Quand soigner détruit la planète, c’est le crédo des voix qui s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer une médecine qui n’assume pas ses reponsabilités devant l’empreinte climatique qu’elle génère face à ce qu’elle promeut : soigner les humains. C’est l’une de grande question du moment : peut-on continuer à améliorer la santé tout en réduisant l’impact environnemental ?
Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 458 – mai-juin 2024
«Il y en a marre de cette psychose verdâtre. Le réchauffement suit les cycles naturels de l’activité solaire et du mouvement des planètes. Dans 20 ans on rigolera bien de cette vaste escroquerie, enfin ce sera un rire jaune,vu l’argent massif investi en pure perte… » Les réseaux sociaux sont remplis de ces messages qui contredisent les derniers rapports d’expertises et de ce que nous voyons de nos propres yeux… Croire ou non, l’être humain, qui ne compte que pour 0,1 % de l’ensemble de la biomasse terrestre (550 Gt de carbone) et 3 % de la biomasse animale (2 Gt), a un impact démesuré sur la nature qui s’est accéléré au fil du temps, avec la domestication, l’agriculture et la révolution industrielle. (1)
Dans le secteur de la santé, l’empreinte climatique est responsable de 4,4 % à 5 % du total des émissions de carbone dans le monde et contribue donc de manière significative au changement climatique. C’est pratiquement deux fois plus que l’aviation (2,9 %) et l’équivalent aux émissions de 514 centrales à charbon. Si le secteur de la santé était un pays, il serait le cinquième plus gros émetteur de la planète.
En 2021, l’empreinte carbone était estimée à 604 millions de tonnes équivalents CO2 (Mt CO2 eq). (2)
Dans le monde
Les émetteurs les plus importants dans le secteur de la santé sont les États-Unis, la Chine et les pays de l’Union européenne, qui représentent plus de 56 % de l’empreinte climatique mondiale.
Par habitant, ce sont les États-Unis qui émettent la part la plus importante. Le secteur de la santé chinois, de son côté, émet un septième des gaz à effet de serre par personne comparé à celui des États-Unis et un peu moins de la moitié de celui de l’Union européenne et six fois plus que celui d’Inde.
En France
Quant au système de santé français, il est responsable en moyenne de 49 millions de tonnes de CO2e (2), soit près de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. (3) Après la baisse historique des émissions (- 9,0 %) liée à la crise du Covid-19, l’empreinte carbone a de nouveau augmenté de 7,4 % entre 2020 et 2021.
Toutes les activités du secteur santé sont concernées par les émissions de carbone qui proviennent notamment des chaînes d’approvisionnement, des consommations d’énergie dans les bâtiments, des transports et de l’élimination des déchets médicaux. La part du lion des émissions, soit 71 %, provient principalement des chaînes de fabrication : production, transport et traitement de biens et services (médicaments et autres composés chimiques, produits agroalimentaires et agricoles, équipements médicaux, équipements hospitaliers et instruments).
L’empreinte carbone des médecins libéraux en France n’a pas de documentation précise, mais les aspects à considérer sont identiques à ceux affectant le secteur de la santé en général (hôpitaux, centres médico-sociaux), à savoir les déplacements quotidiens, les visites à domicile, les sources d’énergie des locaux. L’utilisation et la gestion des équipements médicaux et des consommables (gants, seringues, masques, produits divers) – quant à eux – génèrent doublement des émissions de par leur production et leur élimination. Les déchets médicaux, incluant les produits chimiques, les médicaments périmés et les équipements à usage unique, nécessitent des traitements spécifiques qui peuvent être énergivores. Cette part des médicaments et des dispositifs médicaux (DM) représente la moitié des émissions du secteur de la santé.
Enfin, l’utilisation du numérique (ordinateurs, serveurs, téléconsultations), comme dans tous secteurs hors santé, a également une empreinte carbone associée non négligeable.
La conviction de jeunes médecins
En marge du Ségur de la Santé de 2020, de jeunes médecins avaient déjà publié une tribune incitant l’Assistance publique à prendre des mesures rapides de réduction de la pollution :
Depuis la Loi Grenelle de 2009, les établissements de santé sont tenus de déclarer chaque année leur bilan énergétique, mais seulement un tiers (32 %) ont fait connaître leurs résultats, ce qui est peu vu l’urgence du climat actuel.
Le cabinet médical
Le cabinet médical doit intégrer dans son process les trois principes d’écoconception des soins : l’impact sur les milieux naturels, l’impact sur la consommation des ressources et l’impact sur la santé humaine.
L’écoresponsabilité se définit, selon l’Ademe, (4) par de « nouveaux choix de gestion, d’achats, d’organisation du travail, des investissements et de la sensibilisation du personnel ». Ainsi prise en compte, celle-ci permet de maîtriser l’impact environnemental du cabinet en réduisant au maximum les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la pollution des milieux (rejets dans les milieux naturels) et la consommation des ressources (celle-ci a triplé en cinquante ans).
Cette écoresponsabilité se présente sous plusieurs points :
Les médecins gagnent ainsi à devenir les acteurs et ambassadeurs de cette transition écologique en étant dans leur rôle de prévention et de promotion de la santé.
La médecine dite écologique s’appuie sur des principes plutôt simples et logiques en cherchant à créer des conditions indispensables à une bonne santé en considérant également que la planète est également au chevet du médecin, dans la mesure où le patient qui bénéficie des soins du médecin appartient à cette dite planète. Elle soutient également qu’aucune pratique médicale ne doit en elle-même causer de dommages à d’autres espèces ou à l’écosystème.
Des sites internet existent pour s’informer et rendre les cabinets plus écologiques dans leur fonctionnement et leur durabilité, tels doc-durable.fr ou santedurable.net.
(1) Sam ALtman : pdg d’OpenAI (ChatGPT)
(2) DALL-E : programme d’intelligence artificielle générative, capable de créer des images à partir de descriptions textuelles.
(1) biodiversite.gouv.fr (1) Le CO2e (ou CO2 équivalent) est une unité de mesure visant à uniformiser l’effet climatique des différents gaz à effet de serre, comme le méthane ou l’oxyde nitreux. (2) Selon un rapport du think thank The Shift (theshiftproject.org). (3) Ademe : Agence de la transition écologique
Source : Greenly, ZeroWaste, theshiftproject.org, Health Care Without Harm (HCWH) , Sanofi (https://www.sanofi.com/fr/magazine/impact-social/le-secteur-des-soins-de-sante-genere-lui-aussi-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre, doc-durable.fr
© BiancoBlue – Depositphotos
Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.
Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL).
La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.
Les préoccupations liées à l’intelligence artificielle
Les 50 ans d’internet
Les virus
Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA.
Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.
Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE.
Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.
La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).
Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».
La bataille ne fait que commencer !
De l’impression 3D à la bio-impression
Retour vers le futur – les prédictions médicale dans les années 1950
Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)
Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale.
Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera pour le possesseur du NFT.
Copyright © 2024 | MH Magazine WordPress Theme by MH Themes