Mesure du FFR : un pas vers la reconnaissance

357 – C’est désormais acquis, la Haute Autorité de Santé évaluera l’année prochaine l’acte de mesure du Flux Coronaire Résiduel (FFR). En effet, la HAS a placé ce dossier sur le haut de la pile des quelque 54 dossiers qui lui avaient été soumis – tous domaines médicaux confondus. Pour mémoire, cette technique consiste à mesurer une différence de pression entre l’amont et l’aval d’une lésion coronaire afin de savoir si celle-ci est susceptible de provoquer une ischémie. Face à une lésion observée à la coronarographie mais dont l’impact clinique n’est pas certain, la mesure du FFR permet de décider de la nécessité ou non de revasculariser. Un FFR mesuré inférieur à 0,80 témoigne du retentissement fonctionnel d’une sténose.

Peu pratiquée en France _ Pratiquée et remboursée dans nombre de pays – notamment en Allemagne, en Angleterre, en Belgique – la mesure du FFR est très peu pratiquée en France où elle n’est pas prise en charge. Pourtant, une étude qui fait référence en a montré les bénéfices. L’étude FAME incluait 1 005 patients ayant une atteinte d’au moins deux ou trois vaisseaux (les troncs communs de la coronaire gauche étaient exclus) et randomisés en deux groupes : les patients du premier groupe étaient dilatés et stentés sur toutes les sténoses de plus de 50 % (pratique actuelle dans les centres de cardiologie interventionnelle), les patients du second groupe n’étaient dilatés que sur les sténoses fonctionnellement significatives (FFR inférieur à 0,80 %). L’utilisation de la mesure du FFR a permis de réduire de façon très significative le nombre de stents actifs implantés – avec en conséquence un bénéfice économique. Cela a également permis de réduire le nombre d’événements à un an (décès, infarctus du myocarde nécessitant un nouveau geste de revascularisation).

Objectif validation _ Mais l’étude FAME n’a pas validé l’apport de la FFR sur le choix du geste de revascularisation (tous les patients étaient dilatés), ni validé l’apport de la mesure du FFR pour guider la chirurgie coronaire (aucun patient n’était ponté). L’étape suivante est donc de valider l’utilisation de la mesure du FFR plus en amont, non pas au moment de l’angioplastie coronaire pour guider cet acte, mais au moment de la coronarographie diagnostique pour guider le choix de la méthode de revascularisation à proposer, angioplastie ou pontage, et le geste à réaliser (nombre de pontages, nombre d’artères à dilater). C’est l’objectif du programme hospitalier de recherche clinique proposé par le CHU de Lyon (étude FUTURE) auquel participent 35 centres de cardiologie interventionnelle (un maximum de 40 centres participants est prévu).

Plus de 80 % des centres ne participent pas à ce PHRC et n’ont aucun financement pour accéder à la mesure du FFR. D’où l’importance de l’évaluation de cet acte par la Haute Autorité de Santé. ■

Voir aussi l’entretien « Trois questions à Martine Gilard »