Il faut mieux faire connaître aux jeunes les avantages du libéralisme

Le Cardiologue : Que retenez-vous de l’actualité récente ? _ Clément Roos : Actuellement, le gros motif d’inquiétude des confrères porte sur la Convention dont le sort est, au moins, incertain. _ J’ai, comme tout le monde, constaté que les négociations étaient ouvertes mais on voit mal comment elles pourraient se conclure avant les élections. La période qui va donc s’ouvrir début 2010 est parfaitement inédite, sous administration d’un arbitre qui aura tous pouvoirs. Y compris celui d’intervenir sur les honoraires du secteur 2, de mettre ou non en œuvre l’accord sur le secteur optionnel, d’aggraver le système des pénalités, … Je ne suis pas sûr que les médecins aient beaucoup à gagner dans cette période que j’espère transitoire. Ce qui me paraît important, c’est que les deux centrales qui ont, jusqu’à maintenant, « porté » le système – la CSMF et le SML – restent solidaires dans l’intérêt des médecins. J’en suis d’autant plus convaincu que j’ai lu les attaques à propos du « pognon » dont on serait avide … Campagne qui pourrait passer pour dérisoire si elle ne traduisait un état d’esprit franchement hostile. En ce sens, la Convention est quand même protectrice.

Le C. : Vous avez évoqué l’unité syndicale CSMF-SML. Celle-ci est pourtant mise à mal par un contentieux récent, à propos des angéiologues ? _ C.R. : Oui, Jean-François Thébaut est « vent debout » contre leur reconnaissance. Ma position est plus nuancée tout en ayant toujours soutenu que le Syndicat doit rester celui « des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux ». En Alsace, par exemple, la situation est contrastée, les cardiologues de Mulhouse n’ayant pratiquement pas d’activité vasculaire à l’inverse du Bas-Rhin… Alors le SML « fait le forcing » pour la reconnaissance des angiologues, par l’accès Cs, d’abord parce qu’il a beaucoup d’angéiologues dans ses rangs. J’observe aussi que cette querelle n’est plus celle des jeunes qui sont beaucoup plus motivés par la coro. Il me semble que la compétition engagée avec les radiologues sur l’imagerie en coupe, scanner, IRM, …, recèle un enjeu autrement plus décisif pour l’avenir de la spécialité … Notre problème commun à tous est, de toute façon, celui du renouvellement des générations. C’est celui qui, personnellement, m’inquiète le plus …

Le C. : Même en Alsace où la démographie ne vous est pourtant pas défavorable ? _ C.R. : Détrompez-vous ! A Strasbourg, nous sommes quelques-uns à envisager la retraite dans quelques années, peut-être dans les trois prochaines, qui ne sommes pas assurés de tous trouver un successeur. Mon drame serait de voir ma ville comme Londres, où il n’y a plus que deux cardiologues « de ville » ! je crois d’ailleurs que le syndicat a une responsabilité particulière vis-à-vis des jeunes à qui il vaudrait mieux faire connaître les avantages de notre pratique. Sinon, ils n’auront pas envie de quitter l’hôpital où le statut n’est pas si défavorable quand on peut le cumuler avec un secteur privé.

Le C. : Hors contexte conventionnel, le système va également connaître une inflexion majeure avec la régionalisation annoncée. Avez-vous des nouvelles de votre directeur d’ARS ? _ C.R. : Par ce que j’en ai lu dans la presse, mais rien d’autre encore même si je suppose qu’il en va différemment des institutions. Nous n’avons, que je sache, pas de problème majeur en Alsace où on peut parler d’émulation plus que de concurrence entre le CHU et les autres établissements publics, le privé non lucratif, confessionnel chez nous, le privé-privé. Mais le vieillissement de la spécialité va rendre – par exemple – de plus en plus aigu le problème des gardes en USIC… _ Sans solution au problème de la démographie, le sujet pourrait évidemment mobiliser l’ARS. Il faudrait que les cardiologues soient en mesure de répondre. Or la question va être posée aux futures URPS (Unions Régionales de Professions de Santé) où il faudrait plus de cardiologues. Or ce sont les centrales qui présentent des listes. _ Beaucoup de nos adhérents – ici nous représentons selon les années 75 à 80 % des effectifs – se contentent de la cotisation au SNSMCV qui leur apporte sûrement ce qu’ils en attendent ; il est difficile de les faire adhérer, en plus, à l’une ou l’autre des centrales représentatives. Nous avons, en outre, en Alsace un régime particulier d’Assurance Maladie, hérité de l’histoire mais qu’il nous incombe de défendre parce que la population y est attachée !