Enfumage ?

Les ondes retentissent actuellement du grand progrès en matière de prévention que devrait constituer l’instauration d’une consultation gratuite de dépistage pour les personnes de 25, 45 et 65 ans.

La santé publique devrait y gagner, la machine bureaucratique être heureuse de fonctionner à nouveau en s’enrichissant d’une nouvelle procédure garantissant au patient la gratuité et au médecin le paiement de l’acte et l’image du gouvernement et du ministre de la santé devraient être améliorées car « enfin, on s’occupe de prévention en France ».

Problème

Mais comment peut-on dire d’un côté qu’il y a un manque de médecins pour gérer les soins courants et de l’autre vouloir faire venir en masse trois contingents d’âge dans les consultations ? Même si cela est bon pour la santé publique. Ce qui reste à prouver par ailleurs car une mesure reposant sur un principe n’en garantit pas l’efficacité.

Hypocrisie

Surtout, depuis plusieurs décennies, ce bilan gratuit existe et il peut être fait tous les 5 ans dans les caisses d’Assurance-maladie : il s’adresse à toute personne qui le souhaite dès lors qu’elle a plus de 16 ans et il dure 2h30. On doute fortement qu’un médecin généraliste puisse consacrer un tel temps à un tel acte.

Comme il est écrit sur le site de la CNAM, « l’examen est personnalisé en fonction de l’âge, des antécédents familiaux, des habitudes de vie et des facteurs de risque. L’examen est totalement gratuit, vous n’avez aucune avance de frais à faire ». Il repose sur un questionnaire médical, un entretien sur le mode de vie, des examens biologiques, un examen dentaire, un examen médical et pour les femmes, un examen gynécologique peut être proposé, et en sus pour tous, si besoin, un examen visuel, auditif, du souffle et un électrocardiogramme peuvent être réalisés. Avec l’accord du patient, les résultats des examens peuvent être transmis au médecin traitant sachant qu’à la fin de la consultation, un suivi personnalisé est proposé suivant les besoins avec possibilité d’un suivi médical par un spécialiste, de réunions d’information ou des ateliers.

Qui dit mieux ? Est-ce qu’un praticien libéral peut proposer tout cela à un patient ?

Plutôt qu’un effet d’annonce, dont on doute de l’efficacité pratique en dehors du fait de sensibiliser à la prévention mais sans qu’on ne sache encore, quand et si la mesure sera appliquée, n’eut-il pas mieux valu, Monsieur le ministre, faire la promotion des bilans gratuits permis par les caisses d’assurance maladie tous les 5 ans ? Ah oui, mais ce n’est pas une nouveauté médiatique. Pardon.

François Diévart

© KrakenImage/depositphotos

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