Disparitions de deux figures du syndicat

Claude Bergogne, qui fut l’un de nos présidents les plus emblématiques, et Geneviève Guiffant, sa secrétaire, première secrétaire administrative du syndicat national, nous ont quittés récemment. C’étaient des personnages hors normes. La rédaction leur rend hommage…
Mon cher ami Claude Bergogne
– Christian Aviérinos
Claude Bergogne, le bâtisseur du syndicat national des cardiologues
– Yves Decalf
Au revoir… –
Annick Le Bohec

Mon cher ami Claude Bergogne

C’est à Marseille que j’ai rencontré Claude pour la première fois, lors d’une réunion syndicale organisée par le regretté Roger Benyamine, alors président du syndicat des cardiologues de Provence.

Je ne me souviens plus de l’attaque que les cardiologues venaient de subir, mais l’ambiance était franchement houleuse ; jeune installé et  jeune adhérent, alors bien peu au fait de toute notion de syndicalisme médical, j’avais été très impressionné par la personnalité de cet homme : son calme, son charisme, sa maîtrise des dossiers m’avaient charmé autant que sa distinction naturelle et sa courtoisie.

Il avait d’ailleurs survolé la séance, malgré une escarmouche cocasse avec l’un de mes ainés que je ne peux me retenir de rapporter car elle contribua paradoxalement à détendre l’atmosphère : le président  national venait de dire, un peu à la légère, à propos de la formation initiale, que l’internat qualifiant était un problème car un interne pouvait devenir cardiologue en dix-huit mois tandis que le CES exigeait un apprentissage de trois ans sanctionné par un examen
 « Mieux vaut travailler jour et nuit pendant trois semestres que cinq minutes par semaine pendant trois ans » fut la réponse cinglante de l’un de mes ainés, ancien interne mais déjà râleur !

A coup sûr, c’est à Claude que je dois mon entrée en syndicalisme cardiologique.

Nous nous sommes vus régulièrement par la suite, notamment toujours à Marseille, lors des congrès que j’avais la chance d’organiser pour le CNCF, où il avait accepté de piloter une session syndicale et une réunion du Conseil d’administration national ; je lui suis encore aujourd’hui reconnaissant de ce soutien car cette réunion officielle de cadres syndicaux permettait d’accroitre notablement la notoriété de ce jeune  congrès et contribuait à lui donner un caractère national.

Claude, assurément, fut un grand président ; son rôle fut d’ailleurs déjà déterminant lorsqu’il n’était encore que secrétaire général ; comme il racontait avec élégance dans « soixante ans de syndicalisme », (1) et comme le rappelle fort justement Yves Decalf, c’est à lui que l’on doit l’inscription à la nomenclature de la plupart de nos actes cardiologiques.  Ces négociations, comme il le soulignait avec humour, étaient à la fois « difficiles et bon enfant » ; avec le docteur Marty, médecin conseil national éminent  avec lequel il entretenait de bons rapports, les réunions officielles succédaient aux rencontres officieuses, et Claude aimait à répéter avec malice que « les coulisses étaient souvent aussi efficaces ». 

Claude Bergogne fut également l’un des principaux artisans du développement du Cardiologue dont il fut le rédacteur en chef pendant vingt ans, de 1967 à 1987.

Claude Bergogne, comme il le disait avec fierté mais sans forfanterie, pensait « avoir contribué  à faire passer le syndicat de l’état d’état-major sans troupes à une structure solide, influente et authentiquement représentative ».

Nous ne le remercierons jamais assez pour sa compétence et son dévouement.

La rédaction du journal, très attristée par ce décès, présente à sa famille ses condoléances les plus sincères.

Christian Aviérinos, directeur de la publication

(1) 60 ans de syndicalisme, J.-P. Durand, C. Aviérinos,
J.-F. Thébaut, édité par Cardiologue Presse en 2009

Claude Bergogne, le bâtisseur du syndicat national des cardiologues

Claude nous a quittés le 17 août dernier, à l’âge de 91 ans.

Après avoir assuré le secrétariat général de 1965 à 1977, il a été le président qui a structuré notre syndicat, en assurant son indépendance et en développant ses actions. Il l’a présidé de 1978 à 1990 (avec une interruption de 1984 à 1987). D’une « amicale », il en a fait la force syndicale puissante, que nous connaissons aujourd’hui.

Il a été aussi le président « nomenclature ». C’est auprès de lui que nous avons appris les arcanes de cette nomenclature. 

A l’époque on ne connaissait que la consultation, l’ECG, les phonomécanogrammes et la radioscopie. 

Il a fallu intégrer, le cathétérisme droit puis gauche, l’angiographie, le choc électrique, la surveillance en soins intensifs, la stimulation, l’épreuve d’effort, le Holter, l’échographie. C’est lui qui a d’abord convaincu l’Assurance-maladie (et parfois certains groupes de médecins) de l’intérêt de ces techniques. Avec difficultés et beaucoup d’obstination, il a réussi leur inscription à la nomenclature.  

Il a su faire reconnaître la spécialité cardiologique, unifier notre syndicat, développer les régions, imposer sa participation au sein des centrales syndicales, CSMF, puis FMF et SML, porter en avant les progrès rapides de la cardiologie d’alors.

En sus de son activité de cardiologue, il s’est consacré à cette transformation de la cardiologie libérale pendant 2 décennies 1970 à 1990. Et nous sommes fiers d’avoir participé en partie auprès de lui à cette évolution, et aux résultats marquants qu’il a obtenus.

Il a montré l’exemple aux présidents qui lui ont succédé, avec sa foi en la cardiologie et sa détermination sans faille. 

Claude, c’est aussi un ami qu’on perd, humaniste, homme d’écoute, de conviction et de pondération.

Ceux qui l’ont connu sont remplis d’émotion et d’une grande tristesse. 

Nous adressons à toute sa famille notre profonde reconnaissance.

Yves DecalfAncien président du syndicat national des cardiologues

Au revoir…

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris les décès de
Geneviève Guiffant et de Claude Bergogne à quelques jours d’intervalle. Geneviève Guiffant, Claude Bergogne et leurs familles étaient amis.

Geneviève Guiffant a été la première secrétaire administrative du syndicat des Cardiologues et a œuvré pendant de longues années au service de ces derniers tant auprès de Henri Kaufmann, de Claude Bergogne que de Henri Lafont. 

Elle y avait pris ses fonctions alors que Claude Bergogne n’était encore qu’un secrétaire général adjoint du syndicat. Ils ont tous deux fait en sorte que votre journal, Le Cardiologue, puisse voir le jour avec les moyens du bord de cette époque et de façon régulière chaque trimestre. Elle a participé à de nombreuses manifestations dont l’organisation d’un séminaire à Jersey (une première…) et surtout celle de l’assemblée plénière du 2 février 1985
réunissant à la Maison de la Chimie plusieurs centaines de cardiologues de toute la France à propos de la dissociation de la CS et du K. Elle a toujours été à l’écoute et au service des membres du Con-
seil d’Administra-
tion avec compé-
tence et gentil-
lesse. 

Personnellement j’ai fait sa connaissance en 1985 alors que je venais de prendre le secrétariat administratif du syndicat des Cardiologues de la région parisienne. Nous partagions, rue Daguerre, un même petit local et elle a eu la patience et la gentillesse de me donner les conseils nécessaires pour essayer de comprendre au mieux le fonctionnement de cette structure. 

Toujours pleine d’entrain, de vivacité et de joie de vivre, elle n’avait pas d’appétence pour les nouveaux outils informatiques qui commençaient à s’installer dans les bureaux et m’avait demandé de m’y investir tant pour le Parisien que pour le National. Aussi est-ce naturellement que j’ai pris sa succession au syndicat National quelques mois plus tard lorsqu’elle a fait valoir ses droits à la retraite. 

C’est donc avec Claude Bergogne, « mon » premier président national, que j’ai commencé ce long chemin. 

Claude Bergogne était un homme charmant, courtois, plein de délicatesse et j’ai eu plaisir à travailler avec lui pendant quelques mois qui ont été relativement calmes après une période très agitée ! Yves Decalf et Christian Aviérinos vous en parleront mieux que moi. Mais je garde de ces années un plaisir infini à échanger avec lui, même après son relatif éloignement des postes officiels. Je sais qu’il a, non seulement, toujours été à l’écoute de ses successeurs, mais aussi de bon conseil.

« Gene », comme l’appelaient les filles de Claude Bergogne, est peu connue des nouvelles générations de cardiologues, mais que les plus anciens aient une pensée pour elle serait un beau geste de remerciement pour toutes les années passées au service du syndicat.

Je me permets d’adresser mes plus sincères condoléances à leurs proches et les assure de toute ma sympathie. n

Annick Le BohecSecrétaire administrative du syndicat national des cardiologues

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