Doctolib – l’éthique à l’épreuve de la finance

La financiarisation du secteur de la santé n’est plus à démontrer. Dernier secteur à être touché, celui de la prise des rendez-vous en ligne, son leader Doctolib étant sous le feu des critiques depuis la semaine dernière pour avoir référencé des pseudo-médecins et des personnes pratiquant des thérapies alternatives c’est-à-dire non validées scientifiquement.


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Doctolib se défend après l’annonce du référencement de 2 personnes se faisant passer pour des psychiatres ainsi que celui de naturopathes, de magnétiseurs et d’hypnothérapeutes. La plateforme a ainsi supprimé 17 profils se réclamant de formations douteuses mais a toutefois maintenu le référencement des autres professionnels concernés.

Une demande des patients
L’entreprise souligne que des associations de patients font la promotion de ces thérapies alternatives et qu’en tant qu’acteur privé, elle n’a pas à trancher sur la place des thérapies complémentaires dans le parcours de santé des patients. Elle ajoute que le référencement des praticiens répond à une demande des patients, certains praticiens exerçant en établissement de santé. Tous les professionnels concernés exercent une activité légale et sont inscrits au registre du commerce.

Réunion de travail avec les autorités
A la suite des réactions du CNOM et de la CSMF, le préfet Christian Gravel, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), a invité Doctolib à une réunion de travail commune. Il s’agira de tirer les enseignements de la situation et de définir le cadre des inscriptions sur la plateforme. La CSMF va plus loin en demandant une réglementation de l’accès aux médecines alternatives, l’interdiction de leur publicité et la clarification de pratiques relevant parfois du charlatanisme.

Faire du chiffre oui, mais à quel prix ?
Au-delà de Doctolib, toutes les plateformes de prise de rendez-vous en ligne peuvent être concernées par cette problématique qui illustre la mercantilisation du secteur de la santé. Rappelons que Doctolib avait levé 500 millions d’euros en mars dernier auprès de ses partenaires historiques (notamment Bpifrance et le fonds Eurazeo), sa valorisation atteignant 5,8 milliards de dollars. L’entreprise n’est pas cotée en Bourse et prévoit de doubler ses effectifs en France, en Allemagne et en Italie.

Nathalie Zenou


© Doctolib