Feuille de route « grand âge » – des mesures immédiates et un débat citoyen à venir

Il était difficile au ministère de la Santé d’ignorer le malaise exprimé il y a quelques semaines par les personnels travaillant dans les Etablissements d’Hospitalisation pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) : une réponse s’imposait. Elle est venue lors de la Paris Healthcare Week où Agnès Buzyn a dévoilé la feuille de route « Grand âge et autonomie » et annoncé la tenue d’un débat citoyen sur le sujet.

«Ma conviction est que notre pays n’a pas encore su trouver un vrai modèle de prise en charge de la perte d’autonomie », a notamment déclaré la ministre de la Santé, appelant à mettre fin à « une sorte de relégation sociale des personnes âgées ».

Il faut donc « repenser en profondeur notre modèle de prise en charge » et « préparer notre avenir », estime la ministre, en élaborant des politiques publiques fondées sur « les besoins des personnes âgées » et sans « se laisser enfermer dans une vision étroite et sanitaire du sujet ». Pour ce faire, Agnès Buzyn a annoncé que, « conformément aux souhaits du président de la République », elle lancera « un débat public et citoyen sur le modèle et le financement de la perte d’autonomie pour les années 2025-2030 ». 

Selon elle, « trois blocs de réflexions » sont à conduire « d’ici la fin de l’année 2018 et le début de l’année 2019 », en lien avec « deux enjeux transversaux » :

  • Le premier bloc de réflexions doit porter sur « nos priorités, le socle de biens et de services qui doivent être à l’avenir accessibles à toutes les personnes âgées pour accompagner le vieillissement et la perte d’autonomie ».
  • Le second sur « les scénarios de répartition des contributions de chaque acteur pour assurer un financement pérenne et solidaire de la perte d’autonomie ».
  • Le troisième sur « l’évolution de la gouvernance nationale et territoriale des politiques publiques ». Les enjeux transversaux étant le soutien aux familles et une meilleure formation des professionnels.

« Je ne veux pas qu’on se trompe collectivement de cible. La vieillesse n’est pas la perte d’autonomie », a par ailleurs indiqué Agnès Buzyn, qui souligne « l’interministérialité de la politique publique concernant les personnes âgées » et la nécessité que « surtout et avant tout la ville s’adapte, que les transports s’adaptent, que le logement s’adapte pour créer les conditions d’une société qui n’exclut personne ».

L’annonce d’un effort supplémentaire

Mais en attendant qu’advienne cette société inclusive, « j’ai bien conscience qu’il faut soutenir les EHPAD dès aujourd’hui. S’ils doivent prendre des virages, ce n’est pas en les privant de moyens que l’on va y arriver », a déclaré la ministre de la Santé. Ainsi a-t-elle annoncé un effort supplémentaire de 143 millions d’euros s’ajoutant aux 217 millions d’euros déjà prévus sur la période 2019-2021, « soit un total de 360 millions d’euros destinés au recrutement de personnels soignants ». 

Une enveloppe de 10 millions d’euros permettra la poursuite de l’expérimentation de présence infirmière la nuit en EHPAD prévue dès cette année, la même somme en 2019 et 16 millions d’euros en 2020 pour « la généralisation du dispositif ». Toujours pour les EHPAD, le ministère de la Santé promet que « l’Etat financera un plan de soutien à l’investissement d’au moins 100 millions d’euros par an à partir de 2019 », et prévoit également 15 millions cette année pour le financement des plans de prévention en EHPAD.

Faciliter les sorties d’hospitalisation

Le feuille de route prévoit aussi de faciliter les sorties d’hospitalisation. Ainsi, « pour réduire les durées d’hospitalisation et faciliter le retour à domicile, les personnes âgées qui souhaitent être hébergées temporairement dans un EHPAD après une hospitalisation continueront à payer le même tarif qu’à l’hôpital ». Au total, « 1 000 places seront réservées à ce dispositif pour un montant de 15 millions d’euros financés par l’Assurance Maladie dès 2019 ». 

En outre, « le nombre et les effectifs des équipes mobiles de gériatrie seront renforcés, pour appuyer les EHPAD et les professionnels exerçant en ville », avec 16 millions d’euros déployés d’ici 2022. Aux services d’aides à domicile, qui craignaient de se voir écartés de la feuille de route « Grand âge », le ministère promet « une enveloppe de soutien de 100 millions d’euros au total entre 2019 et 2020 » pour accompagner la mise en place de leur nouveau modèle de financement.

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