Non à la loi de santé !

Paris, le 5 décembre 2014.

 

Chère consœur,

Cher confrère,

Chers amis,

Nous sommes opposés à la loi de santé pour des raisons précises que nous souhaitons vous préciser car peu d’entre nous ont le temps (et le courage) de décortiquer les textes de loi.

Or nous avons besoin de tous et le meilleur moyen pour vous faire adhérer aux actions à venir est de vous faire partager nos inquiétudes.

Amicalement.

Docteur Eric Perchicot, Président.

Docteur Frédéric Fossati, Secrétaire Général.

 

Le projet de loi de santé programme
la désorganisation de la médecine de proximité

 

Comment se déroule actuellement le parcours de soins d’un patient ?

Il consulte son médecin traitant.

Celui-ci règle le problème lui-même ou, en cas de situation complexe, l’adresse avec son accord à un spécialiste consultant.

Ce spécialiste pose un diagnostic et fait des propositions thérapeutiques au médecin traitant qui les appliquera.

Le spécialiste a parfois besoin d’examens complémentaires, qu’il pratique lui-même, à son cabinet ou sur le plateau technique de la clinique au sein de laquelle il exerce également, ou alors qu’il fait réaliser par un confrère surspécialisé.

 

Avantages de ce parcours de soins de la médecine libérale de proximité.

  • Réseau, non formalisé certes, mais où chacun se connaît et sait qui fait quoi.
  • En cas de nécessité de prise en charge rapide, le médecin traitant téléphone au spécialiste qui s’efforcera de trouver une solution.
  • Autorégulation : un spécialiste qui ne répondrait pas aux critères de qualité de sa pratique et de son organisation verra chuter le nombre de ses correspondants.
  • Libre choix des différents intervenants par le patient.
  • Simplicité : les différents comptes rendus constituent le dossier du patient, accessibles aux différents intervenants, y compris en cas de prise en charge pluridisciplinaire.

Ce mode de fonctionnement a fait ses preuves depuis des décennies. Il est toujours perfectible comme toute organisation humaine, mais il n’est pas nécessaire de le détruire comme le prévoit le projet de loi.

 

Service territorial de santé au public (art.11)

« Il structure les soins de proximité et organise les parcours de santé  notamment pour les patients atteints d’une maladie chronique »

Traduction : introduction dans le parcours de santé actuellement basé sur le patient et son médecin traitant de rouages administratifs, organisés par l’ARS, avec la lourdeur qui en découle.

 

Appui aux professionnels pour la coordination des parcours de santé complexes (art. 13)

« Les agences régionales de santé sont chargées d’organiser l’appui aux professionnels… Le cas échéant, organiser la prise en charge et l’orientation des patients qui s’inscrivent dans des parcours de santé complexe. »

« L’agence régionale de santé peut désigner… une ou plusieurs plates-formes territoriales d’appui à la coordination des parcours de santé complexe ».

Traduction : le parcours de santé, qui actuellement est décidé par le patient conseillé par son médecin traitant le sera par l’ARS, c’est-à-dire par l’État, et l’on crée pour ce faire une nouvelle structure administrative désignée plate-forme territoriale d’appui. Il est à noter que l’existence du spécialiste est totalement ignorée dans l’ensemble du projet de loi.

 

Article 18

« Il évalue les pratiques des membres de l’Ordre en matière de discrimination dans l’accès à la prévention et aux soins, en s’appuyant sur une observation de refus des soins chargés notamment d’effectuer des test de situation. »

Traduction : on doit considérer les médecins a priori comme des délinquants refusant de soigner pour des questions d’argent, d’où la nécessité de pratiquer dans leur cabinet des « testings » comme dans les boîtes de nuit.

 

Au total

  • Etatisation de la médecine libérale de proximité par la création de nouvelles structures administratives dépendant de l’agence de santé.
  • Parcours de soins très dirigiste.
  • Mépris ouvertement affiché envers le corps médical.

 

Le grand perdant sera le patient qui perdra son libre choix et, à terme, des possibilités d’accès aux soins car ce n’est pas ainsi que l’on incitera les jeunes médecins à s’installer en médecine libérale.

Dr Vincent Guillot

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