Par Vincent Pradeau.
Président du Syndicat national des cardiologues.
Le sommaire de ce numéro de fin d’année illustre parfaitement ces différentes quadratures du cercle.
Tout d’abord, le rapport de l’académie de médecine pointe la démographie défavorable des cardiologues interventionnels est les difficultés que cela peut amener dans les années à venir sur la couverture du territoire pour les urgences coronaires. Des pistes sont proposées notamment, l’ajustement du nombre de docteurs juniors dans la filière interventionnelle, la reconnaissance de diplômes passés à l’étranger, la revalorisation du statut des praticiens hospitaliers et des astreintes. Elles sont discutables point par point.
Augmenter le nombre de docteurs juniors dans la filière interventionnelle c’est diminuer le nombre dans quelle autre filière ?
Reconnaissance de diplômes passés à l’étranger : fallait-il vraiment créer une maquette avec des couloirs de sur spécialisation précoces et étanches, supprimer les DIU, supprimer la possibilité de se former par un Fellowship en France ?
Revaloriser le statut praticien hospitalier et des astreintes ? Faut-il entendre que les urgences coronaires doivent être limitées aux établissements publics ? Et si l’on ne peut être contre la revalorisation du statut des praticiens hospitaliers, comment la finance-t-on dans la situation comptable des hôpitaux, ne doit-elle pas être assortie d’un contrat d’exercice public exclusif ?
Pour poursuivre, le Dr Frédéric Fossati rappelle dans un article complet les règles d’application actuelles des compléments, c’est évidemment un sujet important en pleines négociations conventionnelles dans un contexte inflationniste où les revendications tarifaires sont plus que légitimes. La question est quel acteur doit en être le porteur :
- L’Assurance-maladie, en ouvrant un espace de liberté tarifaire aux médecins exerçant en secteur 1, par une refonte complète de l’Optam sans poser la question des besoins de financement : augmentations des prélèvements sociaux ?
- Les organismes complémentaires, aux risques de voir augmenter le prix des contrats : les échanges aigres-doux ces derniers jours entre le ministre de la Santé et ces organismes l’illustrent parfaitement.
- Les patients, aux risques de voir s’accélérer le passage à une médecin à 2 vitesses à l’Anglo-saxonne.
L’Exercice coordonné enfin, qui s’impose avec une couverture du territoire à presque 90 % par les CPTS. Cela crée une injonction forte pour les cardiologues à s’y intéresser même si la gouvernance de ces structures pose parfois problème, même si la pertinence des thématiques cardiologiques est extrêmement variable, même si la couverture géographique ne se superpose pas à la zone de couverture habituelle des spécialistes.
Le SNC est à l’œuvre sur l’ensemble de ces champs pour défendre le rôle présent et futur du cardiologue libéral.
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.
Cardiologiquement Vôtre
Le Cardiologue n° 455 – novembre-décembre 2023