Financiarisation de la biologie médicale : les académies disent « Stop »

Dans une communication commune, les académies de médecine et de pharmacie lancent un appel aux pouvoirs publics et aux professionnels.

Dans un rapport commun intitulé « La biologie médicale en France : évolutions et enjeux », les académies nationales de médecine et de pharmacie s’inquiètent des « dérives » de la financiarisation de la biologie médicale. En France, 4 000 à 5 000 laboratoires privés et un peu plus de 1 000 laboratoires publics hospitaliers se côtoient.

Depuis 2001, des groupes financiers ont fortement investi dans les laboratoires via des sociétés détenues à l’étranger. Deux catégories d’acteurs coexistent : les biologistes indépendants (réseau LBI) et des fédérations de SEL qui forment une dizaine de grands groupes détenant environ 70 % du marché.

Il en résulte une très forte concentration des techniques au sein de centres très performants mais éloignés des patients, les laboratoires se transformant peu à peu en simples sites de prélèvement. Ceci n’est pas compatible avec le besoin de répondre aux urgences médicales.

Une baisse régulière du nombre de biologistes médicaux

En parallèle de cette évolution, on constate une baisse régulière du nombre de biologistes médicaux, un désintérêt des internes pour la spécialité et une pyramide des âges préoccupante, les biologistes affichant une moyenne d’âge supérieure à 50 ans.

L’arrivée de nouvelles technologies dans le secteur de la biologie serait de nature à redonner de l’intérêt aux jeunes pour la spécialité : séquençage ADN, diagnostic prénatal sans prélèvement de tissu fœtal, de la trisomie 21 et dans le diagnostic préimplantatoire pour des embryons, mise en évidence de cellules tumorales ou d’ADN tumoral dans le sang du patient, rôle dans la détermination de la dose à prescrire pour un médicament via la prescription d’anti-tumoraux après réalisation de tests génétiques déterminant l’effet thérapeutique et prévenant les effets toxiques graves…

Le rapport ne chiffre pas les investissements nécessaires pour acquérir les équipements permettant de profiter de ces innovations mais insiste sur la nécessité pour les professionnels de disposer des moyens nécessaires pour rester « des acteurs des avancées médicales, notamment dans le développement du numérique en santé et de l’intelligence artificielle ».

Où vont-ils trouver l’argent ?  Surtout après l’énième  réduction autoritaire de certains actes (pour un montant total de 250 millions d’économies) qui leur est imposée…

Nathalie Zenou

© Microgen/depositphotos

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