Le nombre des médecins agressés augmente

Face à la hausse des agressions dont sont victimes les médecins, révélée par l’Ordre, les syndicats déplorent la passivité des pouvoirs publics.


Réalisé en collaboration avec Ipsos, l’observatoire de la sécurité des médecins révèle que le nombre de violences commises à l’égard des médecins a continué de progresser l’année dernière pour s’établir à 1 126, selon les derniers résultats diffusés récemment par l’Ordre. Ce nombre d’incidents est bien au-dessus de la moyenne annuelle observée entre 2003 et 2017, qui s’élève à 783. 

Les trois régions les plus touchées sont l’Ile-de-France (171), les Hauts-de-France (162) et l’Occitanie (151), tandis que les premiers départements concernés sont, comme l’année précédente, le Nord (123 incidents, + 15) et les Bouches-du-Rhône (82 incidents, –25). On observe par ailleurs une progression notable des incidents dans plusieurs départements comme l’Hérault (41 signalements, + 19), la Gironde (34, + 20) ou encore la Seine-Maritime (43, + 12). 

Les MG en tête de liste

Ce sont les spécialistes en médecine générale qui demeurent surreprésentés parmi les déclarants, puisqu’ils comptabilisent 70 % des signalements (61 % en 2017), alors même qu’ils ne représentent que 47 % des praticiens en exercice. Chez les autres spécialistes, ce sont les ophtalmologues, les dermatologues, les gynécologues ou obstétriciens, les psychiatres et les médecins du travail qui sont les plus touchés. 

Parmi les déclarants, 51 % sont des hommes et 49 % des femmes, qui  restent surreprésentées si l’on considère qu’elles ne constituent que 47 % des praticiens en exercice. 

Dans 88 % des cas, la victime de l’incident déclaré est le médecin lui-même, loin devant les collaborateurs (20 %) et une autre personne (4 %). Le patient est majoritairement l’agresseur (54 %) ; il s’agit d’une personne accompagnant le patient dans 15 % des cas. Dans 25 % des cas, la personne qui a agressé n’est pas identifiée. Il s’agit le plus souvent d’agressions verbales et de menaces (66 %), moins fréquemment de vols ou de tentatives de vols (18 %), d’actes de vandalisme (8 %) et d’agressions physiques, les incidents impliquant un agresseur armé restant très minoritaires (3 %). 

Parmi les motifs d’agression identifiés, le reproche relatif à une prise en charge vient en tête (31 % des cas), devant le vol (17 %), le refus de prescription (16 %), la falsification de document (11 %) ou un temps d’attente jugé excessif (11 %). A propos des vols, l’observatoire souligne que leur nombre est en léger recul (199 signalements contre 239 en 2017, 18 % contre 23 %) et qu’ils concernent d’abord les ordonnanciers ou les ordonnances (8 %). 

Les incidents signalés se déroulent le plus souvent en centre-ville (54 %, + 1 point), environ 20 % se produisent en banlieue et 17 % en milieu rural et dans le reste des cas, le lieu n’est pas précisé. C’est très majoritairement les médecins de ville qui sont les victimes d’agressions (79 %, + 3 points), les incidents déclarés se produisant nettement moins souvent au sein des établissements (11 %, - 2 points), 5 % dans le secteur public et 3 % dans le privé, la nature de l’établissement n’étant pas précisée dans 3 % des cas.