Les « pigeons » annoncent un printemps chaud

588U1229
La forme d’action des contestataires n’a pas encore été dévoilée. © Pascal Wolff

367 – « Chaud, chaud, chaud ! Le printemps sera chaud ! », scandaient les jeunes qui manifestaient en 1973 contre la loi Debré qui supprimait les sursis au service militaire après 21 ans. Aujourd’hui, le slogan pourrait être repris par le « collectif de mars », qui rassemble une quinzaine d’organisations de professionnels libéraux de la santé (*) et promet une mobilisation et des actions « d’envergure » pour protester contre la politique gouvernementale concernant les soins de ville à compter du 17 mars 2014. La date n’est évidemment pas anodine, puisqu’elle précède le premier tour de élections municipales.

Une action d’envergure

Lors de l’annonce à la presse de leurs intentions printanières, Jérôme Marty, le président de l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML) n’a pas précisé quelle forme prendra l’action des contestataires, mais il a prévenu qu’elle sera « d’envergure, fédératrice et historique ». Sans plus de détail, il a cependant déclaré que cela pourrait aller du déconventionnement à des départs de praticiens pour l’étranger. L’instigateur du mouvement des « pigeons » de l’automne 2012 demande aux pouvoirs publics d’organiser des « états généraux de la santé » pilotés par les professionnels de santé. mais sans attendre, le collectif a déjà rédigé son cahier des doléances dans lequel on trouve pêle-mêle : la dénonciation de « l’étatisation annoncée du système sanitaire français », du « remplacement du système solidaire par un système inégalitaire » et de l’absence de revalorisations tarifaires, le refus de la généralisation du tiers payant, de la mise en place de réseaux de soins mutualistes, du développement d’officines d’enseignement privé comme l’ex-centre universitaire Fernando Pessoa, et de « la mise sous tutelle » des régimes de retraite complémentaires des professions libérales.

« On ne peut plus accepter ce massacre »

Les membres du collectif redoutent également une organisation en filière de soins, avec des « gatekeepers » à l’anglaise. « Nous ne pouvons plus accepter que les professionnels de santé ne s’installent plus, que les déserts médicaux se multiplient, estime Jérôme Marty. Nous ne pouvons plus accepter les burn-out et que parmi nous le taux de suicide soit 2,37 fois celui constaté dans la population générale. On ne peut plus accepter les problèmes de gouvernance à l’hôpital public et dans le secteur privé. On ne peut plus accepter ce massacre. » Président de la FMF, Jean-Paul Hamon déplore que les tutelles « ne réagissent pas face à la désertification médicale » et au constat de l’Ordre des médecins selon lequel « moins de 10 % des jeunes diplômés s’installent aujourd’hui en libéral ».

Le printemps sera peut-être chaud, mais il est encore loin. L’avenir dira si d’ici les beaux jours le « collectif de mars » aura réussi à mobiliser suffisamment pour une action « d’envergure ». Si les « pigeons » feront le printemps.

(*) Le collectif réunit l’Union Française pour une Médecine libre (UFML), la FMF ; l’Union des chirurgiens de France (UCDF), la FHP-MCO, la Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL), l’Union des Radiologues de France (URF), le Syndicat Français des Allergologues (SYFAL), le Syndicat des biologistes praticiens (Bioprat), les « pigeons pharmaciens », les « pigeons dentistes », les Opticiens lunetiers unis, le syndicat des masseurs-kinésithérapeutes Alizé, le Syndicat des Médecins d’Aix et Région (SMAER) et l’Association Santé Environnement France (ASEF).
 

Avant que le « collectif de mars » ne fasse part de ses intentions, quatre syndicats représentant les étudiants, les internes en médecine, pharmacie et biologie médicales (ANEMF, ISNI, ISNCCA, FNSIP-BM) et l’association Soins Coordonnés avaient enjoint les parlementaires de ne pas voter la proposition de loi sur les réseaux mutualistes, qui avait suscité à l’automne 2012 le vaste mouvement de contestation des étudiants et internes, ralliés par les « pigeons ». les cinq organisations réclament « un débat dépassionné sur les modes de financement et la place à accorder au complémentaires santé dans la système de soins » afin de ne « pas porter atteinte, de façon irrémédiable, au caractère solidaire de notre système de santé ». Mais – pour l’instant du moins – ces organisations n’ont pas rejoint le « collectif de mars ».