtenez ce résultat à plusieurs reprises ou que vous ne vous sentez pas bien, consultez votre médecin.

Sur le troisième enregistrement qui correspond à la cédation de la crise toujours par un Valsalva de votre serviteur :

  • Fréquence moyenne 103/mn –  toujours la même erreur
  • Cet ECG est peu concluant – ce qui est plus sage que d’être affirmatif.

Tracé numéro 3. 15 janvier 2020 apple watch 4.

Mais cette fois ci, cette imprécision est complétée par le message de prudence :

Si vous obtenez ce résultat à plusieurs reprises ou que vous ne vous sentez pas bien, consultez votre médecin

En conclusion

Cette simple petite phrase  « Si vous obtenez ce résultat à plusieurs reprises ou que vous ne vous sentez pas bien, consultez votre médecin » change tout  et aurait peut être même méritée d’être complétée à l’heure de la télémédecine par la recommandation de transmettre « cet enregistrement à votre cardiologue sans retard ! » . Mais il est sans doute vrai qu’aucun d’entre nous ne souhaite être taillable et corvéable à merci, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit surtout au tarif de la télé-expertise en France… Et pourtant cela pourrait rendre de grands services aux patients ; d’ailleurs par le passé certains ont tenté d’organiser de tels services de télédiagnostics ECG, mais c’était surement trop tôt.

En tout cas saluons la réactivité d’Apple Corporate et de son équipe d’experts référents cardiologues, surtout quand on connait l’inertie des décisions commerciales d’une telle entreprise mondialisée.

Question subsidiaire de l’auteur : pensez-vous qu’il serait raisonnable de penser à me faire  ablater ?

Jean-François Thébaut – Paris




Les 50 ans d’internet (2)

Nous avons vu dans notre première partie la naissance du www, de sa première utilisation devenue une révolution mondiale. La deuxième partie est consacrée au développement commercial, aux enjeux économiques ainsi qu’aux réseaux sociaux et autres bas-fonds de l’internet.

L’ère commerciale

Cette révolution de la communication ne pouvait se faire sans une ouverture grand public. 

Tout d’abord par la navigation. En 1994, Netscape Navigator est le premier navigateur commercial sur la toile, avant d’être dépassé et torpillé par Microsoft. La grande bataille des Gafam commence.

Puis par le commerce. Amazon crée le premier portail de commerce électronique en 1995 avec la vente de livres en ligne. L’entreprise a su profiter de l’internet pour se développer et populariser le commerce électronique.

Ensuite par les premiers services en ligne avec la naissance de Napster 1999, le premier service d’échange de fichiers musicaux (mais retiré en 2001, après deux ans de procédure judiciaire aux États-Unis pour infraction à la législation sur le droit d’auteur), devenu par la suite un service musical payant.

Mais ce sont surtout les moteurs de recherche qui vont réellement changer l’avenir du net. Tout d’abord avec Altavista en 1998 qui devient très vite populaire avec 13 millions de requêtes par jour, puis Google, fondée la même année, qui s’était donnée comme  humble mission « d’organiser l’information à l’échelle mondiale afin de la rendre universellement accessible et utile ». L’entreprise rafle tout sur son passage grâce à ses performances (Altavista en est la première victime). En 2000, le site est disponible en plus de dix langues, puis décliné en plus de cent langues en 2004 et cent cinquante en 2010, ce qui lui permettra de gagner de nouveaux marchés.

En 2010, Google est le premier moteur de recherche sur internet (80 % d’internautes américains l’utilisent, 93 % des Européens et seulement 35 % de Chinois).

Mais dans le monde, les Etats-Unis ne sont pas seuls. La Chine, par exemple, a son propre moteur de recherche avec Baidu, une entreprise créée en 2000 devenue rapidement le numéro 1 au pays du soleil levant grâce, notamment, à sa technologie de recherche en mandarin. Face à Google, son slogan est « Baidu connaît mieux le chinois ». Mais en 2009, Baidu s’est retrouvé au centre d’un véritable cyclone médiatique à cause d’une politique publicitaire qui plaçait les distributeurs illégaux de médicaments en tête de classement des recherches.

Les facettes de l’internet 

1. La fracture numérique

La fracture numérique comprend quatre niveaux d’inégalités :

  • l’accès au réseau internet ;
  • l’accès à un ordinateur ;
  • l’accès à l’usage des outils ;
  • l’accès à l’usage des informations.

L’usage s’entend par la compréhension des nouvelles technologies.

L’accès à internet est fortement marqué par la disparité entre les pays riches et les pays pauvres, entre les zones urbaines et les zones rurales (appelées zones blanches dont la France n’est pas exempte).

La fracture numérique se pose également sur la langue des utilisateurs, l’éducation et le niveau d’instruction, la population non équipée, le facteur économique.

Elle peut également venir de gouvernements qui restreignent l’accès pour contrôler les libertés d’expression et d’information. [En savoir plus]

2. L’ère de la censure

La censure fait partie de l’internet. Egalement appelée cybercensure, elle limite l’information disponible. Elle est pratiquée en général au niveau des Etats, des entreprises, des médias. Le filtrage internet est classé en trois catégories : politique, sociale, sécuritaire.

Les techniques employées sont diverses : du blocage IP, (1) au DNS (2) en passant par les contenus web ou simplement du lobbying. Dans la plupart des pays démocratiques, par exemple, les contenus liés au nazisme, au négationnisme, à la pédopornographie ou aux discours de haine sont bloqués.

L’internet est le miroir de la liberté d’expression dans le monde et la collusion entre pays libres et dictatoriaux.

Récemment, l’Iran a vécu une coupure internet inédite de dix jours au lendemain de la répression des manifestations du 15 novembre 2019. La reconfiguration du réseau internet a permis le contrôle avec une très grande précision de ce qui pouvait passer et ce qui ne le pouvait pas. Seulement, le commerce iranien a perdu près de trois milliards d’euros. La Chine est parvenue à développer un réseau qui permet de poursuivre les échanges commerciaux tout en étouffant les communications des mouvements de contestation. Elle a également créé une cybersurveillance sociale qui calcule le droit à voyager et à dépenser selon un score baptisé SCS (Social Credit System) qui cartographie les infractions.

3. L’ère du hacking

Le hacking possède plusieurs définitions. Ce n’est pas seulement le cybercriminel (voir piratage informatique plus loin) qui veut voler toutes vos données, c’est en premier lieu un activiste qui lie son activité et son destin à l’exploitation des failles et des vulnérabilités des systèmes. C’est en 1990 que l’on parle des premiers adeptes qui se divisent en deux parties : d’un côté les Black hat qui mènent des activités criminelles et d’un autre côté les White hat qui cherchent simplement les vulnérabilités informatiques pour les rendre publiques et ainsi les réparer. Les grandes entreprises y font aussi leur hacking et s’aident mutuellement lorsqu’une faille est découverte chez l’une d’entre elles.

Le collectif le plus célèbre est sans doute les Anonymous qui est « une conscience collective de lutte contre les manipulations de l’esprit. » En d’autres termes, il dénonce les atteintes à la liberté d’expression, notamment dans des pays où la censure est forte.

L’organisation la plus connue est Wikileaks qui « s’appuie sur la protection de la liberté d’expression et de sa diffusion par les médias, l’amélioration de notre histoire commune et le droit de chaque personne de créer l’histoire. Ces principes dérivent de la Déclaration universelle des droits de l’homme. » Le site divulgue des documents de manière anonyme et sécurisée « témoignant d’une réalité sociale et politique, voire militaire, qui serait cachée, afin d’assurer une transparence planétaire ». En 2017, 8 761 documents incriminant la CIA de cyber-espionnage global sont révélés par WikiLeaks.

Le scandale le plus important est celui de Cambridge Analytica qui a montré que les données pouvaient servir à manipuler les gens afin qu’ils votent d’une certaine manière.

4. La nébuleuse des faussaires : le darkweb

Le net est une nébuleuse où se côtoie un nombre incalculable de faussaires et autres escrocs. Fausses cartes d’identité, faux diplômes, fausses factures, faux documents administratifs… mais également fausses pharmacies, fausses banques, tout est bon pour s’accaparer ces juteux marchés. Même les particuliers peuvent devenir des faussaires professionnels grâce au darkweb, l’internet clandestin qui interdit toute traçabilité permettant de remonter jusqu’à l’adresse IP de son ordinateur.

La cyberdélinquance s’est également développée dans le trafic de drogues : cannabis, ectasy, cocaïne,… et autres médicaments (50 % des médicaments vendus sur internet sont des faux). [En savoir plus] Les trafiquants ont trouvé dans le web la possibilité d’écouler à grande échelle.

Mais il n’y a pas que des professionnels qui parcourent le net pour vendre des produits illicites. Le particulier peut facilement y trouver ce qu’il recherche, quitte à se faire prendre avec des fausses ordonnances. [En savoir plus] En parcourant le site psychoactif.org, on se rend compte à quel point le web est devenu une seconde planète.

Pour accéder au darknet, il vous faut un logiciel, le plus connu étant Tor, puis d’accéder à thehiddenwiki.org, le site qui essaie de recenser les sites du darknet. 

Mais qui dit cybertrafic dit cyberflic. Les coups de filet existent, comme ce forum qui mettait en relation environ 6 000 utilisateurs et 750 vendeurs de drogues, d’armes, de faux papiers, de coordonnées bancaires et d’outils de piratage informatique…

Les services non plus ne manquent pas, comme par exemple commanditer un meurtre, un passage à tabac, ou simplement louer les services d’un hacker pour paralyser le site de votre concurrent ou pirater un compte Facebook.

Internet est une vision du monde où les langues se délient, le darknet est une vision humaine où tout ce qu’il y a de pire existe.

5. L’ère du piratage informatique

Le piratage informatique peut prendre trois formes : 

  • la copie frauduleuse de logiciels ;
  • la pénétration des réseaux ou de bases de données ;
  • l’introduction de virus dans un système. 

Une vingtaine de villes américaines ont été victimes d’une attaque informatique en 2019, dont la ville de Baltimore (voir notre article), qui ont vu leurs sites devenus illisibles par un virus qui cryptait les données afin de les rendre inaccessibles.

En tant que particulier, vous pouvez être touché par le piratage pour, par exemple, une usurpation d’identité suite au vol de vos données (voir notre article).

(1) IP : l’Internet Protocol est le numéro d’identification de chaque ordinateur connecté.
(2) DNS : Domain Name System.




Les mastodontes du net

Ces sociétés précurseurs ont évolué grâce à internet sans lequel elles n’existeraient pas aujourd’hui.

Les américains…

1975 – Microsoft Corporation a été fondée par Bill Gates et Paul Allen. Son activité principale consistait à développer et vendre des systèmes d’exploitation, des logiciels et des produits dérivés (408,68 milliards de dollars de capitalisation boursière. 131 000 employés en 2018)

1976 – Apple est créée dans le garage de la maison d’enfance de Steve Jobs avec Steve Wozniak et Ronald Wayne. La société sous le nom d’Apple Computer a été déposée le 3 janvier 1997 (678 milliards de dollars de capitalisation boursière. 92 600 employés en 2018)

1994 – Amazon est une entreprise de commerce électronique américaine basée à Seattle (840 milliards de dollars de capitalisation boursière. Plus de 500 000 employés.

1998 – Google et son célèbre moteur de recherche ont été créés dans la Silicon Valley, en Californie, par Larry Page et Sergey Brin.

2004 – Facebook est fondée par Mark Zuckerberg et ses camarades de l’université Harvard avant une ouverture complète en 2006.

… et les chinois

1998 – Tencent est spécialisée dans les services internet et mobiles ainsi que la publicité en ligne. Effectif : 48 000 personnes. Plus de 35 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018. [En savoir plus]

1999 – Alibaba tire ses revenus de ses activités d’échanges entre les entreprises, des plateformes de paiements et de ventes au détail, d’un moteur de recherche pour le magasinage et des services de cloud computing. En 2016, l’administration américaine met le site Taobao (une filiale de commerce en ligne) sur sa liste noire des sites notoires pour la contrefaçon. Résultat en 2019 : 43 milliards d’euros, pour 22 000 employés. [En savoir plus]

2000 – Baidu est devenue très rapidement Numéro 1 grâce à sa technologie de recherche en mandarin. [En savoir plus] Très obéissante aux ordres de la censure (le moteur de recherche suit les consignes du ministère de la sécurité publique et filtre les questions comme les réponses), l’entreprise est aussi plus prompte à proposer des liens de téléchargements quasi illégaux. Chiffre d’affaires 2017 : 13,03 milliards de dollars. [En savoir plus]




Les virus

Le virus est à la mode ! Particuliers, industriels, partis politiques, commerces,… tout le monde est touché par ce fléau. Pour être – un peu moins ignorant – il est important de connaître les principaux mode de virus existants pour savoir s’en préserver et… s’en débarasser au cas où.

Mise à jour – 26/11/19. La bombe logique est un programme installé dans le système en attendant un événement (date, action, données particulières…) pour s’exécuter. Elle est généralement utilisée dans le but de paralyser temporairement des serveurs afin de nuire à leur fonctionnement.

Le spyware est un mouchard qui peut enregistrer différents types de données : sites visités, requêtes tapées dans les moteurs de recherche, données personnelles, type de produits achetés, informations bancaires. Ces informations sont exploitées à des fins de profilage pour l’envoi de publicités ciblées sur les centres d’intérêt de la personne qui a été espionnée.

Le keylogger espionne les frappes de clavier de l’ordinateur qui l’héberge afin de les transmettre à un pirate. Ce système permet ainsi de recueillir les mots de passe, codes de carte bancaire, intitulés sous lequel vous ouvrez une session…

Le backdoor est un cheval de Troie caché dans un logiciel, un service en ligne ou un système informatique afin de surveiller, copier ou détruire des données, de prendre le contrôle d’un ordinateur et de pouvoir l’utiliser pour mener des actions malfaisantes…

Le trojan (cheval de Troie) est un programme informatique utilisé pour voler des informations personnelles, propager des virus ou perturber les performances de votre ordinateur. Il permet également un accès à distance.

Le ver informatique est un virus réseau qui s’auto-reproduit et se déplace sans avoir besoin de support physique. Il recherche les fichiers contenant des adresses de messagerie et les utilise pour envoyer des messages électroniques infectés en usurpant les adresses des expéditeurs dans les derniers messages afin que les messages infectés semblent provenir de quelqu’un que vous connaissez.

Le ransomware empêche l’utilisateur d’accéder à son système ou ses fichiers et exige le paiement d’une rançon en échange du rétablissement de l’accès. Il utilise couramment les e-mails indésirables (malspams) pour livrer des malwares. Ces e-mails peuvent inclure des pièces jointes piégées ou des liens vers des sites Web malveillants.

Le phishing est un envoi d’e-mail qui prend l’apparence de banques, de services de paiements… Vous êtes invités à remplir un formulaire en ligne ou à cliquer sur un lien qui mène vers un faux portail de connexion. L’objectif de ce procédé est l’accès, entre autres, à vos mots de passe et noms d’utilisateur.

Ce qu’il faut faire… et ne pas faire

Certaines recommandations peuvent faire sourire, et pourtant…

  • Les noms de messagerie se volent. Il se peut, si ce n’est déjà fait, que vous receviez un jour un e-mail de… votre part ! C’est ce que l’on appelle de l’usurptation d’identité. Il arrive régulièrement que des comptes entiers d’entreprises soient subtilisés.
  • Mots de passe. On ne le dira jamais assez : changez régulièrement vos mots de passe et créez des codes ultrasécurisés uniques par site ou service (on estime à 20 % le nombre d’internautes qui se servent de leur date de naissance comme mot de passe). Notez les dans un carnet ou mieux, mettez une application dans votre ordinateur qui se connecte sur vos autres supports pour faire les changements automatiquement.
  • Lors d’une inscription sur un site, les identifiant et mot de passe doivent être différents.
  • N’ouvrez jamais un fichier venu d’un mail inconnu et ne cliquez pas non plus sur le lien ou l’image.
  • Vous avez un doute, vérifiez l’adresse mail. Si elle est de ce type : marlenwdfnedidier@indirsino.icu, passez votre chemin.
  • Votre banque vous écrit que vous êtes débiteur (vous trouvez le message « bizarre ») et qu’il suffit de cliquer sur le lien pour savoir ce qui se passe (pishing)… Allez donc directement sur le site de votre banque sans passer par l’e-mail. La BNP par exemple a eu son site copié : un e-mail semblable à celui de la banque vous envoyait sur un faux site.
  • Ne cliquez pas sur « unsubscribe » lorsque l’email est un spam.
  • Sites sensibles. Dès que vous le pouvez, passez à la double identification (mot de passe + code sur votre smartphone).
  • Mettre à jour son pare-feu et son logiciel d’exploitation.
  • En aucun cas, ne donnez des informations par retour d’e-mail. Privilégiez toujours d’aller directement sur le site en question.

Ce que vous devez avoir

  • Un antivirus, le bon sens. Tout d’abord investir dans une application antivirus et la mettre systématiquement à jour, sinon elle ne sert à rien. 
  • Une application pour les mots de passe, la logique. Possédez donc une application où vous mettez vos mots de passe à l’abri. Vous n’aurez pas besoin de vous en souvenir, elle le fera à votre place tout en vous proposant des mots de passe solides. Il en existe une multitude. Sans faire de publicité, Avast Passwords est gratuite pour son app de mots de masse et l’une des meilleures à utiliser, tant pour les sites que pour garder au chaud vos numéros de cartes bancaires.

Votre adresse email a été piratée




Les 50 ans d’internet – 1ère partie

Cinquante petites années déjà passées à vivre avec internet, ou du moins ses premiers messages car le « vrai » internet tel que nous le connaissons, est apparu avec le World Wide Web, autrement dit le fameux www qui commence la plupart des adresses des sites web.

Par Pascal Wolff

Deux dates et deux lieux ont tissé les fondations de l’internet tel qu’il existe aujourd’hui. C’est tout d’abord aux Etats-Unis que l’histoire commence avec la création de l’ARPA (Advanced Research Projects Agency) à l’agence DARPA du département américain de la Défense, lors de la guerre froide.

Années 1950-1960. Nous sommes en 1958. Les chercheurs de l’agence américaine imaginent très rapidement que l’ordinateur pourrait être un outil de communication. 

Années 1960-1970. En 1967, l’agence élabore un procédé de messagerie appelé IMP (Interface Message Processor), à partir d’un ordinateur de la taille d’un réfrigérateur et… 12 ko de mémoire.

Mais c’est à partir de ce fameux 29 octobre 1969 à 10h30 que provient la naissance d’internet : deux ordinateurs reliés entre l’université de Californie à Los Angeles et le Stanford Research Institute réussissent à  communiquer. Pour la petite histoire, les trois dernières lettres, à la suite d’un bug, mettront une heure pour arriver…

Ce réseau comptera deux nœuds supplémentaires (un nœud désigne un ordinateur) en décembre 1969 avec une nouvelle connexion entre deux autres universités. Les communications passeront entre 1971 et 1992 de vingt-trois à plus d’un million de nœuds.

La première utilisation

Le terme InterNet est un dérivé des mots International et Network qui signifie en français internet des réseaux.

Années 1970-1980. La première utilisation du mot, qui date de 1972, vient de Robert Kahn au cours d’une conférence internationale des ordinateurs et de la communication, mais son officialisation a été faite le 1er janvier 1983.

Années 1980-1990. Pendant les années 1980, les universités  se sont de plus en plus informatisées afin d’accéder à internet et communiquer des informations entre elles.  Cette augmentation de l’utilisation des réseaux provoqua en 1987 une multiplication du débit par vingt.

En 1989, la première page Web (photo ci-dessous) a été mise en ligne par le CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire). On la doit à Tim Berners-Lee, chercheur britannique. A l’origine du projet, baptisé « World Wide Web », l’échange d’informations en instantané entre scientifiques du monde entier. C’est ce développement d’une sorte de réseau postal pour lier des documents en ligne – baptisés plus tard « pages web » ou « sites internet » selon les cas, à mesure qu’ils s’étoffent et s’enrichissent – qui a donné les bases de l’internet tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Première page web (© Cern)

C’est à partir de ce moment-là que le web s’impose comme la porte d’entrée principale.

Une révolution mondiale

A partir des années 1990, internet va révolutionner le monde et s’imposer comme le moyen de communication par défaut des êtres humains avec une intégration sans précédent de ses capacités. Les réseaux se déploient dans le monde entier. Le réseau internet grand public en France débute en 1994, mais ne se démocratise réellement qu’au début du XXIe siècle avec l’apparition de l’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) qui permettra l’utilisation d’une ligne téléphonique ou d’une ligne spécialisée pour la transmission ou la réception des données numériques de manière indépendante. 

En Asie, le Japon se raccorda au NSFNet en 1989, Singapour développa son réseau TECHNET en 1990, la Thaïlande reçut en 1992 une connexion Internet mondiale, et la Chine développa sa première connexion en 1994.

En Amérique du Sud, le Brésil, le Mexique ont été raccordés en 1991, l’Argentine en 1992, la Colombie en 1994.

Alors que tous les pays développés accédaient à internet avec leurs propres infrastructures technologiques, les pays en développement en étaient privés, subissant de plein fouet ce que l’on nomme aujourd’hui la fracture numérique liée, entre autres, aux facteurs économique et éducatif. Cependant, en 1996, un projet est lancé par l’USAID (Agence américaine indépendante chargée du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde) pour le développement d’une connexion complète pour tout le continent africain. La Guinée, le Mozambique, Madagascar et le Rwanda reçurent leurs stations satellites en 1997, suivis par la Côte d’Ivoire et le Bénin en 1998. 

L’Érythrée a été le dernier pays africain à être connecté, en novembre 2000. Cependant, une très faible minorité de la population africaine a accès au réseau.

Il est à souligner que la Tunisie s’est imposée en 1996 comme un pionnier dans le monde arabe et africain en permettant l’utilisation commerciale et publique de l’internet.

Internet et web, l’indicible différence :Pour n’importe quel internaute aujourd’hui, les mots « internet » et « web » ont la même signification. Et pourtant, « internet » fête ses cinquante ans alors que le « web » n’en a que trente. Le web n’est qu’une application comme peuvent l’être toutes les applications existantes aujourd’hui, qui transite donc sur le réseau informatique mondial qu’est internet, ou pour être plus précis, communique sur un nœud gigantesque et sans centre névralgique de millions de réseaux sur lesquels des informations numériques, ou données, circulent par paquets.

Années Evénements
 1952  Semi-Automatic Ground Environment : système d’armes mettant en réseau 40 ordinateurs à autant de radars
1958 Les Laboratoires Bell créent le premier Modem permettant de transmettre des données binaires sur une simple ligne téléphonique
1961 Leonard Kleinrock du Massachusetts Institute of Technology publie une première théorie sur l’utilisation de la commutation de paquets pour le transfert des données
1962 Début de la recherche par DARPA, une agence du département de la Défense américain, où J.C.R. Licklider défend avec succès ses idées relatives à un réseau global d’ordinateurs
1964 Leonard Kleinrock du MIT publie un livre sur la communication par commutation de paquets pour réaliser un réseau
1967 Première conférence sur Arpanet
1969 Création du Network Working Group et connexion des premiers ordinateurs entre quatre universités américaines qui marque le point de départ du développement de la toile mondiale telle qu’on la connaît aujourd’hui
1971 23 ordinateurs sont reliés sur Arpanet. Envoi du premier courriel de 200 lignes par Ray Tomlinson. Le courrier électronique fait son apparition sous le nom de Netmail (Network Mail)
1972 Naissance de l’International Network Working Group, organisme chargé de la gestion d’internet. Création des premières adresses email qui permettent alors de localiser les systèmes sur le réseau
1973 Définition du protocole TCP/IP : TCP (Transmission Control Protocol) et IP (Internet Protocol)
1974 TCP/IP est créé pour uniformiser le réseau, un système toujours d’actualité
1979 Création des NewsGroups (forums de discussion Usenet) par des étudiants américains
1983 Arpanet adopte le TCP/IP qui sera la base d’internet. Arrive le premier serveur de noms de sites (serveur DNS)
1989 Invention du web. Le Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN) met en ligne la première page Web
1990 Disparition d’Arpanet (démilitarisé) et remplacé par internet (civil) et annonce publique du fameux www (World Wide Web) [Tim Berners-Lee] (1)
1993 Apparition du Navigateur web NCSA Mosaic
1994 Création de Netscape Navigator, premier navigateur commercial
1995 Le premier portail de commerce en ligne qui voit le jour est Amazon.com. C’est la naissance d’une nouvelle dimension commerciale
(1) Timothy John Berners-Lee est un informaticien britannique, principal inventeur du www, est également considéré comme l’inventeur du HTML. Il fut aidé à ses débuts par l’ingénieur et informaticien belge Robert Cailliau qui cosigna notamment avec lui, en novembre 1990, un document désormais entré dans l’Histoire et intitulé « WorldWideWeb : Proposition pour un projet hypertexte ».



Tachycardie paroxystique et Applewatch 4.4

Dans certains cas, les objets connectés équipés d’un capteur électrique de l’électrocradiogramme peuvent être d’une aide importante de par leur facilité d’utilisation. Nous faisons cas ici d’un patient avec antécédents équipé d’une Applewatch.

Cas clinique

Homme de 71 ans, pléthorique, hypertendu, diabétique traité entre autres par hypoglycémiants oraux, sartan, diurétiques dont spironolactone et statine.

Antécédents de crises de tachycardies paroxystiques de type Bouveret documentées de longue date (figure 1). Ces troubles du rythme sont assez peu fréquents (moins d’une crise par trimestre) et les crises sont pratiquement toujours réduites par une manœuvre de Valsalva autogérée. Leurs durées sont de fait assez brèves entre quelques dizaines de secondes et quelques minutes. Une seule crise a été plus prolongée (90 mn) mais elle a cédé spontanément. De fait, la décision partagée entre le patient et son expert rythmologue a été ni de l’explorer ni de la traiter au long cours.

Alors que le patient était depuis peu en possession d’une Applewatch 4.4 version iOS 12.2 équipée de l’application de détection des accès de fibrillation auriculaire, il ressent le 22 avril 2019 plusieurs accès brefs. 

La facilité d’utilisation de la montre et de l’application lui permet de faire immédiatement un enregistrement électrique ECG, durant 30 s consécutives, correspondant à une dérivation D1 entre la face postérieure du boitier (dos du poignet gauche) et l’index droit au contact de la molette métallique de la montre. 

Dans le cas présent, le début des enregistrements ECG (figures 2 et 3) de très bonne qualité montre une tachycardie régulière à QRS fins proche de 150/mn, sans onde P clairement individualisable.

Après une manœuvre de Valsalva, on note, sur les deux enregistrements, une réduction brutale de la tachycardie avec sans doute un échappement jonctionnel, avec pauses respectivement à 1800 ms et 2400 ms, puis une restitution progressive d’une bradycardie sinusale autour de 50/mn.

Ces enregistrements sont immédiatement disponibles sur l’iPhone sous forme de pdf transférables si nécessaire sans retard à l’équipe médicale.

L’analyse automatique précise « fréquences cardiaques moyennes respectivement à 89/mn et à 95/mn. Aucun signe de fibrillation auriculaire »

COMMENTAIRES
Les plus

  • Grande simplicité et réactivité d’utilisation permettant des enregistrements ubiquitaires et instantanés.
  • Très grande qualité des enregistrements.
  • La capacité instantanée de transfert des fichiers ECG au cardiologue ou à son équipe.
  • Diagnostic positif : exact, c’est-à-dire effectivement pas d’AC*FA.

Les moins

  • Fréquences cardiaques moyennées sur les 30 secondes, ne prenant donc pas en compte les deux séquences très différentes de tachycardie et de bradycardie.
  • Limites : aucun élément diagnostic autre que la FA.

Discussion

L’algorithme de détection de la fibrillation a été validée scientifiquement [1] sur de grandes séries par des équipes de cardiologues prestigieuses…

Jusqu’à présent, il s’agissait d’une analyse faite à partir d’un recueil photopléthysmographique à partir de capteurs situés sur la partie arrière du boitier, avec une reconstitution virtuelle de la trace ECG.

Maintenant, il s’agit de l’enregistrement d’une dérivation électromyographique type D1 qui permet d’analyser réellement le tracé, avec la réserve d’une dérivation unique.

Dans le cas présent, il ne s’agit pas à l’évidence d’une TAC*FA, mais la qualité de l’enregistrement permet au cardiologue de faire aisément un diagnostic rythmique.

D’autres applications proposent avec des différents dispositifs connectés à une dérivation, comme Kardiamobile par exemple, une analyse algorithmique analogue, ayant également fait des études de validation multicentrique.[2] Dans l’étude en référence, l’analyse de l’enregistrement par un cardiologue permet une spécificité et la sensibilité diagnostique de 100 % par rapport à un ECG 12 dérivations. 

L’algorithme seul apportait un diagnostic positif dans 87 % des cas de FA et de 97,9 % de valeur prédictive négative. En revanche les performances sont nettement moins solides pour les autres troubles du rythme et surtout les troubles de conduction.

Mais ce qui est important, comme le soulignait l’expert rythmologue du patient en question, c’est moins le diagnostic de l’algorithme que la qualité du tracé… ce qui laisse encore une place prépondérante au cardiologue. n

Jean-François Thébaut – Paris

(1) M.P. Turakhia. Rationale and design of a large-scale, app-based study to identify cardiac arrhythmias using a smartwatch: The Apple Heart Study-AHJ ;207, January 2019,66-75
(2) J. C. L. Himmelreich Diagnostic Accuracy of a Smartphone-Operated, Single-Lead Electrocardiography Device for Detection of Rhythm and Conduction Abnormalities in Primary Care he Annals of Family Medicine 17(5):403-411 · September 2019

Figure 1. Tracé ECG de 2009.

Figures 2 et 3. Enregistrements de l’ECG sur l’AppleWatch.




De l’impression 3D à la bio-impression

A LIRE EGALEMENT.
La bio-impression

L’impression 3D existe depuis le début des années 2000 et s’est accaparée de matériaux tels le plastique, la cire, le métal (aluminium, acier, titane, platine), le plâtre, les céramiques et même le verre.
Si elle est utilisée dans de nombreux secteurs, le domaine de la Santé l’exploite dans la création de prothèses et d’implants (hanches artificielles, bras, appareils dentaires et auditifs…) ainsi que dans la réalisation d’exosquelettes.
L’impression 3D concerne également les médicaments dont la première commercialisation a eu lieu en 2016. La substance active, le lévétiracétam,  qui a été fabriquée sous forme de pilule, se dissout plus rapidement et facilite son ingestion par les personnes atteintes de dysphagie ou de troubles de la déglutition.

Le premier développement de la bio-impression date de 1988. C’est en 2002 que le premier organe, un rein, a été imprimé à échelle réduite et un système modifié pour le dépôt de cellules dans des matrices tridimensionnelles placées sur un substrat a vu le jour en 2003. (1)
La bio-impression est une innovation qui positionne simultanément des cellules vivantes et des biomatériaux couche par couche afin de réaliser des tissus vivants dont l’utilisation principale des organes imprimés est la transplantation.
C’est une startup française, Poietis, qui commercialise la première le tissu de peau humaine bio-impression par laser. Elle a d’ailleurs récemment signé un partenariat avec Prometheus (2) dans l’ingénierie tissulaire telle que la production de tissus vivants implantables fabriqués in vitro (les cellules souches ainsi réalisées sont capables de se transformer en n’importe quel organe).

(1) L’impression 3D d’organes a été pour la première fois employée en 2003 par Thomas Boland de l’Université de Clemson qui a breveté l’utilisation de l’impression de jet d’encre pour les cellules.
(2) Prometheus, département d’ingénierie tissulaire de l’Université catholique de Louvain (Katholieke Universiteit Leuven).

© poetis




La bio-impression

Il y a encore peu, la bio-impression version 2019 aurait relevé de la science-fiction. Mais depuis que chercheurs, ingénieurs et biologistes, s’en sont emparés il y a près de vingt ans, son développement a été considérable, tant dans les différents procédés que les matières symbolisant à elles seules le futur.


C’était en 2013, il y a tout juste six ans que Will Shu (1) avait mis au point avec son équipe une imprimante 3D capable de former des amas de cellules souches embryonnaires, sans les abîmer ni les dénaturer. Mais l’impression d’organes entiers relevait encore du simple fantasme.
C’est en 2015 que les premières structures biologiques tridimensionnelles complexes sont imprimées couche par couche dans une matière gélatineuse dans un bain de gel qui sert de support. Ce principe, qui a la particularité de fondre ce gel à la température du corps, ne détériore les cellules bio-imprimées.
En 2019, les scientifiques et ingénieurs ont considérablement progressé dans leur capacité à intégrer des organes fonctionnels en bio-impression après avoir mis au point une méthode de reconstruction des composants du cœur humain.
Jusqu’à maintenant, la bio-impression, bien qu’avancée dans la recherche de la Santé (notamment les greffes de peau), avait des difficultés à reproduire des biomatériaux complexes, mous et dynamiques.
C’est début août dernier que des chercheurs de l’Université Carnegie-Mellon (2) ont publié leurs résultats dans la revue Science, et ils sont impressionnants : ils ont réussi à bio-imprimer en 3D un organe complexe fonctionnel, à savoir un cœur humain en améliorant la technologie FRESH (3) brevetée par la startup Fluidform 3D. qui a consisté en la réalisation d’un gel temporaire pour éviter le phénomène d’affaissement des matériaux mous.
Le résultat de ces recherches a permis l’impression d’un cœur humain avec toute sa complexité de reproduction : cellules, vaisseaux sanguins, valves et même battement des ventricules. Selon le cofondateur de Fluidform, Adam Feinberg, « Nous avons maintenant la capacité de réaliser des impressions qui reproduisent les propriétés structurelles, mécaniques et biologiques essentielles des tissus natifs ».

Une reproduction fidèle…

Préalablement scanné par IRM, le cœur imprimé est la reproduction fidèle de la structure anatomique du patient et parfaitement fonctionnel, selon les chercheurs, jusqu’à la synchronisation des contractions.

… et une avancée médicale importante

Tous les organes complexes sont bien sûr concernés par le résultat de ces recherches. « L’impression par FRESH du collagène et d’autres biomatériaux mous est une plate-forme dont le potentiel est de construire des structures pour une large gamme de tissus et d’organes », précise le communiqué.
Mais les chercheurs préviennent : il faudra attendre encore quelques années avant une utilisation médicale à grande échelle. Pour accélérer les progrès, ils ont d’ailleurs développé des modèles open source qui pourront servir de socle à des laboratoires médicaux et à des étudiants.

Source Numérama, Science, 3dnatives, Fluidform3d, futura-sciences.
(1) Chercheur à l’université Heriot-Watt d’Édimbourg, avait publié ses résultat dans la revue Biofabrication.
(2) Pittsburgh (Pennsylvanie).
(3) Freeform Reversible Embedding of Suspended Hydrogels.




Les drones en bonne santé…

Au Ghana, sang et médicaments tombent du ciel…

Malgré les critiques de l’Association médicale du pays, le Ghana a récemment lancé une flotte de drones transportant des fournitures médicales dans des zones isolées pour 12 millions de dollars. La présidente, Nana Akufo-Addo, a déclaré qu’elle deviendrait le « plus grand service de livraison de drones au monde ».

Chaque jour, ce sont près de 600 vols de drones qui devraient être effectués, apportant vaccins, fournitures de sang et autres médicaments pour douze millions de ghanéens.

Le service fonctionnera à partir de quatre hubs, chacun hébergeant 30 drones. 

Conçus par une entreprise américaine, Zipline, les drones, qui peuvent transporter une charge de 1,8 kilo, ont déjà été utilisés au Rwanda avec 13 000 livraisons dont un tiers était des fournitures d’extrême urgence.

… alors qu’un rein atterri au Maryland

Un drone spécifique pour pouvoir transporter et surveiller un organe humain a livré son premier rein au centre médical de l’Université du Maryland. Techniquement, il a volé grâce à huit rotors et plusieurs groupes motopropulseurs en respectant la réglementation de la FAA (Federal Aviation Administration), et capable de supporter le poids de l’organe, des caméras, des systèmes de suivi, de communication et de sécurité, au dessus d’une zone urbaine densément peuplée.

Ce premier vol réussi devrait inaugurer cette méthode de transport considéré comme plus rapide, plus sûr et plus largement disponible que les méthodes dites traditionnelles.

Selon le United Network for Organ Sharing, qui gère le système de transplantation d’organes aux États-Unis, en 2018, environ 1,5 % des envois d’organes de donneurs décédés n’arrivent pas à la destination prévue et près de 4 % des envois d’organes ont un retard imprévu de deux heures ou plus.




Le Health Data Hub – la plate-forme des données de santé en France

Le lancement de cette nouvelle plate-forme de données, avec un budget de 80 millions d’euros sur quatre ans, verra le jour dans quelques semaines.

Voulu par Emmanuel Macron, le Health Data Hub rassemblera l’ensemble des données de santé (NDR : Assurance-maladie pour la partie facturation, données clinique, scientifique et médicale pour la partie santé), qui sont pour le moins actuellement éparpillées, le but étant de les croiser afin de trouver des corrélations et contribuer à favoriser l’innovation médicale par le traitement de volumes massifs de données de santé.

Le premier appel à projets a retenu dix lauréats (1) qui a déjà donné quelques chiffres : environ 53 000 dossiers sur le sarcome (type de tumeurs) de NetSarc (réseau français de référence clinique pour les sarcomes des tissus mous et viscéraux), 250 000 images issues de l’e-SIS Gard/Lozère ou encore près de 20 000 dossiers de patients atteints de la maladie de Parkinson. Ce système permettra, selon la ministre de la Santé, de mettre au service du plus grand nombre « un patrimoine de données de santé dans le respect de l’éthique et des droits fondamentaux des citoyens. »

Le point de vue de Sanofi

Sanofi collabore avec l’équipe du Health Data Hub afin d’étudier les partenariats et de réfléchir à tous les usages possibles des données hébergées. Mais tout en saluant la démarche des pouvoirs publics pour la création de cette plateforme, Bernard Hamelin (Sanofi) [2] considère que la France (ainsi que l’Europe) souffre d’un déficit réel de plateformes d’intégration de données. Selon lui, la formidable richesse des données et de sa mise à disposition doit répondre aux problèmatiques de l’industrie dans un pays les plus avancés dans le domaine des applications.

Les principales missions du Health Data Hub

1. Mise à disposition d’une plateforme de partage des données.
2. Transparence et sécurité des données partagées.
3. Qualité des données.
4. Guichet unique avec un point d’entrée clairement identifié.
5. Mutualisation des technologies et expertises.
6. Promotion de l’innovation.

(1) Deepsarc (NetSarc), Parcours IDM (ARS Ile-de-France), Pimpon (Vidal), Hydro (Implicity), NS Park (ICM, l’Inserm et F-CRIN), ARAC (Malakoff Médéric Humanis), ORDEI (ANSM), OSCOUR (Appui), Deep Piste (Epiconcept), Retrexis (CHU de Limoges).

(2) directeur monde de Sanofi en charge de la production de preuves médicales.

Sources : Les Echos – ticpharma 




Virus : Baltimore, devenue ville fantôme

La ville de Baltimore est en proie depuis le 7 mai dernier à une cyberattaque de type ransomware. La principale conséquence est un blocage partiel des systèmes informatiques de l’agglomération.

Au total, 10 000 ordinateurs auraient été touchés dont le serveur central et la messagerie de la ville ainsi qu’un grand nombre de téléphones portables. La ville n’émet plus de facture d’eau ou autres amendes de stationnement par exemple.

Le comble, et le plus inquiétant également, est que ce ransomware a été conçu en partie par la NSA (National Security Agency) qui se l’était fait voler en 2017, sans retrouver la moindre trace des pirates.

La mairie ayant refusé de payer la rançon exigée par les hackers.

Baltimore est la troisième grande ville américaine, après Atlanta et San Antonio, à être affectée par une cyberattaque.




Les virus

Le virus est à la mode ! Particuliers, industriels, partis politiques, commerces,… tout le monde est touché par ce fléau, telle la ville de Baltimore qui en a récemment fait les frais (encadré). Pour être – un peu moins ignorant – il est important de connaître les principaux mode de virus existants pour savoir s’en préserver et… s’en débarasser au cas où.

La bombe logique est un programme installé dans le système en attendant un événement (date, action, données particulières…) pour s’exécuter. Elle est généralement utilisée dans le but de paralyser temporairement des serveurs afin de nuire à leur fonctionnement.

Le spyware est un mouchard qui peut enregistrer différents types de données : sites visités, requêtes tapées dans les moteurs de recherche, données personnelles, type de produits achetés, informations bancaires. Ces informations sont exploitées à des fins de profilage pour l’envoi de publicités ciblées sur les centres d’intérêt de la personne qui a été espionnée.

Le keylogger espionne les frappes de clavier de l’ordinateur qui l’héberge afin de les transmettre à un pirate. Ce système permet ainsi de recueillir les mots de passe, codes de carte bancaire, intitulés sous lequel vous ouvrez une session…

Le backdoor est un cheval de Troie caché dans un logiciel, un service en ligne ou un système informatique afin de surveiller, copier ou détruire des données, de prendre le contrôle d’un ordinateur et de pouvoir l’utiliser pour mener des actions malfaisantes…

Le trojan (cheval de Troie) est un programme informatique utilisé pour voler des informations personnelles, propager des virus ou perturber les performances de votre ordinateur. Il permet également un accès à distance.

Le ver informatique est un virus réseau qui s’auto-reproduit et se déplace sans avoir besoin de support physique. Il recherche les fichiers contenant des adresses de messagerie et les utilise pour envoyer des messages électroniques infectés en usurpant les adresses des expéditeurs dans les derniers messages afin que les messages infectés semblent provenir de quelqu’un que vous connaissez.

Le ransomware empêche l’utilisateur d’accéder à son système ou ses fichiers et exige le paiement d’une rançon en échange du rétablissement de l’accès. Il utilise couramment les e-mails indésirables (malspams) pour livrer des malwares. Ces e-mails peuvent inclure des pièces jointes piégées ou des liens vers des sites Web malveillants.

Le phishing est un envoi d’e-mail qui prend l’apparence de banques, de services de paiements… Vous êtes invités à remplir un formulaire en ligne ou à cliquer sur un lien qui mène vers un faux portail de connexion. L’objectif de ce procédé est l’accès, entre autres, à vos mots de passe et noms d’utilisateur.

Vérifiez si votre adresse mail est hackée sur :
have i been pwned?




Protection contre les hackers : ce qu’il faut faire… ou ne pas faire

Certaines recommandations peuvent faire sourire, et pourtant…

Les noms de messagerie se volent. Il se peut, si ce n’est déjà fait, que vous receviez un jour un e-mail de… votre part ! C’est ce que l’on appelle de l’usurptation d’identité. Il arrive régulièrement que des comptes entiers d’entreprises soient subtilisés. Changez donc régulièrement votre mot de passe de messagerie.

Mots de passe. Créer des codes ultrasécurisés (on estime à 20 % le nombre d’internautes qui se servent de leur date de naissance comme mot de passe) et bien sûr un mot de passe unique par service et non pas pour tout le monde. Et vous ? Les pirates possèdent leurs propres logiciels pour débusquer les mots de passe.

Lors d’une inscription sur un site, les identifiant et mot de passe doivent être différents.

N’ouvrez jamais un fichier venu d’un mail inconnu et ne cliquez pas non plus sur le lien ou l’image.

Vous avez un doute, vérifiez l’adresse mail. Si elle est de ce type : marlenwdfnedidier@indirsino.icu, passez votre chemin.

Votre banque vous écrit que vous êtes débiteur (vous trouvez le message « bizarre ») et qu’il suffit de cliquer sur le lien pour savoir ce qui se passe (pishing)… Allez donc directement sur le site de votre banque sans passer par l’e-mail.

Ne cliquez pas sur « unsubscribe » lorsque l’email est un spam.

Sites sensibles. Dès que vous le pouvez, passez à la double identification (mot de passe + code sur votre smartphone).

Mettre systématiquement à jour son pare-feu et son logiciel d’exploitation.

En aucun cas, ne donnez des informations par retour d’e-mail. Privilégiez toujours d’aller directement sur le site en question.

Ce que vous devez avoir

Un antivirus, le bon sens. Tout d’abord investir dans une application antivirus et la mettre systématiquement à jour, sinon elle ne sert à rien.

Une application pour les mots de passe. Possédez donc une application où vous mettez vos mots de passe à l’abri. Vous n’aurez pas besoin de vous en souvenir, elle le fera à votre place tout en vous proposant des mots de passe solides.




Orange et la télémédecine

A l’heure où l’on ne parle que de déserts médicaux, Enovacom (filiale d’Orange Business Services) a annoncé en partenariat avec Microsoft, une offre dédiée visant à permettre la collaboration entre soignants à distance… l’objectif étant de favoriser l’adoption des nouvelles technologies et le développement de la télémédecine tout en accordant une place centrale à la protection des données patients (le cloud de Microsoft étant certifié HDS [Hébergeur de Données Santé]).

Ce partenariat entre les deux entités a été créé pour pallier le manque de professionnels et l’obsolescence des outils de travail actuels. C’est la suite bureautique Office 365 qui a été retenue afin de permettre l’optimisation de l’exploitation des données patients afin de donner une vision unique aux soignants.




Numérique en santé : agnès buzyn tranche sur la gouvernance

Création d’une délégation ministérielle du numérique en santé

Entre numérique et ministère, ça bouge dans la Santé. Agnès Buzyn, a annoncé fin avril la création d’une délégation ministérielle du numérique en santé (DNS) et la transformation de l’Agence des systèmes d’information de santé partagés (Asip santé) en Agence du numérique en santé (ANS). Selon les termes de la ministre des solidarités et de la santé, il s’agit de « renforcer la gouvernance numérique en santé » et d’éclaircir ainsi l’avenir de l’e-santé. La DNS devrait être opérationnelle d’ici décembre 2019.

Les mission de la DNS seront de :

  • définir la politique du numérique en santé,
  • garantir la cohérence au travers de ses arbitrages,
  • soumettre annuellement à la ministre une feuille de route et les budgets associés,
  • coordonner l’ensemble des acteurs institutionnels nationaux et régionaux,
  • superviser le pilotage de l’ensemble des chantiers de transformation numérique en santé.

Une partie de la délégation à la stratégie des systèmes d’information de santé(DSSIS) et de la délégation au service public d’information en santé (SPIS) seront intégrées à la DNS.

Conseil du numérique en santé

Une instance de concertation sur le virage numérique en santé sera créée avec la relance du Conseil du numérique en santé (CNS). Celle-ci avait été créée dans le cadre de la stratégie nationale « e-santé 2020 » sous l’ère Touraine.

Cette nouvelle instance sera constituée « de représentants des différentes parties prenantes de la e-santé en France, institutionnelles, publiques et privées, dans une logique de co-construction des orientations nationales du numérique en santé », a précisé le ministère.

Des experts du numérique, qui se réuniront au sein d’une cellule, auront pour mission « de faire de l’éthique un élément central du virage numérique en santé et de garantir un cadre de valeurs humanistes ».




Les algorithmes, les médecins novices et l’Intelligence Artificielle

Présent les 10 et 11 avril au SIDO (l’événement IoT, IA & Robotique à Lyon), Artificial Insight a présenté sa solution d’aide au diagnostic médical grâce à l’IA (Intelligence Artificielle).

Partant du principe que l’approche de l’IA ne peut se faire sans un réel savoir et un investissement temps, Artificial Insight a créé une plateforme pour aider les médecins à poser leur diagnostic.

Celle-ci permet d’utiliser via le cloud, le tout sans prérequis, des algorithmes d’aide au diagnostic développés en interne ou par des fournisseurs sélectionnés afin d’offrir aux patients les meilleurs soins, quelque que soit la modalité d’acquisition des données et quel que soit la pathologie. 

Cette solution nous ramène aux propositions du rapport Villani dévoilé il y a un an afin de « transformer les voies d’accès aux études de médecine » en intégrant « davantage d’étudiants spécialisés dans le domaine de l’informatique et de l’IA ». 

Vu l’évolution de ces nouvelles technologies, il est impératif que les futurs professionnels de santé doivent trouver une formation aux usages de l’IA, des objets connectés et du big data lors de leurs études en cours du premier et deuxième cycle de médecine.

Artificial Insight est la première plateforme d’algorithme portant le marquage CE pour le monde médical, et couvre tous les domaines thérapeutiques.

Un tutoriel sous forme de vidéo présente la plateforme Artificial Insight Store et son « trois clics » : lancer une analyse, suivre son exécution, accéder aux résultats. 




L’Apple watch approuvée par la FDA

L’AW dans sa version 4 est un appareil médical de la classe 2 de la Food and Drug Administration (FDA). (1)  il est considéré comme un dispositif médical doté de la détection des chutes et de trois nouvelles capacités de surveillance cardiaque : alerte de la fréquence cardiaque basse, détection du rythme cardiaque et moniteur électrocardiogramme (ECG) personnel.

(1) Classe II : Ce sont des dispositifs plus élaborés, tels les tests de grossesse, les implants faciaux ou les cathéters, qui nécessitent des contrôles spécifiques pour tester leur conformité. Lorsque ces tests ont été effectués en plus des contrôles généraux, les dispositifs de classe II sont soumis à la même procédure de Premarket notification [510(k)] que ceux de classe I.




La course à L’e-CG

Une équipe de chercheurs (1) s’est penchée durant un an sur la fiabilité des capteurs de fréquence cardiaque inclus dans les montres connectées et particulièrement l’Apple Watch (AW). L’étude portait essentiellement sur la fibrillation atriale (FA).

Cette étude, financée par Apple et portée par près de 400 000 personnes équipées de l’AW et connectées à l’application Apple Heart Study, devait répondre essentiellement à trois points :

  • les mesures effectives de fibrillation atriale Apple Watch/ECG ;
  • le nombre de participants consultant un médecin après une notification ; 
  • le niveau de fiabilité de l’Apple Watch par rapport à l’ECG.

La recette était simple : dès qu’un rythme cardiaque irrégulier était détecté, l’Apple Watch envoyait une notification à l’application afin que le volontaire consulte par vidéoconférence l’un des médecins participant à cette étude. 

Au cours de cette expérience, 2 000 personnes ont reçu une notification de rythme cardiaque irrégulier (0,5 %) avec une détection de fibrillation atriale chez un tiers d’entre-elles, soit environ 670 personnes. 

Suite à ces consultations, les volontaires concernés ont reçu un capteur ECG ambulatoire en parallèle de l’Apple Watch afin d’enregistrer leur rythme cardiaque durant une semaine.

La comparaison Apple Watch versus ECG a été de ce fait intéressante, la précision de la montre étant proche de l’ECG : 71 % de FA détectée par l’Apple Watch contre 84 % pour l’ECG.

Par contre, seuls 57 % des personnes ayant reçu une notification ont consulté un médecin.

Cette étude devrait être suivie par d’autres recherches dans le domaine des technologies connectées ainsi que leur utilisation.

Consultations connectées

Certains médecins, et cardiologues en particulier, ont déjà été confrontés à l’arrivée de sportifs munis d’une multitude de données, ceux-ci étant particulièrement sensibles à ces dispositifs, contrairement aux patients « grand public », pour qui il n’existe pas encore de véritable course aux données, la fiabilité des trackers personnelles toujours aléatoire étant le point négatif et donc non mesurable.

Toujours est-il que l’on peut s’interroger sur les prochaines étapes de l’évolution du système de Santé : téléconsultation, prétraitement grâce au matériel connecté avant une consultation physique. Ce qui sous-entend une évolution de la communication des données des objets connectés au médecin.

L’Apple Watch avertit de toute situation anormale et permet d’agir sans attendre, selon la partition de la firme à la pomme. Mais le système est actuellement impossible à mettre en place, car si chaque personne équipée d’un matériel connecté décroche son téléphone à la moindre alerte pour consulter son médecin, la saturation va être vite de mise…

En 2024, le marché des balances, trackers d’activités et objets connectés devrait représenter environ 370 milliards de dollars (à lire ici). L’e-santé s’appuie notamment sur la très forte croissance des maladies cardioneurovasculaires, le diabète et les cancers. Les GAFAM ne s’y sont d’ailleurs pas trompés avec les investissements colossaux réalisés ces dernières années.




Qare veut s’imposer dans la télémédecine

On sait que la télémédecine a le vent en poupe, notamment depuis le remboursement des téléconsultations en septembre dernier. Voir notre précédent numéro

Qare vient de lever 20 millions d’euros  grâce au fonds d’investissement de l’assureur AXA afin d’imposer sa solution de téléconsultation. La start-up a lancé sa solution en 2017, mise aujourd’hui sur une forte croissance pour concurrencer Doctolib afin de séduire les praticiens et de se faire connaître auprès du grand public.

Contrairement à Doctolib qui est parti, à l’inverse, d’un marché de prises de rendez-vous (elle a lancé récemment un service de téléconsultation médicale grâce à une levée de 150 millions d’euros), Qare a développé une plateforme uniquement dédiée à la téléconsultation. Elle revendique aujourd’hui plus de 10 000 consultations pour 300 professionnels équipés, que ce soit en médecine générale ou autre spécialité.

D’ici 2020, c’est à dire demain, Qare compte travailler avec environ 15 000 professionnels de santé pour un abonnement mensuel de 75 euros.

Pour en arriver à ce chiffre, la start-up a créé Qare Academy, une plateforme de formation afin de familiariser les médecins aux spécificités de la téléconsultation, une démarche qui permettra sans aucun doute à nombre de médecins d’accéder à la téléconsultation.




Apnées du sommeil : les enfants tiennent leur algorithme

En partant du principe que l’IA pouvait aider à l’identification des Syndromes d’Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS)  et que les places n’étaient pas suffisantes dans le monde pour réaliser des polysomnographies, une équipe internationale de chercheurs chinois, espagnol et américain (1) a développé un algorithme de machine learning (2) basé sur l’oxymétrie permettant de détecter avec précision la sévérité des apnées obstructives du sommeil chez des enfants qui ronflent. 

La polysomnographie a été réalisée sur une nuit complète. Un oxymètre relevait les données et, connecté à un smartphone par bluetooth, les transmettait au cloud pour qu’elles soient traitées de manière automatique par l’algorithme afin d’obtenir une estimation de l’Indice d’Apnées-Hypopnées (IAH).

L’algorithme ainsi développé a permis d’identifier avec une précision supérieure à 79 % l’ensemble des SAHOS, de 88,2 % pour un IAH de plus de dix arrêts respiratoires par heure, (3) avec une spécificité particulièrement élevée (92,7 %) et une sensibilité de 73,5 %. Seulement 4,7 % de résultats faux négatifs ont été répertoriés, où 0,6 % des enfants présentaient en réalité un syndrome modéré ou sévère.

Cette étude monocentrique algorithme vs polysomnographie a été réalisée auprès de plus de 400 enfants de 2 à 15 ans qui avaient une suspicion de SAHOS (ronflements réguliers au moins trois nuits par semaine). Même si elle est limitée par son approche (un seul appareil avec des mesures réalisées en une seule nuit), cette étude apporte une première analyse sur la précision diagnostique d’un oxymètre portable dont les données peuvent être analysées à distance par un algorithme de machine learning.

A termes, l’évolution de cette analyse devrait permettre de proposer aux patients une approche différente et permettre ainsi de surmonter les difficultés d’accès aux centres pédiatriques du sommeil et réduire les coûts du diagnostic du SAHOS chez l’enfant.

(1) European Respiratory Journal.
(2) Le machine learning, entendu comme l’ensemble des algorithmes qui permettent d’apprendre en identifiant des relations entre des données et de produire des modèles prédictifs de manière autonome, avec des Start up comme I’m OK et la gestion des pics d’activité dans la restauration.
(3) Cet index permet d’évaluer le degré de sévérité du problème d’apnée par événements respiratoires par heure (léger : 5 à 15 ; modéré : 15 à 30 ; sévère : plus de 30).




Les battements du cœur rechargent les pacemakers

Une équipe de l’université du Texas (1) vient de rendre public ses travaux sur un dispositif susceptible de recharger indéfiniment la batterie d’un pacemaker grâce aux battements du cœur. Le module  en question se compose d’un film polymère (2) dont la structure poreuse convertit en électricité les mouvements du filament en plomb qui relie le stimulateur cardiaque au cœur.
Même si l’idée d’exploiter la piézoélectricité n’est pas nouvelle, les chercheurs de l’université du Texas sont allés plus loin en testant avec de bons résultats leur appareil sur des animaux vivants. Les  phases d’évaluation devraient encore durer deux ans avant l’accès aux tests sur des volontaires humains. Ce système, qui pourrait être prêt pour une commercialisation d’ici à cinq ans ferait également office de capteur pour un suivi en temps réel des patients.

(1) Dartmouth College et du Health Science Center de l’université du Texas.
(2) Un film polymère à effet piézoélectrique a été développé par le Japonais Kuraray, ouvrant la voie à des applications de capteurs dans le médical. Il avait été présenté au Sensors Japan Expo, le salon des capteurs, qui s’était tenu en novembre 2010.

Source : Futura Santé




La loi et l’e-Santé connecté

Le classement des objets connectés

Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), les objets connectés de santé sont classés dans la catégorie des dispositifs médicaux.
Mais l’ANSM précise que « tout instrument, appareil, équipement, logiciel, matière ou autre article, utilisé seul ou en association, y compris le logiciel destiné par le fabricant à être utilisé spécifiquement à des fins diagnostique et/ou thérapeutique, est nécessaire au bon fonctionnement de celui-ci. Le dispositif médical est destiné par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins de diagnostic, prévention, contrôle, traitement ou atténuation d’une maladie, d’une blessure ou d’un handicap ; mais aussi d’étude ou de remplacement ou modification de l’anatomie ou d’un processus physiologique. Son action principale voulue dans ou sur le corps humain n’est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques ni par métabolisme, mais sa fonction peut être assistée par de tels moyens » (directive européenne 93/42/CEE).

La protection des données de santé

La protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental.
L’Union européenne a adopté depuis 2018 une définition légale qui précise les données de santé comme « des données à caractère personnel relatives à la santé physique ou mentale d’une personne physique, y compris les prestations de services, de soins de santé qui révèlent des informations sur l’état de santé de cette personne. »

La réforme de la protection des données poursuit trois objectifs :

  • Renforcer les droits des personnes, notamment par la création d’un droit à la portabilité des données personnelles et de dispositions propres aux personnes mineures ;
  • Responsabiliser les acteurs traitant des données (responsables de traitement et sous-traitants) ;
  • Crédibiliser la régulation grâce à une coopération renforcée entre les autorités de protection des données, qui pourront notamment adopter des décisions communes lorsque les traitements de données seront transnationaux et des sanctions renforcées.

Pascal Wolff




L’intelligence artificielle et les bases de données

Les budgets colossaux outre-Atlantique impressionnent, mais sont en accord avec l’intérêt majeur que portent à la Santé les géants mondiaux du numérique. L‘IA est en première ligne et les données de Santé en ligne de front, elles sont la base logistique de la Santé de demain. Sans elles, point de salut.

Si vous y regardez de plus près, par exemple le Système National d’Information Inter-Régimes de l’Assurance-maladie (SNIIRAM), l’organisme qui collecte les remboursements de la Sécurité sociale de la population française, vous serez surpris de voir qu’elle travaille sur 20 milliards de lignes de prestations. Jusqu’à maintenant, cette base, ainsi que d’autres en France, n’était que peu ou pas sollicitée par des demandes extérieures, mais à l’avenir, tout va changer.

Les algorithmes et l’IA, à la demande de la Caisse Nationale de l’Assurance-maladie (CNAM), sont passés à l’action à la SNIIRAM, à des fins de statistiques (détection de médecins ou pharmaciens qui prescrivent trop facilement des substituts aux drogues, identification des médicaments qui augmentent le risque de chutes…) [1]

Mais cette masse de données ne sera pas suffisante pour l’Intelligence Artificielle, car l’IA a besoin de masses colossales de lignes, ce que l’on voit d’ailleurs bien dans le fonctionnement des GAFAM.

En France, les bases de données, si elles existent bien, n’ont pas de structures organisationnelles solides, exceptés certains secteurs comme la radiologie, la biologie et la génomie. Il ne faut pas non plus oublier la grande richesse des hôpitaux, des laboratoires, des universités,… mais sans ligne transversale ni interopérabilité, rien ne peut être possible.

Il y a également un autre problème – et de taille –, la protection des données qui, en France, dépend de la loi de janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (2) avec un encadrement strict. Même si toutes les informations de Santé collectés par des organismes publics ont été regroupées au sein du Système National des Données de Santé (SNDS), il faut transmettre demandes et dossiers aux organismes accrédités qui donneront leurs avis avant d’envoyer leurs conclusions à la CNIL qui donnera son accord (ou pas).

La compatibilité de l’IA avec la loi est donc difficilement conciliable, car l’un des intérêts de l’Intelligence Artificielle est justement d’être libre comme un électron et lancé sans objectif précis dans les méandres des lignes algorythmétriques

Le marché de la Santé connectée est évalué à 4 milliards d’euros d’ici deux ans uniquement en France. (3) Ce montant considérable doit faire prendre la mesure de ce que notre pays doit être en passe de réaliser afin de rester dans la course à l’Intelligence Artificielle et trouver son équilibre entre droit fondamental, éthique et collecte des données.

Il faut également que la France définisse une stratégie industrielle afin d’avoir une maîtrise complète de ces technologies déterminantes pour l’avenir et se tourner vers l’Europe pour son marché économique.

Pascal Wolff

(1) Les Echos
(2) www.cnil.fr
(3) D’après le bureau d’études Xerfi




La santé ou le e-partage du pouvoir

L’e-santé, considérée comme une « priorité stratégique » par nombre d’industriels, a confirmé sa place grandissante dans le secteur des nouvelles technologies lors du CES 2019 qui vient de se fermer à Las Vegas. Malgré son orientation grand public, ce salon donne l’occasion aux professionnels de cerner les tendances et besoins futurs de l’e-santé.

Les GAFAM (1) avaient, bien sûr, fait le déplacement (exceptée Apple), accompagnés, et c’est nouveau cette année de par son nombre, des start-ups profilées e-santé de la French Tech qui prouvent bien, notamment en France qui en fait une spécialité, que cette technologie entre dans une nouvelle ère. L’Europe, par contre, et malgré l’importance stratégique du secteur de la Santé, tant par son éthique que pour l’importance de son secteur économique, en a été la grande absente.

Une disparition progressive des gadgets

La première tendance vue à ce CES est la disparition progressive des gadgets, remplacés par une technologie connectée bien plus évoluée (grâce aux bases de données), qu’elle soit matérialisée en capteurs (montres, vêtements, tensiomètres…) ou assistants personnels. Cette jeune technologie pose cependant quatre problèmes majeurs :

1. le mélange des genres (voulu) entre accessoires et applications orientés bien-être et outils qui ont un réel usage et impact médical.
2. La protection de bases de données sur lesquelles s’appuient tous ces objets.
3. La difficulté de compréhension que l’on retrouve autant dans le grand public que chez les professionnels, avec, à  la clé, l’utilisation faite par l’usager des résultats fournis : protection des données, interprétation, diagnostic.
4. Le matériel : développement des logiciels, fiabilité, qualité des capteurs,…

Haro sur le transhumanisme

Nous sommes à l’aune de ces deux concepts Bien-être et Santé qui font chacun leur buzz avec une montée en gamme dans un futur très proche, l’un dans le grand-public et l’autre dans les milieux professionnels. 

Les GAFAM, misent grand, non seulement pour rentabiliser à terme leurs recherches sur investissement, mais également pour occuper un marché aussi vaste que stratégique. Chacun y allant de sa filiale dédiée Santé, seul ou en coopération avec des laboratoires pharmaceutiques.

Google, par exemple, a créé Verily en 2016 (puis Galvani Bioelectronics en partenariat avec GSK et Onduo avec Sanofi). 

Cette filiale a travaillé il y a trois ans sur un projet de lentilles connectées destinées aux diabétiques, mais le projet s’est arrêté net en novembre dernier, l’entreprise justifiant son incapacité à relever le défi. Début janvier, Verily est repartie de plus belle en annonçant une levée de plus d’un milliard de dollars sans en communiquer la moindre information. Cependant, la filiale de Google mène plusieurs études, dont l’une avec plus de 10 000 cobayes pour « mieux comprendre les moyens de prédire et de prévenir l’apparition et la progression de la maladie » pour une durée de quatre ans. Veliry ne cache pas de transformer radicalement la manière dont les soins sont aujourd’hui fournis.

Apple a ouvert la voie avec le smartphone qui est devenu le symbole de notre vie quotidienne. Elle mise aujourd’hui sur les bases de données médicales à « portée de main » sur ses appareils connectés. La firme à la pomme serait en discussion avec plusieurs assurances Santé afin de prendre en charge l’AppleWatch dans le cadre de Medicare, (2) notamment auprès des seniors (plus de 65 ans) n’ayant pas les moyens de se la procurer. La dernière version inclus, hors tracker d’activité, un détecteur de chutes et un électrocardiogramme qui « peut sauver de vies », selon les propres mots d’Apple.

La firme nourrit des ambitions très commerciales sur ses projets avec une accélération de ses ventes. Quid de l’utilisation d’un objet connecté aussi sophistiqué que l’AppleWatch pour une personne âgée ?

Axa, dans un temps pas si lointain, avait déjà proposé un produit similaire à certains souscripteurs dans la même logique (le capteur de Withings), et Generali, d’une façon plus globale, également.

Une main mise sur le marché des données

Microsoft a présenté il y a deux ans un plan pour vaincre le cancer avant 2026 grâce à l’IA, comme si c’était un virus. Elle veut favoriser les outils numériques « afin d’encourager les gens à vivre des vies plus saines, et à offrir des analyses pouvant faire avancer la recherche médicale ».
Facebook, qu’on se le dise, veut éradiquer la totalité des maladies avant la fin du XXIe siècle…
Amazon, quant à elle, a annoncé fin 2018, le lancement d’Amazon Comprehend Medical, un service dédié aux professionnels de santé utilisant le machine learning pour permettre un gain de temps dans la prise de décision grâce aux analyses des dossiers médicaux. Roche Diagnostics utilise ce procédé.

Les Américains sont galvanisés par les sources de données qui permettront à elles seules d’interagir avec l’Intelligence Artificielle. Elles sont extrêmement précieuses pour la maîtrise de l’e-santé, le point d’orgue des GAFAM.

Intelligence artificielle versus médecin

Mais nous ne sommes pas encore à l’ère où l’Intelligence Artificielle vous chuchotera à votre oreillette bluetooth : « Heu, tu as un cancer, mais ne t’inquiète pas, on vient de l’intercepter, tu es en phase de rémission à 1.13 GHT… », ou « Attention, Jean, vous avez une forme d’arythmie ». Comment Jean, à partir de son capteur lors d’un footing en forêt, va-t-il interpréter l’information ? Sait-il ce qu’est une arythmie ? Va-t-il la prendre en compte et en parler à son médecin ? Ou juste se dire que cette montre est un gadget de plus et qu’il n’y a pas de quoi pavoiser ?

L’enjeu des industriels est d’assurer une traduction essentielle dans les suggestions de soins et les conseils utiles, certains en font d’ailleurs leur cheval de bataille.

Pascal Wolff

(1) GAFAM : Acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.
(2) Medicare : système d’assurance-santé géré par le gouvernement fédéral des États-Unis au bénéfice des personnes de plus de 65 ans ou répondant à certains critères.




CES 2019 – la Santé mon amour

Le secteur de la Santé a été la tendance phare du CES de Las Vegas, notamment grâce aux investissements des starts-up et des développements de l’Intelligence Artificielle, de la robotique… et l’explosion des objets connectés, tant dans la Santé professionnelle que le Bien-être, notamment avec les groupes américains tels Google ou Amazon.

Signe de la tendance, le Digital Health Summit, l’équivalent d’un congrès médical, a pris son importance au CES, avec la rencontre entre spécialistes et intervenants sur l’avenir des soins de santé numériques.
A noter également la création du village français, Smart santé, conçu pour recevoir la cinquantaine de starts-up de la French Tech.
Le domaine de la Santé, dans cette explosion de données, est arrivé en ordre dispersé au CES, entre Santé véritablement professionnelle et Bien-être et Fitness. Les thérapies digitales ont été très présentes, accompagnées pour le coup par des industriels du médicament qui développent des stratégies dites « beyond the pill » (au-delà du médicament). La Réalité Virtuelle (VR), la Réalité Augmentée (RA) ainsi que l’Intelligence Artificielle (IA) [en savoir plus ici] et le deep learning sont restés les vedettes du CES.

Charlie arrive…

Charlie, c’est le robot médical autonome et interactif de New Health Community, une start-up toulousaine. 1,60 mètre pour 65 kg, Charlie a été conçu pour accompagner personnel de Santé et patients au sein d’un établissement hospitalier.
Il se déplace en réelle autonomie, peut converser à distance à partir d’un ordinateur ou d’un smartphone, être piloté par le geste ou par la voix.
Il met à disposition des patients tensiomètre, oxymètre, stéthoscope et apporte également des informations concrètes comme le parcours médical des patients, des tutoriels, d’applications interactives. Un patient éduqué et informé de sa maladie, selon son concepteur, Nicolas Homehr, médecin généraliste, diminue son stress et le positionne dans sa responsabilisation.
Des modules d’intelligence artificielle ont été développés pour Charlie qui est transformable selon les demandes.
La commercialisation est annoncée pour l’été 2019.

… Withings revient…

Withings, avec ses rocambolesques rachats par Nokia puis par son fondateur deux ans plus tard, Eric Carreel, a présenté une nouvelle montre analogique, Move ECG, qui permet de mesurer son ECG qui apparaît instantanément dans l’application Health Mate. Si une FA a été détectée, elle sera indiquée et le résultat pourra être envoyé au médecin enregistré. Cette montre sera disponible au printemps 2019.
C’est aussi un coach santé qui mesure l’activité quotidienne (marche, course, natation et nombre de marches montées). Ceci dit, les tests entre les différents objets connectés que nous avons pu comparer n’ont jamais trouvé les mêmes mesures. A utiliser donc avec une certaine réserve lors du nombre de vos pas lors de vos footing et autre marche…

… La poste également

Etre soigné grâce au numérique, tel est le credo lancé cette année. Après son annonce faite au CES 2018 et son application santé, le groupe La Poste, qui a emmené cette année quinze starts-up, dont six dans le domaine Santé, fait évoluer l’offre de Docapost, sa filiale santé.
Fort de la plus grande base de données de santé en France avec 45 millions de dossiers de santé actifs, La Poste passe maintenant au mode industriel en présentant trois innovations :

  • Un assistant digital (Adel) du groupe Elsan (1) qui accompagne les patients dans leurs parcours d’hospitalisation jusqu’à leur retour avec trois fonctions principales : les étapes dans l’établissement hospitalier, la connexion avec l’équipe médicale une fois sorti, les formalités administratives.
  • La Poste a créé pour les particuliers, en partenariat avec Cerba Healthcare, (2) un service de récolte et de stockage d’analyses médicales au sein de son application. La visualisation des documents se présentant sous format pdf (et donc facilement transférable) ou visuel en graphiques ou courbes de suivi.
  • Enfin, une application destinée à la chirurgie bariatrique et l’hyperobésité est la troisième innovation,  en partenariat avec l’IHU de Strasbourg. Elle permet aux patients d’interagir à distance avec le personnel médical et de bénéficier d’un suivi médical. Cette application s’accompagne d’un jeu d’objets connectés (oxymètre, tensiomètre, balance, bracelet).

Mais également

Orange Business Services a été également présenté par l’intermédiaire de sa filiale Enovacom, spécialisée dans l’exploitation des données de santé hospitalières. 

Pharmagest (groupe Welcoop) était également présente afin de présenter ses derniers développements en matière de santé digitale avec son application Health Journey Portal et son boitier « e-health box » pour le maintien à domicile des personnes âgées.

En matière d’intelligence articielle, ExactCure, accompagnée par Dassault Systèmes, propose la création d’un jumeau digital d’un patient pour simuler l’effet d’un médicament sur son organisme.

(1) Elsan, premier groupe de cliniques français.

(2) Cerba Healthcare, premier groupe de laboratoire biologique français avec 400 établissements.




CES 2019 : les récompenses françaises

La cérémonie des Innovations Awards a récompensé 11 starts-up en e-santé.

E-Vone. Chaussures connectées et géolocalisables pour les personnes âgées.

Healsy. Plateforme mobile dotée de l’IA de support à la décision pour les personnes diabétiques.

Hypno VR. Solution logicielle pour effectuer des anesthésies sous hypnose à l’aide de casques de réalité virtuelle.

Koovea. Solution connectée d’enregistrement et de traçage des médicaments thermosensibles.

Lifeina. Mini-réfrigérateur portable et connecté pour le transport des médicaments thermosensibles.

Meersens. Objet connecté destiné à mesurer l’environnement ambiant, l’eau et les aliments.

Numii. Outil connecté de mesure en temps réel de l’environnement de travail.

Team8. Montre connectée pour les enfants âgés de 5 à 12 ans pour les aider à mieux gérer leur santé grâce à un jeu évolutif. Lire notre article

Ullo. « Bac à sable » lumineux et connecté qui s’adapte aux émotions des patients souffrants de troubles cognitifs.

UrgoTech. Système de mesure électro-encéphalographique associé à une série d’exercices d’entraînement cérébral pour apprendre à retrouver un sommeil de qualité.

Withings. Montre connectée Move ECG, tensiomètre connecté BPM Core. Lire notre article