Interview – Laurent Degos : « La HAS est faite pour le patient »

338 – Quel bilan faites-vous de votre mandat de président de la HAS ? _ Laurent Degos : Les missions de la HAS sont nombreuses, et il a fallu les mettre en ordre. Parmi ces missions, celle de l’évaluation des produits de santé n’est pas la moindre. La HAS produit aujourd’hui quelque huit cents évaluations par an, avec des délais de décision considérablement réduits, de 62 à 65 jours aujourd’hui pour les médicaments innovants. Nous avons également travaillé à réunir les recommandations de bonne pratique et de santé publique, avec celles de sécurité des soins, qui n’existaient pas auparavant. La HAS certifie à ce jour 3 000 établissements de santé tous les quatre ans. Dans le domaine de l’évaluation des pratiques professionnelles – devenue maintenant le développement professionnel continu – 25 000 personnes ont été certifiées et 10 000 accréditations délivrées. Enfin, la certification est aujourd’hui opérationnelle pour l’e-santé, la visite médicale et les logiciels de prescription. Toutes ces missions à destination des pouvoirs publics, des professionnels de santé et des usagers sont aujourd’hui effectives et reconnues. Et pourtant, pour moi, tout cela ne suffit pas.

Que manque-t-il donc dans ce bilan ? _ L. D. : Le patient ! La HAS est avant tout faite pour lui, et son parcours dans le système de soins doit être optimisé. Pour cela, il faut rendre ce parcours flexible en développant les coopérations interprofessionnelles, la télémédecine, la chirurgie et la cancérologie ambulatoire, ainsi que l’éducation thérapeutique du patient. Il faut aussi renforcer le lien entre public et privé. Dans ce domaine, j’ai privilégié l’évaluation des pratiques professionnelles par la constitution des collèges de spécialité, et notamment du collège unique de médecine générale, dont je suis le plus fier, car il n’était pas simple à réaliser. Pour élaborer un parcours de soins du début jusqu’à la fin, il faut développer ce que nous avons fait pour l’infarctus du myocarde, l’AVC et le cancer de la prostate : réunir autour de la table l’ensemble des professionnels pour déterminer le parcours optimal et faire en sorte que la réalité s’approche de l’idéal. Pour moi, le futur est dans ces parcours de soins, qui répondent à l’intérêt du patient, du médecin et de la collectivité. Jusqu’à présent, on comparait les praticiens, les établissements et les médicaments entre eux ; il faut passer maintenant passer au chaînage. Passer de la photographie au cinéma !

En 2008, la HAS s’est lancée dans l’évaluation médicoéconomique. Certains estimaient qu’elle n’avait pas à le faire, et les pouvoirs publics trouvaient qu’elle le faisait trop lentement. Que répondez-vous à ces critiques ? _ L. D. : La HAS s’est lancée dans cette nouvelle mission parce qu’il n’y a de qualité des soins que solidaire, durable et équitable, et que pour cela, il faut de l’efficience. Voilà pour notre motivation. Quant à notre lenteur supposée, je dirai simplement que nous avons répondu à toutes les demandes ministérielles, et élaboré 40 propositions. Et deux ans après le début de cette nouvelle mission, nous publions notre guide méthodologique, que nous avons élaboré « en marchant », de façon expérimentale et pragmatique. Ã titre indicatif, nos homologues allemands qui ont eu à faire de l’évaluation médico-économique avant nous n’ont pas encore sorti une seule proposition… ■

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Quatre nominations à la HAS

| |_ Les tout derniers jours de 2010 ont vu la nomination par Nicolas Sarkozy du Pr Jean-Luc Harousseau à la présidence de la Haute autorité de santé. Trois membres ont également été désignés pour siéger au collège de la HAS, parmi lesquels Jean-François Thébaut, président du SNSMCV, président du Conseil national professionnel de cardiologie, à qui nous adressons toutes nos félicitations. Deux autres membres ont été nommés par le Conseil économique et social : Cédric Grouchka a été renouvelé dans ses fonctions à la HAS, où il avait été nommé en mars 2010 en remplacement de Claude Maffioli, et Alain Cordier, vice-président du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie et qui a dirigé l’AP-HP de 1993 à 1997.|(gallery)

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