La réponse du berger à la bergère ?

323 – En s’opposant à la reconduction tacite de la convention médicale, la CSMF et le SML espèrent reprendre ainsi la main sur le calendrier des futures négociations.

De fait, la vitesse de réaction du directeur général de l’UNCAM, qui convoque à cet effet la première réunion pour le 2 juillet, semble leur donner raison.

Ce n’est un mystère pour personne que Madame la Ministre de la Santé et des Sports voulait rythmer le calendrier des futures échéances à la cadence du métronome de la loi HPST. En repoussant cette négociation après celle des élections des futures URPS, le cabinet voulait manifestement changer d’interlocuteurs ; ainsi ces élections devaient en modéliser les nouvelles représentativités syndicales et ceci non plus autour de deux mais de trois collèges de médecins, des généralistes, des spécialistes et des seuls vrais grands spécialistes (!) de plateaux techniques que sont les chirurgiens, les obstétriciens et les anesthésistes.

Cette balkanisation n’ayant pour objectifs que d’isoler les autres spécialistes qui seraient alors pris en tenaille entre la médecine de premiers recours représentée par le couple « antispécialistes » MG et Espace Généraliste, et la nébuleuse chirurgico-obstrétricale qui n’a jamais su concrétiser son unité depuis plus de 15 ans qu’existent les unions.

Il s’agissait donc en fait de procéder à une inversion du calendrier puisque le terme de la convention est fixé au 11 février prochain, donc plusieurs mois avant que ne puissent être organisées ces fameuses élections.

En s’opposant à cette reconduction tacite, ces deux syndicats représentatifs reprennent le choix du terrain et du calendrier : la représentativité du troisième collège paraît techniquement impossible à mettre en place. Leur participation à ces négociations devra donc se faire au sein des syndicats polycatégoriels qui ont tous un pôle, très légitime, représentant les spécialistes y compris ceux des plateaux techniques.

Même MG-France, grand pourfendeur des dépassements et du secteur 2, attire régulièrement dans ses rangs des transfuges chirurgicaux ou obstétricaux, qui au passage n’hésitent pas à voter des mesures contre les autres spécialistes, comme les rythmologues ou plus récemment les biologistes, les radiologues et les rhumatologues.

Aller jusqu’à dire que cette manoeuvre procédurière va couper l’herbe sous le pied de la Ministre serait aller un peu vite en besogne, car des astuces réglementaires sont hélas toujours possibles, mais elles seront alors sujettes à contentieux.

Et cerise sur le gâteau de cette montagne de complexité, nous ne résisterons pas à nous étonner publiquement du fait que la majorité des syndicats signataires s’oppose à la reconduction de cette convention au prétexte qu’elle était au point mort depuis deux ans, alors que les syndicats non signataires se prononcent pour sa reconduction !

Pourquoi n’y ont-ils donc pas adhéré plus tôt ? _ Docteur Jean-François Thébaut, le 22 juin 2009