La quadrature du cercle de la médecine de demain

L’accélération numérique est sans pareil dans le monde médical où la technologie n’a pas d’équivalent dans l’interconnexion qui lie l’infiniment petit (N ou nanotechnologies), la fabrication du vivant (B ou biotechnologies), les machines pensantes (I ou informatique) et l’étude du cerveau humain (C ou sciences cognitives), appelée plus communément NBIC.

Intelligence artificielle, thérapie génique expérimentale, impression 3D d’organe, gestion algorithmique du big data en santé, tous ces mots nous tombent dessus comme un livre ouvert de science-fiction. Que vont devenir la science et la médecine à l’horizon 2020, c’est-à-dire demain ?

Des voix s’élèvent pour s’attacher à la relation sociale du médecin avec son patient, et d’autres déplorent déjà que la science n’aille pas assez vite. La route du progrès numérique est-elle inéluctable ? Oui, forcément, mais avec des nuances cependant sur notre capacité de discernement à faire le tri entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas. En d’autres termes, où et quand s’arrête l’ire contre notre proximité avec la « machine » et la robotisation de la pensée qui ne devra jamais remplacer la relation sociale qu’a le médecin avec son patient, l’émotion et la conscience étant typiquement et uniquement humaines grâce à nos corps et nos… pensées.

Peut-on juste contrer le progrès du numérique, non pas pour s’y absoudre, mais pour qu’il nous aide simplement à révéler des pathologies, à nous aider dans notre quête de soigner nos patients ? Bien sûr, mais est-ce également l’avis des chercheurs qui n’ont pas l’état d’esprit d’un médecin face à son patient ? Nous sommes aujourd’hui dans un porisme qui nous oblige à nous interroger sur notre futur, à nous demander si nous devons nous attacher à rester tel un lamaneur à nos convictions ou si nous devons lâcher du lest sur les algorithmes qui sillonnent notre vie.

Notre dernier numéro consacré à la réalité augmentée est l’une des conclusions à ce thème de savoir où commence la virtualité de notre démarche et où devons-nous l’arrêter. En prenant l’exemple du travail d’une équipe brésilienne sur la modélisation en 3D d’un fœtus et son intégration dans une application de réalité virtuelle a permis à certains de franchir un peu trop rapidement le pas (Revue The Telegraph) que « les parents pouvaient interagir avec leur bébé » (sic).

Attention donc à ce que le virtuel ne dépasse pas le réel. Le numérique a par contre beaucoup à nous apporter dans la formation, le diagnostic, la génomique, l’IoT (1)…

1. La médecine prédictive

Depuis plusieurs années, on parle de médecine prédictive, jusqu’à faire un sondage d’opinion sur cette technologie (79 % des Français favorables au recours de la médecine prédicitive) (2), intéressant de près les complémentaires santé. Selon l’adage « Mieux vaut prévenir que guérir », les progrès accélérés qu’ont connu la connaissance de la génomique et l’émergence du big data, la multiplication exponentielle d’informations génomiques, cliniques et issues de l’expérience en vie réelle ont permis d’analyser et de rassembler des informations de nature totalement différentes et de créer ainsi des modèles de prédiction beaucoup plus efficaces et pertinents.

Cette médecine prédictive permettra à termes de procéder à des soins préventifs ou des contre-indications…

2. La génomique

Depuis l’identification du premier ADN en 1869 et les progrès de la recherche en génétique aujourd’hui, le gouffre est abyssal, et nous sommes capables de décoder le génome humain de manière extrêmement rapide et efficace. Les techniques de séquençage à haut débit ont spectaculairement réduit le coût de l’analyse de l’ADN humain, au point que des entreprises proposent des dépistages pour des maladies ou conditions spécifiques aux particuliers ou des offres de séquençage « global » couvrant l’ADN entier (Google participe à cette technologie).

3. La télémédecine

Les déserts médicaux sont un sujet sensible, particulièrement en ces temps d’élection présidentielle. La télémédecine n’est pas récente et est définie par plusieurs types d’actes médicaux.

Cette dernière croit également au développement rapide de la téléconsultation pour pallier le problème des déserts médicaux.

Face aux déserts médicaux qui ne cessent de grandir, la télémédecine permet aux médecins de se connecter à leurs patients pour des consultations à distance (et inversement). Grâce à un système de visioconférence et à l’aide de ses données personnelles de santé, le praticien peut s’entretenir avec son patient d’où il veut et à n’importe quel moment. Les enjeux sont énormes : puisque les estimations indiquent plusieurs milliards d’euros d’économie de frais de santé et un nombre important de vies sauvées.

Cette opportunité semble une solution idéale, notamment lorsque l’on pense à l’isolement des personnes âgées, et en sachant que 63 % des Français se déclarent favorables aux échanges d’emails sécurisés avec les professionnels de santé. De plus, 32 % se montrent favorables à la téléconsultation.

4. L’IoT ou Internet des Objets

Nous sommes ici dans le domaine de la prévention et du suivi. Les IoT sont aujourd’hui une réalité, même si certains n’ont qu’un usage strictement personnel, d’autres sortent du bois et deviennent la liaison santé entre le patient et son médecin. L’Ufcv réalise une étude préliminaire sur des hypertendus chroniques avec comme objectif la faisabilité et l’acceptabilité des objets connectés.

Le suivi permettra aux patients connectés de gérer leur santé au quotidien. Donc une autonomie responsable et un moindre coût pour la société. La Mutuelle Générale y voit d’ailleurs une « révolution de notre quotidien qui permettra un diagnostic précoce des maladies et donc un meilleur traitement. » D’autres assureurs ont lancé un « Guide de santé connectée » (Harmonie Mutuelle) ou remboursent les objets connectés dans leurs forfaits de prise en charge.
Pascal Wolff

(1) serenite-belenos. 

(2) deloitte.com.