Ségur de la Santé : beaucoup de bruit pour rien ?

Le 20 mai 2020, Edouard Philippe, Premier ministre, a ouvert le Ségur de la Santé en proposant un cadre de discussions centré sur : 

  • la reconnaissance des soignants (rémunération et évolution de carrière),
  • le financement de l’hôpital dans le territoire, 
  • les leviers aux freins à l’évolution de l’organisation du système de santé sur le territoire et aux recours au numérique.

En résumé : RIEN sur le secteur de la santé de ville, et un manque manifeste de vision globale de rénovation du système de soins alors que tout ce qui a été construit puis modifié, et souvent bricolé, depuis les ordonnances de 1945 et 1958 est intriqué et interdépendant tel un fragile château de cartes.

En réalité, le Ségur de la Santé semble n’avoir d’autre but que d’éviter un mouvement social des soignants. L’opacité de la méthode de consultation et les délais imposés font redouter que les conclusions soient déjà écrites. Les groupes de travail sont déjà constitués, alors qu’il n’y a pas eu d’appel à candidature. Les preuves de cette opacité et cette précipitation ?

  • l’oubli des organismes représentant les infirmièr(e)s, alors que l’un des objectifs essentiels du Ségur est la revalorisation de leurs place et rémunération,
  • l’oubli des représentants des jeunes médecins et de leurs idées.

Qui peut croire que nous allons pouvoir changer ce système complexe en 7 semaines, alors que la réforme des retraites n’a toujours pas abouti en plus de 2 années de concertation ?

Notre système de santé est en plein marasme. Si nous voulons le sauver, nous devons utiliser des méthodes radicales, sous peine de sa mort lente mais inéluctable si nous nous résignons à un énième rafistolage de façade.

Ne tombons pas dans le piège syndical facile à dire « que peut faire le système pour moi et ma corporation ? ». Mais posons-nous plutôt la question « que pouvons-nous faire pour sauver notre système ? ». 

Coopérons avec les autres professionnels de santé : leurs compétences, leurs expériences, leurs visions sont indispensables à la réflexion globale et complémentaire des nôtres.

Le Syndicat National des Cardiologues soutient et est prêt à accélérer les processus de spécialisation et de valorisation des infirmièr(e)s, notamment en augmentant leur nombre  en pratique avancée. Tout comme il existe des infirmièr(e)s de rythmologie et de cardiologie interventionnelle, nous devrions pouvoir intégrer des infirmièr(e)s dans nos cabinets.

Même si je redoute que le Ségur de la Santé soit joué d’avance, je refuse d’attendre les bras croisés une prochaine guerre mondiale ou biologique pour espérer engager une réforme profonde de notre système de santé.

Marc Villacèque. Président du Syndicat National des Cardiologues