Le numérique s’immisce dans la pratique… mais pas seulement

Petit à petit, lentement mais sûrement, le numérique fait son chemin dans tous les aspects de la médecine. Un bon test pour nos capacités d’adaptation…

François Diévart. Dunkerque

Déjà, dans son organisation quotidienne, le cardiologue devient progressivement un e-cardiologue. Pour le joindre, il faut souvent passer par une plateforme de rendez-vous en ligne. Ses observations, ses prescriptions et ses courriers ne sont pratiquement plus disponibles que sur ordinateur. Pour recevoir ses courriers, il faut souvent disposer d’une adresse de messagerie cryptée.

Le numérique améliore le suivi et l’état de santé

Quant à la pratique, elle subit également les assauts du numérique. La faisabilité et l’efficacité de son utilisation font de plus en plus l’objet d’études dont certaines ont été présentées lors du récent congrès de l’American College of Cardiology (ACC) et montrent que le patient peut y avoir recours pour améliorer son état de santé. Ainsi, une étude dénommée SuperWIN, présentée à l’ACC 2022, a démontré que des conseils diététiques donnés par des équipes dédiées dans des supermarchés et relayées par des rappels et des conseils par le biais d’applications sur téléphones mobiles permettent d’améliorer le profil de risque cardiovasculaire des patients.
L’imagerie devient quant à elle progressivement une e-imagerie. On ne compte plus les études évaluant l’apport de l’apprentissage profond pour améliorer la qualité de l’imagerie en cardiologie, qu’elle soit produite par un échographe, un scanner ou une IRM.

De la pratique à l’organisation du cabinet

Ces incursions du numérique dans la pratique induisent à terme une évolution de l’organisation de nos cabinets. Hier, un patient sortait de sa poche un article découpé dans une revue pour nous demander ce que nous pensions de cette innovation, aujourd’hui nous commentons les enregistrements des montres connectées dont la qualité est en constante amélioration… et dont des études démontrent la bonne valeur prédictive… Quelle sera notre place lorsque la machine fera les diagnostics mieux que les holters ?
Demain, peut-être comme la voiture autonome que l’on nous promet, l’imagerie et son interprétation se feront automatiquement et nous n’aurons plus qu’à remettre et expliquer le résultat. Le médecin deviendra-t-il un commentateur des résultats produits par la machine ? Une sorte de journaliste ?
Le numérique va bouleverser notre pratique. Quelles conséquences cela aura-t-il sur l’organisation de nos cabinets ? Doit-on d’ores et déjà imaginer un cabinet virtuel et des consultations à distance ? Et… qu’adviendra-t-il en cas de grande panne numérique ?

© Elnur Amikishiyev