DMP : c’est re-reparti !

« Le DMP a été longtemps attendu, maintes fois annoncé, maintes fois repoussé. Il doit devenir demain une évidence pour tous les Français. » Ainsi s’est exprimée la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en annonçant, avec le directeur général de la CNAM, Nicolas Revel, la relance du Dossier Médical Partagé (DMP) avec l’objectif d’ouvrir 40 millions de dossiers d’ici 2022.

Annoncé en 2004 par le ministre de la Santé d’alors, Philippe Douste-Blazy, qui espérait le voir mis en œuvre « en trois mois », le DMP a connu des avancées plus que spasmodiques. Remis en selle une première fois par Xavier Bertrand en 2007 et une seconde fois en 2010 par Roselyne Bachelot, le DMP n’a pas décollé, mais ce non-décollage a été coûteux comme l’avait souligné la Cour des comptes qui estimait l’addition à « au moins 210 millions d’euros » en 2013 pour l’ouverture de quelque 200 000 dossiers, dont la moitié était vide.

En 2016, Marisol Touraine remet le DMP sur le métier et en confie le pilotage à l’Assurance-maladie, laquelle se fixe des objectifs plus modestes avec un coût annuel fixé à 15 millions d’euros pour le DMP nouvelle génération. La relance d’aujourd’hui s’appuie sur une phase d’expérimentation de 18 mois menée dans 9 territoires pilotes durant laquelle près de 1,9 million de dossiers ont été ouverts (chiffre au 30 octobre).

Gratuit et facultatif, le DMP « new-look » peut-être ouvert à l’initiative du patient lui-même sur le site dmp.fr ou à l’accueil des CPAM ou auprès des 8 000 des 22 000 pharmacies qui se sont équipées pour l’ouverture des DMP et gèrent déjà le Dossier Pharmaceutique (DP). Nicolas Revel a indiqué que la dernière semaine d’octobre, le rythme d’ouverture hebdomadaire était de 80 000. « Ce chiffre va évidemment monter et doit monter si nous voulons atteindre l’objectif que nous nous fixons, c’est-à-dire de pouvoir, dans les 4 ans, avoir 40 millions de DMP ouverts », a-t-il précisé.

Une mobilisation des professionnels et des établissements

Le DMP est accessible en ligne grâce aux logiciels métier des professionnels de santé et des établissements, soit via une interface web ou une application sur smartphone et vise à regrouper un ensemble de données de santé en grandes rubriques. Immédiatement alimenté dès son ouverture par l’historique des 24 derniers mois de soins remboursés par l’Assurance-maladie, le DMP a vocation a intégrer les informations de base (groupe sanguin), les vaccinations, les allergies éventuelles, les antécédents médicaux, le volet de synthèse du dossier médical rédigé par le médecin traitant, les comptes rendus d’hospitalisation, les résultats d’examen (imagerie, biologie, etc.).

Bien entendu, l’intérêt du DMP étant d’être correctement alimenté par les différents acteurs, Nicolas Revel a souligné que cela nécessitait la mobilisation des professionnels et des établissements et la mise à disposition des outils logiciels adaptés, estimant qu’à ce jour 69 % de l’offre logicielle destinée aux médecins libéraux était compatible, mais ne disant rien des systèmes d’information hospitaliers.

Pour Agnès Buzyn, le DMP « n’est pas un gadget, mais un rouage indispensable de la coordination et de la continuité des soins » et « doit améliorer la prise en charge des pathologies chroniques, le suivi médical des patients fragiles, enfants comme personnes âgées ». Les médecins libéraux sont quant à eux prêts à se mobiliser, mais estiment cependant que toutes les conditions techniques ne sont pas réunies pour que le DMP fonctionne pleinement et efficacement (voir les réactions).

image_pdfimage_print