Hydroxychloroquine : la dernière étude de Didier Raoult ne convainc pas nombre d’épidémiologistes

L’absence de groupe contrôle strictement comparable empêche une nouvelle fois de conclure à l’efficacité du traitement proposé par l’infectiologue marseillais pour lutter contre le Covid-19.

Cette étude était très attendue : Didier Raoult l’avait évoquée dans plusieurs des vidéos diffusées par son institut, distillant des schémas que chacun peut désormais examiner à loisir. Comme les précédentes, de plus petite taille, conduites par l’équipe marseillaise, il s’agit d’une étude rétrospective, qui par construction a une force probante plus faible que le standard des essais cliniques prospectifs. Ceux-ci visent à comparer des groupes de patients constitués de façon aléatoire selon des critères prédéfinis, afin d’éviter divers biais. Didier Raoult a à nouveau justifié ce choix devant les députés : « L’éthique basale c’est que quand on a la preuve que quelque chose marche, on arrête l’essai » – afin que tous les patients bénéficient du traitement.

La « preuve », même adossée à plus de patients, ne semble toujours pas emporter la conviction d’un grand nombre d’épidémiologistes. « Nul de chez nul », résume Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm), qui énumère les raisons pour lesquelles la comparaison entre les patients traités et les autres n’est pas valide : ceux qui reçoivent le protocole promu par l’IHU sont en moyenne plus jeunes, moins sujets à des maladies chroniques, présentent des symptômes et des atteintes pulmonaires moins sévères – autant de facteurs pénalisant le groupe des « autres patients ». Ceux-ci avaient soit reçu la combinaison hydroxychloroquine –azithromycine moins de trois jours, l’un ou l’autre de ces médicaments, ou aucun des deux. Les tentatives de correction de ces biais ne la convainquent pas. [En savoir plus]

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