La qualité de vie est la priorité des futurs médecins

Une enquête menée sur les motivations des étudiants en médecine auprès des étudiants en médecine révèle leurs priorités et explique les difficultés actuelles pour assurer la relève médicale sur le territoire.

L’avenir appartient aux jeunes générations, c’est une évidence. Pour la profession médicale, c’est une inquiétude nourrie du constat que les jeunes se détournent de l’exercice libéral, s’installent de plus en plus tard ou privilégient le salariat. Les postulants aux études de médecine ne manquent pourtant pas et sont même de plus en plus nombreux. Mais que veulent les étudiants en médecine et qu’est-ce qui les motivent à entreprendre un cursus qui compte parmi les plus longs et les plus difficiles ? Pour le savoir, Appel Médical Search a fait réaliser une enquête par Stethos, cabinet d’études spécialisé dans la santé.

Les réponses des futurs praticiens dessinent un profil professionnel bien éloigné de celui de leurs aînés mais qui expliquent les difficultés croissantes que connaît notre pays à assurer la relève pour un accès aux soins à tous sur tout le territoire. Invités à choisir, parmi plusieurs propositions, leurs principales sources de motivations par rapport au projet professionnel, les étudiants en médecine placent en tête « exercer un métier utile » (74 %), suivie de « aider/sauver les patients » (73 %), mais en troisième position, et quasiment à égalité avec les deux premières, la proposition « avoir une qualité de vie satisfaisante » (70 %). Très logiquement, interrogés sur leurs craintes par rapport à leur projet professionnel, celle qui fait le score le plus important est la crainte du sacrifice de la vie privée (69 %), devant le risque d’erreurs ( 65 %), la quantité de travail importante (64 %), ne pas être à la hauteur (61 %) et la relation entre les médecins et l’Etat (59 %).

A la question « à terme, quel mode d’exercice pensez-vous choisir », près de 45 % des étudiants interrogés disent vouloir privilégier une activité mixte permettant de combiner salariat et exercice libéral. Le choix de l’exercice exclusivement salarié ou exclusivement libéral recueille le même suffrage (28 %). Sans surprise, le cabinet privé (42 %) recueille la préférence des répondants souhaitant pratiquer la médecine de façon libérale ou mixte. Quant à ceux qui souhaitent avoir un exercice salarié ou mixte, ils privilégient nettement (62 %) le CHU.

Des mesures incitatives qui n’incitent pas

Concernant le choix du lieu d’affectation, pas de surprise non plus : les étudiants plébiscitent les grandes villes, choisies par près de 90 % des étudiants interrogés, Paris/Ile-de-France (19 %) et Lyon (17 %) arrivant en tête de peloton. Ce qui ne les empêche pas de se déclarer très majoritairement (83 %) sensibles à la lutte contre les déserts médicaux. Pour autant, seuls 6 % des étudiants considèrent que les mesures gouvernementales actuellement développées peuvent les inciter à s’installer dans un « désert » médical à long terme. A contrario, 56 % déclarent que ces mesures ne les inciteront pas à s’installer dans une zone sous-médicalisée. Manifestement, les mesures incitatives ne compensent pas le manque d’attraction de ces déserts. Appel Médical Search cite quelques commentaires entendus lors des entretiens approfondis au cours de l’enquête et qui résument parfaitement le problème et la difficulté qu’il y a à le résoudre : « Je ne veux pas de restriction une fois diplômé et devoir m’installer là où la qualité de vie est repoussante » ; « ça ne m’intéresse pas car sur le plan social c’est désertique et pauvre et en général, un désert ça s’agrandit ». Seule une dynamisation plus globale de ces régions pourrait augmenter leur attirance pour ces zones. « Ce n’est pas un médecin qui va faire vivre un village, les commerçants et les structures publiques jouent aussi », fait valoir un étudiant. On ne peut lui donner tort : pourquoi les médecins s’installeraient dans des endroits déjà désertés par l’école, les commerces, les services publics, les transports et les entreprises ?

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