Cherchez l’erreur !

Vous avez aimé le feuilleton estival de la crise des urgences hospitalières ? Bonne (ou mauvaise) nouvelle : il joue les prolongations en cette rentrée avec des acteurs pas démobilisés pour deux sous par les 752 millions mis sur la table par Agnès Buzyn. On aura connu des ministres mieux inspirés. Car enfin, il y a – au moins – erreur de diagnostic et, par voie de conséquence, erreur sur la thérapeutique par l’« investissement massif ».

Qu’il y ait un problème de financement des urgences à l’hôpital, tout le monde y souscrit mais on nous permettra de penser qu’il y a un problème de surfinancement. Un établissement touche ainsi un forfait de 26 € par patient, préalablement à toute consultation ou examen complémentaire évidemment facturés en sus. Le premier forfait ne serait pas abusif si le monde libéral pouvait y accéder. Le problème survient ensuite à l’hôpital avec un deuxième forfait calculé, lui, … sur la fréquentation annuelle.

Double source d’inflation ! Avec une rémunération unitaire comprise, selon les établissements, entre 100 et 200 euros, l’hôpital public a ainsi gros intérêt à voir la patientèle se précipiter dans ses murs ! Outre sa principale source de recrutement, le service de porte est devenu, depuis la T2A, un des premiers leviers de financement de tout l’établissement. Deux copilotes sont aux manettes : le chef de service qui voit son influence en hausse et le directeur financier qui voit augmenter ses ressources.

La moitié des services s’est donc mise en grève, dénonçant les conditions de travail, exigeant des moyens supplémentaires. Il est aussi intéressant de s’intéresser à ceux… qui ne sont pas en grève et affichent une insolente joie de vivre. Le Journal du Dimanche l’a fait dans son édition du 8 septembre en appelant à la barre deux patrons de services « qui marchent », les Prs Enrique Casalino et Philippe Juvin (Bichat et Georges Pompidou), qui expliquent leur mode de management… inspiré du privé. Avec, du premier, cette sentence sans appel : « Ne serait-ce que 10 % d’activité en moins permettrait à l’hôpital de retrouver finesse et souplesse, et le privé pourrait l’aborder.

Tout est dit. Soit rigoureusement l’inverse de ce qui se pratique depuis 20 ans, avec la complicité active des ARS !

Jean-Pierre Binon
Président du Syndicat National des Cardiologues