La santé et le sens de l’humain : Santé, Egalité, Solidarité

350 – On connaît bien Jean-François Mattéi, ancien Ministre de la Santé, professeur de génétique médicale, membre de l’Académie nationale de médecine, ancien ministre de la santé et actuel président de la Croix-Rouge française. C’est à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage intitulé « humaniser la vie » qu’il rencontra Claude Dreux, ancien Président de l’Académie nationale de pharmacie, professeur émérite de biochimie, membre de l’Académie nationale de médecine et président du comité d’éducation sanitaire et sociale de l’Ordre des pharmaciens.

Tous deux envisagèrent de concevoir ce livre dans l’espoir que, selon la jolie formule utilisée par Claude Dreux, « l’humanisation de la santé participe à humaniser la vie ».

Ce dernier dresse un constat particulièrement sévère : les progrès scientifiques et technologiques souvent mal maîtrisés deviennent peu à peu une fi n en soi aux dépens du sens de l’humain et de la nécessité de replacer l’individu au centre des préoccupations des soignants, sans renier pour autant les progrès des sciences biomédicales, qui ont tant fait pour la progression de la santé depuis 50 ans.

Jean-François Mattéi n’est pas en reste, qui, dans son introduction, dénonce la déshumanisation de la médecine, en partie liée aux « servitudes techniques » où le « savoir- faire remplace de plus en plus le savoir tout court », mais aussi aux servitudes économiques où la recherche de l’efficience entraîne la médecine « sur les rivages de la maîtrise comptable ».

L’enseignement de l’humanisme aux futurs professionnels de santé _ Pour illustrer leur démonstration, les auteurs ont fait appel à plusieurs personnalités éminentes, connues pour leur approche plus humaniste de la santé, qui formulent au fi l des chapitres une série de recommandations sur les réformes nécessaires, à l’intention des décideurs de notre pays.

Plusieurs thèmes majeurs alimentent leur réflexion.

L’enseignement de l’humanisme aux futurs professionnels de santé, certes en principe déjà dispensé dans les 33 facultés de médecine, doit être abondamment remanié, en modifiant notamment les critères de sélection des futurs médecins, et insistant lors des stages hospitaliers sur les pratiques d’humanisme et de bientraitance des patients.

Il en est de même de l’éducation pour la santé à l’école, où tout reste à faire ou presque, selon les auteurs, notamment sur la connaissance des facteurs influençant la santé, ou la lutte contre les comportements à risque tels le tabac, l’alcool, la suralimentation…

L’un des chapitres les plus emblématiques est sans doute celui qu’a rédigé le Pr Pierre Bégué, sur la vaccination : alors que le bénéfice individuel et collectif des vaccins n’est pas réellement contestable (prévention de la maladie pour la personne vaccinée et diminution ou élimination de la maladie grâce à la généralisation de la protection), la contestation face aux risques connus ou supposés des vaccinations est toujours aussi vive. Là aussi, pour l’auteur, l’information commence à l’école tout autant qu’auprès des médecins et des médias.

Les grands débats de société _ Les autres sujets abordés sont autant de grands débats de société qui touchent à des thèmes aussi primordiaux que sont la prise en compte de la douleur, l’amélioration du niveau des connaissances des troubles mentaux et des toxicomanies, la lutte contre les inégalités sociales de santé, et bien d’autres tout aussi passionnants.

Ce sont les deux auteurs eux-mêmes qui reprennent la plume en fi n d’ouvrage pour dresser une synthèse des recommandations proposées au fi l des chapitres et plaider à nouveau sur la nécessaire réconciliation entre le sanitaire et le social.

On ne saurait trop recommander ce livre à tous ceux qui s’élèvent contre la dérive technocratique de notre système de santé et qui regrettent que nos établissements de soins et parfois nos confrères centrent parfois leur activité sur la maladie plus que sur le malade. ■

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