Le succès et après ? Comment gérer la victoire ?

335 – S’il est plus facile de gérer une victoire qu’une défaite, la capitalisation d’un succès, aussi indéniable fût-il, n’est pas une chose aisée d’autant que les attentes sont immenses, les échéances difficiles et les moyens réduits. La porte est étroite pour que la CSMF et le SML apportent autant de satisfactions à leurs mandants qu’ils ont suscités d’espoir.

Quelles que soient les réticences à l’admettre de certains ou de certaines, les chiffres sont là : certes l’abstention est un peu plus forte de deux points qu’en 2006, mais aucune élection de représentativité syndicale des salariés ne peut se prévaloir d’une participation globale de 45 %. Rappelez-vous d’ailleurs que le premier tour des régionales en mai dernier n’avait également recueilli que 46 % de votants !

Quant à l’obtention d’une majorité de 58 % en voix et de 60 % en sièges qui conduira cette alliance à la présidence d’un minimum de 23 régions sur 26, je ne connais aucun homme (ni femme !) politique qui considérerait ce résultat comme un échec !

Pour autant les échéances qui attendent les deux centrales sont redoutables : – à peine les élections des Bureaux des URPS seront-elles faites, qu’il faudra se remobiliser tous pour combattre un PLFSS, dit de crise, et dénoncé comme tel assez unanimement ; – puis continuer de batailler avec le nouveau Gouvernement pour les négociations conventionnelles.

Certes la CSMF et le SML sont en position de force puisque leur score cumulé, supérieur à 50 %, leur permet de s’opposer à toute convention inacceptable. Il sera impossible au Gouvernement de conclure une convention monocatégorielle comme en 1997. Cela imposera aux syndicats monoreprésentatifs comme MG France ou le Bloc de composer ou de s’exclure !

Cependant le souhait de l’immense majorité des médecins n’est pas de poursuivre une opposition qui n’a que trop duré, mais bien de négocier une convention qui préserve les grands principes de la médecine libérale. Ce qui, pour nous, consiste principalement à défendre la légitimité d’une médecine spécialisée et a fortiori d’une cardiologie libérale de proximité et surtout de qualité.

Au demeurant la qualité a un coût et le passage annoncé (depuis 3 ans !) du C de 22 à 23 € risque fort, en ces temps de disette, de gager la majeure partie du grain à moudre, comme disait en son temps un célèbre syndicaliste.

Pourtant les attentes sont nombreuses : revalorisation du coût de la pratique et du point travail gelé depuis près de 10 ans – revalorisation de l’exercice clinique – rémunération des astreintes – financement des innovations techniques ou organisationnelles.

Nos négociateurs devront être inventifs, prospectifs et imaginatifs, sinon ils ne convaincront pas, notamment tous ces jeunes médecins qui hésitent à rejoindre l’exercice libéral.