La mort peut attendre : un grand chirugien se confesse

Derrière ce titre à la James Bond se cache un ouvrage sensible, émouvant et d’une exceptionnelle gravité puisqu’il met en scène le rôle du médecin, et au-delà, du monde des soignants, face à l’évolution la plus redoutable et inéluctable des maladies qu’est l’issue fatale.

generisches buch 1379 – L’auteur, le Professeur Maurice Mimoun, dirige le service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et le centre des brûlés de l’hôpital Saint-Louis à Paris ; il avait commencé à écrire un livre sur l’euthanasie, quand un drame, un cancer survenu chez l’un de ses amis âgé de 40 ans, a bouleversé ses repères et modifié encore un peu plus sa réflexion.

En racontant l’histoire de cet ami, et celles de plusieurs autres patients atteints de cancer, grands brûlés ou en fin de vie, le Pr Mimoun choisit de dévoiler son expérience exceptionnelle, son ressenti, voire son désarroi devant les situations où le pronostic, les statistiques, le savoir médical sont en déroute. Et c’est là que le médecin, à son corps défendant, se retrouve confronté à des situations difficilement tenables, où il doit tenir tour à tour le rôle de l’ami, du thérapeute, du soutien psychologique, voire du menteur patenté.

Jusqu’au moment où survient, inéluctable, le débat sur l’euthanasie, euthanasie active, euthanasie passive, que l’auteur refuse de différencier, et, sans grande hésitation – apparente du moins – refuse d’envisager comme un moyen d’action (« combien d’euthanasiés ratés cultivent, heureux, leur jardin ? »).

Le style est alerte, clair, concis, le livre est émouvant et se lit comme un roman ; mieux, le lecteur, malgré la gravité du sujet, ne se sent ni désemparé ni même déprimé, quand il arrive à son terme.

On voit bien que le Professeur Mimoun aime les gens.