Discours présidentiel : le compte n’est pas bon

Accueilli timidement par les hospitaliers, le discours du président de la République a consterné la plupart des syndicats de médecins libéraux.


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Alors qu’Emmanuel Macron avait promis de répondre aux revendications des médecins libéraux, dont plus de 2 000 ont manifesté jeudi à l’appel du collectif « Médecins pour demain », son discours du vendredi 6 janvier a fortement déçu les principaux intéressés, tant sur le fond que sur la forme.

Les mesures énoncées ne sont en effet que des redites dont on sait qu’elles ne suffiront ni à rassurer les libéraux ni surtout à répondre à leur ras-le-bol. Le président a ainsi évoqué le financement de 10 000 assistants médicaux à fin 2024 alors qu’il en faudrait 40 000 (et que les modalités dudit financement ne sont toujours pas connues), le développement de la téléexpertise et de la téléconsultation (plafonnés à 20 % de l’activité annuelle des médecins), le renforcement de la délégation des tâches notamment cliniques alors que les médecins sont noyés sous l’administratif et une meilleure rémunération de la permanence des soins ambulatoire déjà annoncée par l’exécutif.

Notre pays fait face à une pénurie de professionnels de santé, comme tous les pays européens. En accordant encore de nouveaux moyens à l’hôpital tout en ne répondant pas aux inquiétudes des médecins libéraux, le président de la République ravive l’opposition public-privé alors que répondre aux besoins en santé de la population exige que les différents professionnels de santé travaillent ensemble, chacun devant avoir les moyens d’exercer dans des conditions adaptées à la prise en charge des patients.

Alors que les négociations conventionnelles se poursuivent, le président Macron a crispé les syndicats et suscité leur méfiance. Il est urgent qu’il rectifie le tir.

Nathalie Zenou

© 360ber/depositphotos