Où en est la recherche clinique fin septembre sur les vaccins contre le Covid-19 ?

Medscape – Actuellement, 38 vaccins anti-SARS-CoV-2 ont atteint le stade d’évaluation clinique à travers le monde, et 149 autres sont au stade d’évaluation préclinique.

Depuis quelques semaines, les neuf candidats vaccins les plus avancés ont atteint le stade d’évaluation de l’efficacité clinique à travers le lancement d’études de phase 3.

Parmi eux, les deux vaccins à ARNm de Pfizer/BioNTech (ARNm BNT162) et de Moderna (mARN-1273) et les quatre vaccins à vecteur viral non réplicatif développés par CanSino (Adénovirus type 5), Janssen (Adénovirus 26 CoVS1) et le fameux vaccin russe Sputnik basé sur deux vecteurs (Ad5 et Ad26) qui a été autorisé par les autorités réglementaires du pays malgré la seule disponibilité de données de phase 1/2  publiées récemment dans The Lancet .

Le dernier d’entre eux, le vaccin à adénovirus développé par l’université d’Oxford et AstraZeneca ( ChAdO x1 nCoV-19 ou AZD-1222), a vu son  étude de phase 3 stoppée début septembre face à un événement indésirable grave mais il a repris quelques jours plus tard après analyse des données, sur accord des autorités réglementaires britanniques.

Restent trois autres vaccins aujourd’hui évalués en phase 3 : développés par la Chine (Sinovac et Sinopharm), ils se fondent tous trois sur l’utilisation du virus inactivé.

Course contre la montre

La plupart de ces protocoles prévoient de recruter au moins 30 000 participants dans des pays où le virus circule activement afin de pouvoir identifier le plus rapidement possible une différence d’efficacité entre les patients vaccinés et non vaccinés.

Ainsi, la plupart des études sont principalement menées aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique du Sud dont le Brésil. Concernant ces études d’efficacités, la FDA a annoncé attendre une réduction d’au moins 50% du risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez les personnes qui auront reçu le traitement. Les investigateurs les plus optimistes tablent sur de premiers résultats issus d’analyses intermédiaires à partir du mois d’octobre ou novembre.

Dans cette course contre la montre, certains demandent à ce que les critères d’évaluation soient relevés, notamment aux Etats-Unis dans un contexte de campagne électorale.

D’après Medscape Médicla News :« très prochainement, la FDA devrait publier des directives plus strictes pour l’obtention d’une autorisation d’utilisation d’urgence d’un vaccin contre le coronavirus, selon le Washington Post. Les nouvelles normes rendront probablement l’approbation plus difficile, et un vaccin ne sera probablement pas autorisé avant le jour du scrutin, a rapporté le journal […] Il est difficile d’imaginer comment une [autorisation d’utilisation d’urgence] pourrait arriver avant décembre », a déclaré au journal, le Dr Paul Offit, membre du conseil consultatif de la FDA sur les vaccins.

Pour rappel, la Russie est devenue en août le premier pays au monde à accorder une autorisation d’utilisation pour un vaccin contre le coronavirus (Spoutnik V), après moins de deux mois de tests sur l’homme. De même, mi-septembre, les Émirats Arabes Unis ont accordé une autorisation pour l’utilisation d’un vaccin contre le coronavirus (le vaccin chinois de Sinopharm), six semaines après le début des essais sur l’homme dans l’État arabe du Golfe. La Commission militaire centrale de Chine a, elle, donné son feu vert, le 25 juin dernier, pour utiliser un vaccin anti-Covid-19 de la société CanSinoBIO sur des militaires chinois.

En France, un seul essai clinique est aujourd’hui en cours concernant les vaccins expérimentaux. Il concerne le candidat développé par l’Institut Pasteur à partir du virus atténué de la rougeole (TMV-083), et dont l’avantage pourrait être sa grande immunogénicité.

…et incertitudes

Avec la publication d’analyses intermédiaires, la question de l’efficacité de ces vaccins pourrait trouver une réponse partielle avant la fin de l’année, même si deux éléments viennent questionner l’efficacité clinique de telles réponses : la première concerne la disparité et le maintien de la réaction immunitaire des patients infectés, comme le souligne une étude récente parue dans le JAMA et comme le résume un article paru cette semaine dans   Science qui a compilé les données disponibles et modélisé l’évolution épidémiologique selon la variabilité de la durée de la réponse immunitaire au SARS-CoV-2.

Ce travail souligne la nature actuellement incertaine de l’efficacité de l’immunité adaptative et par conséquent l’efficacité des futurs vaccins potentiels.

La seconde concerne les cas de réinfection qui ont été rapportés coup sur coup récemment chez un patient de  Hong Kong et un patient du  Nevada . Peut-être les vaccins permettront-ils alors de réduire les symptômes liés à la réinfection, plutôt que de l’éviter, questionne un chercheur dans  Nature ?

Des données permettant de déterminer la proportion des patients présentant des réinfections apporteraient des réponses à la fois sur l’ampleur du problème, la dynamique de l’épidémie et l’efficacité vaccinale…

Cet article a été publié initialement sur Univadis.fr du groupe Medscape. Complété par Aude Lecrubier.

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