Etudes de Santé : la réforme du 1er cycle se précise

Les grandes lignes de la refonte du 1er cycle des études de santé figurent dans l’avant-projet de la loi santé qui sera débattue au printemps prochain. Les propositions du rapport Saint-André inspire cette réforme.

La stratégie « Ma santé 2022 » prévoyant la suppression de la PACES et du numerus clausus, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ont installé en octobre dernier un groupe de travail piloté par le Pr Jean-Paul Saint-André chargé de faire des propositions pour une refonte du premier cycle des études de santé. En décembre dernier, le rapport du groupe a été remis  aux ministres. Il propose deux voies d’accès aux études de santé. 

S’inscrire dans une 1ère année de licence 

Cette voie permet une candidature aux filières MMOP qui sera conditionnée à la validation en un an de 60 ECTS (1), possiblement à la validation additionnelle d’UE constituant une mineure santé et à des critères d’admissibilité supplémentaires, par exemple, avoir validé l’année de licence en 1ère session, avoir plus de 12 de moyenne et/ou un examen du dossier selon certains critères préétablis et connus des étudiants. Pour les étudiants qui remplissent ces critères, des épreuves d’admission seront organisées. 

Cette possibilité peut être ouverte dans toute université, avec ou sans composante santé. Si elle n’a pas de composante santé, elle a une convention avec une université avec composante santé, définissant les conditions de candidature et le nombre minimal de places offertes pour chaque portail de licence concerné. 

Toutes les licences ne permettent pas forcément une candidature dans toutes les filières. A titre d’exemple, on pourra candidater en médecine et maïeutique à partir d’une L1 de psychologie, mais candidater en pharmacie se fera à partir d’une L1 de chimie. 

Si l’étudiant est admis dans une des filières MMOP, il poursuit en DFG2 (Diplôme de Formation Générale en Santé).
Sinon il poursuit en L2 ; il peut à nouveau candidater en fin de L2 ou de L3 s’il remplit les conditions d’admissibilité. 

« Cette voie d’accès conviendra à ceux qui auront un double projet, explique Pierre-Adrien Girard, vice-président de l’ANEMF, en charge du dossier PACES. Par exemple, un étudiant pourrait entamer une licence de biologie pour devenir professeur de SVT, mais il pourrait aussi faire médecine. S’il échoue dans l’accès aux études de médecine, il pourra quand même être professeur de SVT, il aura un métier. » 

S’inscrire via un portail Santé

Ce portail Santé est proposé uniquement dans une université avec composante santé, et par la composante santé. Il permet un accès aux études MMOP, un accès à d’autres métiers de la santé et un accès à d’autres poursuites d’études en L2. L’admission dans ce portail Santé se fait sur Parcoursup, selon les modalités d’une voie non sélective. 

L’organisation de cette 1ère année est déclinée en blocs de compétences, et en UE. Elle permet la validation de 60 ECTS. Elle est constituée d’enseignements pertinents pour la poursuite d’études dans une grande diversité de filières, notamment d’enseignements transversaux aux différentes filières de santé. 

Cette organisation favorise le choix par l’étudiant de sa poursuite d’études. Le contrat pédagogique de l’étudiant précise la ou les filières MMOP auxquelles il souhaite candidater, et la ou les autres formations de premier cycle dans lesquelles il souhaite poursuivre son cursus. Dans le cadre des conventions entre universités avec et sans composante santé, cette poursuite d’études peut se faire dans une université partenaire sans composante santé. 

L’organisation pédagogique de l’année comprend des enseignements spécifiques des différentes filières MMOP ainsi que des enseignements spécifiques préparant la poursuite d’études dans d’autres formations de 1er cycle de l’université et le cas échéant de l’université partenaire. 

La candidature à l’admission en 2e année de MMOP sera conditionnée à la validation en un an de 60 ECTS et à des critères d’admissibilité supplémentaires (par exemple, avoir une moyenne supérieure à un seuil).

Les conditions d’admissibilité en MMOP pourraient être conçues de telle sorte qu’elles valorisent le choix de l’étudiant (par exemple, une note minimale à un module spécifique en plus d’une condition de moyenne générale pour candidater dans une filière MMOP). Des épreuves d’admission seront organisées pour les étudiants qui remplissent ces critères. 

« La voie d’accès par la portail Santé conviendra mieux aux étudiants ayant une idée plus floue concernant leur orientation », commente Pierre-Adrien Girard. Des étudiants qui hésitent entre différentes filières MMOP, ou entre les filières MMOP et d’autres métiers de la santé.

Dans leur état actuel, ces propositions satisfont plutôt les organisations étudiantes. « Mais le rapport ne dit rien concernant les modalités de sélection et du contenu du portail Santé, qui sont de potentiels points de clivage, souligne Pierre-Adrien Girard.  Nous attendons les arbitrages ministériels, qui devraient intervenir avant la mi-février, et la seconde phase de concertation qui doit s’engager. Quant à la partie législative de la réforme, pour ce qu’on en sait aujourd’hui, elle ne donne que des grandes lignes, l’essentiel devant se régler par décrets. Ce qui n’est pas plus mal, car ainsi, tout n’est pas figé. »

(1) Dans un souci d’harmonisation européenne des diplômes, chaque Unité d’Enseignement (UE) validée en fin de semestre permet l’attribution de crédits ECTS (European Credits Transfer System). Un semestre pédagogique équivaut à 30 crédits ECTS. Un parcours licence est validé par l’obtention de 180 crédits ECTS.

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