Dr Jacques Berland : « Il faut conforter la visibilité nationale du syndicat »

342 – CardioNews – Parisien d’origine, Jacques Berland a adopté la Normandie depuis ses études de médecine effectuées à la faculté de Caen. Il a commencé à exercer à Rouen, d’abord comme hospitalier au CHU, et il y exerce toujours, puis à la clinique Saint-Hilaire, où il a créé le service de cardiologie en 1992. En passant de la Basse à la Haute-Normandie, il n’y a guère gagné pour ce qui est de la démocratie médicale : les deux régions sont également sinistrées de ce point de vue. « La Haute-Normandie est une des régions françaises parmi les plus sous-médicalisées. On y compte 6,9 cardiologues pour 10 000 habitants, libéraux et hospitaliers confondus. A tire indicatif, la moyenne nationale est de 9 pour 100 000 habitants, et le ratio parisien est de 12 pour 10 000 habitants… Une même insuffisance concerne aussi les équipements, particulièrement en cardiologie. Comme dans d’autres régions, on note de grandes disparités interrégionales : Rouen et Le Havre sont évidemment bien mieux loties que les villes plus petites ou le département de l’Eure dans son ensemble, par exemple. »

Outre la proximité de la région parisienne, il explique la pauvreté de la région essentiellement par une activité économique très insuffisante et donc peu attractive. Résultat, les jeunes médecins vont s’installer ailleurs. « La moitié des internes de cardiologie quitte la région », déplore Jacques Berland, qui coiffe deux casquettes, celle de président du syndicat régional des cardiologues et celle de président du collège régional de formation médicale continue de cardiologie. « Toutes les réunions de FMC sont ouvertes aux internes, de façon à leur faire connaître l’exercice libéral de la cardiologie. » Et tâcher de les sédentariser en Haute-Normandie, bien sûr. Sans grand succès, admet Jacques Berland. « Quelques jeunes cardiologues se sont bien installés, mais si nous avons réussi, jusqu’à présent, à limiter la chute démographie, c’est essentiellement grâce à des médecins étrangers, roumains et maghrébins pour la plupart, qui ont complété leur formation et se sont installés. A la clinique Saint-Hilaire, nous avons pu – et j’espère que nous pourrons encore – attirer quelques jeunes collègues. » De toute façon, Jacques Berland ne croit qu’à l’attraction des grands groupes hospitaliers privés. « Les jeunes veulent tous avoir une activité hospitalière ; l’exercice en cabinet libéral seul ne les attire plus du tout. Même dans les petites agglomérations, les médecins se regroupent en clinique. C’est l’avenir. »

Et c’est le combat du syndicat régional : maintenir l’activité hospitalière privée, face à l’hospitalisation publique, qui ne l’entend pas de cette oreille, et face à l’ARS. « Pour l’heure, nous n’avons pas trop de conflits, mais l’essentiel de notre action syndicale réside dans la représentation des libéraux dans toutes les réunions de toutes les instances, administratives et professionnelles. On sent nettement la pression qu’exercent les directions d’hôpitaux publics, et en particulier celles des CHU, pour attirer un maximum de patients. Et c’est logique, car depuis l’instauration de la T2A, la concurrence entre le secteur public et le secteur privé est rude. »

Dans ce contexte, Jacques Berland attend beaucoup du SNSMCV et de son nouveau président : « La vice-présidence de l’UMESPE de Jean-François Thébaut donnait au syndicat des cardiologues une visibilité nationale qu’il faut conserver, car les véritables instances décisionnaires sont les centrales pluricatégorielles. »(gallery)