Livre Blanc du diabète – Entretien Gérard Raymond : « Il faut passer de l’ETP à l’accompagnement de la personne »

342 – Le président de l’Association Française des Diabétiques juge le Livre Blanc assez novateur dans son positionnement de la diabétologie, mais estime qu’il est urgent maintenant de passer aux actes sur le terrain. 

 

Que pensez-vous du Livre Blanc du diabète ? Y avez-vous participé ?

Gérard Raymond : Nous n’avons pas participé à sa rédaction, mais nous avons beaucoup échangé avec les auteurs. Un chapitre est d’ailleurs consacré à l’AFD, à ce qu’elle est et ce qu’elle fait. Les idées que nous avons promues depuis quelques années sont présentes, et l’on retrouve dans les sept propositions émises ce qui est essentiel pour nous : le benchmarking, la notion de « patient expert ». Sur le fond, il s’agit d’une étude très claire et réaliste sur ce qu’est aujourd’hui le diabète et sa prise en charge, avec des difficultés d’ordre sanitaire, économique et sociales. Car le diabète est une maladie sociétale et, il importe de prendre en compte cette dimension. Quand les diabétologues parlent de coordination des soins et d’équipes pluridisciplinaires, nous ne pouvons qu’être d’accord, et nous réjouir de cette volonté de l’ensemble des acteurs de coopérer.

Cela étant dit, et c’est la limite du Livre Blanc : ce n’est qu’un livre ! Il faut absolument multiplier les expérimentations sur le terrain pour mettre en place de nouvelles stratégies et réorganiser les soins de proximité, en définissant le rôle de chaque acteur, non pas « autour » mais « avec » le patient. La personne atteinte de diabète doit être reconnue dans sa globalité, ce que font de plus en plus les professionnels de santé. Il y a quelque temps dans un colloque, j’ai entendu un chirurgien qui parlait de revascularisation dire « Ce qui m’intéresse, c’est le diabète de la personne ». Moi, ce qui m’intéresse, c’est la personne ! Mais il y a de l’humanisme dans ce Livre Blanc et les médecins descendent de leur tour d’ivoire. Sans en avoir l’air, ce Livre Blanc est assez novateur en ce qui concerne le positionnement de la diabétologie.

La proposition 6 préconise la promotion de l’éducation thérapeutique du patient, et insiste sur la nécessité d’améliorer la formation des professionnels de santé à l’ETP. Qu’en pensez-vous ?

G. R. : En matière d’ETP, qui a permis de faciliter l’autotraitement chez les diabétiques, le moment est venu de passer du militantisme au professionnalisme. Il faut franchir une étape ; ne pas en rester au diagnostic éducatif et aux objectifs partagés, mais allez plus loin dans l’écoute de la personne. A cet égard, il faut bien dire que « l’éducation thérapeutique » associe les deux plus mauvais mots qu’on pouvait trouver ! On doit maintenant passer de l’ETP « descendante » à un accompagnement de la personne, en tenant compte de ses besoins, de ses attentes, de son ressenti. Et réfléchir à comment on peut l’accompagner. Est-ce aux médecins de le faire ? Je pense qu’ils doivent déléguer et, que s’ils veulent tout faire, ils ne feront rien. Il ne sont eux aussi que des accompagnant dans la pathologie chronique, et il y a un temps pour la thérapeutique et, un temps pour l’accompagnement, le dialogue. A l’AFD, nous formons des personnes à l’écoute, à l’accueil et à l’animation de groupe. Et nous les formons aussi à faire abstraction de leur diabète !

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