Fièvre jaune

2019 s’ouvre donc dans une atmosphère passablement inflammable. Et il n’est pas certain – à l’heure où j’écris ces lignes – que le Grand Débat initié par le Président suffise à éradiquer cette fièvre jaune que personne n’avait objectivement vu venir.
Les libéraux sont, de leur côté, confrontés à deux échéances au moins, à l’issue aussi peu lisible l’une que l’autre :
Le rendez-vous conventionnel est devenu un grand classique. Il aurait pu, il aurait dû, survenir cette fois dans un ciel serein avec des syndicats à peu près synchrones du côté médical. Dans les échanges qu’il a pu nouer avec la profession depuis quelques mois, le directeur de la CNAM semblait même ouvert à une discussion sans oukase ni préalable. Et il a suffi, pour jeter le trouble, que le grain de sable vienne de là où il n’aurait jamais dû venir, la ministre en personne, qu’on n’avait pas connue dans des habits aussi « jupitériens ». Sa lettre de « cadrage » de la négociation aboutit ni plus ni moins qu’à déterminer, par anticipation, les termes de la discussion.
Le rendez-vous politique de mise en œuvre du plan présidentiel « Ma santé 2022 » ne manquerait pas d’attrait si sa promesse n’était compromise. Son ambition initiale a été sérieusement obérée par une LFSS étriquée et son calendrier apparaît évidemment menacé par d’autres urgences. Or voilà même que le mot « Ordonnance » est évoqué, réduisant à néant toute velléité de concertation.
Mine de rien, l’explication de la fièvre jaune évoquée plus haut trouve assurément son origine dans cette « verticalité » d’une gouvernance bouffie de suffisance. Il n’est jamais trop tard pour s’amender.