Covid-19 : la stratégie de rentrée du gouvernement

Medscape – « Il va falloir apprendre à vivre avec le virus » a martelé le Premier ministre, Jean Castex, lors de la conférence de presse de rentrée du gouvernement ce jour, où, accompagné des ministres de la Santé et de l’Education nationale, il a détaillé la stratégie des prochaines semaines dans la lutte contre la Covid-19.

Phase incontestable de recrudescence de l’épidémie

Cette conférence de presse intervient alors que nous « sommes une phase incontestable de recrudescence de l’épidémie » a indiqué le chef du gouvernement rappelant que le R-effectif (taux de reproduction du virus) est aujourd’hui de l’ordre de 1,4 contre 3 au plus fort de l’épidémie et 0,7 au sortir du confinement. De plus, le taux de positivité des tests est actuellement de 3,7% contre 1% au moment du déconfinement alors même que le nombre de personnes testées continue de progresser fortement : 

840 000 tests ont été réalisés la semaine dernière, dépassant l’objectif initial de 700 000 tests hebdomadaires. Maintenant que la France a rattrapé son retard, l’objectif du ministère de la santé, après concertation avec les laboratoires de biologie médicale, est désormais d’attendre le million de tests hebdomadaire en septembre. Mais pour éviter les embouteillages, un ordre de priorité a été défini : d’abord les examens à visée diagnostique avec un objectif d’examen dans les 24 heures et de résultat dans les 24 heures suivantes, puis les examens à visée de dépistage et enfin les examens à visée de dépistage individuel pour convenance personnelle (retour de vacances par exemple) ou à visée de surveillance épidémiologique. Actuellement, le délai de résultat du test est d’une journée dans la moitié des cas et inférieur à 36 heures dans 80% des cas.

21 départements dans le rouge 

« Nous sommes dans une situation que les scientifiques n’avaient pas forcément modélisée, a estimé Jean Castex. L’épidémie gagne du terrain, il faut donc continuer à intervenir massivement. Mais tirer la sonnette d’alarme ne veut pas dire que nous sommes dans une situation grave ». Celle-ci est en effet contrastée.

Désormais 21 départements sont placés en zone dite « rouge » de circulation active c’est-à-dire où l’incidence du Covid-19 est supérieure à 50 pour 100 000 habitants. C’était déjà le cas à Paris et dans les Bouches-du-Rhône.

L’amélioration notable de la situation dans la Mayenne où l’incidence est passée de 153,9 au 28 juillet à 25,9 aujourd’hui a encouragé le gouvernement à privilégier une « approche territoriale » pour gérer l’épidémie. « Le risque épidémique doit être piloté au plus près du terrain avec des stratégies de réponses ciblées, rapides et graduées dès lors qu’on constate une dégradation de la situation, a souligné Jean Castex, qui avait lui-même géré le déconfinement en mai. Les préfets préparent en lien étroit avec les maires et les élus des plans d’action pour adapter leur territoires ».

Ainsi par exemple, a déjà été décidée dans les Bouches-du-Rhône la fermeture des bars et restaurants après 23 heures. Pour autant, l’action des préfets reste guidée depuis Paris.

« Dans les 21 départements en rouge, les préfets disposent de pouvoirs renforcés et ils sont invités à généraliser le port du masque dans l’espace public au moins dans les grandes agglomérations » a, en effet, expliqué le Premier ministre, ajoutant avoir « demandé au Préfet de police de Paris d’engager une concertation avec la maire et les élus des départements de la petite couronne où il nous semble urgent d’agir en matière de port du masque ».

Masques pour lycéens et collégiens

La gratuité du masque dont a été écartée en dehors des personnes vulnérables qui peuvent l’obtenir sur prescription médicale et des trois millions de ménages les plus modestes qui recevront à nouveau des stocks en octobre. Au total, 100 millions de masques ont été distribués. Des assouplissements pourraient néanmoins être envisagés sur le port du masque en entreprise en fonction des prochaines recommandations du Haut conseil de santé publique (HCSP). A l’école, celui-ci reste obligatoire pour tous les adultes et pour les collégiens et les lycéens, comme l’avait annoncé le ministre de l’Education nationale la veille.

Le Premier ministre, qui fut entre 2005 et 2007, directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS), a enfin indiqué qu’il faudra dans les prochaines semaines « tirer les enseignements structurels de cette crise inédite pour notre système de santé et de soins, comme nous avons commencé à le faire en juillet avec la signature de l’historique accord du Ségur de la santé ».

Stock de masques et de médicaments reconstitués

Pour l’heure, le ministre de la santé a détaillé l’état de préparation de l’hôpital en cas de seconde vague épidémique. Une commande 400 millions de paires de gants a été passée dont 60 millions arriveront « dans les prochains jours » et un arrêté de plafonnement des prix des gants pourrait être pris, si nécessaire. En réanimation, 12 000 lits peuvent être rendus disponibles pour accueillir « deux fois plus de patients en même temps que lors de la première vague ». Des stocks de médicaments de réanimations ont été reconstitués afin de pouvoir soigner jusqu’à 29 000 malades. C’était « un point particulièrement difficile pendant le pic épidémique» a reconnu Olivier Véran. En outre, 4 milliards de masques ont été commandés et le stock national d’un milliard de masque (800 000 chirurgicaux et 200 000 FFP2) devrait être enfin reconstitué d’ici à la fin septembre. « J’ai demandé aux établissements de santé ainsi qu’aux professionnels libéraux de disposer eux-mêmes d’un stock leur permettant de tenir trois semaines » a ajouté le ministre de la santé.

Aucune décision n’a été prise sur une éventuelle obligation vaccinale

Dans les Ehpad, « le but est d’éviter au maximum, un nouveau confinement » a souligné Olivier Véran. C’est pourquoi, le dépistage des personnels est intensifié notamment dans les zones où le virus circule activement. « Nous maintenons un soutien médical à haut niveau avec des astreintes de gériatres, des interventions facilitées pour les médecins libéraux et des équipes mobilières hospitalières » a-t-il ajouté sans plus de précision. Les décisions d’encadrement des visites le seront « au cas par cas et toujours proportionnées ».

S’agissant enfin des vaccins attendus pour la fin de l’année ou le début de l’année prochaine, un accord de précommande a été signé, quatre sont sur le point de l’être et quatre sont en cours de négociation. Pour l’heure, aucune décision n’a été prise sur une éventuelle obligation vaccinale.

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