Le non confinement : un pari risqué qu’il faut tenter de gagner

Ne pas confiner le pays est un pari risqué pris par le gouvernement. Analyse

Par François Diévart

Un pari risqué

De nombreux éléments et l’analyse des effets potentiels d’un nouveau variant du SARS-CoV-2, plus transmissible, faisaient envisager que la France serait soumise à un nouveau confinement fin janvier-début février 2021. Nombreux étaient ceux qui l’envisageait même s’ils pensaient qu’il ressemblerait plus à celui de l’automne 2020 qu’à celui du printemps 2020. Et, surprise, le confinement n’a pas été annoncé, mais à sa place, un renforcement de diverses mesures de contrôle sanitaire. L’opinion est partagée sur ce choix. De nombreux scientifiques souhaitaient le confinement et, en population, un sondage montrait que 45 % des interrogés souhaitaient un confinement et que seulement 32 % approuvent le choix qui a finalement été fait.

Le pari est risqué mais, actuellement, reste gagnant. Et ce même si le nombre de personnes hospitalisées dans les services de réanimation spécifiquement pour une Covid-19 reste élevé, de l’ordre d’un peu plus de 3 000, c’est-à-dire dépassant les 60 % d’occupation des lits de réanimation, même si la tension hospitalière est forte, notamment dans certaines régions au point que certaines envisagent ou ont eu recours à certaines phases du plan blanc (déprogrammation partielle de l’activité non urgente)…

Les logiques à l’œuvre 

Prendre une décision de confinement est un choix politique prenant en compte trois logiques : la logique sanitaire, la logique économique et la logique psychologique, c’est-à-dire celle tout à la fois de l’acceptation et des conséquences psychiques des mesures prises.

Au printemps 2020, face à une incertitude majeure et quasiment dans l’urgence (comme la Chine l’avait fait le 22 janvier pour plusieurs villes ou provinces), un confinement national avait été décrété : situation inédite avec de premiers effets sanitaires, économiques et psychologiques importants qui ont rapidement pu être analysés.

A l’automne, le deuxième confinement a été moins rude sur le plan économique, mais a dû aussi être mis en place rapidement, c’est-à-dire dès que l’emballement exponentiel des cas montrât que la situation n’était plus maitrisable. Nouveau choc économique mais moindre.

Lors du premier confinement, le PIB a ainsi pu chuter jusqu’à 31 %, mais la chute n’a pas dépassé 12 % lors du deuxième confinement.  Surtout, nouveau choc psychologique, d’autant plus que ce deuxième confinement complétait de nombreuses mesures sanitaires jugées attentatoires à diverses libertés individuelles et que, pour beaucoup, un premier confinement avait été envisagé comme la solution simple et finale à l’épidémie.

Le deuxième confinement annonçait qu’il allait donc falloir vivre avec le virus sans savoir pour combien de temps. En parallèle, nouveau choc sanitaire. Ainsi, si lors du premier confinement il y avait eu 30 000 décès dont 81 % étaient survenus chez les plus de 70 ans, lors du deuxième confinement, il y a eu 35 000 décès dont 89 % sont survenus chez les plus de 70 ans.

En janvier 2021, certains signes pouvaient inquiéter :

  • pas de décroissance de l’épidémie en-dessous de 20 000 cas par jour,
  • faible couverture vaccinale, apparition et progression d’un nouveau variant plus contagieux…

D’autres signes pouvaient aussi être pris en compte :

  • couverture vaccinale essentiellement centrée sur les sujets les plus à risque,
  • effondrement des consultations hospitalières en urgence pour une grippe ou une gastro-entérite,
  • lassitude globale et tensions psychologiques de nombreuses personnes soumises aux contraintes économiques et sociales de la crise sanitaire,
  • relative stagnation du taux d’incidence des cas,
  • contestations violentes dans certains pays des mesures sanitaires prises, même si cette contestation n’était le fait que de minorités mais avec parfois des appels à la désobéissance civile…

Et, en parallèle, une forte tension hospitalière, centrée sur les personnes les plus âgées. Ainsi, début février 2021, sur les 27 500 personnes hospitalisées pour Covid-19, l’âge médian était de 73 ans, 60 % étaient âgées d’au moins 75 ans, 21 % de 65 à 74 ans, 15 % de 45 à 64 ans, 3 % de 15 à 44 ans et moins de 1 % de 0 à 14 ans. On comprend pourquoi les personnes les plus âgées sont et doivent rester la cible principale actuelle de la vaccination.

Tentons de gagner le pari

Face à toutes ses données, face aux opinions et avis contradictoires, le politique a donc assumé son rôle, il a tranché : pas de confinement actuellement. Tout en n’excluant pas, au vu de l’évolution de l’épidémie, d’y avoir recours, même de façon géographiquement limitée.

Alors comment faire pour éviter le confinement ? Le message est toujours le même :

  • respecter les gestes barrières même si l’on est vacciné et même si l’on a déjà eu la Covid-19,
  • tracer et isoler les cas contacts, se faire vacciner et promouvoir la vaccination,
  • être constructif et non systématiquement critique afin de, progressivement, petit à petit mais espérons-le sûrement, faire reculer l’épidémie.

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