Claire Mounier-Vehier : prendre soin du cœur des femmes

Le Pr Claire Mounier Vehier est chef de service de médecine vasculaire-HTA du CHU de Lille. En 2020, passionnée par la santé des femmes, elle co-fonde avec Thierry Drilhon, haut dirigeant d’entreprise et président de la Franco British chamber, le fond de dotation « Agir pour le cœur des femmes – Women’s cardiovascular healthcare foundation ».
Les femmes sont aussi touchées par les maladies cardiovasculaires Les maladies cardiovasculaires tuent chaque jour 200 femmes en France et 25 000 dans le monde. De fait, si la mortalité cardiovasculaire globale a diminué depuis 20 ans, on constate une augmentation inquiétante chez la femme de moins de 55 ans : à âge égal, la mortalité hospitalière du syndrome coronarien aigu chez la femme est plus importante que chez l’homme. Malgré cela, les femmes ne se sentent pas concernées par ces maladies qui sont insuffisamment dépistées. Les spécificités de la santé cardiaque des femmes Les femmes cumulent différents types de facteurs de risque. En plus des traditionnels tabac, stress psychosocial, précarité, sédentarité, surmenage, alimentation déséquilibrée, surpoids, obésité, diabète… elles subissent les effets des risques hormonaux spécifiques, notamment ceux liés à une contraception inappropriée, des grossesses de plus en plus tardives, l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, la ménopause… À âge égal, les femmes ont davantage de facteurs de risque que les hommes, avec un impact artériel plus délétère chez elles. L’hypertension est aussi spécifique chez la femme, notamment avant la ménopause : les plaques d’athérome sont alors molles et peu calcifiées. Son dépistage nécessite donc un coronaroscanner et non un score calcique. Un fond de dotation dédié à la santé de la femme Les facteurs de risque spécifiques de la femme peuvent être évités dans la plupart des cas grâce à une éducation à la santé et un dépistage aux différentes étapes de la vie hormonale. Ainsi, 8 accidents cardiovasculaires sur 10 sont évitables avec une information, une éducation à la santé et un dépistage dédié. C’est dans cet objectif qu’a été créé « Agir pour le cœur des femmes » dont les objectifs sont d’alerter, d’anticiper et d’agir. Une action concrète sur le terrain Grâce au bus du cœur des femmes, la fondation va à la rencontre des femmes, en particulier les plus vulnérables. Le bus mobilise dans chaque ville 45 à 50 professionnels de santé – libéraux et hospitaliers – dont 2 5% de cardiologues et 25 % de gynécologues / sage-femmes. Les CPAM et les services sociaux des villes sont également impliqués pour orienter les femmes concernées vers le bus. Celui-ci reste 3 jours dans chaque ville et accueille en moyenne 230 femmes. Parmi elles, 70 % ont plus de 3 facteurs de risque, 40 % n’ont pas de suivi gynécologique et 8/10 n’ont jamais vu de cardiologue. L’objectif est de leur faire intégrer un parcours de soins cardiologique et gynécologique grâce au réseau mis en place lors du montage de l’opération. Les cardiologues libéraux impliqués dans l’action de la fondation Dans chaque ville, des cardiologues libéraux s’impliquent aussi bien en amont du passage du bus que pendant et après, en proposant notamment des consultations tarifées secteur 1 pour assurer le suivi des patientes dépistées. De plus, la constitution d’un écosystème local permet aux professionnels de santé de se rencontrer, d’échanger et de travailler ensemble par la suite. La fondation propose également aux cardiologues libéraux de se former aux spécificités des maladies cardiovasculaires chez les femmes.

© Agir pour le Cœur des Femmes – London deposit/depositphotos

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