Les Spé-CSMF initient un mouvement des spécialistes

Les Spé-CSMF ont tenu leurs 2es Etats généraux de la médecine spécialisée en fin d’année dernière. Et cette deuxième édition de ces Etats généraux était en fait le « top départ », de la construction d’ « un projet de refondation de l’engagement politique et social des médecins spécialistes dans notre système de santé », projet qui englobe la prévention, le soin, la dépendance et la solidarité.

Pour ce vaste projet, le syndicat, présidé par Patrick Gasser, a conçu une démarche en trois temps détaillés dans un document de présentation. 

  • Le premier temps était donc celui de l’annonce et du lancement du projet lors de ces Etats généraux. 
  • Le second temps sera de « mettre en place un mouvement de rassemblement le plus large possible intersyndical dépassant les clivages politiques, les appartenances professionnelles. » 

Ce « mouvement des médecins spécialistes » a pour ambition, à terme, de rassembler toutes les spécialités ainsi que les autres acteurs médicaux, voire paramédicaux, qu’ils soient libéraux ou salariés ; exerçant à l’hôpital ou dans d’autres structures. « Intersyndical plutôt libéral », ce mouvement a pour objectif immédiat « de redonner à la médecine spécialisée la place qui devrait être la sienne en prenant mieux en compte ses projets, ses expertises et ses ambitions pour la santé des Français ». 

Un site internet est en construction, qui donnera de la visibilité aux propositions qui émaneront de ce mouvement et qui permettra d’engager un travail collaboratif entre les spécialités. « Les médecins spécialistes souhaitent que leurs projets soient lus, entendus et attendus. Nous souhaitons être les acteurs de la construction du système de soins dans la proximité mais aussi dans tous les établissements de soins et ainsi mettre en place un programme, une politique cohérente et comprise par l’ensemble des acteurs, et plus particulièrement des usagers et des professionnels de terrain. »

Résolument tourné vers l’action
Après la réflexion et l’élaboration de cette « politique cohérente » viendra le troisième temps de la démarche des spécialistes, « résolument tourné vers l’action », avec la construction d’une « maison de la création et de l’innovation ».

Cette Maison de la création et de l’innovation  sera le lieu de rendez-vous entre médecins spécialistes, ingénieurs, industriels, créateurs de start-up médicales et Etat. « Elle aura pour but de favoriser le transfert de technologies et de savoirs techniques ou organisationnels entre les différents acteurs de la santé. » 

Plusieurs constats sont à l’origine de la création de cette structure. L’arrivée de l’Intelligence Artificielle (IA) et du transhumanisme va apporter de profonds bouleversements dans le domaine de la santé. Déjà, la télémédecine et la notion de pertinence sont « de nouveaux paradigmes qui se sont imposés en quelques mois et vont devenir des marqueurs incontournables ». 

En outre, les médecins doivent dorénavant compter avec des entreprises qui ont investi le champ de la médecine. Enfin, « l’utilisation des data pour l’évaluation des risques à l’échelon individuel, la place croissante des assureurs complémentaires dans le financement du système de soins risquent de profondément modifier les remboursements et les cotisations individuelles, la science statistique s’installant de plus en plus dans le domaine médical ». Une science qui « permettra de gérer les risques financiers propres à la santé de chaque Français, favorisant l’avènement d’une médecine plus préventive accompagnée de consultations d’observance ».

« Nous, médecins spécialistes, avons fait le choix de l’expertise et de l’innovation, nous avons le devoir de connaître, d’accompagner et d’anticiper toutes ces évolutions qui vont bouleverser la médecine et son rapport aux patients », conclut le document des Spé-CSMF. 

S’il juge prématuré de désigner dès à présent des partenaires potentiels, Patrick Gasser est affirmatif : « Il y a aujourd’hui des gens qui veulent travailler ensemble et qui sont intéressés par ce projet. Par delà les différences syndicales, nous avons un socle commun qui est la médecine libérale. Mais je suis persuadé que nous pourrons rassembler plus largement et travailler avec les spécialistes salariés. On voit bien aujourd’hui qu’il y a dans les établissements, qu’ils soient publics ou privés, une souffrance. Il faudra qu’on puisse se parler pour y apporter des réponses collectives. » 

Patrick Gasser indique que ce premier trimestre de 2019 « sera décisif, notamment pour le financement du projet ». Un financement qui pourrait venir des entreprises et des assureurs, par exemple. « Ce premier trimestre verra aussi s’élaborer une stratégie précise de développement du projet, ajoute-t-il, qui fera l’objet d’une communication, bien entendu. »

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